Statut d'autonomie de la Communauté valencienne
La loi organique 5/1982, du , portant statut d'autonomie de la Communauté valencienne (en espagnol : Ley Orgánica 5/1982, de 1 de julio, de Estatuto de Autonomía de la Comunidad Valenciana, en catalan : Llei orgànica 5/1982, d’1 de juliol, d’Estatut d’Autonomia de la Comunitat Valenciana), plus couramment appelée statut d'autonomie de la Communauté valencienne (en espagnol : Estatuto de Autonomía de la Comunidad Valenciana, en catalan : Estatut d’Autonomia de la Comunitat Valenciana), est une loi organique espagnole qui constitue le statut d'autonomie de la communauté autonome de la Communauté valencienne.
Titre | Loi organique 5/1982, du portant statut d'autonomie de la Communauté valencienne |
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Pays | Espagne |
Territoire d'application | Communauté valencienne |
Langue(s) officielle(s) |
espagnol catalan |
Type | Loi organique |
Régime | Royaume d'Espagne |
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Législature | Ire |
Gouvernement | Calvo-Sotelo |
Adoption | |
Signataire(s) |
Juan Carlos Ier Leopoldo Calvo-Sotelo |
Promulgation | |
Publication | |
Version en vigueur | |
Modifications |
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Lire en ligne
Entrée en vigueur le , elle a été révisée à cinq reprises.
Cadre
La Constitution du Royaume d'Espagne du reconnaît « et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et des régions qui la composent »[1].
Dans son article 143, elle dispose que « Dans l'exercice du droit à l'autonomie reconnu à l'article 2 [...], les provinces constituant une entité régionale historique pourront accéder à l'autogouvernement et se constituer en communautés autonomes conformément aux dispositions [...] de leurs statuts respectifs. ». L'article 147 précise que « les statuts sont la norme institutionnelle fondamentale de chaque communauté autonome et l'État les reconnaît et les protège comme partie intégrante de son ordre juridique. »[1].
Historique
Régime d'autonomie provisoire
À Castellón de la Plana le , les présidents des députations provinciales d'Alicante, de Castellón et de Valence s'accordent pour demander au gouvernement de « prendre les dispositions opportunes pour obtenir une autonomie reconnaissant la personnalité du Royaume et permette son développement »[2].
Après les élections constituantes du , députés et sénateurs des trois provinces valenciennes forment la Plénière des parlementaires (en catalan : Plenari de Parlamentaris). Les travaux de cette instance s'attachent à avancer vers la reconnaissance du droit à l'autonomie et à la mise en place d'un régime autonome provisoire dans l'attente de l'adoption de la future Constitution. Le , le conseil des ministres adopte un décret-loi, publié une semaine plus tard, approuvant le régime d'autonomie provisoire du « Pays valencien » (Régimen Preautonómico del Pais Valenciano)[2].
Le décret-loi crée l'Assemblée des parlementaires et le Conseil (Consell). En parallèle, un décret institue deux commissions mixtes, l'une entre les députations et le Conseil, l'autre entre l'administration de l'État et le Conseil. Leur objectif est d'approuver les accords concernant les transferts de fonctionnaires, d'activités et de services entre les différentes institutions. Le Conseil est officiellement constitué le , comprenant 15 membres : un représentant de chaque députation et 12 parlementaires des Cortes Generales[2].
Élaboration du projet
Le , le Conseil remet au Congrès des députés et au ministère de l'Administration territoriale une demande soutenue par 95 % des communes des trois provinces d'accession à l'autonomie, dans l'objectif de constituer une communauté autonome dans le cadre de l'article 151 de la Constitution (cet article permet aux communautés d'obtenir immédiatement un plus grand nombre de compétences, et non cinq ans après leur création). Cette possibilité est cependant refusée et la création de la communauté valencienne est engagée au titre de l'article 143, qui organise une autonomisation territoriale plus lente. En conséquence, est créée la « voie valencienne », qui voit l'élaboration et l'analyse simultanées du statut d'autonomie et d'une loi organique de transfert de certaines compétences de l'État, donnant ainsi à la future communauté autonome les mêmes responsabilités que celles créées sur le fondement de l'article 151[2].
Au cours de l'année , le groupe de travail de l'Assemblée des parlementaires élabore un projet de statut d'autonomie, qui prend le nom de « statut de Benicàssim » (Estatuto de Benicasim), en référence à la ville où les rapporteurs se réunissaient. Au mois de , une assemblée de parlementaires et députés provinciaux adopte le projet, alors que d'importants désaccords subsistent sur la dénomination du territoire, son drapeau ou le statut du valencien[2]. Le projet prévoit ainsi la constitution du « Pays valencien » (País Valenciano), dont le drapeau est constitué d'une frange bleue à l'anse (acceptant la principale revendication du blavérisme) comprenant les armoiries du Conseil[3].
Adoption
Le texte est remis le au président du Congrès par le président du Conseil Enrique Monsonís et celui de l'Assemblée des parlementaires Antonio García Miralles[4]. Publié au Bulletin officiel des Cortes Generales le , le projet de statut est transmis à la commission constitutionnelle, qui désigne le son groupe de travail[2]. La commission approuve son rapport le , qui propose notamment que la communauté porte le nom de « Royaume de Valence » (Reino de Valencia). Tout au long de leurs cinq semaines de travail, les 13 rapporteurs n'ont retenu que les amendements faisant l'objet d'une unanimité au sein des forces politiques parlementaires[2].
Lors de la séance plénière du , les députés rejettent l'article 1er du projet de loi, faisant tomber le rapport de la commission par 161 voix contre et 151 pour. Approuvé par les centristes et les conservateurs, le texte est repoussé par les socialistes, les communistes, les nationalistes basques et catalans[2],[5]. Les débats révèlent de profonds désaccords sur la dénomination du territoire, ses symboles et les pouvoirs des trois députations provinciales. La commission reprend ses travaux et propose une version alternative du statut le , dans laquelle apparaît le nom définitif de « Communauté valencienne » (Comunidad Valenciana). Les députés centriste Fernando Abril et socialiste Alfonso Guerra, acteurs de l'ombre de l'élaboration de la Constitution, jouent un rôle majeur dans l'obtention d'un consensus entre leurs groupes parlementaires respectifs[6]. Une semaine plus tard, le projet de loi organique est approuvé par 250 voix pour et 14 contre[2],[7].
Remis le au Sénat, le projet de statut est approuvé sans modification en commission le suivant[8]. La session plénière valide ce choix le [9] et la loi organique est promulguée par Juan Carlos Ier le . Elle est publiée neuf jours plus tard.
Révisions
Le statut a été révisé à six reprises, deux fois pour des modifications institutionnelles et trois fois pour des raisons fiscales. La révision de a consisté en une refonte complète du texte statutaire de , sans pour autant abroger la loi de [2],[10].
Réforme de
Le , tous les partis représentés au Parlement valencien proposent la création d'une commission spéciale d'étude de la réforme du statut d'autonomie, approuvée six mois plus tard à l'unanimité. Le rapport du groupe de travail est adopté par la commission spéciale le , puis par le Parlement dans son ensemble six jours après. Le , les députés régionaux valident la proposition de loi de réforme statutaire, la Gauche unie (EU-L'Entesa) votant contre[11].
Le texte est enregistré le au Congrès des députés et pris en considération le par 306 voix pour et 13 abstentions. La commission constitutionnelle installe un groupe de travail deux mois plus tard, et adopte le rapport de ce dernier le . Le texte amendé est adopté en séance plénière le par 294 voix pour et 32 contre. La référence à la langue valencienne suscite des critiques des nationalistes catalans et motive leur opposition. Le , le Sénat approuve sans changement le projet de réforme, par 218 voix pour et 21 contre[11],[12].
Les principales modifications apportées tendent à rapprocher la Communauté valencienne du régime d'autonomie de la Catalogne. Parmi les changements, le président de la Généralité obtient la faculté de prononcer la dissolution du Parlement et les futures réformes statutaires devront — à l'instar de l'Andalousie et la Catalogne — être soumises à référendum. Le nouveau statut fait explicitement référence à l'Académie valencienne de la langue (AVL), établit le valencien comme « langue propre de la Communauté valencienne », et efface la référence à « l'unité indissoluble de la Nation espagnole » pour simplement indiquer que le territoire constitue « une nationalité historique » en tant qu'héritier du Royaume de Valence[13].
Contenu
Principes généraux
Le statut proclame l'autonomie de la Communauté valencienne, formée des provinces d'Alicante, de Castellón et de Valence, avec Valence comme capitale. Il inscrit l'histoire du territoire dans celle du royaume de Valence. Il recrée la Généralité (Generalitat) comme institution de gouvernement propre, formée par le Parlement (Les Corts), le président de la Généralité et le Conseil (Consell). Les parlementaires assument le pouvoir législatif, fiscal, budgétaire et de contrôle du gouvernement, tandis que le président exerce la direction du gouvernement décentralisé et la représentation du territoire, partageant avec le Conseil le pouvoir exécutif. Le valencien est reconnu comme langue propre de la Communauté, et co-officielle avec l'espagnol, tandis que le droit foral civil relève de la compétence normative du Parlement et doit faire l'objet d'une protection spéciale.
Structuration
Le statut d'autonomie est organisé ainsi[14] :
Partie | Titre | Articles | Contenu |
---|---|---|---|
Préambule | Proclamation de l'autonomie | ||
Titre I | La Communauté valencienne | 1-7 | Histoire, composition territoriale, citoyenneté, symboles, langue |
Titre II | Des droits des valenciens et valenciennes | 8-19 | Droits et libertés reconnus aux habitants de la Communauté valencienne |
Titre III | La Généralité | 20-48 | Organisation institutionnelle, répartition des pouvoirs, compétences et fonctions du Parlement, du président, du gouvernement ; administration judiciaire ; organes mandatés par le Parlement ; instances consultatives ; exercice du pouvoir législatif |
Titre IV | Compétences | 49-58 | Compétences exclusives, de développement des lois de l'État, d'exécution des lois de l'État |
Titre V | Relations avec l'État et les autres communautés autonomes | 59-60 | Cadre juridique des liens avec les autres communautés autonomes et le pouvoir législatif de l'État |
Titre VI | Relations avec l'Union européenne | 61 | Délégation auprès de l'Union européenne et promotion du développement économique |
Titre VII | Action extérieure | 62 | Conditions de participation à la politique étrangère de l'État |
Titre VIII | Administration locale | 63-66 | Villes, comarques, députations provinciales, délégation de fonctions régionales, coordination des actions locales |
Titre IX | Économie et Finances | 67-80 | Financement, patrimoine, fiscalité propre et cédée par l'État, Service fiscal valencien, budget |
Titre X | Réforme du statut | 81 | Conditions de révision des dispositions du statut |
Dispositions additionnelles | Respect de la loi organique de financement, égalité dans la décentralisation, participation aux Archives de la Couronne d'Aragon, langage inclusif | ||
Dispositions transitoires | Conditions de transfert des compétences de l'État, récupération du droit foral, non-rétroactivité du droit de dissolution du Parlement et du référendum relatif à une révision statutaire | ||
Notes et références
- « Espagne – Constitution du 27 décembre 1978 », sur mjp.univ-perp.fr, (consulté le ).
- (es) Javier Guillem Carrau, « Sinopsis del Estatuto de la Comunitat Valenciana », sur congreso.es, (consulté le ).
- (es) Congrès des députés, « Proyecto de Estatuto de Autonomía del País Valenciano », sur congreso.es, (consulté le ).
- (es) « El proyecto de Estatuto de Valencia, en las Cortes », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Congrès des députés, « Votación plenaria del día 09/03/1982 Estatuto de autonomía Reino de Valencia articulo 1° », sur congreso.es, (consulté le ).
- (es) « Renace el consenso parlamentario con el Estatuto valenciano », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Congrès des députés, « Votación plenaria del día 28/04/1982 Votación final del conjunton proyecto de ley orgánica de Estatuto de Autonomía para la Comunidad Valenciana », sur congreso.es, (consulté le ).
- (es) Sénat, « Dictamen de la Comisión », sur congreso.es, (consulté le ).
- (es) Sénat, « Senado - Pleno », sur congreso.es, (consulté le ).
- (es) « Ley 23/2010, de 16 de julio, del régimen de cesión de tributos del Estado a la Comunitat Valenciana y de fijación del alcance y condiciones de dicha cesión. », sur boe.es, (consulté le ).
- (es) « Cronología del proceso del Estatuto de la Comunidad Valenciana », Las Provincias, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « El Congreso aprueba el Estatuto valenciano con la oposición de los socios del Gobierno », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Un nuevo Estatuto valenciano a mitad de camino del catalán », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Ley Orgánica 5/1982, de 1 de julio, de Estatuto de Autonomía de la Comunidad Valenciana. », sur boe.es, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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