Suzanne Aron
Suzanne Aron, née Suzanne Gauchon le à Lyon et morte le à Paris 5e[1].
Pour les articles homonymes, voir Aron.
Naissance | |
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Décès |
(à 89 ans) 5e arrondissement de Paris |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Suzanne Stéphanie Gauchon |
Nationalité | |
Formation | |
Conjoint | |
Enfant |
Biographie
Origines
Suzanne Gauchon est née à Lyon en 1907[2], d'une lignée de paysans dauphinois et d'industriels lyonnais[3]. Son père, fils d’un paysan qui tenait l’hôtel du village, a fait des études, est entré dans la marine en tant qu’officier mécanicien, puis a pris un emploi important dans une société industrielle du groupe Air liquide[4].
Études
Au lycée Victor-Duruy (Paris), Suzanne Gauchon se lie durablement d'amitié avec Christiane Martin du Gard (fille de Roger Martin du Gard), Édi Copeau (fille de Jacques Copeau, qui deviendra religieuse bénédictine et fondera le monastère de la congrégation de sainte Bathilde à Madagascar en 1934) et Simone Weil[4],[5],[6],[7],[8],[9]. En classe de philosophie, elles ont René Le Senne comme professeur de philosophie.
Suzanne Gauchon poursuit des études de lettres à la Sorbonne. Elle obtient sa licence en 1930, puis retourne habiter chez ses parents à Toulon.
Elle est professeur de lettres[10].
Mariage avec Raymond Aron
Suzanne Gauchon rencontre Raymond Aron aux Décades de Pontigny en 1932.
Ils deviennent amis avec le couple formé par André Malraux et Clara Malraux[11].
Raymond Aron emmène Suzanne à Berlin pour la fin de son séjour en Allemagne, puis, rentré en France, l'épouse le [12], dans un mariage civil[13]. Roger Martin du Gard est témoin du mariage.
Marcel Mauss veut immédiatement faire connaissance avec sa nouvelle cousine et lui demande si elle sait cuire du riz[14].
Raymond et Suzanne Aron ont trois filles, Dominique Schnapper (Paris, 1934), Emmanuelle (Londres, 1944 - Paris, 1950), morte d'une leucémie foudroyante, et Laurence (Paris, 1950 - 2018), trisomique.
Seconde Guerre mondiale
En 1939, elle reste quelque temps à Toulouse, quand son mari est rappelé comme sergent dans une section météorologique des Ardennes. En juin 1940, après s'être replié de Mézières à Bordeaux, Raymond Aron, pourtant chargé de famille, embarque pour Londres et s'engage dans la France libre sous un pseudonyme. Le doyen de l'université de Toulouse déclare Raymond Aron porté disparu aux armées, ce qui permet à Suzanne de toucher une partie du traitement de son mari jusqu'à la promulgation du statut des Juifs[15]. En novembre 1940, Suzanne Aron et sa fille Dominique se réfugient au Maroc, accueillies par la directrice du lycée de Rabat[16],[17]. Elles ne rejoignent Raymond Aron à Londres que le 14 juillet 1943, transportées dans un avion militaire américain grâce à une permission spéciale du général Eisenhower[18]. Suzanne Aron assiste à l'enterrement de Simone Weil le 30 août 1943[19]. Sa fille Emmanuelle naît à Londres en juin 1944[20]. Raymond Aron rentre en France dès que possible fin 1944. Suzanne Aron et ses deux filles regagnent Paris en juin 1945.
Après la guerre
Le réseau amical d'avant-guerre ne se reconstitue pas, beaucoup d'intellectuels fuyant l'anti-communisme d'Aron dans les années 1950 et 1960. La famille est en outre durement touchée en 1950 par la naissance de Laurence, en juillet, atteinte de la trisomie 21 et la mort en décembre d'Emmanuelle, âgée de 6 ans, atteinte d'une leucémie diagnostiquée trois semaines auparavant[16].
Selon Pierre Vidal-Naquet, Suzanne Aron aurait, en 1957, signé une pétition visant à éviter la guillotine à Djamila Bouhired, encore peu connue à ce moment-là[21].
Mort
Elle meurt à Paris en 1997 ; elle est enterrée auprès de son mari au cimetière du Montparnasse (division 24)[3].
Pour approfondir
Bibliographie
- Raymond Aron. Mémoires. 50 ans de réflexion politique. Julliard, Paris, 1983. (ISBN 2-260-00332-X), (ISBN 2-266-01500-1) & (ISBN 2-266-01501-X).
- Muriel Pichon. Les Français juifs, 1914-1950: récit d'un désenchantement. Presses Université du Mirail, 2009. (ISBN 2858169969), (ISBN 9782858169962)
- (en) Michael D. Barber. Participating Citizen, The: A Biography of Alfred Schutz. SUNY Press, 2012. (ISBN 0791484785), (ISBN 9780791484784)[22]
- (en) Isaiah Berlin. Building: Letters 1960-1975. Random House, 2013[23]
- Simone Pétrement. La Vie de Simone Weil. Fayard, 2014. (ISBN 2213674833), (ISBN 9782213674834)
- (en) Marcel Fournier. Marcel Mauss: A Biography. Translated by Jane Marie Todd. Princeton University Press, 2015. (ISBN 0691168075), (ISBN 9780691168074)
- (en) Cor Hermans. Interbellum Literature: Writing in a Season of Nihilism. Brill, 2017. (ISBN 9004341803), (ISBN 9789004341807)
- (en) Amos Reichman. Jacques Schiffrin: A Publisher in Exile, from Pléiade to Pantheon. Translated by Sandra Smith. Contributor: Robert O. Paxton. Columbia University Press, 2019. (ISBN 0231548400), (ISBN 9780231548403)
Liens externes
- « In Memoriam Suzanne Aron (28 octobre 1907-27 août 1997) », Éditorial de Jean-Claude Casanova, p. 985, Commentaire, 80, 1997/4.
- « Un professeur d'énergie » (par Albert Palle) et « Éloge funèbre » (par Nicolas Baverez), p. 986-989, Commentaire, 80, 1997/4.
- Dominique Schnapper, Travailler et aimer. Paris, Odile Jacob, 2013. p. 134.
- Simone Weil, Lettres de jeunesse à Suzanne Aron (1928-1934) dans Commentaire 2016/3 (Numéro 155), pages 553 à 562.
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- Registre numérisé - Ville de Lyon 1er arrdt, Acte de naissance No 376 p. 69, avec mentions du mariage et du décès
- Éloge funèbre, Nicolas Baverez, cf. sources.
- « Mémoires de Raymond Aron », p. 116
- Simone Pétrement, La Vie de Simone Weil, 2014.
- Dominique Schnapper, plus que sociologue. Le Monde, vendredi 23 mars 2001.
- Philippe Baud. Simone Weil : une vie en quête de vérité (1/4). trilogies.org. 9 septembre 2016.
- (en)Gianni Criveller. The dramatic and fascinating story of Simone Weil. sundayex.catholic.org.hk. p.5.
- (en) Cor Hermans, Interbellum Literature: Writing in a Season of Nihilism, 2017, p. 402, note 6.
- Muriel Pichon, Les Français juifs, 1914-1950: récit d'un désenchantement, 2009, p. 251.
- Raymond Aron, « Raymond Aron », sur lexpress.fr,
- (en) Michael Dobbs. Raymond Aron Dies at 78. washingtonpost.com. October 18, 1983.
- Voir, Muriel Pichon, 2009, p. 251.
- (en) Marcel Fournier, Marcel Mauss: A Biography, 2015, p. 297.
- André Gueslin, « Les facs sous Vichy : étudiants, universitaires et Universités de France pendant la Seconde Guerre Mondiale », , p. 80
- Dominique Schnapper, « Travailler et aimer : Mémoires », sur books.google.fr
- (en) Amos Reichman, « Jacques Schiffrin: A Publisher in Exile, from Pléiade to Pantheon », sur books.google.fr
- Cécile Daumas, « Dominique Schnapper-Raymond Aron, l’histoire discrète d’une filiation », sur liberation.fr,
- Gabriël Maes, « index général des cahiers Simone Weil », sur simoneweil-association.com, , p. 182
- Jean-François Sirinelli, « Deux intellectuels dans le siècle, Sartre et Aron », sur books.google.fr
- François-René Julliard, « Le Comité Maurice Audin. Des intellectuels en lutte contre la torture pendant la guerre d’Algérie », p. 22
- (en) Michael D. Barber. Participating Citizen, The: A Biography of Alfred Schutz, 2012, p. 250. Notes to Chapter 6.
- (en) Isaiah Berlin. Building: Letters 1960-1975, 2013, p. 39, note 1.
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