Sirin
Sirin ou Sirine (en russe : Сирин) est une créature mythologique slave que l’on trouve plus particulièrement dans les légendes russes. Elle a la tête et le buste d’une très belle femme et le corps d’un oiseau (habituellement un hibou). Elle est un des oiseaux prophétique du folklore russe avec Alkonost et Gamayun. Conformément à la légende, elle vit dans les « terres indiennes » proche d’Éden ou autour du fleuve Euphrate.
Ne doit pas être confondu avec Sirine (prénom).
Mi-oiseau, mi-femme, elle doit son existence aux légendes grecques sur les sirènes. Son chant ensorcèle les gens qui en perdent aussi la mémoire. Seul un homme heureux peut entendre ce chant. Elle chante de mélodieuses chansons aux saints, leur prédisant des joies futures. Cependant, pour les mortels, Sirin est dangereuse : les hommes qui l’écoutent oublient tout de la vie terrestre, y compris boire et manger, ce qui cause finalement leur mort. Afin de dissuader l’oiseau, les gens tentaient d’échapper à Sirin en tirant des coups de canon, en appuyant sur les sonnettes ou en faisant tout simplement du bruit. Rares sont ceux qui peuvent la voir, car elle vole très vite.
Quelquefois, Sirin est considérée comme une métaphore du mot de Dieu entrant dans l’âme de l’homme. Quelquefois, elle est vue comme une métaphore tentant les faibles hérétiques. Sirin était aussi considérée comme une sirène ou l’équivalent de la Wila polonaise. Dans le folklore russe, Sirin a été associée au théologien et saint Éphrem le Syrien. Les poètes lyriques provinciaux comme Nikolaï Kliouïev utilisaient souvent Sirin comme synonyme de poète.
Pseudonyme
Au début des années 1920, le pseudonyme de « Sirine » a été choisi par le jeune écrivain Vladimir Vladimirovitch Nabokov, au départ simplement pour éviter la confusion avec son père, Vladimir Dmitrievitch Nabokov, une personnalité connue qui publiait dans la même revue de l'émigration russe à Berlin, Roul. Nabokov a écrit sous ce pseudonyme jusqu'à son départ pour les États-Unis en . Nabokov avance l'explication suivante :
« J'ai lu dans un livre qu'il y a plusieurs siècles existait un genre de faisan merveilleux qui hantait les bois de la Russie : il a survécu sous le nom d'« oiseau de feu » dans les contes de fées et donné une partie de son éclat aux sculptures enchevêtrées qui ornent les toits de chaumières. Cet oiseau merveilleux a laissé une impression si forte dans l'imagination populaire que son envol doré est devenu l'âme même de l'Art russe ; le mysticisme a transformé Séraphin en une nuée d'oiseaux à longue queue, aux yeux de rubis, avec des griffes d'or et des ailes inimaginables ; et enfin, aucune autre nation au monde ne révère autant les plumes de paon et les girouettes. »
Dans les années 1950, Nabokov découvrit qu'il avait existé vers 1910 une maison d'édition russe, « Sirine éditeurs », dont une partie de catalogue était consacré aux poètes symbolistes russes : Alexandre Blok, Andreï Biély et Valéri Brioussov[2].
Galerie
- Sirine (carte postale) (1908)
- Sirine (gauche) et l'Alkonost (droite) par Viktor Vasnetsov : Les Oiseaux de la joie et du chagrin (1896)
Notes et références
- Cité par Brian Boyd, Vladimir Nabokov : les années russes, Gallimard, 1992, p. 216.
- Brian Boyd, Ibidem.
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