Tange Sazen

Sazen Tange (丹下 左膳, Tange Sazen) est un personnage de fiction de la littérature et du cinéma japonais. Le personnage désigne Tange Samanosuke, loyal samouraï du clan Sōma, attaqué et mutilé à la suite d'une trahison. Il perd son œil et son bras droits et vit après cela comme un rōnin nihiliste en utilisant le pseudonyme « Sazen ».

Sazen Tange

Le Pot d'un million de ryō (1935).

Nom original 丹下 左膳 (Tange Sazen)
Alias Tange Samanosuke
Sexe masculin
Activité rōnin
Arme favorite katana
Signes caractéristiques Tange Sazen a perdu le bras droit et est borgne

Créé par Hayashi Fubō (roman)
Interprété par Kanjūrō Arashi
Denjirō Ōkōchi
Ryūtarō Ōtomo
Kinnosuke Nakamura
Etsushi Toyokawa
Tetsurō Tanba
Films Le Pot d'un million de ryō
Samouraï sans honneur
Romans Shinpan ōoka seidan (新版大岡政談) (1927-1928)
Première apparition 1928
Dernière apparition 2004

Présentation

Tange Sazen apparaît pour la première fois sous la plume de Hayashi Fubō  écrivain prolifique prématurément mort d'une crise cardiaque à 35 ans  comme personnage secondaire dans le roman Shinpan ōoka seidan (新版大岡政談) qui décrit les exploits du magistrat Ōoka Echizen (en), publié en feuilleton d' à dans les pages du Mainichi Shinbun[1],[2]. Hayashi Fubō s'inspire pour ce personnage d'un véritable samouraï handicapé du clan Date en recueillant des détails historiques auprès d'un spécialiste du jidai mono[1].

Personnage secondaire à la base, Tagen Sazen fascine les lecteurs du journal grâce aux illustrations de Tomiya Oda (ja) qui exaltent son « côté diabolique », si bien que Hayashi Fubō développe le personnage dans ses écrits tout en conservant une part de mystère quant à ses origines[1]. Au début Tange Sazen est donc un personnage plutôt négatif, dont les difformités induisaient une nature intrinsèquement diabolique, dépeint comme un samouraï incapable de contrôler ses émotions[1].

Tagen Sazen devient si populaire auprès du public que trois sociétés de production  Tōa Kinema (ja), Makino Production (ja) et Nikkatsu  réalisent conjointement des films à suite de ses aventures en 1928[3], les plus populaires d'entre eux sont dirigés par Daisuke Itō à la Nikkatsu, avec Denjirō Ōkōchi en vedette. Itō modifie quelque peu le personnage pour en faire le héros de sa trilogie, Tagen Sazen devient un samouraï que la trahison de son maître conduit à la folie et à l'accomplissement d'une meurtrière vengeance avec l'appui tacite du magistrat Ōoka Echizen. Il va au bout du caractère tragique du personnage en concluant son récit par son suicide[1].

En 1935, le film Le Pot d'un million de ryō devait initialement être réalisé par Daisuke Itō, mais le projet est soudainement confié à Sadao Yamanaka car Itō quitte la Nikkatsu pour la Daiichi Eiga[4]. Sadao Yamanaka adopte un style complètement différent de son prédécesseur et présente Denjirō Ōkōchi dans le rôle d'un Tange Sazen comique, parodie du personnage original. Le « monstre Sazen » devient un gentil qui aime les enfants, ce dont il a honte, si bien qu'il joue les durs pour essayer de montrer à la femme avec qui il vit qu'il les déteste[4].

Après la mort de Hayashi Fubō en 1935, l'écrivain et scénariste Matsutarō Kawaguchi prend la relève[2] et couche sur le papier les péripéties qui ont pu amener Tange Sazen à perdre son bras et son œil. Tange Sazen doit ses mutilations à un double sabre que son maître lui a ordonné de retrouver et qui envoûte peu à peu son esprit[1]. Recueilli et soigné par une jeune femme, il devient dès lors un rōnin, paria de la société féodale et finalement un « yakuza justicier »[1].

De nombreux acteurs ont incarné Tange Sazen au cinéma dont Kanjūrō Arashi, Tsumasaburō Bandō, Ryūtarō Ōtomo, Ryūnosuke Tsukigata, Kinnosuke Nakamura et Tetsurō Tanba[3],[2].

Komako Hara interprète également une Sazen féminine dans deux films sortis en 1937[5].

Au cinéma

Tokumaro Dan (ja) (1928).
Reisaburō Yamamoto et Kanjūrō Arashi dans Shinban Ōoka seidan (1928).
Isuzu Yamada et Denjirō Ōkōchi dans Tange Sazen I (1933).
Tsumasaburō Bandō dans Tange Sazen (1952).
Ryūtarō Ōtomo dans Tange Sazen (1958).
  • Avec Tokumaro Dan (ja) dans le rôle de Tange Sazen :
    • 1928 : Shinban Ōoka seidan - Zenpen: Suzukawa Genjūrō no maki (新版大岡政談 前篇 鈴川源十郎の巻) de Gorō Hirose (ja)[6]
    • 1928 : Shinban Ōoka seidan - Chūhen (新版大岡政談 中篇) de Gorō Hirose (ja)[7]
    • 1928 : Shinban Ōoka seidan - Kōhen (新版大岡政談 後篇) de Gorō Hirose (ja)
  • Avec Michitarō Mizushima (ja) dans le rôle de Tange Sazen :
  • Avec Tetsurō Tanba dans le rôle de Tange Sazen :
    • 1963 : Tange Sazen: Zankoku no kawa (丹下左膳) de Seiichirō Uchikawa (ja)[27]
  • Avec Etsushi Toyokawa dans le rôle de Tange Sazen :
    • 2004 : Tange Sazen: Hyakuman ryō no tsubo (丹下左膳 百万両の壺) de Toshio Tsuda[29]

À la télévision

  • Avec Takeya Nakamura (ja) dans le rôle de Tange Sazen :
    • 1965-1966 : Tange Sazen (丹下左膳)[30] (série télévisée - 26 épisodes)
  • Avec Eitarō Matsuyama (ja) dans le rôle de Tange Sazen :
    • 1967-1968 : Tange Sazen (丹下左膳)[31] (série télévisée - 26 épisodes)
  • Avec Kōji Takahashi dans le rôle de Tange Sazen :
    • 1974 : Tange Sazen (丹下左膳)[32] (série télévisée - 15 épisodes)
  • Avec Tatsuya Nakadai dans le rôle de Tange Sazen :
    • 1982 : Tange Sazen ken-fū! Hyaku man ryō no tsubo (丹下左膳 剣風!百万両の壺) de Hideo Gosha (téléfilm)
  • Avec Nakamura Shidō II dans le rôle de Tange Sazen :

Manga

  • Le personnage de Kiyomasa Senji dans le manga Deadman Wonderland évoque sa ressemblance avec Tange Sazen à la suite de la perte de son bras droit et d'un œil[34].

Notes et références

  1. Robin Gatto, Hideo Gosha, cinéaste sans maître, Volume 2, LettMotif, , 400 p. (ISBN 978-2-36716-046-7, lire en ligne)
  2. (en) Satsuo Yamamoto (trad. Chia-ning Chang), My Life as a Filmmaker : Numéro 80 de Michigan Monograph Series in Japanese Studies, Ann Arbor, Mich., University of Michigan Press, , 259 p. (ISBN 978-0-472-05333-9, lire en ligne), p. 100
  3. Liste de recherche « Tange Sazen » sur JMDb
  4. Tadao Satō (trad. du japonais), Le Cinéma japonais (tome I), Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 264 p. (ISBN 2-85850-919-0), p. 151
  5. (ja) « Onna Sazen: Dai ippen, yōka no maki » (consulté le )
  6. Shinban Ōoka seidan - Zenpen: Suzukawa Genjūrō no maki (1928) - IMDb
  7. Shinban Ōoka seidan - Chūhen (1928) - IMDb
  8. (ja) « 新版大岡政談 第一篇 (1928) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  9. Shinban Ōoka seidan - Dai-nihen (1928) - IMDb
  10. (ja) « 新版大岡政談 解決篇 (1928) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  11. Shinban Ōoka seidan - Daisanpen: Kaikatsuhen (1928) - IMDb
  12. (ja) « 丹下左膳 第一篇 (1933) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  13. Tange Sazen - Dai-ippen (1933) - IMDb
  14. (ja) « 丹下左膳 第二篇 剣戟の巻 (1934) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  15. Tange Sazen: Kengeki no maki (1934) - IMDb
  16. Tange Sazen yowa: Hyakuman ryo no tsubo (1935) - IMDb
  17. (ja) « 丹下左膳 愛憎魔剣篇 (1937) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  18. (ja) « 丹下左膳 完結咆哮篇 (1937) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  19. Shinpen Tange Sazen: Koiguruma no maki (1940) - IMDb
  20. Tange Sazen (1953) - IMDb
  21. Zoku Tange Sazen (1953) - IMDb
  22. (ja) « 丹下左膳 第一部 乾雲の巻 (1956) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  23. (ja) « 丹下左膳 第二部 坤竜の巻 (1956) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  24. (ja) « 丹下左膳 第三部 昇竜の巻 (1956) », sur www.nikkatsu.com (consulté le )
  25. Tange Sazen doto-hen (1959) - IMDb
  26. The Mysterious Sword
  27. Tange Sazen: Zankoku no kawa (1963) - IMDb
  28. Samouraï sans honneur (1966) - IMDb
  29. Tange Sazen: Hyakuman ryo no tsubo (2004) - IMDb
  30. (ja) « 丹下左膳 », sur www.tvdrama-db.com (consulté le )
  31. (ja) « 丹下左膳 », sur www.tvdrama-db.com (consulté le )
  32. (ja) « 丹下左膳 », sur www.tvdrama-db.com (consulté le )
  33. (ja) « 丹下左膳 (2004) », sur www.allcinema.net (consulté le )
  34. « Kiyomasa Senji », sur deadmanwonderland.fandom.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Robin Gatto, Hideo Gosha, cinéaste sans maître, Volume 2, LettMotif, , 400 p. (ISBN 978-2-36716-046-7, lire en ligne)

Liens externes

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