Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac

Anne-Pierre de Montesquiou puis de Montesquiou-Fézensac, dit le « marquis de Montesquiou »[1],[2],[3],[4], né le à Paris et mort le à Paris, est un homme politique français qui fut lieutenant général des armées du roi, agronome, membre de l'Académie française (1784), puis député aux États généraux, général dans les armées de la Révolution et député à la Convention qu'il présida avant de régner sur la Commission des finances.

Pour les articles homonymes, voir Pierre de Montesquiou.

Pour les autres membres de la famille, voir Maison de Montesquiou.

Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac
Fonctions
Président de l'Assemblée constituante
13 -
Fauteuil 16 de l'Académie française
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Allégeance
Domicile
Activités
Famille
Conjoint
Enfants
Pierre de Montesquiou-Fezensac
Henri de Montesquiou-Fézensac
Louise-Augustine de Montesquiou-Fézensac (d)
Autres informations
Propriétaire de
Membre de
Arme
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Biographie

Anne-Pierre de Montesquiou est le fils de Pierre de Montesquiou, seigneur de Mauperthuis, lieutenant-général des Armées du roi, et de Marie-Louise Bombarde de Beaulieu, fille de Paul-Pierre Bombarde de Beaulieu, conseiller au Grand Conseil et de Marguerite Doublet de Persan (fille de la célèbre Madame Doublet des Nouvelles à la main). Issu d'un rameau cadet de la branche des seigneurs d'Artagnan de la famille de Montesquiou, très ancienne famille noble de Gascogne, il est élevé à la cour et devient menin des enfants de France. Destiné à l'état militaire, il entra d'abord comme chevau-léger de la garde du roi en 1754, puis passa successivement lieutenant au régiment Royal-Pologne en 1756, capitaine au régiment du Roi en 1757, colonel aux Grenadiers de France en 1758, aide-maréchal des logis et colonel du régiment Royal-Vaisseaux le , chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1763 et brigadier des armées du roi en 1768.

En 1754, son beau-père Pierre Bombarde de Beaulieu rachète à la famille de Rohan la seigneurie de Montesquiou dont il dote sa fille, faisant ainsi revenir cette terre dans la famille.

Il devient premier écuyer du comte de Provence, futur Louis XVIII, en 1771. Il est promu maréchal de camp le et reçoit le collier de l'ordre du Saint-Esprit en 1784.

Proche des physiocrates, il hérite de son oncle et de son père un domaine à Mauperthuis dans la Brie qu'il développe considérablement[5], en créant notamment un élevage de moutons mérinos[6]. Il y fait construire vers 1764-1766 un château et un jardin régulier par Claude Nicolas Ledoux, puis fait appel à Hubert Robert et Alexandre-Théodore Brongniart pour l'aménagement d'un parc à l'anglaise avec de nombreuses fabriques d'inspiration maçonnique. Toujours à la demande de Montesquiou, Brongniart remodèle totalement le village de Mauperthuis[7].

Il avait pris le goût des lettres dans la compagnie de Monsieur[8], et, à la mort de l'ancien évêque de Limoges, Mgr de Coëtlosquet, il brigua sa succession à l'Académie française. Il y fut admis le , et fut reçu par Jean Baptiste Antoine Suard le  ; le roi de Suède, Gustave III de Suède, voyageant sous le nom de comte de Haga, assista à sa séance de réception[8]. Il a laissé des poésies et des comédies de salon.

La Révolution

Élu député de la noblesse aux États généraux par la ville de Paris le , il fait partie de la quarantaine de députés de la noblesse qui se rallient au Tiers état le . Il devient rapporteur du comité des finances à l'Assemblée constituante, dont il est président en . Le de la même année, il est promu lieutenant-général et élu, le suivant, après la dissolution de l'Assemblée, administrateur du département de Paris.

Proche de Philippe, duc d'Orléans (le futur Philippe Égalité), et donc partisan d'une monarchie constitutionnelle, il fait, après le les plus grands efforts pour rallier à ses idées le parti des Girondins ; à cette occasion, il a des entrevues avec Vergniaud, Pétion, Gensonné et Isnard, on le savait à la Convention[8].

Général commandant de l'armée du Midi, il occupe la Savoie en à la tête d'une armée de 15 000 hommes qui pénètrent dans le duché la fleur au fusil, sous les acclamations du peuple savoyard, cependant que les troupes sardes se replient sur le Piémont sans combattre. Il écrit : « La marche de mon armée est un triomphe. Le peuple des campagnes, celui des villes, accourt devant nous, la cocarde tricolore est arborée partout. Les applaudissements, les cris de joie accompagnent tous nos pas. Devant la municipalité de Chambéry, j'ai promis protection, paix et liberté au peuple de Savoie ». Sa correspondance avec le ministère de la Guerre confirme sa volonté de ménager les populations et les prisonniers de guerre[9]. Il incite les habitants à demander leur annexion à la France et par voie de votes la majorité des communes savoyardes sollicitent leur rattachement, sous réserve de respecter les libertés religieuses. Ses successeurs révolutionnaires n'en tiennent pas compte et appliquent la Constitution civile du clergé.

Général en chef de l'armée des Alpes, il reçoit l'ordre de la Convention nationale d'entrer dans Genève, mais les Genevois ont appelé à l'aide les cantons de Berne et de Zurich, et le marquis de Montesquiou-Fézensac préfère négocier, ce qui lui vaut son rappel par la Convention. Dubois-Crancé appuie le un décret d'accusation contre lui, pour avoir compromis la dignité de la République en traitant, sans mandat, avec les magistrats de Genève, l'éloignement des troupes suisses. Prévenu à temps, Montesquiou se réfugie en Suisse, à Bremgarten, dans le canton de Zurich, où il reste jusqu'à la chute de Robespierre, soutenant nombre d'émigrés dont François de Pange.[réf. nécessaire]

Le , il adresse à Louvet une lettre dans laquelle il dit : « J'ai mérité plus que personne le titre de “constitutionnel”, non que j'eusse une passion aveugle pour la Constitution de 1791, mais parce qu'elle était la première digue contre l'abus du pouvoir arbitraire. J'ai haï de tout mon cœur la république de Robespierre, j'eusse préféré de vivre à Constantinople et au Maroc, au malheur d'habiter un pays où l'anarchie avait un code, des principes absolus et autant de bourreaux que de juges. » Il demande aussi à rentrer. Prévenant la réponse, il rentre fin juillet ; mais sa demande n'est officiellement accueillie que par un décret du [8].

En 1797, il fait partie du « cercle constitutionnel » que le Directoire essaie d'opposer au club de Clichy. Il est aussi question de lui pour le ministère de la Guerre[8], mais il meurt l'année suivante.

Hommage

Son nom apparaît sous l'Arc de triomphe de l'Étoile, dans la 23e colonne.

Mariage et postérité

Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac est l'ancêtre de tous les Montesquiou-Fezensac et des Montesquiou-d'Artagnan actuels[10].

Fils du comte Pierre de Montesquiou (1687-1754), lieutenant-général des armées du roi, et de Gertrude Marie Louise Bombarde de Beaulieu, il épouse en premières noces en 1760 Jeanne Marie Hocquart de Montfermeil, fille du fermier général Jean Hyacinthe Hocquart de Montfermeil et de Marie Anne Gaillard de la Bouëxière de Gagny, et nièce de Gilles et de Toussaint Hocquart, d'où :

Le , il épouse en secondes noces Anne-Louise de Domangeville (1762-1799).

Le premier mari de la "Pauvre grande" - comme la surnommait sa cousine Pauline de Beaumont -, Antoine de Sérilly, est monté à l'échafaud avec Madame Elisabeth en 1794. Le second, François de Pange est mort de tuberculose en 1796 après une émigration et un exil douloureux. À chaque fois Anne-Louise est le soutien indispensable de ses proches. C'est elle qui veillera Anne-Pierre de Montesquiou, son troisième mari jusqu'à sa fin. Elle contractera sa maladie et s'éteindra le à l'âge de 36 ans dans les bras de sa cousine Pauline de Beaumont[11].

Publications

  • Émilie ou les joueurs, comédie en cinq actes, en vers (1787)
  • Aux trois ordres de la nation (Paris, 1789)
  • Esquisses de l'histoire, de la religion, des sciences et des mœurs des Indiens, traduit de Crawford (Paris, 1791)
  • Mémoire sur les finances du royaume (Paris, 1791)
  • Mémoire sur les assignats (Paris, 1791)
  • Mémoire justificatif (1792)
  • Coup d'œil sur la Révolution française par un ami de l'ordre et des lois (Hambourg, 1794)
  • Correspondance avec les ministres et les généraux de la République pendant la campagne de Savoie et les négociations avec Genève en 1792 (Paris, 1796)
  • Du gouvernement des finances de la France

Notes et références

  1. Gotha français, 1904, page 13
  2. Vicomte Albert Révérend Titres, anoblissements et pairies de la restauration 1814-1830, Volume 5, 1905, page 163.
  3. Henri Jougla de Morenas, Grand Armorial de France, tome V page 93.
  4. Joseph Valynseele "Les maréchaux de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, leur famille et leur descendance", 1962 pages 88.
  5. Cléry Rivière, Thérèse Rivière, Un paysage de Brie: la vallée de l'Aubetin, 1950
  6. Les sociétés savantes du XVIIIe siècle ont développé l'intérêt par l'agriculture chez les érudits, à l'exemple du marquis de Montesquiou, président de l'Assemblée Nationale en 1791, qui se penche sur l'élevage des mérinos à Mauperthuis (Conseil Général de Seine-et-Marne. Dossier historique. Archives départementales. Le marquis de Lafayette, agriculteur dans la Brie. (1800-1834).Dossier réalisé par Justine Queniet
  7. Florence Collette et Denise Péricard-Méa, Le Temps des jardins, 1992, p. 103-110
  8. Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 par Adolphe Robert et Gaston Cougny.
  9. Lettre du général Montesquiou au Ministre de la Guerre. (Au camp des Marches, le 23 septembre 1792, l'an 4e de la Liberté, et le Ier de l'Égalité) : C'est de Savoie, monsieur, que j'ai l'honneur de vous écrire, je vais vous rendre compte des premières opérations que je vous ai annoncées, elles ont eu un succès plus rapide que je n'avais osé l'espérer... J'ai donné instruction à M. Laroque, maréchal-de-camp, de marcher dans la nuit du 21 au 22 à la tête de 12 compagnies de grenadiers, de 12 piquets, de 400 chasseurs à pied, et de 200 dragons. Le rendez-vous de ces troupes a été à minuit à Chapareillan : Elles y ont prêté le serment de respecter les citoyens désarmés et les propriétés du pays où nous allions entrer, et d'être généreux envers les ennemis qui leur rendraient les armes. (Correspondance du général Montesquiou avec les Ministres et les généraux de la République, pendant la campagne de Savoie et la négociation avec Genève en 1792. Paris 1796. 359 p.)
  10. "Généalogie de la famille de Montesquiou-Fezensac, de la Révolution à nos jours", Comte A. de Montesquiou-Fezensac, 1961
  11. D'après Agénor Bardoux, La Comtesse Pauline de Beaumont, Paris, Calmann Lévy, (lire en ligne), p. 268-69

Sources

  • « Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l'Empire (1792-1814), vol. 2, Paris, G. Saffroy, (1re éd. 1934) (ISBN 978-2-901541-06-6, OCLC 179973693, BNF 34214075)
  • Édith de Pange, Le chevalier de Pange, ou, La tragédie des frères, Metz, Serpenoise, , 357 p. (ISBN 978-2-87692-875-6, OCLC 726819873), p. 346-347

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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