Théâtre dans le théâtre
Le théâtre dans le théâtre est une pièce dans laquelle, à un moment donné, les comédiens jouent une pièce de théâtre à l'intérieur même de la pièce[1].
Il peut y avoir aussi des « faux » spectateurs, qui sont des comédiens faisant semblant de regarder.
Il y a alors plusieurs niveaux :
- les spectateurs qui regardent la pièce (pour « de vrai »)
- les « faux » spectateurs qui sont des comédiens qui jouent des spectateurs assistant au « faux » spectacle
- les comédiens qui jouent à jouer la (seconde) pièce.
Dans certains cas, la seconde pièce (ou « petite pièce » ) présente une analogie avec la « grande pièce » et l'ensemble est une mise en abyme théâtrale. Par exemple, des personnages ont le même comportement, ou la même personnalité, ou le même problème, etc.
Le métathéâtre est assez semblable, mais est un théâtre qui parle du théâtre, en mettant sous forme de castings, répétitions, débats, coulisses, etc. Mais on ne voit pas le théâtre joué au moment de la représentation.
La pièce Frédérick ou le boulevard du crime d’Eric-Emmanuel Schmitt multiplie les jeux de miroirs, ajoutant au métathéâtre – réflexion sur le théâtre, le jeu, le comédien – du théâtre dans le théâtre vu de face, des coulisses ou de loin, mettant des personnages de l’action dans le vrai public et transformant parfois le vrai public en un public de l’époque.
Cette forme de théâtralité peut également se retrouver à l'opéra. Ainsi dans Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, l'histoire repose sur la représentation de commedia dell'arte d'une troupe de théâtre ambulant au cours de laquelle le comédien, mêlant l'action de la pièce et la réalité, tue sa femme et l'amant de celle-ci. L'auteur réussit habilement cette fusion, si bien que les spectateurs peuvent parfois avoir du mal à suivre le déroulement des péripéties.
L’École des femmes de Molière en est un autre exemple. En effet, dans la scène 4 de l'acte IV, on peut voir qu'Arnolphe et ses deux valets vont jouer du théâtre dans le théâtre. Il y a aussi Les Fourberies de Scapin (acte 3, scène 2).
Exemples de pièces
- La Mégère apprivoisée de William Shakespeare (1594)
- Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare (1600)
- Hamlet de William Shakespeare (1603)
- L'Illusion comique de Pierre Corneille (1635)
- Le Véritable Saint Genest de Jean de Rotrou (1647)
- L’École des femmes de Molière (1662)
- L'Impromptu de Versailles de Molière (1663)
- Le Sicilien ou l'Amour peintre de Molière (scène XII) (1667)
- La Répétition de George Villiers, 2e duc de Buckingham (1671)
- Le Malade imaginaire de Molière (1673)
- L'Île des esclaves de Pierre de Marivaux (1725)
- Les Acteurs de bonne foi de Pierre de Marivaux (1748)
- La Mouette d'Anton Tchekhov (1896)
- Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand (1897)
- Six personnages en quête d'auteur de Luigi Pirandello (acte I) (1921)
- Chacun à son idée de Luigi Pirandello (1924)
- Ce soir on improvise de Luigi Pirandello (1928)
- Ondine de Jean Giraudoux (acte II, dans le palais du roi) (1939)
- Antigone de Jean Anouilh (prologue) (1944)
- Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht (1945)
- Les Bonnes de Jean Genet (1947)
- Une soirée avec Abi Khalil Al Kabani de Saad-Allah Wannous
- Le Théâtre ambulant Šopalović de Ljubomir Simović
- Marat-Sade de Peter Weiss
- La commedia de'due teatri de Giovanni Lorenzo Bernini
- La Grotte de Jean Anouilh
- Thé à la menthe ou t'es citron ? de Patrick Haudecœur
- La Répétition ou l'Amour puni de Jean Anouilh
- La Tragédie comique de La Fabrique imaginaire
- Juste La Fin Du Monde de Jean-Luc Lagarce (1990)
- Frédérick ou le boulevard du crime d'Éric-Emmanuel Schmitt (1998)
- La Divine Illusion de Michel Marc Bouchard (2015)
- A bien y réfléchir et puisque vous soulevez la question, il faudra quand même trouver un titre un peu plus percutant de 26000 Couverts (2016) et (2017)
- Edmond d'Alexis Michalik (2016)
- Fanny et Alexandre d'après Ingmar Bergman dans une mise en scène de Julie Deliquet à la Comédie Française (2019)
- Fracasse d'après le roman Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier au théâtre des Célestins à Lyon[2] ainsi qu'au château de Grignan (2021)
- "¡Ay, Carmela! de José Sanchis Sinistera.
Notes et références
- Georges Forestier, Le Théâtre dans le théâtre sur la scène française du XVIIe siècle, Librairie Droz, 1996 (ISBN 978-2-600-00503-6)
- « Fracasse », sur Célestins, Théâtre de Lyon (consulté le )