Thomas Philippon

Thomas Philippon (né en [1]) est un économiste français, spécialiste d'économie financière, et auteur de l'ouvrage Le capitalisme d'héritiers : la crise française du travail (2006). Il est administrateur du think tank européen EuropaNova.

Biographie

Admis 33e (option P') à l'École polytechnique en 1994[2], Thomas Philippon obtient ensuite un DEA d'économie à l'EHESS en 1998. Il est également détenteur d’un Ph.D. en sciences économiques du MIT, obtenu en 2003[3].

Professeur d'économie à l'université de New York et à l'École d'économie de Paris[1], il étudie l'économie française en s'intéressant à la corrélation entre le type d'actionnariat des entreprises et l'âge auquel les salariés partent en préretraite ou en retraite[4].

Il s'est engagé dans la campagne présidentielle de Ségolène Royal en 2007[5].

Lors de l'élection présidentielle française de 2012, il signe l'appel des économistes en soutien au candidat François Hollande en raison de « la pertinence des options [proposées], en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l'emploi »[6].

Le 28 juin 2012, Thomas Philippon est nommé conseiller économique au sein du cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances, il travaille notamment avec Alexis Kohler[7]. Il abandonne ses fonctions de conseiller le 26 juillet 2013[8].

En 2017, pour l'élection présidentielle, il soutient Emmanuel Macron[9].

Théories

Les entreprises familiales

Thomas Philippon a cherché à montrer que les entreprises familiales sont moins efficaces que les entreprises classiques, car les premières se caractérisent généralement par des pratiques managériales archaïques : délégation de l’autorité limitée, absence de système légitime de promotion interne. Son étude montre en outre que les salariés ont tendance à quitter plus tôt les entreprises familiales de grande taille, dont le dirigeant ou les principaux actionnaires sont des héritiers de la deuxième ou la troisième génération, que les entreprises classiques[10].

Il a également découvert que les perspectives de promotion interne sont plus faibles dans ces entreprises et la conflictualité plus forte, malgré des politiques sociales visant à diminuer l'influence des syndicats, ce qui amène les salariés à préférer un départ, même pour des conditions financières médiocres. En effet, ces salariés préférant quitter l'entreprise sont nombreux chez les cadres et les intermédiaires hiérarchiques, privant l'entreprise de collaborateurs expérimentés, qui partent avec leur savoir-faire et leurs carnets d'adresses.

Plus globalement, il pose la question de l'image de l'entreprise et du dialogue social. Dans un entretien au quotidien Les Échos, il reprend par exemple un autre thème du livre, seulement effleuré, en estimant que des médias indépendants pourraient être la condition d'une bonne gouvernance des entreprises, les sociétés étant mieux gérées dans les pays où la presse est plus libre[11]. Dans une tribune à Libération, il montre que la qualité du débat lors des campagnes primaires pour la présidentielle aux États-Unis est très supérieure à l'image qui en est donnée.

En 2005, peu avant l'élection d'un président pour le Medef, il écrit une tribune au Monde en demandant à l'organisation d'ouvrir le débat sur les héritages et la mobilité sociale[12].

Stock-options et gestion des entreprises

Thomas Philippon a étudié le poids croissant des stock-options dans le capitalisme moderne et leur impact sur les méthodes de gestion.

Avec l'Américain Daniel Bergstresser, professeur à Harvard, il a publié en septembre 2002 une étude, développée en décembre 2004, établissant une forte corrélation entre les stratégies de court terme des entreprises, ainsi que l'habillage comptable permettant d'externaliser un maximum de bénéfices à brève échéance, et la part de la rémunération des dirigeants qui dépend de leurs stock-options.

Les deux chercheurs montrent qu'au cours des 15 dernières années, les rémunérations basée sur les stock-options ou la valeur des actions ont connu une énorme augmentation : l’exposition médiane du patrimoine des PDG à la valeur de l’action de leur société a triplé en 14 ans, de 1980 à 1994 puis doublé en 6 ans, entre 1994 et 2000.

Ces travaux convergent avec les constatations empiriques de Francis Mer, ex-patron d'Arcelor et ministre des Finances, dans son livre de 2005, Vous, les politiques (éditions Albin Michel), écrit avec Sophie Coignard, ou dans celui de Vincent Almond (pseudonyme d'un haut-consultant dans la finance) écrit en 2002 après l'affaire Enron, Les mensonges de la Bourse.

Travaux, articles et livres

Références et notes

  1. CV de Thomas Philippon sur le site de l'université de New York.
  2. Arrêté du 19 août 1994 portant nomination des élèves admis en 1994 à l'Ecole polytechnique (lire en ligne)
  3. (en) philippon, « pages.stern.nyu.edu/~tphilipp/ », NYU Stern, (lire en ligne)
  4. L'objectif est de savoir pourquoi on quitte en général l'entreprise plus tôt en France, sans forcément en créer une nouvelle, d'où un taux d'inactivité important chez les plus de 50 ans. Son étude porte notamment sur les entreprises familiales et le dialogue social.
  5. Fabrice Rousselot, « La French touch de l'économie », GQ, mars 2015, pages 120-127.
  6. Philippe Aghion et al., « Nous, économistes, soutenons Hollande », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  7. Arrêté du 28 juin 2012 portant nomination au cabinet du ministre (lire en ligne)
  8. Arrêté du 26 juillet 2013 portant cessation de fonctions au cabinet du ministre de l'économie et des finances (lire en ligne)
  9. Collectif, « L’appel de quarante économistes : « Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron » », Le Monde, (lire en ligne).
  10. Le Capitalisme d'héritiers. La crise française du travail, 2007
  11. article dans Les Échos
  12. Étude medef Site du NYU
  13. Référence du livre Le capitalisme d’héritiers sur books.google.fr.

Liens externes

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