Synode
Dans le christianisme, un synode est une assemblée délibérative d'ecclésiastiques. Ce mot recouvre des réalités différentes dans les principales confessions.
Dans le catholicisme, les termes de « synode » et de « concile » ont longtemps été interchangeables, sauf au niveau local, où a toujours été employée l'appellation de synode diocésain et non pas de concile. Depuis la fin du XXe siècle, l'Église tend à réserver le terme de « concile » aux assemblées dites œcuméniques[1], c'est-à-dire mondiales.
Chez les orthodoxes, le Saint-Synode est l'assemblée permanente des évêques qui, sous la présidence d'un primat, dirige l'une des Églises autocéphales de la communion orthodoxe.
Dans le protestantisme, le synode est l'assemblée responsable du gouvernement d'une Église, dans la mesure où elle a adopté le régime presbytéro-synodal. Des laïcs font partie des synodes protestants aux côtés des pasteurs.
Évolution du sens
Étymologie et sens premier
L'étymologie du mot « synode » reste discutée. L'interprétation la plus fréquente aujourd'hui est sun-odos, c’est-à-dire « route ensemble » ou « voyage en compagnie », du grec ancien ὁδός, hodos, qui signifie « chemin » ou « route ». Une autre option est le mot grec σύνοδος composé de σύν, qui signifie « ensemble », et de ὀδός provenant du dialecte attique, qui signifie « seuil de la maison » (οὐδός, oudos). Le mot « synode » désigne alors littéralement le fait de franchir le même seuil, de demeurer ensemble[2]. Dans les deux cas, la signification est un rassemblement, une réunion.
Le mot synode est à l'origine équivalent du latin concilium, en français concile, qui désigne une assemblée d'évêques. On ne le trouve que dans les traductions de textes grecs qui cherchent à souligner les différences entre les usages orientaux et les usages occidentaux. La langue française utilise en fait le mot concile pour désigner les assemblées d'évêques, qu'elles soient locales ou œcuméniques. Ainsi toutes les assemblées d'évêques de l'Église antique ou médiévale sont appelées « conciles » en français.
Usages de l'Église ancienne
Le premier synode connu fut celui convoqué par Victor Ier à Rome en 190 pour la fixation de la date de Pâques[3], célébrée un dimanche. Dès le IIIe siècle apr. J.-C., on voit apparaître des conciles convoqués pour régler des crises ou des conflits locaux, tels que la question des lapsi[4]. Ils peuvent être célébrés à tous les niveaux : local, régional, provincial. L'objectif est toujours, au-delà des circonstances précises de la réunion, de conforter et d'harmoniser la foi d'une Église particulière.
Distinction progressive entre concile et synode
À l'époque de la réforme grégorienne, les papes élargirent la portée et la composition des synodes. Pour distinguer les assemblées extraordinaires et générales ou encore universelles des synodes locaux, le terme de « synode général » fut réservé aux conciles convoqués ou présidés par le pape[5].
Ce n'est qu'au XXe siècle que, dans l'usage catholique, l'on commença à donner le nom de synode aux assemblées locales ou régionales, afin de réserver le mot « concile » aux synodes généraux ou encore universels, comme les conciles œcuméniques.
Les différentes Églises chrétiennes ont recours au mot « synode » pour désigner des assemblées régulières ou permanentes, participant au gouvernement de l’Église selon leur mode d'organisation particulier. Le mot synode revêt alors en français des sens spécifiques.
Synodes de l'Église catholique romaine
En 1215, le quatrième concile du Latran préconise la tenue annuelle de conciles (ou synodes) sous l'autorité des archevêques[6]. Un synode peut également être convoqué sur un point particulier. Si l'institution synodale s'est perpétuée sans discontinuité à travers les siècles, sa mise en œuvre a été très variable. Au sein de l'Église catholique, les synodes diocésains sont convoqués par l’évêque dans son diocèse, les synodes romains (Synode des évêques créé par le motu proprio Apostolica sollicitudo (de) du pape Paul VI le à l'issue du concile Vatican II) rassemblent des évêques convoqués par le pape[7].
Dans le droit canonique actuel, le synode diocésain est organisé selon les modalités du Code de droit canonique de 1983 : « Le synode diocésain sera célébré dans chaque Église particulière lorsque, au jugement de l'Évêque diocésain et après que celui-ci a entendu le conseil presbytéral, les circonstances le suggéreront. »
Synodes dans les Églises orthodoxes
Le mot a trois acceptions, toutes en lien avec le gouvernement de l’Église :
- assemblée permanente d'évêques qui siègent sous la présidence d'un primat, qu'il porte le titre de patriarche ou celui d'archevêque, à la tête d'une des Églises autocéphale de la communion orthodoxe.
- l'assemblée des évêques russes en exil qui à partir de 1925 tentèrent de perpétuer l'organisation de l'Église russe et qui regroupèrent les communautés russes à l'étranger. Le mot synode désigne l'ensemble des communautés rattachées à cette instance.
- de façon dérivée, la période synodale de l'histoire russe, c'est-à-dire la période où le patriarcat de Moscou avait été supprimé (1721-1917) et remplacé par un Saint-Synode. Un fonctionnaire laïc avait été placé à la tête du synode et l'Église subissait la tutelle du ministre des cultes.
Synodes protestants
Dans le système presbytérien synodal (ou presbytéro-synodal) qui est la forme de gouvernement d'Église la plus répandue au sein des Églises réformées comme luthériennes (par exemple l'Église de Suède ou l'Église luthérienne - Synode du Missouri) ou anglicanes, le synode est le nom donné à l'assemblée du plus haut niveau, souvent au niveau national, qui décide de toutes les questions essentielles, notamment :
- la confession de foi
- l'organisation générale (la Discipline),
- la formation, du recrutement et du salaire des ministres,
- les relations avec les autres Églises.
Dans certaines églises, par exemple l’Église d’Écosse, le modérateur du synode national est aussi le président de l'église ou en tous cas son porte-parole.
En France, le premier synode national protestant s'est tenu à Paris en 1559[8]. Il élabora la confession de foi, qui, ratifiée en 1571 par le synode de La Rochelle, prit dès lors le nom de confession de la Rochelle. De nombreux autres synodes se sont tenus depuis, leur liste pouvant être consultée[9].
Aujourd'hui, dans le cadre de l'Église protestante unie de France créée en 2013 par la réunion des Églises réformée et luthérienne de France, il existe des synodes régionaux et nationaux. Les synodes régionaux sont des assemblées délibératives. Chacun d'eux réunit des représentants au conseil régional concerné et des délégués de l'ensemble des églises locales de la région (pasteurs et laïcs ayant la fonction de délégués synodaux). Les délibérations des synodes régionaux sont soumises, pour un 2e niveau d'analyse et de délibération, au synode national. Le synode national est l'instance souveraine, décidant de la formulation de la foi et des questions d'organisation, depuis le traitement des ministres jusqu'aux accords internationaux ou interconfessionnels. Il élit un conseil national qui gère l'Union et met en œuvre les décisions et orientations synodales entre deux sessions annuelles.
Notes et références
- Ne pas confondre cet usage du mot "œcuménique" avec son acception générale qui implique la participation sur un pied d'égalité de toutes les Églises chrétiennes et non pas seulement catholiques.
- Voir Arnaud Join-Lambert, Les Liturgies des synodes diocésains français 1983-1999, Paris, Cerf (collection Liturgie 15) 2004, p. 61-65
- Yves Chiron, Histoire des conciles, Paris, Perrin, 2011, page 9.
- Yves Chiron, Histoire des conciles, Paris, Perrin, 2011, page 10.
- Yves Chiron, Histoire des conciles, Paris, Perrin, 2011, page 78.
- Yves Chiron, Histoire des conciles, Paris, Perrin, 2011, page 111.
- Paul Poupard, Connaissance du Vatican, Éditions Beauchesne, , p. 108
- Le premier synode national protestant réuni a Paris en 1559 Site Huguenots en France
- Adolphe-Charles Peltier, "Dictionnaire universel et complet des conciles tant généraux que particuliers, des principaux synodes diocésains et des autres assemblées ecclésiastiques les plus remarquables...", 1846-1847, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6343732b/f712.image.r=Vitr%C3%A9.langFR
Articles connexes
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