Tentative d'assassinat de Rómulo Betancourt
La tentative d'assassinat de Rómulo Betancourt, alors président du Venezuela, est survenue le sur ordre du dictateur dominicain Rafael Trujillo.

Contexte
Rómulo Betancourt, président de la république du Venezuela de 1945 à 1948, est rentré d'exil des États-Unis pour l'élection présidentielle de 1958, à laquelle il est à nouveau élu président. Rafael Trujillo est quant à lui un ancien président de la république dominicaine, qu'il a dirigé nommément de 1930 à 1938 et de 1942 à 1952 ; toutefois, depuis sa première prise de fonction, il exerce en réalité le pouvoir sans partage dans tout le pays. Dans les années 1950, les différentes dictatures caribéennes chutent, exceptées celle de la famille Somoza au Nicaragua et celle de Trujillo en Dominique[1].
Betancourt dénonce en 1948 la dictature de Trujillo à la création de l'organisation des États américains, demandant à ce que ce gouvernement ne soit pas reconnu par l'OEA nouvellement constituée. De son côté, Trujillo développe une haine personnelle envers Betancourt et soutient de nombreux complots d'exilés vénézuéliens pour le renverser. En 1953, alors réfugié au Costa Rica, Betancourt échappe une première fois à un attentat dirigé par les services dominicains[2]. En 1958, Trujillo abrite Marcos Pérez Jiménez, ex-dictateur vénézuélien, lorsque celui-ci part en exil ; de son côté, Betancourt accueille volontiers les opposants de Trujillo. En janvier 1960, le Venezuela fait face à une tentative de coup d'état, qui aboutit à l'arrestation d'une vingtaine de personnes.
Tentative d'assassinat
Le 24 juin 1960, à Caracas, une voiture piégée équipée d'une charge incendiaire (dynamite et gélatine inflammable) placée dans une Oldsmobile en stationnement explose alors que la voiture présidentielle de Betancourt passe devant le Paseo Los Próceres (en), l'une des principales avenues de la capitale. Betancourt est grièvement brûlé lors de la tentative d'assassinat, tout comme le ministre de la Défense Josué López Henríquez et sa femme, qui l'accompagnent ; le chauffeur, éjecté par l'explosion, est grièvement blessé. Ramón Armas Pérez, le chef de la sécurité, et un passant sont est tué[3].
Réactions

La tentative d'assassinat choque le pays. Betancourt sort de l'hôpital devant des photographes, les deux mains brûlées enveloppées de bandages. Des photos d'un Betancourt blessé mais vivant ont été distribuées dans le monde entier comme preuve qu'il a survécu. Dès sa sortie, Betancourt accuse Trujillo et les services dominicains d'avoir fomenté l'attentat ; il les lie également aux troubles de janvier de la même année[3].
Cet attentat et l'assassinat des sœurs Mirabal en novembre de la même année font beaucoup de tort à l'image de Trujillo auprès des États-Unis, qui soutiennent son régime anticommuniste depuis sa création. En août 1960, à la suite d'une plainte du Venezuela envers la République Dominicaine [4], l'OEA décide des sanctions diplomatiques et économiques contre cette dernière, appuyées notamment par le département d'État des États-Unis[1]. Le président américain Eisenhower demande au Congrès de réduire le quota de sucre acheté à la République Dominicaine, mais le Sénat rejette la proposition de loi[4]. Le 4 janvier 1961, des sanctions économiques supplémentaires envers la République Dominicaine sont votées par le Conseil de l'OEA. Elles sont levées l'année suivante, comme les autres, après la fin du régime de Trujillo[5].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Assassination attempt of Rómulo Betancourt » (voir la liste des auteurs).
- « Isolement du régime Trujillo », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (es) Pablo Llabre-Raurell, « Trujillo intentó asesinar a Rómulo Betancourt », Otro Lunes, no 28, (lire en ligne)
- (es) Francisco Suniaga, « El atentado a Rómulo Betancourt », sur Prodavinci, (consulté le )
- Manuel Tuñón De Lara, « Castro, Herter, Betancourt et Trujillo », Bulletin d’Histoire Contemporaine de l’Espagne, no 52, , p. 238–239 (ISSN 0987-4135, lire en ligne, consulté le )
- « Le Conseil de l'Organisation des Etats américains décide la levée des sanctions contre la République Dominicaine », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
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