Tibet: A Political History

Tibet: A Political History est une histoire générale sur le Tibet écrite par Tsepon W. D. Shakabpa et publiée en 1967. Turrell Wylie qui en a écrit la préface en fut rédacteur et co-auteur anonyme[1]. L'ouvrage est interdit en république populaire de Chine.

Tibet: A Political History
Auteur Tsepon W. D. Shakabpa
Pays États-Unis
Préface Turrell Wylie
Genre Histoire
Version originale
Langue Anglais
Titre Tibet: A Political History
Éditeur Yale University Press
Lieu de parution New Haven, Londres
Date de parution 1967
Version française
Nombre de pages 369
Chronologie

Présentation

L'auteur, W. D. Shakabpa, né à Lhassa, fut le secrétaire d'État aux Finances du Tibet de 1930 à 1950, puis en exil, le représentant officiel du dalaï-lama à New Delhi jusqu'en 1966[2].

Se fondant sur des documents tibétains originaux, des archives gouvernementales et des chroniques anciennes, il donne un compte rendu complet de la nation tibétaine depuis le début de sa civilisation[2], remontant au roi Nyatri Tsenpo dont le règne débuta en l'an -127 au IIe siècle av. J.-C.[3], jusqu'à l'Intervention militaire chinoise au Tibet de 1950, l'exode tibétain de 1959 à travers l'Himalaya et ce que Donald S. Zagoria (en) appelle l'occupation chinoise actuelle[2].

Potala Publishers l'a rééditée en format de poche en 1984[4].

Tibet: A Political History a été publié chez Yale University Press en 1967. Après une mise à jour substantielle du contenu, l'auteur a publié une édition en tibétain à New Delhi en Inde en 1976. Le professeur Derek F. Maher a traduit l'édition tibétaine mise à jour en anglais et l'a publiée en deux volumes chez Brill Publishers en 2009. Ce livre relate l'histoire du Tibet depuis les temps anciens jusqu'à l'exil du dalaï-lama en Inde dans les années 1960. Il couvre les aspects sociaux, politiques, ethniques, religieux, culturels et frontaliers du Tibet et est largement apprécié par les savants tibétains. La traduction chinoise de ce livre a été publié en 1992. Le livre est interdit en Chine continentale et est seulement distribué comme référence interne[5],[6],[7],[8].

Accueil critique

En 1986, elle était selon Melvyn C. Goldstein la meilleure histoire générale du Tibet alors disponible[4].

Cette histoire du Tibet, la première écrite par un Tibétain pour des non-Tibétains[9] reste pour Derek Maher l'expression la plus approfondie en anglais du genre, jusqu'à la publication de One Hundred Thousand Moons, le second livre de W. D. Shakabpa traduit en anglais depuis le tibétain en 2010[10].

Le professeur Donald S. Zagoria, expert en Asie de l'université Columbia, a fait l'éloge du livre, le décrivant comme une source fondamentale pour les étudiants des affaires asiatiques[2]

Françoise Pommaret, directeur au CNRS le qualifie de monument historique[11].

Le professeur Premen Addy, un expert en histoire asiatique au Kellogg College, université d'Oxford, a également fait l'éloge du livre comme un ouvrage de référence indispensable[12].

De nombreux tibétologues chinois ont critiqué ce livre.

Le professeur John Powers de l'université nationale australienne estime que le gouvernement de la République populaire de Chine et le gouvernement tibétain en exil se disputent le récit de l'histoire tibétaine, ce livre et les universitaires occidentaux qui soutiennent les vues de ce livre sont les cibles clés de la critique en Chine[13].

Pour Françoise Aubin, cette histoire du Tibet est proche de celle écrite plus tard par Michael van Walt van Praag dans The Status of Tibet. Bien qu'il comporte certaines inexactitudes et qu'il ait été attaqué par certains Tibétains pour ne pas dépeindre un passé tout en rose, l'ouvrage de Shakabpa offre une vision tibétaine des événements et son auteur est un des rares à avoir pu s'appuyer sur des archives du gouvernement tibétain pour la période charnière allant de la République de Chine à l'avènement de la République populaire de Chine[14].

En 2007, le tibétologue Gray Tuttle affirme que le livre de Shakabpa, tout comme The Status of Tibet de Michael van Walt van Praag, est essentiellement de la propagande à l'instar de celle produite par la République populaire de Chine, dont Le Statut du Tibet de Chine dans l'histoire : « eux aussi s'efforcent de convaincre le lecteur de la validité d'une certaine perspective historique, souvent en mettant sous le boisseau des éléments pertinents qui vont à l'encontre de leur argumentation, en l'occurrence en faveur de l’indépendance historique du Tibet. En fait, l'historiographie associée à l'affirmation "Le Tibet fait partie de la Chine" et celle associée à la contre-affirmation de l'« indépendance tibétaine » plaquent toutes deux des notions anachroniques d'États-nations et même de droit international sur le passé. »[15].

Notes et références

  1. (en) Roy Andrew Miller, Turrell V. Wylie (1927-1984), Journal of the International Association of Buddhist Studies, 1986, vol. 9, N.1, p. 150-155
  2. (en) Donald S. Zagoria (en), Tibet: A Political History by Tsepon W. D. Shakabpa
  3. Shakabpa, Tibet: A Political History, p. 23
  4. (en) Melvyn C. Goldstein, Tibet: A Political History. By Shakabpa Tsepon W. D.. [New York: Potala Publishers, 1984 (original pub. 1967, Yale University Press), 369 pp.], The China Quarterly, Volume 108 December 1986 , pp. 737-738. https://doi.org/10.1017/S0305741000037334
  5. 桑傑嘉, « 中共最恐懼的西藏現代史書《西藏政治史》及夏格巴 » [archive du ], 藏人行政中央, (consulté le )
  6. 胡岩, « 《夏格巴的<西藏政治史>与西藏历史的本来面目》一书辨误 », 西藏研究, (lire en ligne [archive du 2014年8月12日])
  7. 罗润苍, « 评夏格巴的《藏区政治史》 », 《中国藏学》, no 第3期, 1992年, p. 3-11 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  8. 劉學銚, 從歷史看清西藏問題-揭開達賴的真實面貌, 思行文化, (ISBN 978-986-89955-7-4, lire en ligne), p. 36
  9. Anne-Sophie Bentz, Les réfugiés tibétains en Inde : nationalisme et exil, Graduate Institute Publications, 2015, 266 p., p. 33 : « Son histoire du Tibet est la première histoire écrite par un Tibétain pour des non-Tibétains.23 ».
  10. One hundred thousand moons,(translation of Shakabpa, 1976) tr. Derek F. Maher, BRILL, 2010, p. xv.
  11. Françoise Pommaret, « One Hundred Thousand Moons: An Advanced Political History of Tibet. Vol. 1; Vol.2 by Tsepon Wangchuk Deden Shakabpa; Derek F. Maher », Association for Asian Studies, vol. 70, no 1, , p. 230-233 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  12. Premen Addy et Shirin Akiner, Resistance and Reform in Tibet, Motilal Banarsidass Publishe, (ISBN 978-81-208-1371-7, lire en ligne), 第50頁腳註43
  13. John Powers, History As Propaganda : Tibetan Exiles versus the People's Republic of China, Oxford University Press, , 7-8 p. (ISBN 978-0-19-803884-9, lire en ligne)
  14. Françoise Aubin, Écrits récents sur le Tibet et les Tibétains, Bibliographie commentée, Les Cahiers du CERI, n° 6, 1993, p. 30 : « Pour animer la technicité austère du travail de M.C. van Walt van Praag et en renforcer le propos, on pourra lire la même histoire, racontée cette fois par un Tibétain exilé, Tsepon Shakabpa, un des artisans de la politique de Lhassa dans les années précédant l’invasion chinoise. Polémique certes, entaché d’un certain nombre d’inexactitudes, attaqué par les Tibétains pour n’avoir pas dépeint un passé tout en rose, ce livre a du moins l’avantage d’offrir une vision tibétaine des événements, et, pour cette période décisive que représente le temps de la République chinoise, entre chute des Ch’ing (ou Qing) et instauration du régime populaire, de s’appuyer sur des archives gouvernementales tibétaines, inaccessibles à d’autres qu’à l’auteur ».
  15. (en) Gray Tuttle, Using Zhu Yuanzhang's Communications with Tibetans to Justify PRC Rule in Tibet, in Long Live the Emperor!, Uses of the Ming Founder across Six Centuries of East Asian History, Sarah Schneewind ed., Society for Ming Studies, Minneapolis, 2007, Ming Studies Research, No. 4, 508 p., Publisher: Center for Early Modern History (January 1, 2008), (ISBN 0980063906 et 978-0980063905), p. 414 , p. 416 : « As noted by Wang and Nyima in their introduction, this text was explicitly written to counter what the authors call the theory of “Tibetan independence” put forward in two popular English language assessments of the status of Tibet, Tibet: A Political History by W. D. shakabpa and The Status of Tibet, by Michael C. van Walt van Praag. To be fair, these accounts, like those produced in the PRC, are largely propaganda: they too set out to convince the reader of a particular political perspective, often ignoring pertinent evidence that runs counter to their argument, in this case for Tibet’s historic independence. In fact, the historiography associated with the “Tibet is a part of China” argument and with the “Tibetan independence” argument both project anachronistic ideas of nation-states and even western international law back into the past. »

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