Nicolas de Condorcet

Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, né le 17 septembre 1743 à Ribemont et mort le 29 mars 1794 à Bourg de l'Égalité[Note 1], est un mathématicien, philosophe, homme politique et éditeur français, représentant des Lumières.

Pour les articles homonymes, voir Condorcet.

Nicolas de Condorcet
Anonyme, Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794) (4e quart du XVIIIe siècle), musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Fonctions
Secrétaire perpétuel
Académie des sciences
-
Député français
Fauteuil 39 de l'Académie française
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet
Pseudonyme
Joachim Schwartz
Nationalité
Formation
Activités
Famille
Alexandre-Louise Sophie de Condorcet, dite « Élisa » (fille)
Conjoint
Enfant
Elisa de Caritat de Condorcet (d)
Autres informations
Parti politique
Membre de
Mouvement
Influencé par
Distinctions
Archives conservées par
Œuvres principales

Il est célèbre pour ses travaux pionniers sur la statistique et les probabilités, son analyse des modes de scrutin  le « théorème du jury » et le « paradoxe de Condorcet »  ainsi que par ses écrits philosophiques et son action politique, tant avant la Révolution que sous celle-ci. Siégeant parmi les girondins, il propose une refondation du système éducatif ainsi que du droit pénal. La Convention nationale ordonne son arrestation en 1793 et, après s'être caché pendant neuf mois à Paris, il tente de fuir mais est rapidement arrêté : on le place dans une cellule où il est retrouvé mort le surlendemain, les conditions de sa mort n’étant pas élucidées.

Biographie

Maison natale de Condorcet vers 1875.
Dessin de Joachim Malézieux (1851-1906).

Né à Ribemont, Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat de Condorcet est l’un des descendants de la famille de Caritat dont les membres tiennent leur titre de la ville de Condorcet (Dauphiné) dont ils sont originaires. Il est âgé d’un peu plus d’un mois lorsque son père meurt[Note 2] le lors de manœuvres en Alsace. Sa mère, Marie Madeleine Catherine Gaudry, qui est très dévote et qui a voué son enfant à la Vierge, l'élève et l'habille en fille jusqu'à ses 9 ans, âge auquel elle confie son éducation à un précepteur jésuite à domicile. Grâce à l'intervention de son oncle paternel Jacques de Condorcet (1703-1783), évêque de Gap, Auxerre puis Lisieux, Condorcet est formé à 11 ans au collège des Jésuites de Reims. Il est envoyé à 15 ans au collège de Navarre à Paris[1]. Il conserve toute sa vie des souvenirs douloureux de cette éducation religieuse à laquelle il reproche notamment ses brutalités et ses méthodes humiliantes[2]. Son indignation contribuera à en faire un des acteurs de la première génération des idéologues[3].

Condorcet se distingue rapidement par ses capacités intellectuelles. Les premières distinctions publiques qu’il reçoit sont en mathématiques. À l'âge de 16 ans, ses capacités d’analyse sont remarquées par d'Alembert et Clairaut. C'est à cet âge qu'il soutient sa thèse de mathématiques[4]. Il refuse la carrière militaire à laquelle sa famille le destine pour se consacrer à celle de mathématicien[1]. Bientôt, il devient l’élève, l'ami et finalement le légataire universel de d’Alembert (1717-1783)[5].

Le mathématicien

Anonyme, Le Marquis de Condorcet, localisation inconnue.

De 1765 à 1774, il se concentre plus particulièrement sur les sciences. En 1765, il publie son premier travail sur les mathématiques, intitulé Essai sur le calcul intégral, qui reçoit un accueil très favorable. Dès 1767-1769, il écrit ses premiers articles sur l'arithmétique politique et le calcul des probabilités, défrichant ainsi la nouvelle discipline statistique[6]. Condorcet est influencé par les savants des Lumières de l'Italie du Nord et par leurs essais de formalisation du réel (Cesare Beccaria, les Pietro et Alessandro Verri, Paolo Frisi[6], etc.). Il envisage ainsi des calculs en matière de jurisprudence (voir le texte inachevé « Sur les lois criminelles en France »)[6]. Mais il faut attendre 1784 pour que Condorcet développe une théorie d'ensemble de l'arithmétique politique[6].

Le , soutenu par d'Alembert, il est élu à l’Académie royale des sciences.

En 1772, il publie de nouveaux travaux sur le calcul intégral, unanimement acclamés. Peu après, il se lie d'amitié avec Turgot, alors intendant du Limousin, puis contrôleur général des finances de 1774 à 1776.

Du ministère Turgot au parti girondin

Pierre Loison, Condorcet (vers 1853). Première statue du pavillon Colbert au pavillon Sully, cour Napoléon, palais du Louvre à Paris.

Le philosophe engagé et l'inspecteur général de la Monnaie

De 1771 à 1774, Condorcet est un des seuls philosophes, avec Voltaire, à soutenir la réforme antiparlementaire du chancelier Maupeou[7]. Mais c'est à partir de 1774, que Condorcet s'engage autant dans la philosophie et la politique que dans les mathématiques.

Il soutient les réformes entreprises par Turgot au contrôle général des finances. La première année, il écrit essentiellement des pamphlets, défendant les idées des amis de Julie de Lespinasse[6]. En 1775, Turgot le nomme inspecteur général de la Monnaie[6]. Condorcet s'installe à Paris à l'hôtel de la Monnaie, où sa mère et son oncle maternel Claude Nicolas Gaudry le rejoignent[8]. Condorcet est chargé d'une expertise sur les canaux (en particulier un projet de canal souterrain en Picardie[6]) avec Charles Bossut et d'Alembert. Cette expertise « présente un épisode de la lutte du parti philosophique face aux ingénieurs des ponts et chaussées »[6]. Il faut alors mesurer non seulement la résistance que présente le fluide face au bateau, mais aussi calculer le rapport du coût aux bénéfices[6]. Avec Turgot, il propose aussi une réforme de la jauge, visant à évaluer le contenu des navires afin d'établir une juste fiscalité[6]. Celle-ci se heurte à l'opposition de la Ferme générale et de la Cour des aides, ainsi que de Lavoisier[6]. En 1776, Turgot est démis de son poste de contrôleur général. Condorcet choisit alors de démissionner de son poste d’inspecteur général de la Monnaie, mais sa démission est refusée et il reste en poste jusqu’en 1791. Plus tard, Condorcet écrit la Vie de M. Turgot (1786) où il expose le bien-fondé des théories économiques de Turgot.

Les années suivantes, il prend la défense des droits de l'homme et soutient les droits des minorités, dont ceux des femmes, des Juifs et des Noirs (il adhère à la Société des amis des Noirs). Son aspiration à une réforme de la justice l'amène à fréquenter le président Dupaty. Il fait la connaissance de sa nièce, Sophie de Grouchy, qu'il épouse en 1786 au château de Villette à Condécourt[9]. Sophie de Condorcet est aussi la sœur du futur maréchal de Grouchy, la belle-sœur de Louis-Gustave Le Doulcet de Pontécoulant, et la nièce du parlementaire Fréteau de Saint-Just.

Condorcet soutient aussi les idées novatrices des États-Unis tout juste indépendants, et propose en France des projets de réformes politiques, administratives et économiques.

L'académicien

Les qualités intellectuelles de Condorcet sont reconnues dans plusieurs académies grâce au soutien de d'Alembert. En 1769, il est élu à l’Académie des sciences dont il devient le secrétaire adjoint en 1773[10] puis le secrétaire perpétuel en 1776[11]. En 1782, il est élu à l’Académie française contre Bailly, candidat soutenu par Buffon : son discours de réception fait l'objet d'un long compte-rendu dans le Mercure de France par son ami Garat[12].

Il s'intéresse alors au « Rapport sur un projet pour la réformation du cadastre de Haute-Guyenne de 1782 », problème scientifique qui soulève deux types d'enjeux : comment effectuer l'opération d'arpentage ? comment estimer à leur juste valeur les terres[6] ? Il avait préalablement écrit l'article sur l'arpentage dans le Supplément paru en 1776[6]. Or, selon la théorie physiocrate en vigueur, l'impôt juste est proportionnel au produit net agricole, exigeant donc un cadastre précis et rationnel qui n'existait pas encore[6].

À partir du printemps 1785, il milite auprès des politiques afin que l'arithmétique politique soit enseignée comme science à part entière, et lui donne un rôle central en ce qui concerne l'instruction publique ; celle-ci sera l'ancêtre de la statistique moderne[6].

Le député girondin à l'Assemblée législative

Jacques Perrin, Monument à Condorcet (1894), Paris, quai de Conti.

Condorcet voit dans la Révolution la possibilité d'une réforme rationaliste de la société. Après la prise de la Bastille, il est élu au conseil municipal de Paris. En 1790, il fonde avec Emmanuel-Joseph Sieyès la Société de 1789 et dirige le Journal de la Société de 1789, la Bibliothèque de l'homme public (1790-1792), La Chronique de Paris (1792-1793) et le Journal d'instruction sociale (1793). Avant la Révolution, il s'est engagé pour les droits des protestants et des Juifs. Il prend une part active à la cause des femmes, en se prononçant pour le droit de vote des femmes en 1788 dans Les lettres d'un bourgeois de New Haven puis dans le Journal de la Société[13], et en publiant en 1790 De l’admission des femmes au droit de cité. Jamais un État démocratique n'a réellement existé selon lui, puisque « jamais les femmes n'ont exercé les droits de citoyen[14] ». En se référant à La Déclaration des droits (1789), il dénonce le viol du principe de l'égalité en droits dont les femmes sont victimes. Il déconstruit toute l'argumentation commune qui vise à écarter les femmes des droits de cité : il n'y a pas de femmes de génie ? C'est parce que les femmes n'ont pas accès à l'éducation ; en outre, la plupart des citoyens ne sont pas des génies et il existe des femmes plus intelligentes que certains hommes auxquels on ne songe pas à retirer les droits civiques. Quant aux différences entre les deux sexes, elles ne sont pas « naturelles » mais construites socialement par l'éducation et des lois iniques. Dominique Godineau note qu'il est difficile de mesurer l'écho rencontré par ces prises de position, « il n'est pas impossible que, sans être explicitement cité, il ait influencé les écrits « féministes » postérieurs (Olympe de Gouges, Etta Palm d'Aelders, Pierre Guyomar, etc.)[15] ». Il est en tout cas un des maîtres à penser des jeunes nobles libéraux comme le chevalier de Pange ou André Chénier. On trouve aussi des écrits de lui en faveur des droits des animaux[16].

En 1791, il est élu député de Paris au sein de l’Assemblée nationale législative, dont il devient secrétaire. Il est l'un des inspirateurs de l'établissement du système métrique : la proposition de Talleyrand à l'Assemblée nationale constituante, provient largement de ses conseils, qui font suite à ses travaux sous Turgot. Aux côtés de Borda, Laplace, Lagrange et Monge, il fait ainsi partie de la Commission nommée par l'Assemblée et qui doit déterminer quelle mesure utiliser, notamment entre l'alternative de la mesure du pendule ou la mesure du quart du méridien. Le , l'Assemblée décrétait le « mètre » comme unité nationale et étalon du système unifié de poids et mesures devant remplacer la multitude des unités utilisées en France. La longueur du mètre était établie comme égale à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre, ce qui concordait avec le projet des Lumières et celui de l'édification, par la Révolution, d'un ordre rationnel, en ce qu'il s'agissait, selon ses promoteurs, d'une « unité qui dans sa détermination, ne renfermait rien ni d'arbitraire ni de particulier à la situation d'aucun peuple sur le globe »[17].

Avec Thomas Paine et Achille du Chastellet, il collabore sous l'anonymat à une publication intermittente, Le Républicain, qui diffuse les idées de républicanisme. En juillet 1791, après la fuite manquée de Louis XVI à Varennes, il y insère un court texte satirique, la Lettre d'un jeune mécanicien aux auteurs du Républicain, où il tourne en dérision le modèle de la monarchie constitutionnelle ; le « mécanicien » propose de remplacer le roi et la famille royale par des automates : « Mon Roi ne serait pas dangereux pour la liberté. Et cependant, en le réparant avec soin, il serait immortel, ce qui est encore plus beau que d'être héréditaire ». Ses amis royalistes sont outrés de son retournement[18].

Condorcet lance le mouvement de l'éducation permanente qui doit permettre à tout citoyen de se former tout au long de sa vie. Les 20 et 21 avril 1792, il présente un projet de réforme du système éducatif à l'Assemblée nationale législative, visant à créer un système hiérarchique[1],[19], placé sous l’autorité d’hommes de savoir, qui agiraient comme des gardiens des Lumières et qui, indépendants du pouvoir, seraient les garants des libertés publiques. Accueilli avec faveur, le projet fut amendé par Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau dans un mémoire posthume que Robespierre lut à la Convention le et qui, d'accord avec Condorcet pour ce qui concernait les degrés secondaire et supérieur de l'enseignement, préconisait en revanche pour les enfants de 5 à 11-12 ans, dans un sens égalitaire, la création de « maisons d'éducation »[20] ; allant plus loin que Lepeletier, quelques conventionnels (Cambon, Chabot, Coupé de l'Oise, Michel-Edme Petit) estimèrent que le plan de Condorcet conduisait à perpétuer, sous un autre nom, une aristocratie de savants[21].

Les 19 et est adopté un décret[22], pris sur la proposition de Condorcet, qui dispose que : « L'Assemblée nationale, considérant qu'il existe dans plusieurs dépôts publics, comme à la bibliothèque nationale, dans les greffes des chambres des comptes, dans les archives des chapitres, etc., des preuves et des titres généalogiques qu'il serait dispendieux de conserver, et qu'il est utile d'anéantir, décrète qu'il y a urgence. / L'Assemblée nationale, après avoir décrété l'urgence, décrète ce qui suit : / Art. 1er. Tous les titres généalogiques qui se trouveront dans un dépôt public, quel qu'il soit, seront brûlés. / 2. Les directoires de chaque département seront chargés de l'exécution du présent décret, et chargeront des commissaires de séparer ces papiers inutiles des titres de propriété qui pourraient être confondus avec eux dans quelques-uns de ces dépôts. »

L'esclavage et les droits des Noirs

Avec Jacques Pierre Brissot et Emmanuel de Pastoret, il est un des anciens membres de la Société des amis des Noirs élu à l'assemblée législative. Membre fondateur de cette association en février 1788, il se bat depuis très longtemps contre l'esclavage et les discriminations dont les Noirs sont victimes et amplifie ses efforts après son élection de septembre 1791. Jusque là, il envisageait une abolition de l'esclavage étendue sur 70 ans, l'abolition immédiate de la traite et l'égalité des blancs et des hommes de couleur libres métis propriétaires d'esclaves ou Noirs affranchis. Il publie Réflexions sur l'esclavage des Nègres en 1781, sous le pseudonyme de « M. Schwartz » (« M. Noir » en allemand). En 1790 il assimila ironiquement la déclaration du à une « déclaration des droits de l'homme blanc ». Devenu député en octobre 1791, il écrit régulièrement des articles en faveur des droits des hommes de couleur libres dans La Chronique de Paris, sans se désintéresser des esclaves insurgés. Ces droits sont reconnus une première fois par l'Assemblée constituante le avec des restrictions (les affranchis sont exclus), mais ils sont révoqués le . Ce combat, mené au côté des députés brissotins (Jacques Pierre Brissot, Pierre Victurnien Vergniaud, Élie Guadet, Armand Gensonné, Jean-François Ducos), ou proches (Jean Philippe Garran de Coulon) aboutit le à un décret reconnaissant l'égalité des droits à tous les hommes de couleurs libres, ratifié par le roi le 4 avril. Mais les esclaves sont insurgés depuis août 1791 ; des troupes sont envoyées contre eux depuis l'automne. Le , Condorcet, qui n'oublie pas ses engagements passés contre l'esclavage, émet une réserve quant à la mise en application du décret, trop limité à ses yeux. Il écrit « il est à espérer au nom de l'Humanité que les intérêts des Noirs ne seront pas entièrement oubliés »[23]. Membre du club des jacobins, il fait partie en septembre 1791 d'un jury chargé de sélectionner le meilleur almanach : il retient l’Almanach du père Gérard, de Jean-Marie Collot d'Herbois, dans lequel il est question d'abolir l'esclavage colonial. Peut-être, à ce titre, Condorcet contribue-t-il à la nomination des deux commissaires chargés de se rendre à Saint-Domingue pour y apporter le décret, Léger-Félicité Sonthonax et Étienne Polverel. Polverel et Étienne Clavière, nouvellement ministre et ancien membre de la Société des amis des Noirs, sont également membres du jury qui prime l'ouvrage. Clavière parvient rapidement à convaincre Louis XVI de sanctionner le décret du [24]. Malgré ses préventions à l'égard de Condorcet et de la Gironde et le conflit qui l'oppose à eux sur la question de la guerre, Maximilien de Robespierre, qui lit assidûment La Chronique de Paris et Le Patriote français, salue ce combat « au nom de l'humanité » à la fin du mois de mai 1792[25],[26],[27].

Par ailleurs, le , Emmanuel de Pastoret présente devant le Parlement, au nom de Condorcet dont il était l'ami, une motion d'abolition de la traite des Noirs qui est cependant dans l'immédiat enterrée[28]. Finalement le l'Assemblée législative vote l'abrogation des primes offertes par le pouvoir royal, à titre d'encouragement, aux armateurs négriers depuis 1784, abolition que les membres de la Société des Amis des Noirs réclamaient depuis sa fondation en 1788[29].

La réélection à la Convention

En , il est réélu député de l’Aisne à la Convention nationale. Il y siège avec les brissotins. Il est également membre du comité de constitution qui adopte à peu près sans modifications le projet de constitution[30] qu’il a rédigé mais qui n'est finalement pas adopté par l’Assemblée.

Condorcet se trouve bientôt en mauvaise posture. Deux courants de pensée s’affrontent quant à la manière de réformer l’État français : les girondins, et les montagnards. En tant que girondin et opposé à la peine de mort, Condorcet vote contre l’exécution de Louis XVI, prônant la condamnation aux galères à vie, idée qu’il est d’ailleurs l’un des seuls à défendre. Mais il vote contre l'appel au peuple et ne se prononce pas sur le sursis.

Les girondins perdent le contrôle de l’Assemblée en faveur des jacobins, en 1793. Le montagnard Marie-Jean Hérault de Séchelles propose alors une nouvelle constitution, très différente de celle de Condorcet. Mais celui-ci la critique, ce qui le fait condamner pour trahison. Le , sur proposition du montagnard jacobin François Chabot, la Convention vote un décret d'arrestation contre lui. Pourtant le il avait voté avec les montagnards contre le rétablissement de la commission des douze. À ce titre, le 9 juillet, Louis Antoine de Saint-Just souhaite l'écarter des listes de proscription de la Gironde, mais Jean Pierre André Amar n'en tient pas compte[31].

La fuite et l'arrestation

D'après Alexandre-Évariste Fragonard, Nicolas de Condorcet se donnant la mort dans sa prison, , gravure, Vizille, musée de la Révolution française.

Averti par Cabanis du décret d'arrestation à son encontre, Condorcet est contraint de se cacher et trouve refuge pendant neuf mois dans la demeure de Rose Marie Boucher, veuve du sculpteur Louis François Vernet[32], « rue des Fossoyeurs » (actuelle rue Servandoni) à Paris, où une plaque commémorative lui rend désormais hommage. Il en profite pour écrire l’un de ses ouvrages les plus appréciés par la postérité, l’Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, qui fut publié après sa mort, en 1795. Le , il quitte sa cachette, convaincu de ne plus y être en sécurité et d'être un trop grand danger pour Mme Vernet, sa généreuse hôtesse. Il tente de fuir Paris. Il fait une halte à l'estaminet de Louis Crespinet, rue Chef-de-Ville à Clamart. Il y commande une omelette, plat réputé populaire, mais à la question de la servante « De combien d’œufs ? », il aurait répondu « douze »[33]. Peu crédible et jugé suspect, il est arrêté, conduit devant la sacristie de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul où siège le comité de surveillance et emprisonné à Bourg de l'Égalité[Note 1], à la maison d'arrêt[Note 3]. On le retrouve mort deux jours plus tard dans sa cellule. Les circonstances de sa mort restent énigmatiques (suicide par un poison issu d'une bague qu'il portait, meurtre ou accident vasculaire cérébral, attaque dont il avait été victime deux ans auparavant…)[34].

Œuvre

Théoricien des systèmes de votes et du jury pénal

Page de titre de l’Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix.

Dans de nombreux ouvrages (Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix de 1785 - Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales - Sur les élections), Condorcet s’intéresse à la représentativité des systèmes de vote, tant dans le cadre politique que dans le cadre judiciaire : l'essai de 1785 ne concerne pas tant le vote politique que le délibéré d'un jury, puisqu'il insiste sur le caractère correct, c'est-à-dire vrai ou faux, de la décision finale — il ne s'agit donc pas de déterminer une préférence (pour tel ou tel candidat) mais un fait (untel a-t-il commis tel crime ? ). Partant de l'hypothèse d'une très légère propension de l'homme de la rue à juger en accord avec les faits plutôt que de façon erronée, il démontre que plus il y a de votants, plus les chances que le résultat du vote aboutisse à une décision correcte sont importantes. Cette démonstration mathématique soutient sa préférence, en matière pénale, pour le jury populaire plutôt que pour les magistrats individuels.

Ses travaux sur le jury le conduisent à condamner la peine de mort. Dans une lettre à Frédéric II de Prusse, il explique les motifs de son opposition à cette peine : selon lui, les crimes graves et affreux qui en sont susceptibles conduisent le jury populaire — institution qu'il défend dans sa correspondance avec Turgot de 1771, au cours de laquelle il préconise d'écarter les préjugés de classe en évitant que des riches ne jugent des pauvres, et inversement, ainsi que dans l’Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix (1785) — à ne pas pouvoir juger de façon sereine et éclairée, d'où une propension importante à l'erreur judiciaire. Tout comme dans ses travaux sur les modes de scrutin, Condorcet montre ainsi comment les mathématiques peuvent être employées pour soutenir l'analyse de problèmes sociaux et politiques.

Dans les autres essais, il démontre que le scrutin uninominal peut très bien ne pas représenter les désirs des électeurs dès lors que le premier candidat ne récolte pas plus de la moitié des voix : c'est le paradoxe de Condorcet, qui montre un biais inhérent à ce type de scrutin, dans la mesure où le candidat préféré d'une majorité d'électeurs peut n'être pas élu, en raison de la division de ceux-ci et de la dispersion conséquente des voix, conduisant ainsi un candidat qui n'obtient qu'une majorité relative à être élu. En effet :

Considérant une assemblée de 60 votants ayant le choix entre trois propositions a, b et c. Les préférences se répartissent ainsi (en notant a > b, le fait qu'a est préféré à b) :

  • 23 votants préfèrent : a > c > b
  • 19 votants préfèrent : b > c > a
  • 16 votants préfèrent : c > b > a
  • 2 votants préfèrent : c > a > b

Le candidat a sera élu, ayant remporté 23 voix, soit la majorité. Néanmoins, a n'est pas le choix préféré de la majorité des électeurs, puisque 35 électeurs (19 + 16) préféraient b à a, mais qu'ils n'ont pas réussi à faire élire b car ils ont chacun préféré voter pour leur candidat préféré dans l'absolu, c'est-à-dire b ou c. En termes concrets : si la gauche (ou la droite) possède une majorité dans le pays, mais présente deux candidats plutôt qu'un, elle perdra les élections face au candidat unique de l'autre camp. Ce « paradoxe » sera développé au XXe siècle dans la théorie du choix social, et notamment par le théorème d'impossibilité d'Arrow.

Pour pallier ce biais, Condorcet propose un autre système, la méthode de Condorcet, dans lequel l'unique vainqueur est celui, s'il existe, qui comparé tour à tour à tous les autres candidats, s’avérerait à chaque fois être le candidat préféré. Néanmoins, il considère que ce système est peu réalisable à grande échelle. À la même époque (1770 puis 1784), son collègue Jean-Charles de Borda émet les mêmes doutes concernant le vote à la majorité et propose un autre système de vote, avec pondérations : la méthode Borda[35].

L'invention du droit d'auteur

En 1776, il publie les Fragments sur la liberté de la presse[36] qui serviront de base aux propositions que l'abbé Sieyès fera avec lui près de vingt ans plus tard en 1790, un an après l'abolition des privilèges, pour établir un droit d'auteur ; plus précisément, pour instituer une responsabilité des auteurs en tant que propriétaires de leurs œuvres. Si l'essentiel de l'écrit de 1776 porte sur la question des délits d'auteurs (pour en distinguer la responsabilité qui revient à l'auteur, à l'imprimeur, et au libraire), cet écrit comporte également quelques pages sur la « propriété » intellectuelle[36] qui limitent les privilèges de l'auteur et plaident ouvertement pour la libre circulation des écrits. Le projet de Sieyès et Condorcet est critiqué puis modifié par Beaumarchais qui, avec Mirabeau, renforce les droits des auteurs, par exemple en accordant à l'auteur et à ses descendants le droit exclusif d'autoriser la reproduction de ses œuvres pour une durée de cinq ans post mortem (cinq ans encore au-delà de la mort de l'auteur) à la place de la durée de dix ans seulement (commençant à la publication de l'œuvre et limitée par la mort de l'auteur) accordée par le projet initial.

Autres travaux

En 1786, Condorcet travaille à nouveau sur le calcul intégral et les équations différentielles, montrant une nouvelle manière de traiter les calculs infinitésimaux. Ces travaux ne furent jamais publiés. En 1789, il publie la Vie de Voltaire, où il se montre tout aussi opposé à l’Église que Voltaire. Il donne vingt-quatre articles sur l’analyse mathématique au Supplément de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Il s'intéresse aussi aux assurances agricoles (article anonyme dans le Journal de Paris[6]), à la mesure du risque et à celle de la valeur des pertes[6].

En 1795, dans son ouvrage posthume Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, Condorcet affirme concernant la production de biens : « Ainsi, non-seulement le même espace de terrain pourra nourrir plus d’individus ; mais chacun d’eux, moins péniblement occupé, le sera d’une manière plus productive, et pourra mieux satisfaire à ses besoins[37]. »

Postérité

Transfert au Panthéon de Paris

À l’occasion des fêtes du bicentenaire de la Révolution, en présence de François Mitterrand, président de la République, les cendres de Condorcet sont symboliquement transférées au Panthéon en même temps que celles de l’abbé Grégoire et de Gaspard Monge, le . En effet, le cercueil censé contenir les cendres de Condorcet est vide : inhumée dans la fosse commune de l’ancien cimetière de Bourg-la-Reine  désaffecté au XIXe siècle , sa dépouille n’a jamais été retrouvée.

Descendance de Condorcet

Du mariage de Condorcet avec Sophie de Grouchy naît, au mois de mai 1790, une fille unique : Alexandre-Louise Sophie de Condorcet, qui sera appelée toute sa vie Élisa.

Élisa épouse, en 1807, le général Arthur O'Connor. Cet ami de son oncle Cabanis avait mis, en 1804, son épée au service de la France, croyant par là servir la liberté. Le général meurt en 1852, et Élisa en 1859. Ils sont inhumés dans le parc du château familial de Bignon. Les époux O'Connor-Condorcet ont cinq enfants, dont un seul, Daniel O'Connor laisse une postérité : deux fils, dont le général Arthur O'Connor qui se marie, en 1878, à Marguerite Elizabeth de Ganay. De cette union, naissent deux filles : la première, Elizabeth O'Connor, se marie à Alexandre Étignard de La Faulotte ; la seconde, Brigitte O'Connor, au comte François de La Tour du Pin qui lui donne trois enfants : Philis, Aymar et Patrice de La Tour du Pin[38].

Hommages

C'est devant la statue de Condorcet, quai de Conti, qu'est organisée une manifestation suffragiste le 5 juillet 1914 à Paris[39],[40].

De nombreuses villes françaises ont donné le nom de Condorcet à l'une de leurs voies publiques, parmi elles : Amiens, Bordeaux, Grenoble, Lille, Marseille (6e arrondissement), Nantes, Paris (9e arrondissement), Reims, Ribemont (commune natale de Condorcet), Toulouse, Villeurbanne...

En hommage à celui qui proposa le premier système d'instruction publique en France[41] afin de permettre « une instruction publique commune à tous les citoyens »[42] comme le prévoyait la Constitution de 1791, de nombreux établissements scolaires (écoles primaires, collèges et lycées) portent le nom de Condorcet, comme le lycée Condorcet, fondé par Napoléon Ier, dans le 9e arrondissement, à Paris.

À noter également la création du Campus Condorcet dans le cadre du Plan campus de 2008. Situé sur deux sites principaux, à Aubervilliers et au nord de Paris (Porte de la Chapelle), le Campus Condorcet doit constituer un nouveau pôle d'excellence d'enseignement et de recherche en sciences humaines et sociales[43].

Enfin, la promotion 1990-1992 de l'École nationale d'administration porte son nom[44], de même que l'astéroïde (7960) Condorcet.

Armes de la famille Condorcet

Les armes peuvent se blasonner ainsi : D'azur au dragon volant d'or, lampassé et armé de sable à la bordure du même.


Œuvres

Mathématiques

  • 1765 : Du calcul intégral
  • 1768 : Essais d’analyse.
  • 1776-1777 : 22 articles sur l’analyse mathématique, dans le cadre du Supplément à l'Encyclopédie.
  • 1778 : Sur quelques séries infinies.
  • 1781-1784 : Mémoire sur le calcul des probabilités, in Mémoires de l’Académie royale des sciences.
    • Tome Ier. Réflexions sur la règle générale qui prescrit de prendre pour valeur d’un événement incertain la probabilité de cet événement multipliée par la valeur de cet événement en lui-même (1781) ;
    • Tome II. Application de l’analyse à cette question : déterminer la probabilité qu’un arrangement régulier est l’effet d’une intention de le produire ;
    • Tome III. Sur l’évaluation des droits éventuels (1782) ;
    • Tome IV. Réflexions sur la méthode de déterminer la probabilité des événements futurs d’après l’observation des événements passés (1783) ;
    • Tome V. Sur la probabilité des faits extraordinaires. Application de l’article précédent à quelques questions de critique (1784).
  • 1786 : Traité de calcul intégral (inachevé).
  • 1784-1789 : collaboration aux chapitres de mathématiques de l’Encyclopédie méthodique.

Physique

  • 1767 : Du problème des trois corps, Paris, Didot [lire en ligne].
  • 1778 : Nouvelles expériences sur la résistance des fluides, par MM. d’Alembert, le marquis de Condorcet, et l'abbé Bossut, Paris, Claude-Antoine Jombert [lire en ligne].
  • 1780 : Essai sur la théorie des comètes. In : Dissertations sur la théorie des comètes qui ont concouru au prix proposé par l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Prusse pour l'année 1777 et adjugé en 1778, Utrecht, Barthelemy Wild [lire en ligne].

Économie, fiscalité et finance

  • 1775 : Lettre d’un laboureur de Picardie à M. N.*** [Necker], auteur prohibitif à Paris (lire en ligne sur Gallica).
  • 1775 : Réflexions sur les corvées. Monopole et monopoleur
  • 1775 : Rapport sur un projet de réformateur du cadastre
  • 1776 : Réflexions sur le commerce des bleds (lire en ligne sur Gallica).
  • 1792 : Sur la liberté de la circulation des subsistances
  • 1792 : Discours sur les finances
  • 1792 : Ce que c’est qu’un cultivateur ou un artisan français (lire en ligne sur Gallica).

Libertés individuelles

Organisation politique

  • 1788 : Lettres d’un bourgeois de New Haven à un citoyen de Virginie, sur l’inutilité de partager le pouvoir législatif entre plusieurs corps
  • 1788 : Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales
  • 1789 : Réflexions sur les pouvoirs et instructions à donner par les provinces à leurs députés aux États généraux. Sur la forme des élections
  • 1789 : Réflexions sur ce qui a été fait et sur ce qui reste à faire (lire en ligne sur Gallica).
  • 1791 : De la République, ou Un roi est-il nécessaire à la conservation de la liberté ?
  • 1791 : Discours sur les conventions nationales
  • 1792 : Sur la nécessité de l’union entre les citoyens
  • 1792 : De la nature des pouvoirs politiques dans une nation libre
  • 1793 : Ce que les citoyens ont droit d’attendre de leurs représentants
  • 1793 : Que toutes les classes de la société n’ont qu’un même intérêt
  • 1793 : Sur la nécessité d’établir en France une constitution nouvelle

Politique

  • 1774 : Lettres d’un théologien à l’auteur du Dictionnaire des trois siècles, Berlin, (lire en ligne).
  • 1775 : Réflexions sur la jurisprudence universelle
  • 1783 : Dialogue entre Aristippe et Diogène sur la flatterie, Mercure de France, novembre 1814, p. 279-282
  • 1783-1788 : Essai pour connaître la population du royaume
  • 1784 : Essai sur l'application de l'analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix, (lire en ligne).
  • 1786 : De l’influence de la révolution d’Amérique sur les opinions et la législation de l’Europe, dédié « à M. le Marquis de Lafayette, qui, à l'âge où les hommes ordinaires sont à peine connus de leur société, a mérité le titre de Bienfaiteur des deux Mondes »
  • 1788 : Lettres d’un citoyen des États-Unis à un Français, sur les affaires présentes de la France
  • 1789 : Réflexions d'un citoyen sur la révolution de 1788
  • 1790 : Dissertation philosophique et politique, ou Réflexions sur cette question « S'il est utile aux hommes d'être trompés ? »
  • 1790 : Opinion sur les émigrants
  • 1790 : Sur le mot « pamphlétaire »
  • 1790 : Le Véritable et le Faux Ami du peuple
  • 1791 : Lettre d'un jeune mécanicien aux auteurs du « Républicain » (lire en ligne)
  • 1791 : Discours du 25 octobre sur les émigrants à l’Assemblée législative
  • 1792 : Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique présentés à l'Assemblée nationale au nom du Comité d'instruction publique
  • 1792 : Cinq mémoires sur l’instruction publique, (lire en ligne [PDF]).
  • 1792 : La République française aux hommes libres
  • 1793 : Sur le sens du mot Révolutionnaire
  • 1793 : Tableau général de la science qui a pour objet l’application du calcul aux sciences politiques et morales
  • 1794 : Moyens d’apprendre à compter sûrement et avec facilité

Philosophie

Éloges et biographies

  • 1776, Éloge de Pascal
  • 1777, Éloge de Michel de l’Hôpital
  • 1773, Éloges des académiciens de l’Académie royale des sciences, morts depuis l’an 1666 jusqu’en 1699
  • 1786, Vie de Turgot
  • 1785, Éloge d'Euler, Paris (29 rue de Seine), Charpentier, libraire-éditeur, (lire en ligne).
  • 1789, Vie de Voltaire, In : Œuvres complètes de Voltaire, 1785-1789. Vie de Voltaire.
  • 1789 : Éloge de M. Turgot.
  • D'Alembert, sa vie, ses œuvres, sa philosophie (lire en ligne sur Gallica).

Éditions de texte

Éditions des œuvres et écrits de Condorcet

  • Œuvres complètes, Paris, 1804, 21 tomes.
  • Œuvres de Condorcet, publiées par A. Condorcet O'Connor et M. F. Arago, Paris, Firmin Didot frères (rue Jacob, no 56), 1847-1849, 12 volumes (lire en ligne sur Gallica).
  • Correspondance inédite de Condorcet et de Turgot, 1770-1779, publiée avec des notes et une introduction d'après les autographes de la collection Minoret et les manuscrits de l'Institut, par M. Charles Henry, Paris, Charavay frères, 1883.
  • Correspondance inédite de Condorcet et Madame Suard 1771-1791, Élisabeth Badinter (éd.), Paris, Fayard, 1988.
  • Inventaire Condorcet, inventaire de la correspondance et des manuscrits de Condorcet, dirigé par Nicolas Rieucau, en ligne.

Notes et références

Notes

  1. Bourg-la-Reine fut appelée Bourg de l'Égalité de 1793 à 1801.
  2. Antoine de Caritat, originaire du Dauphiné, était, au moment de son mariage, officier au régiment de Barbançon, en garnison à Ribemont.
  3. Actuel 81, avenue du Général-Leclerc, bâtiment démoli dans les années 2000 (cf. Xavier Lenormand, Histoire des rues de Bourg-la-Reine, chez l'auteur, 1994, p. 66).

Références

  1. « Ribemont patrie natale de Condorcet » (version du 15 juin 2013 sur l'Internet Archive), L'Union,
  2. Élisabeth Badinter et Robert Badinter, Condorcet (1743-1794) : Un Intellectuel en politique, Paris, Fayard, , « L'humiliation chez les jésuites ».
  3. François Picavet, Les Idéologues. Essai sur l'histoire des idées et des théories scientifiques, philosophiques, religieuses, etc. en France depuis 1789, F. Alcan, , p. 93.
  4. « Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet », sur larousse.fr (consulté le ).
  5. Anne-Marie Chouillet, « Alembert », sur Dictionnaire des journalistes.
  6. Pierre Crépel, « Comment la mesure en arithmétique politique est venue à Condorcet », dans Jean-Claude Beaune (dir.), La mesure. Instruments et philosophies, Seyssel, Éditions Champ Vallon, 1994, p. 175-185.
  7. Correspondance inédite de Condorcet et Madame Suard 1771-1791, Elisabeth Badinter (éd.), Fayard, 1988, p. 38-41 (lettre datée de juin-juillet 1771).
  8. Anne Marie Laffitte-Larnaudie, « Le secrétaire de Condorcet, Etienne Cardot (1754-1847) », Pierre Crépel (dir.), Condorcet : homme des Lumières et de la Révolution, 1997, p. 39.
  9. Archives départementales du Val d'Oise, 3 E 50 6, registre paroissial de Condécourt 1780-1792, vues 45-46/114, 28 décembre 1786, mariage Condorcet-Grouchy. Document numérisé.
  10. Keith M. Baker, « Les débuts de Condorcet au secrétariat de l'Académie royale des Sciences (1773-1776) », Revue d'histoire des sciences, 1967, p. 229-280. En ligne sur Persée.
  11. Liste des secrétaires de l'Académie royale des sciences (1666-1793) sur le site de l'Académie des sciences.
  12. Mercure de France sur Google Livres, 6 avril 1782, p. 9-36.
  13. Article de 1789
  14. Condorcet, Lettres d'un bourgeois de New Haven, .
  15. Dominique Godineau, Notice « Condorcet » dans C. Bard, S. Chaperon (dir.), Le dictionnaire des féministes, Paris, Presses universitaires de France, , 339 p. (ISBN 978-2-13-078720-4).
  16. Élizabeth Badinter, Robert Badinter, Condorcet, un intellectuel en politique 1743-1794, Paris, Fayard, 1989.
  17. « Histoire de la mesure », sur Réseau national de la métrologie française.
  18. Élisabeth Badinter et Robert Badinter, Condorcet (1743-1794) : Un Intellectuel en politique, Paris, Fayard, , « Le Républicain ».
  19. Condorcet, Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique, présentés à l'Assemblée nationale, les 20 et 21 avril 1792, Paris, , 94 p. (lire en ligne)
  20. Gabriel Compayré, Histoire de la pédagogie. Paris, 1900, 29e édition, p. 317-326 et 333-335. L'auteur rappelle (p. 318) que le plan de Condorcet « est resté, pendant toute la durée de la Convention, la source largement ouverte où ont puisé les législateurs de ce temps-là, les Romme, les Bouquier, les Lakanal ».
  21. James Guillaume, « Les travaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale relatifs à l'organisation de l'instruction, du 3 juillet 1793 au 30 Brumaire an II », in Revue pédagogique, année 1894, 25/2, p. 227-250 ; cf. Keith Michael Baker, « Condorcet », dans Dictionnaire critique de la Révolution française, dir. François Furet et Mona Ozouf, Paris, 1988, p. 240.
  22. L. 9, 408 ; B. 22, 313.
  23. Yves Benot, La révolution française et la fin des colonies, Paris, coll. « La Découverte », , p. 150.
  24. Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, .
  25. Œuvres de Maximilien Robespierre, tome IV, Les journaux, Le Défenseur de la Constitution (1792), no 3, 77-99 (84)
  26. Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, , p. 155.
  27. Jean-Daniel Piquet, « Colonies : Robespierre et la loi du 4 avril 1792 », Bulletin de l'ARBR, (lire en ligne).
  28. Yves Benot, La révolution francaise et la fin des colonies, Paris, La Découverte, 2004 (1987).
  29. Jean-Daniel Piquet, 11 août 1792 : « l’abrogation des primes négrières », Bulletin des Amis de Robespierre, 30 mars 2022.
  30. Ladite constitution est publiée sur Wikisource : Voir projet de constitution girondine.
  31. Élizabeth Badinter, Robert Badinter, Condorcet, un intellectuel en politique 1743-1794, Paris, Fayard, 1989, p. 599 et 604.
  32. Jean François Eugène Robinet, Condorcet Sa Vie Son Œuvre 1743-1794, 1893, p. 372. Numérisé sur gallica.
  33. « Arrestation et mort de Condorcet » (version du 26 novembre 2017 sur l'Internet Archive), sur Archives départementales des Hauts-de-Seine.
  34. Selon Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, par Tulard, Fayard et Pierro, p. 612 et 671, Robert Laffont, collection Bouquins 1987,ISBN/2-221-04588-2, Condorcet se serait empoisonné à l’aide d’une substance que Cabanis (médecin et physiologiste) aurait fournie aux girondins à la veille de la proscription, mais selon les époux Badinter (Condorcet : un intellectuel en politique, Fayard, 1988), la thèse de la mort par œdème pulmonaire serait plus convaincante.
  35. K. M. Baker, « Les débuts de Condorcet au secrétariat de l'Académie royale des Sciences (1773-1776) », Revue d'histoire des sciences, 1967, no 20-3, pp. 229-280 Lire en ligne, p. 255.
  36. Œuvres de Condorcet, tome 11, disponibles sur Gallica, [lire en ligne]
  37. Nicolas de Condorcet, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, Paris, Agasse, (lire en ligne), p. 356
  38. inter Thiérache, périodique d'information de la vie économique et culturelle, septembre 1976, édité par « La Tribune de la Thiérache », PB.
  39. « 26 avril 1914 : une date clef pour les suffragistes françaises… qui s'en souvient ? », L'Humanité, (consulté le ).
  40. Saskia Hanselaar, « La marche du 5 juillet 1914 pour le droit de vote des femmes », sur histoire-image.org (consulté le ).
  41. Rapport et projet de décret relatifs à l'organisation générale de l'instruction publique. Présentation à l'Assemblée législative : 20 et 21 avril 1792.
  42. « Constitution de 1791 », sur Conseil constitutionnel.
  43. « Campus Condorcet », sur campus-condorcet.fr (consulté le ).
  44. « Les promotions de 1945 à nos jours », sur École nationale d'administration (consulté le ).
  45. Œuvres de Condorcet, éd. A. Condorcet O’Connor and M. F. Arago, vol. 11 (Paris : Firmin Didot Frères, 1847), p. 252, [lire en ligne].

Bibliographie

Biographies et ouvrages généraux

  • Élisabeth Badinter et Robert Badinter, Condorcet (1743-1794) : un intellectuel en politique, Paris, Fayard, , 658 p. (ISBN 2-213-01873-1).
    Nouvelle édition revue et augmentée : Élisabeth Badinter et Robert Badinter, Condorcet (1743-1794) : un intellectuel en politique, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche » (no 6775), , 765 p. (ISBN 2-253-05327-9).
  • Anne-Marie Chouillet et Pierre Crépel (dir.), Condorcet : homme des Lumières et de la Révolution, Fontenay-aux-Roses / Saint-Cloud, ENS éditions, 1997.
  • Jean-Paul de Lagrave (dir.), Condorcet (1743-1794) : le condor des Lumières, Montréal : Département de philosophie, UQAM, 1993, 340 p.
  • P. Crépel, Chr. Gilain (dir.), Condorcet : mathématicien, économiste, philosophe, homme politique, colloque international, Paris, S.I. Minerve, 1989.
  • François Arago, Biographie de Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat de Condorcet, lue à la séance publique du 28 décembre 1841, dans Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, Gauthier-Villars, Paris, 1849, tome 20, p. I-CXIII lire en ligne sur Gallica ; Œuvres complètes de François Arago, 1854, 2, p. 117-246. Biographie lue par extraits en séance publique de l'Académie des sciences, le 28 décembre 1841.

Ouvrages sur l'activité et les œuvres de Condorcet

  • Keith Michael Baker (trad. Michel Nobile, préf. François Furet), Condorcet : raison et politique Condorcet : From Natural Philosophy to Social Mathematics »], Paris, Hermann, , XVI-623 p. (ISBN 2-7056-6090-9, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne], [présentation en ligne]
  • Hélène Delsaux, Condorcet journaliste : 1790-1794, Paris, H. Champion, (lire en ligne sur Gallica).
  • Charles Coutel, Condorcet : instituer le citoyen, Paris, Le Bien commun, 1996.
  • Jean-François Dominé, « Saint-Just, Vergniaud et le projet de Constitution de Condorcet : une approche rhétorique », dans Jean-Paul Bertaud, Françoise Brunel, Catherine Duprat...[et al.] (dir.), Mélanges Michel Vovelle : sur la Révolution, approches plurielles / volume de l'Institut d'histoire de la Révolution française, Paris, Société des Études Robespierristes, coll. « Bibliothèque d'histoire révolutionnaire. Nouvelle série » (no 2), , XXVI-598 p. (ISBN 2-908327-39-2), p. 227-232
  • Joffre Dumazedier et Éric Donfu, La Leçon de Condorcet, une conception oubliée de l'instruction pour tous nécessaire à une République, Paris, L'Harmattan, 1994
  • Gilles Gaston Granger, La Mathématique sociale du marquis de Condorcet, Paris, Hermann, 1989 (2e édition)
  • François Hincker, « Condorcet, chroniqueur parlementaire », dans Jean-Paul Bertaud, Françoise Brunel, Catherine Duprat… [et al.] (dir.), Mélanges Michel Vovelle : sur la Révolution, approches plurielles / volume de l'Institut d'histoire de la Révolution française, Paris, Société des études robespierristes, coll. « Bibliothèque d'histoire révolutionnaire. Nouvelle série » (no 2), , XXVI-598 p. (ISBN 2-908327-39-2), p. 219-226
  • Catherine Kintzler, Condorcet, l’instruction publique et la naissance du citoyen, Paris, Folio-Essais, 1987
  • Anne-Cécile Mercier, « Le référendum d'initiative populaire : un trait méconnu du génie de Condorcet », Revue française de droit constitutionnel 3/2003 (no 55), p. 483-512
  • Henri de Montfort, Les Idées de Condorcet sur le suffrage, Société française d’imprimerie et de librairie, Poitiers, 1915 ; réédition Slatkine, Genève, 1970
  • Antoine Diannyere, Condorcet (Notice sur la vie et les ouvrages de Condorcet, suivie de conseils à sa fille), Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris 2000 (ISBN 2-84435-180-8)
  • Madeleine Arnold-Tétard, Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet, la dame de cœur, préface du professeur Jean Paul De Lagrave, éditions Christian, 2006
  • Jean de Viguerie, Les Pédagogues, Paris, Le Cerf, 2011

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

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