François de Pange
Marie-François-Denis Thomas, comte de Pange dit « Le chevalier de Pange », né à Paris le , mort à Passy-sur-Yonne le , est un homme de lettres, journaliste libéral sous la Révolution française. Il était le second fils survivant de Jean-Baptiste Thomas, marquis de Pange et de Renée d'Épinoy. Il fut l'ami d'André et de Marie-Joseph Chénier ainsi que de Germaine de Staël dont il publia deux ouvrages et qui nourrit pour lui des sentiments qu'il ne partagea pas[réf. souhaitée][1].
Pour les articles homonymes, voir Pange.
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(à 31 ans) Passy |
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Une famille au service des ducs de Lorraine
D'origine lorraine, la famille Thomas est de noblesse de robe. Elle avait été anoblie en 1626 par le duc Charles IV de Lorraine qui reconnaissait la fidélité sans faille d'une famille qui servait sa dynastie « depuis trois siècles »[réf. souhaitée].
La Lorraine est alors un territoire morcelé que se partage le duché de Lorraine et de de Bar, la France et quelques principicules relevant du Saint-Empire Romain Germanique. Jean-Baptiste Thomas s'enrichit grâce à l'achat de charges lucratives tant dans les Trois-Évêchés qui sont Français qu'en Lorraine : il est trésorier général de l'extraordinaire des guerres à Metz et trésorier général de l'ordre militaire de Saint-Louis.
En 1720, selon les désirs du duc Léopold Ier, il achète la terre de Pange à la frontière du duché de Lorraine et du pays messin alors français. En 1756, il y fait édifier par Jean-Baptiste Louis un château du plus pur style classique puis acquiert à Paris l'ancien hôtel de La Force dans l'aristocratique quartier du Marais.
C'est Stanislas Leszczynski, placé à titre viager sur le trône de Lorraine par son gendre Louis XV de France, qui éleva peu avant sa mort les terres de Pange que possédait la famille Thomas en marquisat (1766)[2].
Né alors que son souverain, le duc Charles V de Lorraine défendait brillamment Vienne contre les Turcs, le premier marquis de Pange mourut sujet du roi de France, trois ans après son souverain polonais. Âgé de 89 ans, il laissait à son fils aîné son titre et une fortune considérable.
Une famille unie
Le second marquis, veuf de Marie-Adélaïde de Chambon d'Arbouville qui mourut en lui donnant une fille, avait épousé en secondes noces en 1755 Renée d'Epinoy qui lui donnera une fille et trois fils.
À la différence de son mari, son aîné de seize ans, la marquise de Pange est née dans la haute noblesse[réf. nécessaire]. Sa grand-mère, issue de la maison de Fürstenberg, est apparentée à plusieurs familles princières européennes[réf. nécessaire].
Cela ne permet pas à la famille Thomas de Pange de bénéficier des honneurs de la Cour et d'être présentés au roi, mais, leur ouvre les portes des hôtels parisiens des grands noms du royaume comme celui des Montmorency-Luxembourg, parents de la marquise et protecteurs de Jean-Jacques Rousseau et permettront à leurs filles de contracter des unions brillantes.
En effet, les deux filles du marquis, Adélaïde et Françoise, contractent des alliances qui leur accordent d'être présentées, de pouvoir vivre et d'exercer une fonction à la cour[réf. nécessaire]. Adélaïde, l'aînée, épouse en 1769 le fils cadet du maréchal de Bercheny. La cadette, Françoise, épouse en 1773 Claude-Anne de Rouvroy de Saint-Simon, marquis de Saint-Simon, en présence du roi. Peu après, elle est présentée à la cour puis nommée dame d'honneur de la comtesse d'Artois, petite-fille par alliance du roi.
La comtesse de Bercheny et la marquise de Saint-Simon mourront prématurément en 1777 à quelques jours d'intervalle.
La famille de Pange est également une proche alliée des Montmorin. Le comte de Montmorin sera l'un des derniers ministres de Louis XVI et paiera de sa vie sa fidélité au monarque.
François de Pange sera très proche de ses cousines Pauline de Montmorin, comtesse de Beaumont (qui deviendra, après la Terreur et la mort du chevalier, l'égérie de Chateaubriand) mais surtout d'Anne-Louise de Domangeville, fille de son oncle Jean-Baptiste-Nicolas Thomas de Pange. François et Anne-Louise partageront tout au long de leur vie une tendre complicité.
Étonnamment, à la différence de nombre de couples de leur milieu social, le comte et la comtesse de Pange forment une union harmonieuse et leur famille est unie. Ils se complaisent dans leur cercle familial et les fêtes traditionnelles lorraines comme la Saint-Nicolas qu'ils célèbrent dans leur hôtel du Marais parisien où ils invitent les amis de leurs enfants.
Une famille noble
Le fils aîné Marie Louis Thomas de Pange se destine avec enthousiasme à une carrière militaire et entre à l'âge de 13 ans dans le régiment de Bercheny dont son beau-frère est le propriétaire[3].
François, en tant que cadet, est destiné à devenir chevalier de l'ordre de Malte. À l'âge de quatre ans, il est déjà nommé chevalier de Saint-Jean de Jérusalem. C'est pourquoi il sera connu comme le « chevalier de Pange » ; titre qui lui sied fort bien, car il sera connu pour sa noblesse d'âme[réf. souhaitée].
Leur frère cadet, Jacques, suivra leurs traces et intégrera également le régiment de Bercheny.
Élève, avec son frère aîné Louis, au collège de Navarre, les deux garçons s'y lient d'amitié avec Marie-Joseph et André Chénier ainsi que Louis et Michel Trudaine, fils du fameux Philibert Trudaine de Montigny.
En 1778, selon les vœux de sa famille, François qui a 13 ans, quitte - non sans regret - le collège où il menait des études brillantes et se voit affecté au régiment de Royal-Champagne stationné à Sélestat et commandé par son oncle Monsieur de Thumery. Il loge également chez son oncle ce qui protège sa jeunesse des dissipations et des tapages habituels auxquels la plupart des jeunes officiers se livrent durant leurs périodes de liberté mais qui ne sont pas du goût de l'adolescent. Il est ensuite affecté à Épinal, à Sarrebourg, à Verdun, à Sarrelouis, en fonction de son élévation dans la hiérarchie militaire.
Ses parents meurent en 1780 et les trois frères encore mineurs sont placés à leur tour sous la tutelle de leur cousin Antoine Mégret, comte de Sérilly, qui a épousé l'année précédente sa jeune pupille et cousine, Anne-Louise Thomas de Domangeville. Ainsi, la fortune reste au sein de la famille.
Dans un courrier qu'il lui envoie peu avant sa fin, le défunt marquis de Pange avait exprimé à François, son fils cadet âgé de 15 ans, son désir de ne pas disperser sa fortune entre ses trois enfants mais de la léguer en totalité à son aîné lequel aurait à charge de pourvoir à la subsistance de ses frères. C'est donc Louis, le frère aîné de François, qui hérite du marquisat, du titre, des terres et de la fortune des Thomas de Pange. Fringant officier, il s'engage à la suite du marquis de La Fayette, dans la guerre d'indépendance américaine et se distingue à la bataille de Yorktown à l'âge de 17 ans.
Auréolé d'une gloire acquise dans le Nouveau Monde, Louis de Pange épouse en 1784 Félicité de Valicourt, qui est la nièce de Charles Alexandre de Calonne, l'intendant général des finances du royaume. Le marié a 21 ans, la mariée 16. Ils n'ont en commun que leur jeunesse et leur immaturité. À l'instar des autres couples de l'aristocratie parisienne, le couple est peu uni mais mène un train de vie mondain des plus dispendieux qui les conduit au bord de la ruine. Dès 1788, tandis que le jeune couple se déchire, leurs biens sont placés sous tutelle par leur famille.
Les femmes
François est parfois le confident de sa jeune belle-sœur, mais aussi de ses cousines Pauline de Beaumont — elle aussi mal mariée et qui s'est éloignée de son mari quelques mois après son mariage — à qui François apprend à connaître les étoiles, et Anne-Louise de Sérilly, également peu heureuse en ménage mais respectée par son époux et d'un caractère droit. En cette année 1784, François, qui va avoir 20 ans, est très malade. Il est soigné par sa cousine Anne-Louise qui, bien qu'enceinte de son troisième enfant, veille scrupuleusement sur sa guérison et s'inquiète de savoir s'il a bu son quinquina.
À cette époque, François est présenté à un financier genevois célèbre et populaire, Jacques Necker. La fille du banquier, de deux ans la cadette de François, s'appelle Germaine Necker. Son intelligence éblouit François, la jeune fille elle-même n'est pas insensible au charme du jeune homme, mais Monsieur et Madame Necker, dont le salon littéraire accueille l'intelligentsia française, souhaitent pour leur fille un meilleur parti et surtout un gendre protestant.
Germaine épousera en le baron de Staël von Holstein, ambassadeur de Suède auprès de la cour de France. Comme souvent, un grand nom épouse une grande fortune. Germaine rendra le nom de son mari célèbre à travers l'Europe.
Dans le même temps, François s'éprend d'Adélaïde Piscatory de Vaufreland. Ses sentiments sont partagés, mais les conventions de l'époque empêchent leur mariage.
À 23 ans, François est encore mineur, destiné à l'Ordre de Malte, il est voué au célibat. D'un caractère droit et pacifique, il ne veut pas aller contre les dernières volontés de son père.
Adélaïde épousera le le comte Emmanuel de Pastoret, maître des requêtes à la Cour des aides qui, après avoir refusé plusieurs fois les portefeuilles ministériels que lui proposera le roi, jouera un rôle important au début le la Révolution française puis devra partir en émigration.
Une famille libérale
François de Pange, tout à son amour des Lettres, renonce à la carrière des armes dès 1785.
Il se rend à Londres, car le modèle anglais fascine les jeunes gens épris de liberté et de culture puis en Suisse. De retour, il s'essaie en vain à la tragédie. Son intérêt pour la justice et la liberté l'amène à se tourner vers le journalisme.
Issus d'une famille de financiers, François et ses frères sont également reçus chez le ministre Jacques Necker où il rencontre les plus grands penseurs de leur temps dont Marmontel, l'ami de Voltaire, l'abbé Morellet et la fille de son hôte, Germaine.
Il est également l'ami de Sébastien Mercier, auteur bien connu de L'An 2440, rêve s'il en fut jamais et du Tableau de Paris.
Par amitié autant que par estime, André Chénier lui consacre une ode et son frère Marie-Joseph Chénier lui dédie sa tragédie Azémire qui est représentée pour la première fois à Fontainebleau le . Le jeune auteur et sa pièce sont copieusement sifflés.
Un homme de lettres sous la Révolution
L'ouverture des États généraux trouve en François de Pange un observateur attentif et critique.
Noble libéral, favorable à une monarchie constitutionnelle, il publie, dès le , une brochure intitulée De la Sanction Royale par le Chevalier de Pange où il critique le pouvoir accordé au roi d'apposer son veto à une loi votée par l'assemblée : « Ainsi pour empêcher que les représentants n'usurpent un jour la souveraineté du peuple, vous la faites usurper dès ce moment par le prince. Apprenez-moi ce que le peuple y gagne ? [4].
François de Pange choisit ouvertement la souveraineté du peuple contre la souveraineté royale. Ses opinions heurtent de plein fouet celles de sa famille et de son milieu social. D'aucuns lui battent froid. Il est alors proche de Condorcet.
Tout autant opposé aux excès populistes et aux dérives autoritaires de la révolution, il publie en 1790 une Réflexion sur la Délation et le Comité de Recherche qui fait grand bruit. Il est proche de la Société des amis de la Constitution dont font partie Condorcet et Cabanis qu'il suit avec La Fayette à la Société de 89. Cependant, il dénonce avec force dans le journal de la société le principe de « crime de lèse-nation »[5] comme étant à terme source de tyrannie.
Il publie également des articles dans le Journal de la Société de 89, le Journal de Paris et le Journal des hommes libres.
Déçu par l'évolution violente et dictatoriale de la révolution et par les divisions et les retournements d'opinion qu'elle a provoqués jusque dans son cercle d'intimes et sa famille, il reste fidèle à ses convictions et s'éloigne de Condorcet devenu de plus en plus violent.
Il soutient dans le supplément du Journal de Paris du la politique pacifiste du ministre des Affaires Étrangères Valdec de Lessart et fustige la démagogie, l'opportunisme et le bellicisme du chef des Girondins Jacques Pierre Brissot, « un trafiquant de pensées qui toujours a consulté le goût du public pour n'étaler que celles dont le débit était avantageux »[6]. Le conflit entre les deux hommes - par journaux interposés - s'éternise et si Brissot s'y livre avec une certaine violence, François conserve toujours sa dignité. Il est soutenu dans ce combat par André Chénier qui lui est depuis le collège plus qu'un ami, un alter ego.
Alors que les faubourgs s'agitent, que se préparent quasi ouvertement la prise des Tuileries, l'emprisonnement de la famille royale et la chute de la monarchie, François de Pange, dans un long article du , dénonce l'inhumanité des Jacobins :
« Je lis assidûment le Journal des Jacobins, et cette feuille doit avoir beaucoup de lecteurs aussi attentifs que moi. Ce n'est pas qu'on y trouve jamais une idée neuve, une pensée juste, un sentiment honnête ; ce qu'on y admire c'est la féconde immoralité de quelques hommes qui, chaque jour, savent offrir à notre étonnement un nouveau vice et porter l'impudence à des degrés inattendus… Tantôt il vous montre un jacobin […] dénonciateur de son propre frère ; tantôt vous voyez la Société occupée de nommer des défenseurs officieux à un meurtrier patriote et comme un membre demande la question préalable, fondée sur le fait qu'il y bien un meurtre, […] l'assemblée indignée de ses scrupules, le menace de radiation.
Ici c'est Robespierre qui s'avance, confiant à ses frères et amis combien il lui serait doux de faire assassiner M. de La Fayette. […]
On ne saurait poursuivre la lecture de leurs débats sans concevoir pour ces misérables un mépris mêlé d'horreur… Ils ont le projet d'appeler à Paris vingt mille hommes […] Parisiens trop crédules […] n'oubliez pas que les jacobins se destinent cette armée ; […] Si, soutenus par leur audace, ils savent quelquefois vous imposer des lois, que ne feront-ils pas avec vingt mille baïonnettes? On ne peut former une plus civique entreprise, c'est anéantir un foyer venimeux avant que l'atmosphère soit toute empoisonnée. »[7].
L'emprisonnement du roi a pour conséquence l'arrestation de ses ministres dont le comte de Montmorin, ami de François, dont l'épouse est apparentée à sa cousine Anne-Louise, ou Valdec de Lessart, dont François avait soutenu la politique pacifiste. Ces deux hommes comme tant d'autres seront sauvagement assassinés quelques jours plus tard lors des massacres de Septembre.
Son oncle, le marquis de Thumery, et son beau-frère, le marquis de Saint-Simon, suivi de son fils Hyppolite, ont émigré très tôt et servent dans l'armée des Princes. Louis les a imités au printemps 1791 avec son régiment qu'il a mis au service de la légion du vicomte de Mirabeau.
Le jeune Hyppolite mourra de ses blessures en Espagne à l'âge de 19 ans.
Durant la Terreur, François échappe de peu à l'emprisonnement, il est caché à Paris par un ami dans un grenier de la rue Saint-Jacques puis avec son frère cadet Jacques et grâce à l'aide de Joseph Marlier, un serviteur de leur famille qui les connait depuis l'enfance, ils fuient à pied vers la Lorraine et la frontière des Pays-Bas autrichiens. Ils sont un temps cachés à Pierrevillers par la famille de Joseph Marlier. Puis les deux frères se rendent à pied jusqu'au Luxembourg voisin.
Tandis que Jacques gagne Bruxelles pour s'engager également dans les armées contre-révolutionnaires, François, fidèle à ses convictions, refuse de porter les armes contre sa patrie et s'installe en Suisse.
Ses amis et parents restés en France sont arrêtés et pour la plupart périront sur l'échafaud.
Le survivant
C'est par les journaux suisses que François apprend le sort tragique de ses proches parents et de ses amis.
Fin , les journaux annoncent l'exécution de Malesherbes. L'ancien ministre qui fut l'avocat courageux de Louis XVI avait 73 ans. Il monte à l'échafaud avec sa fille, son gendre, sa petite-fille et le mari de cette dernière. À la mi-mai, il apprend l'exécution le même jour que Madame Élisabeth, sœur du roi, de 24 autres prisonniers dont les Montmorin (y compris le jeune Calixte qui avait 22 ans), de la « ci-devant » comtesse de Sénozan, sœur aînée du défunt Malesherbes, mais aussi de ses deux cousins Jean Mégret d'Étigny et Antoine Mégret de Sérilly ainsi que de la femme de celui-ci, sa cousine préférée Anne-Louise de Domangeville, de deux ans seulement son aînée. Le , c'est au tour d'André Chénier de monter à l'échafaud. Les frères Trudaine (Louis et Michel, fils de Philibert) l'y suivent le avant que certains députés de la Convention, craignant à terme pour leur vie, ne décrètent d'arrestation Robespierre et ses partisans.
L'exil est difficile. Rejeté par les émigrés, soupçonné par la police suisse, François de Pange se réfugie chez les rares amis survivants qui lui restent comme le marquis de Montesquiou, ancien député de la noblesse rallié au Tiers-État, qui héberge un temps le jeune duc d'Orléans alors sans ressources. François est également reçu par la Baronne de Staël, toujours amoureuse mais trop passionnée pour s'attacher le cœur droit et délicat du chevalier.
Restant avant tout un homme de Lettres, il fonde, pour survivre, une imprimerie à La Neuveville, non loin de Coppet où résidait Madame de Staël qui lui confia l'édition de ses œuvres Réflexions sur la Paix intérieure et Zulma bien qu'il soit un critique sévère.
Désespéré, désabusé, François de Pange voit aussi sa santé affaiblie par les privations et les chagrins. Son caractère s'aigrit.
Cependant, ayant appris que sa cousine Anne-Louise avait survécu[8], il regagne la France — grâce à Marie-Joseph Chénier — en malgré les avertissements de son entourage et un état de santé des plus précaires. À cette époque, il rencontre Joseph Joubert, ancien secrétaire de Diderot et futur ami de Chateaubriand, voisin d'Anne-Louise, qui a pris soin de Pauline de Beaumont et avec lequel il se lie d'amitié. Il reste cependant sans illusion : « Je crois que les découvertes qui ont augmenté la puissance des hommes et servi à leur vanité ont nui beaucoup à leur bonheur […]. L'activité de chaque homme ne lui servait qu'à améliorer sa condition. Il ne l'employait pas, comme maintenant, à empirer celle des autres. »[9].
Ni jacobin, ni royaliste, et rejeté par les deux partis, il se rallie à la République pour éviter d'autres bains de sang. Il habite Passy près de Paris où le rejoint madame de Staël. Il repousse ses avances (qui excitent la jalousie de Benjamin Constant qui… « attend son heure »)[10] tout comme celles d'Adélaïde de Pastoret, son amour de jeunesse dont le mari a émigré et qui a divorcé de lui (elle se réconciliera avec son mari quelque temps plus tard). Le , il se trouve mêlé à une rixe dans les jardins du Palais-Royal et se retrouve en prison. Il en sort dès le lendemain matin grâce à l'intervention de Marie-Joseph Chénier.
Sa santé est toujours fragile. Il est hébergé et soigné à Passy-sur-Yonne, par sa cousine, Anne-Louise de Sérilly, rescapée in extremis de la guillotine, qui élève seule ses quatre enfants et se bat avec ténacité pour recouvrer ses biens et ceux de son frère dont elle est l'héritière. Les deux cousins se marient en janvier 1796. Quelques jours plus tard, son frère aîné Louis, officier dans les troupes vendéennes, est tué par les « bleus » près d'Ancenis.
Bien qu'il ait trouvé le repos auprès d'une femme qui l'aime, la santé de François de Pange s'altère. Veillé par son épouse, François de Pange s'éteint à Passy-sur-Yonne le à l'âge de 31 ans.
Épilogue
Anne-Louise est profondément affectée par la mort du chevalier. Cependant, elle doit s'occuper de ses enfants et assurer leur avenir. Elle se remarie en troisièmes noces avec le marquis de Montesquiou, un "vieil" ami (il a 23 ans de plus qu'elle), ancien député de la noblesse rallié au tiers état et qui avait soutenu François pendant son exil. Celui-ci contractera peu après le mariage la variole noire qui l'emportera ; encore une fois, Anne-Louise reprend son rôle de garde-malade mais contracte la maladie de son mari ; elle mourra au printemps 1799 à l'âge de 36 ans.
Pauline de Beaumont, dont la famille a été décimée par la révolution, sera l'égérie d'un auteur à la mode : Chateaubriand. Elle mourra en 1803 à Rome dans les bras de l'écrivain à l'âge de 35 ans.
En 1807, madame de Staël, qui s'est offusquée du remariage d'Anne-Louise, publie un roman Corinne ou l'Italie. Ceux qui l'ont connu reconnaissent le chevalier de Pange sous les traits d'Oswald.
Adélaïde de Pastoret, après s'être réconciliée avec son mari, usera de sa grande fortune pour la protection des enfants des rues souvent livrés à eux-mêmes. Elle sera l'initiatrice en France des premières crèches et écoles maternelles modernes[réf. souhaitée].
Voir aussi
Liens externes
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Bibliographie et sources
- François de Pange, Réflexions sur la délation, Paris, (1790) 2011, 64 p. (ISBN 978-2-84485-402-5)
- Édith de Pange, Le chevalier de Pange ou la tragédie des trois frères, Metz, Éditions Serpenoise, , 360 p. (ISBN 978-2-87692-875-6).
- Michel Winock, Madame de Staël, Fayard, .
- Emmanuel de Waresquiel, Fortune et patrimoine du marquis Jacques de Pange (1770-1780). Histoire de la restauration d'un patrimoine d'origine nobiliaire en Lorraine, de la Révolution à la Monarchie de Juillet (lire en ligne).
- Émile Magne, « Revue de la quinzaine », Mercure de France, , p. 658-660 (lire en ligne).
- Maurice Levaillant, « Le grand amour de Madame de Staël », Le Figaro, (lire en ligne)
- Roland Atalone, « André Chénier et les frères de Pange », L'Austrasie, 1905-1923, p. 1-62 (lire en ligne)
Notes et références
- Comtesse Jean de Pange, Mme de Stael et François de Pange (lettre et document inédits), Paris, LIBRAIRIE PLON, , 30 p. (lire en ligne), p. 4
- Waresquiel[précision nécessaire].
- Il se distinguera à la bataille de Yorktown.
- Édith de Pange 2011, p. 180
- Édith de Pange 2011, p. 207.
- Édith de Pange 2011, p. 237
- Édith de Pange 2011, p. 243-244.
- Madame Élisabeth lui a conseillé de déclarer officiellement un possible début de grossesse.
- Édith de Pange 2011, p. 311.
- Michel Winock 2010, p. 118-120.
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