Tefal
Tefal est une entreprise française spécialisée dans les articles culinaires anti-adhésifs, filiale du groupe SEB depuis 1968, dépositaire de 150 brevets à travers le monde[3]
Tefal | |
Création | 1956 à Sarcelles |
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Dates clés | 1968 (Rejoint le groupe SEB)
8 novembre 1973 : immatriculation société actuelle |
Fondateurs | Marc Grégoire (en) |
Forme juridique | Société par actions simplifiée |
Slogan | Comment s'en passer ? |
Siège social | Rumilly France |
Direction | Patrick Llobregat (depuis le 14 janvier 2012) |
Actionnaires | Groupe SEB |
Activité | Fabrication d'articles métalliques ménagers |
Produits | « art culinaire » pesage |
Société mère | Groupe SEB |
Effectif | 2 014 en 2018 |
SIREN | 301 520 920 |
TVA européenne | FR39301520920[1] |
Site web | http://www.tefal.com |
Chiffre d'affaires | 421 043 900 € en 2018 |
Résultat net | 23 375 400 € en 2018[2] |
Histoire
L'entreprise Tefal S.A. est créée en 1956 à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, par deux ingénieurs, Marc Grégoire, ingénieur à l'ONERA (Office national d'études et de recherches aérospatiales)[4] et Louis Hartmann, spécialiste du polymère anti-adhérent ou téflon. Marc Grégoire travaille à perfectionner ses cannes à pêche, inventant la canne à pêche télescopique en fibre de verre. Le matériau composite adhérant au démoulage, il a l'idée d'utiliser du téflon disponible à l'ONERA pour que la canne se démoule mieux. Lorsque sa femme Colette lui demande de lui fabriquer une casserole anti-adhésive, Marc Grégoire descend au magasin le plus proche où il ne trouve qu'une poêle[5]. Influencé par sa lecture d'un article scientifique, il met au point un procédé permettant d’ancrer le téflon sur le disque aluminium de cette poêle : le traitement de l'aluminium à l’acide chlorhydrique provoque de petits trous dans lesquels se fixe le téflon[4]. Le brevet de la première « poêle qui n'attache pas » est déposé en 1954. Le nom Tefal provient de la contraction des mots « teflon » et « aluminium »[6]. La première poêle est déposée au musée Dupont-de-Nemours à Wilmington (États-Unis)[4].
Les débuts sont difficiles, aucune entreprise spécialisée dans les casseroles n'est intéressée par le procédé. En 1956, la SARL embauche son premier salarié, Helmut Mottl.
Cinq ans après, l'un des fournisseurs de disques d'aluminium, les Forges de Cran, devenues Pechiney Rhenalu, à Annecy (Haute-Savoie), propose à la jeune SARL Tefal une usine[7] de 3 000 m2 à proximité de son site. En 1961, Tefal s'installe à Rumilly.
En 1968, Tefal est rachetée par le groupe SEB. Le revêtement anti-adhésif est, à cette époque, fourni par la Société des Résines Fluorées, filiale de Péchiney Ugine Kuhlman (qui deviendra Atochem) à Pierre-Bénite dans le Rhône, lequel produit solide est le tétrafluoroéthylène venant du (C2F4)n, en dispersion aqueuse devant être séchée sur les disques pour casseroles. Ce produit est appelé Soreflon, et est fabriqué par polymérisation du gaz initial. Il est aussi beaucoup employé en autres applications comme le ruban Téflon, ou des applications de protection du rayonnement nucléaire sortie d'apesanteur, dans les voyages spatiaux. C'est un produit neutre pouvant par contre devenir extrêmement nocif s'il se décompose au feu.
La société se développe sur une innovation intensive[8] : en 1974, un croque-gaufre et allume-gaz[8] ; en 1980, Tefal lance son nouveau revêtement anti-adhésif T-Plus à l’international[8] ; deux ans plus tard, elle lance sa première bouilloire électrique destinée au marché anglais ; en 1985, le premier pèse-personne électronique[8] ; en 1990, la pierrade électrique. En 1995, la société investit l'activité puériculture[8] avec une gamme Tefal Baby Home. Paul Rivier est PDG de l'entreprise de 1979 à 1999[8]. En 2002, le moule Proflex en silicone avec démoulage facile est mis sur le marché[8]. En 2005 Christian Ringuet devient PDG de l'entreprise
Affaire de corruption
En 2013[9] éclate à Annecy une affaire de trafic d'influence[10].
La direction de Tefal veut modifier le contrat de travail de certains employés ce qu'un syndicat de travailleurs refuse[10].
Le bras de fer dure plusieurs semaines jusqu’à l'intervention de l'inspection du travail[10]. L'inspectrice du travail chargée de ce dossier découvre une irrégularité dans l’accord sur les 35 heures signé treize ans plus tôt et demande sa renégociation, mais la direction refuse[10].
Philip Paillard de l'union des industries et métiers de la métallurgie et le directeur des ressources humaines Dan Abergel décident de mettre l'inspectrice du travail sous pression pour la faire muter[10].
La direction de Tefal prend également contact avec les renseignements généraux[10].
Rapidement l'inspectrice reçoit des pressions et menaces de sa hiérarchie[10]. La presse révèle que l'entreprise s'est engagée à recruter en stage un proche de Philippe Dumont, directeur départemental du travail, en échange des pressions effectuées sur l'inspectrice du travail pour le compte de l'entreprise[10].
Tefal décide de porter plainte contre l'inspectrice du travail pour violation du secret professionnel et recel. Le procureur d'Annecy, Eric Maillaud, un ami intime[réf. nécessaire] de Philippe Dumont décide de donner suite à la plainte, non contre l'entreprise ou le directeur de l'inspection, mais contre l'inspectrice du travail et le lanceur d'alerte pour « faire le ménage » dans l'inspection du travail[11]. Le , des centaines de personnes manifestent devant le tribunal pour soutenir l'inspectrice du travail[12].
Le procès est renvoyé au . Les organisations syndicales du ministère du travail[13], les syndicats interprofessionnels locaux[14] et les sections CGT et FO de Tefal[15] appellent au même moment à un rassemblement devant le tribunal.
Laura Pfeiffer, inspectrice du travail, reçoit en le « Prix éthique » de l'association Anticor pour son travail dans cette affaire[16]. Néanmoins, en , elle est condamnée en appel pour violation du secret professionnel et recel de documents confidentiels[17]. La journaliste Inès Léraud propose en un reportage sur l'affaire dans l'émission Les Pieds sur terre[18].
En , la Cour de cassation annule la peine et demande à ce que l'affaire soit rejugée à l'aune de l'article de la loi Sapin II prévoyant une protection pour les lanceurs d'alerte. L'affaire est rejugée devant le même tribunal de Lyon en , avec une mise en délibéré au de la même année[19].
Le , la Cour d'Appel de Lyon, statuant sur renvoi, confirme néanmoins la condamnation de Laura Pfeiffer, pour « recel de violation du secret des correspondances et violation du secret professionnel », à 3 500 € d'amende et 1 000 € de dommages et intérêts en faveur des parties civiles[20]. La Cour ne retient pas le bénéfice de la Loi Sapin II et l'irresponsabilité pénale qui en découlerait, les critères nécessaires n'étant pas remplis en l'espèce, en particulier le respect d'une « procédure graduée », le caractère désintéressé, et « s’entourer de précautions particulières avant de rendre public l’objet de l’alerte » : « en s’étant affranchie de toutes les règles d’enquête et [des] pratiques professionnelles qui s’appliquent à tout inspecteur du travail, en ayant sciemment recelé [des] correspondances électroniques, […] Laura Pfeiffer [a] eu un comportement non seulement précipité, mais encore totalement inapproprié »[21].
Notes et références
- « https://amadeus.bvdinfo.com/version-2019829/ », sous le nom TEFAL (consulté le )
- https://www.societe.com/societe/tefal-301520920.html
- « Tefal », sur www.societe.com (consulté le )
- Vincent Noce, « Comment M. Téfal a tissé sa poêle. Bilan à la mort de l'inventeur : le Téflon est partout, mais se décolle toujours... », Libération, (lire en ligne).
- Norbert Alter, Les logiques de l'innovation, La Découverte, , p. 267
- Christian Marais, L'âge du plastique : Découvertes et utilisations, L'Harmattan, , 234 p. (ISBN 978-2-7475-8037-3), p. 156-157.
- Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 252.
- Olivier Meier, Management du changement : Changement culturel et organisationnel, Dunod, , 192 p. (ISBN 978-2-10-058148-1, lire en ligne), p. 159-160
- « Le Responsable de l’Unité Territoriale de Haute-Savoie passe l’inspectrice du travail à la casserole TEFAL ! », sur CNT-TAS (consulté le )
- « À l’inspection du travail, la casserole Tefal », sur liberation.fr,
- « Affaire Tefal : le procureur veut «faire le ménage» dans l’inspection du travail », sur Liberation.fr
- « En Haute-Savoie, manifestation à Annecy pour soutenir l'ancienne inspectrice du travail de Tefal », sur France 3,
- « Téfal : appel à la mobilisation du 16 octobre 2015 », sur CNT-TAS (consulté le )
- « Téfal : tract des unions départementales de Haute-Savoie », sur CNT-TAS (consulté le )
- « Appel CGT et FO de Téfal 16 octobre 2015 », sur CNT-TAS (consulté le )
- « Condamnée après s'être accrochée avec Tefal », leparisien.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Bertrand Bissuel, « Affaire Tefal : la condamnation de l’inspectrice du travail confirmée en appel », sur Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- Inès Léraud, « Des citoyens qui changent le monde (7) : L'inspectrice du travail de Téfal », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
- AFP, « Troisième procès pour une « lanceuse d'alerte » de Haute-Savoie poursuivie par Tefal », sur lesechos.fr, .
- LB (avec AFP), « Affaire Tefal : la condamnation de l'inspectrice du travail Laura Pfeiffer confirmée par la Cour d'appel de Lyon », sur france3-regions.francetvinfo.fr/, .
- Bertrand Bissuel, « Affaire Tefal : la condamnation de l’inspectrice du travail confirmée en appel », sur lemonde.fr,
Voir aussi
Liens externes
- Sites officiels : www.tefal.com et www.tefal.ru
- Ressource relative aux organisations :
- Tefal SA
- Groupe SEB
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