Philosophie politique
La philosophie politique est une branche de la philosophie qui étudie les questions relatives au pouvoir politique, à l'État, au gouvernement, à la loi, à la politique, à la paix, à la justice et au bien commun entre autres. Elle est considérée comme une des branches de la philosophie pratique à côté de la philosophie du droit et de la philosophie morale.
En tant que recherche philosophique, elle se distingue de celles menées par les sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, psychologie, psychologie politique, science politique) en ce que, à la différence de celles-ci qui s'attachent à ce qui existe historiquement et particulièrement, elle est fondée sur la recherche d'un universel, guidée par la question du juste, du meilleur et du légitime[1]. Cette recherche aboutirait-elle à l'impossibilité de son achèvement que cela ne changerait pas la nature de la recherche.
De nos jours, la science politique est devenue inséparable de la philosophie politique.
Définition
Selon Leo Strauss, toute tentative de définir la philosophie politique suppose de contourner deux erreurs[2] :
- la première consiste à ne considérer la philosophie politique que comme une dépendance subalterne de la philosophie dans son ensemble. Cette généralisation abusive pose des problèmes, dans la mesure où elle fait l'économie des divergences profondes entre l'histoire de la philosophie politique, et celle de la philosophie[3] ;
- la seconde consiste à n'y voir qu'un simple prolongement de l'analyse politique. En effet, si la philosophie politique ressort de la pensée politique, toute pensée politique n'est pas une philosophie politique : « un penseur politique qui ne serait pas un philosophe s'intéresserait ou s'attacherait avant tout à un ordre ou à une législation politique spécifique ; le philosophe politique s'intéresse et s'attache avant tout à la vérité »[4],[3]. Parce que son objet est fortement enraciné dans la réalité humaine, « par un rapport à la fois nécessaire, indépassable, et indéfiniment problématique avec les expériences et les opinions effectivement présentes dans la vie réelle de la cité » la philosophie politique se caractérise par une tension constante entre la théorie et la pratique : tout en assumant une portée universelle, elle se doit de faire la part de l'existant[3].
Historique
L'histoire de la philosophie politique remonte aux premiers écrits politiques connus de l'Inde antique. La Grèce antique et la Rome antique ont été tout particulièrement fécondes dans la formulation de théories politiques, irriguant la philosophie politique des millénaires suivants.
Doctrines
Thèmes
- Citoyenneté
- l'État
- la loi naturelle
- le droit et la justice
- le droit naturel
- le pouvoir et l'autorité
- les libertés politiques
- les lois
- les théories du contrat social
- souveraineté
- théories sociologiques du comportement politique
Auteurs majeurs en philosophie politique
Article détaillé : Bibliographie de philosophie juridique et politique.
Moyen Âge
- Al-Farabi
- Dante Alighieri
- Eusèbe de Césarée
- Maïmonide
- Marsile de Padoue
- Saint Augustin
- Thomas d'Aquin
- Ptolémée de Lucques
- Jean de Salisbury
- Brunetto Latini
- Gilles de Rome
- Bonvesin della Riva
- Guido Faba
- Orfino de Lodi
- Giovanni da Vignano
- Geremia da Montagnone
- Filippo Ceffi
- Al Mawardi
- Muhammad al Ghazali
- Ibn Taymiyya
XVe siècle
XVIe siècle
XVIIe siècle
- Algernon Sydney
- Baruch Spinoza
- Duddley Digges
- Gerard Winstanley
- Henry Parker
- Hugo Grotius
- James Harrington
- John Hayward
- John Hall
- John Locke
- John Maxwell (en)
- Petrus Cunaeus
- Philip Hunton
- Robert Filmer
- Samuel von Pufendorf
- Thomas Hobbes
XVIIIe siècle
- Anacharsis Cloots
- Antoine Destutt de Tracy
- Cesare Beccaria
- Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon
- David Hume
- Edmund Burke
- Emmanuel Kant
- Étienne Bonnot de Condillac
- François Quesnay
- Gabriel Bonnot de Mably
- Germaine de Staël
- Jean-Jacques Rousseau
- Johann Georg Schlosser
- Joseph von Sonnenfels
- Louis de Bonald
- Montesquieu
- Nicolas de Condorcet
- Paul Thiry d'Holbach
- Pietro Verri
- Thomas Paine
- Voltaire
- Wilhelm von Humboldt
- William Godwin
- William Paley
XIXe siècle
- Alexis de Tocqueville
- Antonio Labriola
- Antoine Blanc de Saint-Bonnet
- Auguste Comte
- Benjamin Constant
- Charles Fourier
- Élisée Reclus
- Étienne Cabet
- Félicité Robert de Lamennais
- Franz Mehring
- Georg Wilhelm Friedrich Hegel
- Henry David Thoreau
- Henry Sidgwick
- Jeremy Bentham
- Johann Gottlieb Fichte
- John Stuart Mill
- Joseph Dietzgen
- Joseph de Maistre
- Juan Donoso Cortés
- Karl Marx
- Leonard Trelawny Hobhouse
- Louise Michel
- Max Stirner
- Mikhaïl Bakounine
- Moritz Rittinghausen
- Robert Owen
- Philippe Buchez
- Pierre Joseph Proudhon
- Pierre Kropotkine
- Vincent Bacallar
- Voline
- William Thompson
Période contemporaine
- Alain Badiou
- Albert Camus
- Alexandre Kojève
- Alfred Schütz
- Amartya Sen
- Anselm Jappe
- Anton Pannekoek
- Antonio Gramsci
- Ayn Rand
- Carl Schmitt
- Carlos Astrada
- Chantal Mouffe
- Charles Taylor
- Claude Lefort
- Cornelius Castoriadis
- Daniel Bensaïd
- Daniel Guérin
- Eduard Bernstein
- Eric Voegelin
- Félix Guattari
- Franz Neumann
- Georg Lukács
- Gilles Deleuze
- Giorgio Agamben
- Gustave Thibon
- Guy Debord
- Hannah Arendt
- Hans Blumenberg
- Hans Jonas
- Hélène Landemore
- Henri Temple
- Herbert Marcuse
- Isaiah Berlin
- Ivan Illich
- Jacob Taubes
- Jacques Derrida
- Jacques Ellul
- Jacques Rancière
- Jean-Paul Sartre
- John Dewey
- John Rawls
- Jürgen Habermas
- Karl Popper
- Leo Strauss
- Louis Althusser
- Marcel Gauchet
- Martha Nussbaum
- Maurice Merleau-Ponty
- Max Horkheimer
- Michel Foucault
- Michael Walzer
- Marcel de Corte
- Michel Onfray
- Pierre Manent
- Raymond Aron
- Robert Nozick
- Rosa Luxemburg
- Simone Weil
- Slavoj Žižek
- Theodor W. Adorno
- Toni Negri
- Walter Benjamin
Notes et références
- La question de la légitimité illustre bien cette différence : chez le sociologue Max Weber, ce mot désigne les moyens par lesquels une personne ou une entité prend aux yeux des hommes le caractère de légitimité, alors que chez les philosophes, la légitimité est elle-même comme vérité l'objet de la recherche, par exemple par le biais de la notion centrale dans les publications de la période moderne de droit naturel par opposition au droit positif (positif, c'est-à-dire existant historiquement).
- Philippe Raynaud 2006, p. 560
- Philippe Raynaud 2006, p. 561
- Leo Strauss 1959, p. 12
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Pellegrin (dir.) (trad. du grec ancien), Les Politiques : Aristote, Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2-08-127316-0).
- Luc Brisson (dir.) et Jean-François Pradeau (trad. Jean-François Pradeau), Le Politique : Platon, Œuvres complètes, Éditions Flammarion, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9).
- Olivier Nay, Histoire des idées politiques. 2500 ans de débats et controverses en Occident, Paris, Armand Colin, (lire en ligne)
- Eric Zernik, La pensée politique, Éditions Ellipses,
- Leo Strauss, What is political philosophy ? and other studies, University of Chicago Press,
- Philippe Raynaud, Dictionnaire de philosophie politique, PUF,
- Luc Ferry, Philosophie politique, 1984-85 (en 3 volumes dont le troisième en collaboration avec Alain Renaut).
Wikisource
Articles connexes
Liens externes
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