Théorème de Hall
En mathématiques, le théorème de Hall ou lemme des mariages est un résultat combinatoire qui donne une condition nécessaire et suffisante, sur une famille d'ensembles finis, pour qu'il soit possible de choisir des éléments distincts, un par ensemble. Il a été démontré par Philip Hall et a été à l'origine de la théorie du couplage dans les graphes.
Ne pas confondre avec le théorème de Hall en théorie des groupes, ni avec le problème des ménages.
Formulation combinatoire
Énoncé
On appelle système de représentants distincts d'une suite de n ensembles finis , toute suite de n éléments distincts tels que pour tout , appartienne à .
Théorème[1] — possède un système de représentants distincts si et seulement si, pour tout la réunion de quelconques des contient au moins éléments.
Remarques
La condition est clairement nécessaire. Parmi les diverses preuves qu'elle est suffisante, celle qui semble la plus naturelle[1] est due à Easterfield[2] et a été redécouverte par Halmos et Vaughan[3].
Son nom folklorique de « lemme des mariages » est lié à l'interprétation suivante d'un système de représentants distincts : étant données n filles, si désigne l'ensemble des partis envisageables pour la k-ième, un système de représentants distincts correspond à un mariage collectif tenant compte de ces contraintes.
Formulation de la théorie des graphes
Énoncé
Un couplage parfait dans un graphe ayant un nombre pair 2n de sommets est un ensemble de n arêtes du graphe, deux-à-deux disjointes et telles que chaque sommet du graphe est incident à exactement une arête du couplage.
- Théorème de Hall pour les graphes - Un graphe biparti G = (U,V;E) admet un couplage parfait si et seulement si pour tout sous-ensemble X de U (de V, respectivement), le nombre de sommets de V (de U, respectivement) adjacents à X est supérieur ou égal à la cardinalité de X.
Historique et généralisations
Le théorème de Hall a été démontré par Philip Hall[4] et a été à l'origine de la théorie du couplage dans les graphes[1].
Ce résultat généralise le fait, déjà remarqué en 1914 par König, que les graphes bipartis réguliers admettent un couplage parfait. Par-ailleurs, le théorème de Tutte (en) généralise celui de Hall par une condition nécessaire et suffisante pour tous les graphes. Le théorème de Hall est en fait un cas particulier du théorème flot-max/coupe-min, dans les graphes constitués d'un graphe biparti G = (U,V;E) plus un sommet source et un sommet puits, la source étant reliée à tous les sommets de U, tandis que tous les sommets de V sont reliés au sommet puits.
Preuves
Ce théorème de Hall n'est pas difficile à démontrer, il en existe au moins trois courtes preuves[5],[6].
Nous disons qu'un graphe biparti respecte la condition des mariages si et seulement si pour tout sous-ensemble de , (avec la cardinalité de et le nombre de voisins de dans le graphe ).
Soit un tel graphe biparti avec (condition évidemment nécessaire) et un sous-graphe de qui contient , respecte la condition des mariages et tel qu'il n'existe pas d'arête de telle que respecte aussi cette condition ( est arête-minimal pour cette condition).
Puisque respecte la condition des mariages, pour tout nous avons .
Nous allons donc montrer que les arêtes de forment un couplage parfait de en montrant que pour tout nous avons .
Supposons que a deux voisins distincts et .
Par définition de , et ne respectent pas la condition des mariages.
Autrement dit, il existe , tel que avec et , tel que avec .
Puisque et , nous avons:
Donc ne respecte pas la condition des mariages, ce qui est une contradiction avec l'hypothèse de départ.
Nous avons donc que tout a exactement un voisin dans le sous-graphe . Les arêtes de forment donc un couplage parfait de .
Aspects algorithmiques
Le problème qui consiste à savoir, étant donné un graphe biparti, s'il existe un couplage parfait peut-être résolu en temps polynomial. Mais même sans connaître ce fait, on sait qu'il appartient à la classe NP et d'après le théorème de Hall, à la classe co-NP puisqu'à l'aide d'un ensemble X violant la condition, on peut vérifier en temps polynomial que son voisinage N(X) est tel que |N(X)| < |X|, et donc convaincre que la réponse au problème de décision est négative.
Notes et références
- M. Aigner et G. Ziegler, Raisonnements divins, Springer, 2006 (ISBN 2-287-33845-4) p.174-175
- (en) T. E. Easterfield, « A combinatorial algorithm », Journal of the London Math. Soc., vol. 21, no 3, , p. 219-226
- (en) P. R. Halmos et H. E. Vaughan, « The marriage problem », Amer. J. Math., vol. 72, , p. 214-215
- (en) P. Hall, « On Representatives of Subsets », J. London Math. Soc., vol. 10, no 1, , p. 26-30
- (en) J.A. Bondy et U.S.R. Murty, Graph Theory with Applications
- (en) Reinhard Diestel, Graph Theory [détail des éditions].
Articles connexes
Lien externe
- « Le lemme des mariages », sur Images des Maths, (consulté le )
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