Société du Vril
La société du Vril est une société secrète mythique, inventée par l'écrivain britannique Edward Bulwer-Lytton en 1871.
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The Coming Race
Le premier à faire mention du Vril est le romancier Edward Bulwer-Lytton, auteur des Derniers Jours de Pompéi, dans un roman de science-fiction The Coming Race publié en 1871, et qui met en scène une race d'hommes souterraine, les Vril-ya, détenteur du Vril (nom probablement dérivé du latin virile) qui leur donne des pouvoirs psychiques comme la télépathie et la télékinésie[1].
Dans une lettre de 1870 à John Forster, Bulwer-Lytton explique : « Je n'ai pas utilisé le mot Vril pour le mesmérisme, mais pour l'électricité, étendue à des usages qui ne sont encore aujourd'hui vaguement entrevus, et incluant quoi qu'il puisse y avoir de vrai dans le mesmérisme, que je tiens pour un embranchement du grand fluide qui pénêtre toute la nature. [...] Et de même certains êtres, comme la torpille, peuvent être chargés d'électricité, sans jamais pouvoir communiquer cette puissance à d'autres, j'ai supposé l'existence d'une race chargée de cette électricité et ayant acquis l'art de la concentrer et de la diriger - en un mot d'être les conducteurs de ses éclairs. Si vous avez quelque idée pour développer cette idée d'une race destructrice, j'en serais heureux. Il est probable que la notion même de Vril pourrait être dégagée du mysticisme ou mesmérisme en étant simplement définie comme de l'électricité, conduite par ces bâtons ou baguettes, en laissant de côté toute passe mesmérique, etc. Peut-être également, il serait mieux d'éviter toute référence à la possibilité de communiquer avec les morts »[2].
Occultisme
La notion de Vril est développée par Louis Jacolliot (1837–1890), écrivain et consul de France en Inde durant le second empire dans Les Fils de Dieu (1873) et dans Les Traditions indo-européennes (1876)[3].
Le Vril, notion fictionnelle, est repris en 1877 par l'occultiste Helena Blavatsky, fondatrice de la société théosophique, dans son ouvrage Isis Unveiled (Isis dévoilée) comme l'un des noms d'une force mystérieuse et omniprésente, connue des anciens théurgistes[4].
Willy Ley
En 1947, Willy Ley, un ingénieur allemand qui s'est enfui aux États-Unis en 1933, publia un article intitulé Pseudoscience in Naziland (Pseudo-science en pays nazi) dans le magazine de science-fiction Astounding Science Fiction. Après une description de l'ariosophie, Ley écrit :
« Un autre groupe avait été littéralement fondé sur la base d'un roman. Ce groupe, dont je crois qu'il se dénommait lui-même Wahrheitsgesellschaft - Société pour la vérité - et qui était plus ou moins localisé à Berlin, se consacrait à la recherche du Vril. En effet leurs convictions étaient fondées sur le roman de Bulwer-Lytton The Coming Race. Ils pensaient que si le livre était une fiction, Bulwer-Lytton avait utilisé ce truchement pour pouvoir révéler la vérité sur ce "pouvoir". L'humanité souterraine était une aberration, mais pas le Vril ; il était possible qu'il ait permis aux Britanniques, qui le gardaient comme un secret d'État, de conquérir leur empire colonial. Sûrement les Romains en avaient disposé, enfermé dans des petites boules de métal qui gardaient leurs demeures et étaient désignés comme les lares. Pour des raisons qui m'ont échappé, il était possible de découvrir le secret du Vril en contemplant la structure d'une pomme coupée en deux. Non je ne plaisante pas, c'est ce qu'on m'a révélé avec beaucoup de solennité et de secret. Ce groupe a bel et bien existé, et ils ont même publié le premier numéro d'un magazine qui proclamait leur credo (j'aurais souhaité conserver ces choses mais j'avais déjà suffisamment de livres à faire sortir). »[5] »
La Société du Vril
Quelques lecteurs croient que le livre n'est pas de la fiction, et celui-ci est devenu associé aux théories sur le pilotage des disques volants nazis (Flugscheiben), aux tiges de Vril actionnées par des « canon de rayon de force » (Kraftstrahlkanone), aux exercices spirituels des jésuites et aux Atlantes, pour n'en nommer que quelques-uns[réf. nécessaire].
L'histoire a peut-être inspiré Nikola Tesla quand il s'est penché sur la transmission d'énergie à distance (par exemple, voir Arme Tesla). Alors que Tesla niait cette influence, le biographe J. Seifer indique que l'inventeur a probablement connu l'histoire à cause de la popularité de Bulwer-Lytton.
Plusieurs auteurs (détaillés ci-dessous) ont affirmé que la Vril-Gesellschaft (Société du Vril), ou loge lumineuse, était une communauté secrète d'occultistes dans le Berlin pré-nazi. La société berlinoise du Vril était en fait une sorte de cercle intérieur de la société de l'ordre de Thulé. On l'a également pensé en contact étroit avec le groupe anglais connu sous le nom d'ordre hermétique de l'Aube dorée. Aucune preuve vérifiable de l'existence de la société du Vril n'a jamais été publiée[réf. nécessaire].
Un certain Johannes Täufer (soit Jean Baptiste, peut-être un pseudonyme) publia en 1930 deux essais[6],[7] sur le Vril, désigné comme une force primordiale cosmique, reprenant la même trame que le roman de Lytton. Il appartenait à une société discrète, L'Allemagne à venir[8].
L'ouvrage intitulé Le Matin des magiciens, publié en 1960 par Louis Pauwels et Jacques Bergier, inclut un compte rendu de cette société. Ne dévoilant aucune source, les auteurs n'expliquent pas clairement si cette section est factuelle ou fictive. De nouvelles publications sont parues dans les années 1990, notamment sous la plume de l'Allemand Jan Udo Holey travaillant sous le pseudonyme de Jan van Helsing.
La société du Vril comporte beaucoup d'éléments communs aux théories de la conspiration :
- des Maîtres cachés (les membres de la société du Vril et leurs antagonismes) ;
- une évasion par Hitler et tous les autres nazis de Berlin vers le pôle Sud ;
- des soucoupes volantes, inventions secrètes nazies, et la puissance des chaînes psychiques (en anglais, channeling) ;
- les Étrangers d'Aldébaran.
Articles connexes
- Mysticisme nazi
- Reptile humanoïde
- Iron Sky, film qui reprend l'idée d'une fuite des nazis vers la Lune via l'Antarctique.
Bibliographie
Études critiques
- Nicholas Goodrick-Clarke (trad. de l'anglais par Patrick Jauffrineau et Bernard Dubant, préf. Rohan Butler), Les racines occultistes du nazisme : les aryosophistes en Autriche et en Allemagne, 1830-1935 [« The Occult Roots of Nazism: The Ariosophists of Austria and Germany, 1890-1935 »], Puiseaux, Pardès, coll. « Rix », , XI-343 p. (ISBN 2-86714-069-2, présentation en ligne). Réédition : Nicholas Goodrick-Clarke (trad. de l'anglais par Armand Seguin), Les racines occultes du nazisme : les sectes secrètes aryennes et leur influence sur l'idéologie nazie [« The Occult Roots of Nazism : Secret Aryan Cults and their Influence on Nazi Ideology »], Rosières-en-Haye, Camion blanc, coll. « Camion noir » (no CN41), , 507 p. (ISBN 978-2-35779-054-4).
- Nicholas Goodrick-Clarke (trad. de l'anglais), Soleil noir : cultes aryens, nazisme ésotérique et politiques de l'identité [« Black Sun : Aryan Cults, Esoteric Nazism, and the Politics of Identity »], Rosières-en-Haye, Camion blanc, coll. « Camion noir » (no CN 07), , 411 p. (ISBN 978-2-910196-65-3).
- (en) Nicholas Goodrick-Clarke, Secret Aryan Cults and Their Influence on Nazi Ideology, New York University Press, (lire en ligne)
- Michel Meurger, « Le Nazisme, « revanche des mondes perdus » ? », Nous les Martiens, INFINI, no 19, , p. 30-39.
- Theo Paijmans, « La société du Vril, apocryphe et ténébreuse », La Gazette fortéenne, Paris, les éditions de l'Œil du Sphinx, vol. II, , p. 292-328 (ISBN 2-914405-14-6, ISSN 1636-466X).
Sources primaires à l'origine du mythe
- (en) Edward Bulwer-Lytton, The Coming Race, William Blackwood and sons, (lire en ligne) (sur le projet Gutenberg ).
- (en) Edward Bulwer-Lytton (préf. David Seed), The Coming Race, Wesleyan University Press, (présentation en ligne).
- (en) Edward Bulwer-Lytton (préf. Peter W. Sinnema), The Coming Race, Broadview Press, .
- (en) Willy Ley, « Pseudoscience in Naziland », Astounding Science Fiction, no 39/3, .
Sources secondaires présentant des variantes du mythe
- (es) A. Marco, Vril, ovnis y sociedades secretas.
- (en) Barry Taylor, Vril Society “The Yellow Book no 5.
- Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des magiciens, Gallimard, 1960.
- (de) Norbert Jürgen-Ratthofer, Ralf Ettl, Das Vril-Projekt. Der Endkampf um die Erde, Vienne, STM-Tempelhof, 1992.
- (de) Peter Bahn et Heiner Gehring, Der Vril-Mythos (Le Mythe du Vril), (ISBN 3-930243-03-2)
- Leytan Stavros, UT-1, éditions Saint Martin, 2011.
Notes et références
- Goodrick-Clarke 2003, p. 112-113
- « I did not mean Vril for mesmerism, but for electricity, developed into uses as yet only dimly guessed, and including whatever there may be genuine in mesmerism, which I hold to be a mere branch current of the one great fluid pervading all nature. [...] Now, as some bodies are charged with electricity like the torpedo or electric eel, and never can communicate that power to other bodies, so I suppose the existence of a race charged with that electricity and having acquired the art to concentre and direct it - in a word, to be conductors of its lightnings. If you can suggest any other idea of carrying out that idea of a destroying race, I should be glad. Probably even the notion of Vril might be more cleared from mysticism or mesmerism by being simply defined to be electricity and conducted by those staves or rods, omitting all about mesmeric passes, etc. Perhaps, too, it would be safe to omit all reference to the power of communicating with the dead. », cité dans l'introduction de Seed p. XXXIX
- Goodrick-Clarke 1993, p. 219
- Goodrick-Clarke 2003, p. 113
- Willy Ley, « Pseudoscience in Naziland » Astounding Science Fiction, mai 1947 : « The next group was literally founded upon a novel. That group which I think called itself Wahrheitsgesellschaft — Society for Truth — and which was more or less localized in Berlin, devoted its spare time looking for Vril. Yes, their convictions were founded upon Bulwer-Lytton's "The Corning Race." They knew that the book was fiction, Bulwer-Lytton had used that device in order to be able to tell the truth about this "power." The subterranean humanity was nonsense, Vril was not. Possibly it had enabled the British, who kept it as a State secret, to amass their colonial empire. Surely the Romans had had it, inclosed in small metal balls, which guarded their homes and were referred to as lares. For reasons which I failed to penetrate, the secret of Vril could be found by contemplating the structure of an apple, sliced in halves. No, I am not joking, that is what I was told with great solemnity and secrecy. Such a group actually existed, they even got out the first issue of a magazine which was to proclaim their credo. (I wish I had kept some of these things, but I had enough books to smuggle out as it was.)
- (de) Johannes Täufer, « Vril », Die Kosmische Urkraft, Astrologischer Verlag Wilhelm Becker, Berlin
- (de) Johannes Täufer, Weltdynamismus, Otto Wilhelm Barth Verlag, Berlin
- Mondes étranges, n°13, octobre 2011, « La société secrète Vril », par François-Pierre Schneider, p. 39
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