Détatouage

Le terme détatouage désigne l'ensemble des processus utilisés dans le passé ou de nos jours pour éliminer un tatouage permanent.

Trois principes et méthodes ont été ou sont utilisés:

  1. La mobilisation des particules, visant leur évacuation vers un pansement ou le réseau sanguin et lymphatique;
  2. l'ablation ou la destruction physique (par laser maintenant) des particules;
  3. la destruction chimique.

Histoire des techniques de détatouage

Depuis que les premiers tatouages permanents ont été créés, probablement il y a 5 000 ans environ, des méthodes et tentatives de retrait de ces tatouages ont été testées ou développées.

Des premiers témoignages de détatouage datent de l'époque de Platon[1].

Le médecin grec Aétios d'Amida (Aetius pour les Romains), environ 500 ans av. J.-C. décrivait déjà un douloureux procédé de salabrasion et de renouvellement de la peau basé sur l’application d’un topique dont la recette incluait le poivre, la rue et l'orpiment appliqués durant cinq jours. Après quoi il fallait percer la peau tatouée et la saupoudrer de sel.

Après que James Cook a découvert le tatouage pratiqué dans certaines îles du Pacifique, il devient une mode chez les marins et se développe en Europe. Les médecins s'intéressent donc aux tatouages, au XIXe siècle notamment.

L'utilisation du sel (salabrasion) pour atténuer ou tenter d'effacer un tatouage a continué jusqu'au XXe siècle, avec diverses variantes. Le sel appliqué sur le derme encourage la fuite du colorant dans le milieu extracellulaire par un mécanisme de « transport osmotique ». Le pigment mobilisé est alors évacué dans les pansements ainsi que dans la circulation lymphatique[2].

Les progrès de l'histologie et l'étude de tatouages expérimentaux exécutés sur la peau d'animaux montrent que c'est dans le derme et non dans l'épiderme que les pigments sont fixés[1], démontrant que pour être efficace c'est le derme qui doit être traité ou chirurgicalement retiré.

À toutes les époques le traitement a été inefficace et/ou douloureux, souvent infructueux ou seulement partiellement efficace, et a suscité d’importantes difficultés techniques et esthétiques. La destruction du derme par de la toile émeri[1] a même été utilisée au XIXe siècle, avec des risques importants d'infection et de cicatrices disgracieuses.

La photothérapie, basée sur l'observation du fait que la plupart des tatouages se délavent naturellement plus rapidement quand ils sont exposés au soleil, a été testée avec par exemple la « lumière de Finsen » au début du XXe siècle, mais inefficacement (Meirowsky (1906), spécialiste de la mélanine, cité par Kluger (2010)[1]).

Une méthode dite de détatouage par décortication a été proposée par Dubreuilh en 1909 [3]

Le détatouge par laser en mode impulsionnel déclenché (dit Q-switched) est le plus récent, le moins douloureux et le moins destructeur pour la peau.

Des recherches récentes étudient le potentiel des traitements multi-passes et l'utilisation de la technologie laser picoseconde, qui semblent prometteuses[4],[5],[6].

Motivation

De tout temps et quelle que soit la qualité esthétique ou symbolique ou religieuse d'un tatouage, son caractère définitif peut être regretté par son propriétaire. Il peut avoir été subi, raté, ou exécuté dans le cadre d'un phénomène de mode ou sous la pression de son entourage ; il peut éventuellement traduire une ancienne manifestation d’un désir d’originalité ou d'une forme de marginalité. Son caractère définitif ou difficile à cacher (sur le visage, les mains, les bras…) peut lasser ou occasionner une gêne pour la vie sociale (lors d'un changement de métier par exemple).

D'autres motivations peuvent être une volonté de « rupture avec un passé trouble (d'esclave, de prisonnier, de soldat, etc.) »[1], une rupture sentimentale[1] (dans le cas d'un tatouage symbolisant ou représentant l'être aimé ou son nom), ou une réponse à des impératifs professionnels[1] et sociaux[1].

Le choix de se faire tatouer qui est ensuite regretté est lié à l'illusion de la fin de l'histoire dans laquelle les adolescents et les adultes de tous âges savent que leurs goûts ont changé régulièrement au fil des années avant le moment actuel, mais croient que leurs goûts ne changeront pas. continuer à croître et à mûrir à l'avenir[7]. En conséquence, ils croient à tort que tout tatouage qui leur plaît aujourd'hui leur plaira toujours à l'avenir.

Méthodes contemporaines

  1. La dermabrasion : consiste à frotter la surface de la peau tatouée, à l’aide de petites meules tournant de 20 000 à 40 000 tr/min, pour « l’user » afin de retirer le tatouage. Cette opération est réalisée sous anesthésie locale par un dermatologue en cabinet ;
  2. La chirurgie ;
  3. Le laser : consiste à éclater les pigments grâce à un effet photo-acoustique. Cette méthode est très utilisée en ce moment par les dermatologues en clinique, ainsi que par certains tatoueurs qui disposent néanmoins d’un équipement moins puissant ;
  4. Crèmes antitatouage[8] : les substances actives contenues par ces crèmes se chargent d'éliminer les colorants des cellules. Cette technique permet une utilisation par le tatoué lui-même à son domicile.

Détatouage laser

Le détatouge par laser en mode impulsionnel déclenché (dit Q-switched) est plus récent est le moins douloureux et le moins destructeur pour la peau, mais il est coûteux, pas toujours totalement efficace, et nécessite souvent plusieurs séances (plus d'une dizaine parfois). Il peut laisser certaines séquelles à la suite de complications telles que purpura[9], brûlures[9], infections[9], hypo- et Hyperpigmentations[9], troubles de cicatrisation[9], chéloïdes[9] et réactions eczématiformes[9] et dans un cas au moins urticaire aiguë généralisée avec angio-œdème[9]. Les lasers nanosecondes et picosecondes sont les plus efficaces et puissants du marché. Ils ne laissent ni trace, ni cicatrice et offrent un résultat définitif.[10] Pour effacer un tatouage, le laser doit atteindre les gouttes d’encre qui ont été injectées dans la surface cutanée. Par un impact photomécanique, le laser fragmente les gouttes d'encre présentes dans la peau, jusqu'à ce qu'elles atteignent une taille comprise entre 5 et 10 microns[11].

Comparaison (avantages/inconvénients) de ces techniques

Conditions de réussite des différents traitements

L’efficacité[8] de toutes ces méthodes est toujours conditionnée par :

  • les matériaux utilisés ;
  • le type de peau ;
  • l’emplacement du tatouage ;
  • la profondeur du tatouage
  • la nature des pigments utilisés (minéraux, organiques…).

Notes et références

  1. N. Kluger (2010), Le détatouage à l’aube du XXe siècle / Tattoo removal at the start of the 20th century; Histoire de la dermatologie, Annales de dermatologie et de vénéréologie ; 137, 582—584 (résumé) ; Elsevier Masson.
  2. brochures dermatologue, et www.kustomtattoo.com
  3. Dubreuilh, W. (1909). Détatouage par décortication (un nouveau procédé). Ann Derm Syph, 10, 367-373.
  4. (en) CheeLeok Goh et StephanieGY Ho, « Laser tattoo removal: A clinical update », Journal of Cutaneous and Aesthetic Surgery, vol. 8, no 1, , p. 9–15 (PMID 25949017, PMCID 4411606, DOI 10.4103/0974-2077.155066)
  5. (en) « Optimal tattoo removal in a single laser session based on the method of repeated exposures »,
  6. (en) Neil S. Sadick et Nils Krueger, Advances in cosmetic dermatology, an issue of dermatologic clinics, Philadelphia, Elsevier saunders, , 92–93 p. (ISBN 9780323263887, lire en ligne)
  7. (en) John Tierney, « You Won't Stay the Same, Study Finds », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
  8. belle-nette.fr
  9. Stephan, F., Moutran, R., & Tomb, R. (2010). d’hypersensibilité avec angio-œdème après détatouage par le laser Nd: YAG. In Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (juillet 2010, Vol. 137, No. 6, p. 480-481). Elsevier Masson (PDF, 2p).
  10. « Détatouage laser : comment enlever un tatouage ? », sur CSHP Paris (consulté le )
  11. « Enlever un tatouage | Détatouage au laser Picosure à Paris », sur Phoenix Esthetic (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) Fusade, T. (2003). Techniques de détatouage. In Annales de dermatologie et de vénéréologie (vol. 130, no 12, p. 1164-1169). Masson (fiche Inist/CNRS)
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