Tikhon Chevkounov

La même année, il est baptisé et s'installe au Monastère des Grottes de Pskov de Petchory dans la région de Pskov. Son confesseur pendant son noviciat est l'archimandrite Ioann Krestiankine (1910-2006[2]). En 1986, il est muté au service d'édition du Patriarcat de Moscou, où il est subordonné au métropolite Pitirim. Sa première mission là-bas est liée aux célébrations du millénaire de la christianisation de la Russie. En 1991, il prononce ses vœux monastiques au monastère Donskoï. Il prend le nom de « Tikhon », du nom du patriarche de Moscou (1917-1925) Tikhon, et est également nommé hiérodiacre, et un mois plus tard hiéromoine. En 1993, il devient le chef du nouveau métochion de Moscou du monastère des Grottes de Pskov. En 1995, il est ordonné hégoumène par le patriarche Alexis II, puis en 1998, reçoit le rang d'archimandrite.

En 1999, il est nommé recteur du séminaire Sretenski. En 2010, il devient membre du Conseil de la Culture du Président de la fédération de Russie. Il est membre du Conseil suprême de l'Église orthodoxe russe depuis mars 2011. Le 22 octobre 2015, le Saint-Synode de l'Église orthodoxe russe le nomme évêque de Iegorievsk, vicaire du patriarche de Moscou et de toute la Russie, et chef du vicariat occidental de la ville de Moscou. Deux jours plus tard, il est ordonné évêque de Iegorievsk par le patriarche Cyrille I^er.

En 2018, le Saint-Synode le nomme métropolite de Pskov et Porchov[3].

Dans les premières années de la perestroïka, Tikhon a publié plusieurs articles, y compris une contribution polémique contre les pratiques de guérison occultes, qui a été publiée à plusieurs reprises.

Tikhon a écrit de nombreux livres, dont un livre pour enfants, Le Père Séraphin (2002) sur Séraphin de Sarov. Sa collection d'histoires sur les saints, publiée en français sous le titre Le Père Rafaïl et autres saints de tous les jours sur les moines saints du monastère des Grottes de Pskov obtient la première place en termes de vente en Russie en 2012.

Son film La Chute d'un Empire : la leçon de Byzance relate la chute de Byzance[4]: l'affaiblissement de l'empire est l'effet de sa tentation de négocier et de faire du négoce avec l'Occident, dans un parallèle transparent entre Empire byzantin et Russie filé tout au long du film[5]. L'empire byzantin doit faire face à ses oligarques et les mettre au pas, s'appuyer sur des empereurs au règne long et éviter les changements trop fréquents de pouvoir, asseoir également le centralisme et éviter les discordes nationales dans un empire multiethnique dont la position entre Europe et Asie n'avait jusqu'ici jamais nui à l'unité, lutter enfin contre l'affaiblissement démographique, la fuite de ses jeunes élites vers l'Occident, et l'arrivée de populations des frontières pour le combler. La division des élites en deux partis, l'un conservateur et orthodoxe, et l'autre pro-occidental et acceptant de toucher aux dogmes porte un coup fatal à l'unité spirituelle de l'empire: le pessimisme s'empare du peuple, de même que le désintérêt pour la reproduction voire l'avortement, l'alcoolisme et le paganisme de la Renaissance occidentale. L'Occident, représenté tout au long du film par un homme masqué à la Vénitienne et capé de noir et rouge, et le parti byzantin pro-occidental, comme Judas avec Jésus, sont malgré leurs déclaration le véritable parti pro-turc, et le dernier empereur mourra d'un coup d'épée dans le dos de ces mêmes Turcs. Staline, qui avait anéanti les rangs des byzantologues, les réhabilitera en 1943, comprenant sans doute que les leçons de la chute d'un empire seraient utiles à la Russie.

Le film reçoit l'Aigle d'or, l'équivalent russe du Golden Globe Award américain, du meilleur documentaire en 2008.

Tikhon a de nombreuses publications et activités sur internet. Il est le rédacteur en chef du site Pravoslavie.ru.

Tikhon a une connaissance personnelle du président Poutine depuis 1999 et l'accompagne lors de nombreux voyages à l'étranger. Selon Nikolaï Mitrokhine, « parmi les dignitaires orthodoxes, Tikhon est le plus étroitement lié au FSB, sa rencontre avec Poutine est donc tout à fait naturelle[6] ». Lui et Poutine ne confirment ni ne contestent qu'il est également le conseiller spirituel (« douchovnik ») du président russe[7]. L'ancien banquier controversé Pougatchev prétend avoir présenté les deux hommes l'un à l'autre[8]. Il est également le père spirituel de l'oligarque conservateur Konstantin Malofeïev. Tikhon est considéré comme très conservateur. Il soutient l'annexion de la Crimée par la Fédération de Russie[9].

Ouvrages

• Батюшка Серафим (Le Père Séraphin), 2002
• «Несвятые святые» и другие рассказы ("Des saints non saints" et autres récits), 2011,
  • traduit en français sous le titre de Le Père Rafaïl et autres saints de tous les jours, Éditions des Syrtes, 2013, 390 pages, (ISBN 9782845451766).
  • traduit en anglais sous le titre de Everyday Saints and Other Stories.
  • réédité à de nombreuses reprises en russe.
• "С Божьей помощью возможно всё! О Вере и Отечестве (Avec l'aide de Dieu tout est possible! Sur la Foi et la Patrie)", 2014
• Церковный древлехранитель: методическое пособие по сохранению памятников церковной архитектуры и искусства (Gardien séculaire de l'Église: manuel méthodique de conservation des œuvres architecturales et artistiques), 2017

Filmographie

• Гибель империи. Византийский урок, 2008
  • en français La Chute d'un empire : la leçon de Byzance

• Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Vladimir Poutine, 2013
• (de) Walter Laqueur : Putinismus: Wohin treibt Russland? Ullstein, Berlin 2015. (ISBN 978-3-8437-1100-5)
• Irène Semenoff-Tian-Chansky-Baïdine, "Le film de l'archimandrite Tikhon (Chevkounov), La Chute d'un empire : la leçon de Byzance (2008): Une double manipulation des images de Byzance et de la Russie d'aujourd'hui" in: Revue Russe n°37, 2011, L’auto-construction de l’image de la Russie et de la France au fil du temps, pp. 99-111.