Structure vestigiale humaine

Dans le contexte de l'histoire évolutive des homininés, une structure vestigiale humaine est un caractère anatomique, physiologique, moléculaire ou comportemental chez l'homme dont la fonction initiale a été perdue totalement ou en partie au cours de l'évolution.

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Le tubercule de Darwin est le vestige d'une articulation qui permettait à la partie supérieure de l'oreille de mammifères de se rabattre pour protéger le conduit auditif ou de contrôler volontairement son mouvement.
La fistule pré-hélicéenne chez l'homme est une anomalie congénitale résultant d'un défaut de fusion du premier arc branchial[1].

Historique

Charles Darwin liste chez l'homme certaines structures vestigiales qu'il appelle rudimentaires (muscles auriculaires, pointe de Woolner, appendice iléo-cæcal) dans son ouvrage The Descent of Man (1890)[2]. En 1893, l'anatomiste Robert Wiedersheim (en) en recense 86 dans son ouvrage The Structure of Man[3]. Ses continuateurs allongent la liste à pas moins de 180 structures vestigiales, se trompant sur leur nature réelle car ils ne connaissaient pas leurs fonctions si bien qu'ils les croyaient inutiles. Cette liste reste encore aujourd'hui l'objet de débats[4].

Liste de structures vestigiales

Le cæcum et l'appendice vermiforme sont pleinement fonctionnels chez le lapin.
L'appendice humain.
Queue de l'embryon humain.
Gauche : muscles de l'oreille humaine
Droite : muscles auriculaires non vestigiaux de l'âne.
Gauche : philtrum chez l'être humain
Droite : philtrum chez le chien.

Pendant longtemps dans les manuels d’anatomie humaine, l'appendice humain décrit comme un diverticule du cæcum, était considéré comme une structure vestigiale non fonctionnelle : sa fonction originale (digestion des substances végétales crues chez les herbivores) aurait été perdue depuis longtemps. Des observations plus précises ont cependant mis en évidence que l'appendice possède le biofilm le plus dense du système digestif qui abriterait une flore bactérienne commensale qui servirait de réserve au cas où une grave indigestion et la diarrhée qu’elle provoque évacueraient le biofilm intestinal, éliminant les bactéries bénéfiques au profit des bactéries pathogènes[5].

L'embryon humain possède une queue qui disparaît à la 8e semaine. Le nombre des vertèbres coccygiennes se réduit alors de six à quatre segments et la partie de la moelle épinière qui se trouve dans le canal vertébral du coccyx s'atrophie[6].

Les dents de sagesse sont des vestiges des troisièmes molaires des hominidés qui se sont spécialisées pour mieux dilacérer le feuillage et digérer plus efficacement la cellulose. L'Homme moderne a moins besoin de son appareil masticateur important, ce qui se traduit par la réduction de la mandibule[7].

L’organe voméro-nasal n'est quasiment plus fonctionnel chez l'être humain, le bulbe olfactif accessoire est atrophié, et le canal nasopalatin est généralement obturé[8].

Chez des mammifères à longues oreilles, ces dernières sont généralement dotées de trois muscles auriculaires qui impriment au pavillon des mouvements volontaires plus ou moins étendus, leur permettant de mieux entendre les bruits propres à les avertir de l'approche de leur proie ou de leur prédateur, à l'instar des antennes. Plusieurs espèces d'Hominidés tels que l'orang-outang, le chimpanzé et l'être humain, n'ont plus que des muscles auriculaires rudimentaires. Ils ont conservé leurs insertions (notamment celle de l'épine de l'hélice) et leurs connexions mais ont cessé d'être fonctionnels. Cependant, quelques individus peuvent parvenir à contracter leurs muscles auriculaires non rudimentaire[9]. Autre organe vestigial à ce niveau, le tubercule de Darwin correspond à la partie supérieure de l'oreille pointue des primates et de certains mammifères qui leur permettait de se rabattre pour protéger le conduit auditif ou de contrôler volontairement son mouvement[10].

Le plica semilunaris (petit pli tégumentaire de la conjonctive dans le coin de l'œil des Primates) est le vestige de la membrane nictitante de certains vertébrés (appelée troisième paupière chez les reptiles)[11]. Une seule espèce de primate, Arctocebus calabarensis, est connue pour posséder cette membrane fonctionnelle[12].

Tous les primates, sauf l'être humain et pan troglodyte, ont une membrane nictitante bien développée[13].

Notes et références

  1. (en) Stephen Wood Gray, John Elias Skandalakis, Embryology for surgeons. The embryological basis for the treatment of congenital defects, Saunders, , p. 57.
  2. (en) C. Darwin, The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, John Murray, (lire en ligne), p. 13.
  3. (en) Ronald Campbell Macfie, The Theology of Evolution, Unicorn Press, , p. 56.
  4. Alain Froment, Anatomie impertinente. Le corps humain et l’évolution, Odile Jacob, , p. 27-28.
  5. (en) H. F. Smith, R. E. Fisher, M. L. Everett, A. D. Thomas, R. R. Bollinger, W. Parker, « Comparative anatomy and phylogenetic distribution of the mammalian cecal appendix », Journal of Evolutionary Biology, vol. 22, no 10, , p. 1984–1999 (DOI 10.1111/j.1420-9101.2009.01809.x).
  6. Denise Ferembach, Charles Susanne et Marie-Claude Chamla, L'Homme, son évolution, sa diversité, Éditions du CNRS, , p. 97.
  7. Jean-Louis Heim, Jean Granat, « Les Dents humaines, origine, morphologie, évolution », Paléo-Odontologie. Analyses et méthodes d'étude, Paris, Artcom, p. 10-37.
  8. (en) Jacob S., Zelano B., Gungor A., Abbott D., Naclerio R., McClintock M.K. Location and gross morphology of the nasopalatine duct in human adults. Arch. Otolaryngol. Head Neck Surg., 126(6):741-748, 2000.
  9. (en) J. H. Bair, « Development of voluntary control », Psychological Review, vol. 8, no 5, , p. 474-510 (DOI 10.1037/h0074157).
  10. (en) William Charles Osman Hill, Primates : Comparative Anatomy and Taxonomy, University Press, , p. 8.
  11. Alain Froment, Anatomie impertinente. Le corps humain et l’évolution, Odile Jacob, , p. 140.
  12. (en) W. Montagna, H. Machida, E.M Perkins, « The skin of primates XXXIII.: The skin of the angwantibo », American Journal of Physical Anthropology, vol. 25, no 3, , p. 277–290 (DOI 10.1002/ajpa.1330250307).
  13. (en) Tatsuyoshi Arao et Edwin Perkins, « The nictitating membranes of primates », The Anatomical Record, vol. 162, no 1, , p. 53–69 (ISSN 1097-0185, DOI 10.1002/ar.1091620106, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Neil Shubin, Your Inner Fish : a Journey into the 3.5-Billion-Year History of the Human Body, Vintage Books, , 144 p. (ISBN 978-0-307-27745-9 et 0-307-27745-3, lire en ligne).
  • (en) J. Bergman, « Do any vestigial structures exist in humans ? », Creation Ex Nihilo Technical Journal, vol. 14, no 2, , p. 95–98.

Articles connexes

Liens externes

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