Sindis

Les Sindis ou Sindhis (en sindhi : سنڌي) sont un groupe ethnolinguistique associé à la province pakistanaise du Sind, parlant essentiellement le sindhi, une langue indo-aryenne.

Cet article concerne le groupe ethnolinguistique. Pour la province, voir Sind. Pour la langue, voir sindhi.

Sindis / سنڌي / सिन्धी
Famille sindie.
Populations importantes par région
Pakistan 30 500 000[1]
Inde 3 800 000[2]
Population totale 35 millions
Autres
Régions d’origine Sind
Langues Sindhi
Religions Islam (majoritaire), hindouisme, christianisme (minoritaires)

Les Sindis sont quelque 30 millions au Pakistan, représentant environ 15 % de la population du pays et 60 % de celle de la province du Sind. Ils forment le deuxième ou troisième groupe ethnique du pays, derrière les Pendjabis voir les Pachtounes.

Histoire

Le nationaliste sindi G. M. Syed.

Avant les conquêtes musulmanes des Indes, les Sindis pratiquaient majoritairement le bouddhisme et surtout l'hindouisme. L'islam devient ensuite largement majoritaire à la suite de nombreuses conversions influencées par des religieux soufis alors que la région du Sind est intégrée au sultanat de Delhi puis à l'Empire moghol, dont il reste une région périphérique[3].

Les Sindis sont longtemps largement majoritaires dans le Sind. Avec la création du Pakistan le , la capitale de la province Karachi devient la capitale de la nouvelle nation, par ailleurs ville de naissance de Muhammad Ali Jinnah, père de la nation[3]. Le Sind est alors le lieu d’accueil de la plupart des nombreux réfugiés musulmans venant d'Inde. Ces « muhadjirs » s'installent principalement à Karachi et Hyderabad, où ils deviennent majoritaires et contribuent à bousculer les rapports démographiques de la province[1].

Malgré son accession au Pakistan, de nombreux Sindis contribuent à la création d'un nationalisme sindi dont Ghulam Murtaza Shah Syed est l'un des principaux meneurs, défiant envers le pouvoir central de plus en plus dominé par les Pendjabis, ethnie majoritaire du pays. L'arrivée au pouvoir de Zulfikar Ali Bhutto en 1971 va néanmoins contribuer à ancrer la province dans le pays, alors que les Sindis vont dans les décennies suivantes surtout voter en faveur du Parti du peuple pakistanais, qui dirige souvent l'Assemblée provinciale du Sind et le gouvernement local[3].

Pourtant, les Sindis continuent de nourrir de nombreux griefs contre le pouvoir central. Ils demandent notamment une reconnaissance de leur langue dont ils craignent une marginalisation au profit de l'ourdou, réclament une meilleure part des richesses de la province et s'inquiètent d'une potentielle exclusion et des bouleversements démographiques de leur province. À ce titre, on peut noter l'arrivée de nombreux migrants muhadjirs puis pachtounes dans les grandes villes, ainsi que d'une élite pendjabie liée à l'armée qui s'est appropriée des terres agricoles[4].

Répartition géographique

Près de 90 % des Sindis vivent dans la province pakistanaise du Sind. Ils forment historiquement le deuxième groupe ethnique du pays, mais sont concurrencés par les Pachtounes. Selon une estimation du World Factbook de la CIA en 2017, les Sindis représentent 14 % de la population du pays, contre 15 % pour les Pachtounes et 45 % pour les Pendjabis[5].

Selon le recensement de 2017, les Sindis parlant sindhi représentent 62 % de la population du Sind, quand 18 % sont des Muhadjirs parlant ourdou avec 5 % de Pachtounes et 5 % de Pendjabis. Par ailleurs, près de 5 % des habitants de la province voisine du Baloutchistan sont des Sindis (notamment à Lasbela[6]) et ils représentent moins de 1 % de la population dans les autres provinces du pays[1].

De nos jours, 85 % des Sindis sont musulmans, mais environ 2 % sont adeptes de courants dissidents de l'islam, essentiellement des ahmadis. Les autres sont surtout hindous (10 %) et chrétiens (3 %). Autrefois territoire également peuplé de jaïns, il semble qu'il n'y a plus d'adepte du jaïnisme dans le Sind depuis la création du Pakistan en 1947, quand les jaïns sindis se sont réfugiés dans le Gujarat et le Pendjab indien.

Références

  1. (en) Khaleeq Kiani, « CCI to consider releasing census results without 5pc audit », sur Dawn.com, (consulté le ).
  2. (en) « ABSTRACT OF SPEAKERS' STRENGTH OF LANGUAGES AND MOTHER TONGUES - 2011 », sur censusindia.gov.in, (consulté le ).
  3. Julien Levesque, « Être sindhi au Pakistan : nationalisme, discours identitaire et mobilisation politique (1930-2016) », sur hal.archives-ouvertes.fr, (consulté le ).
  4. (en) Sindhis and Mohajirs sur minorityrights.org, juin 2018
  5. (en) « South Asia : Pakistan », sur World Factbook (consulté le ).
  6. (en) Pakistan Baluchistan Ethnic map sur columbia.edu

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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