Cyrille de Moscou
Cyrille[1] (en russe : Кири́лл / Kiríll), né Vladimir Mikhaïlovitch Goundiaïev (en russe : Влади́мир Миха́йлович Гундя́ев / Vladímir Mixájlovič Gundjáev) le à Léningrad (URSS, actuelle Russie), est le seizième Patriarche de Moscou et de toutes les Russies. Ancien membre du KGB et proche du président russe Vladimir Poutine[2], il a été élu le pour succéder au patriarche Alexis II, et intronisé le . Il fait l'objet de plusieurs controverses.
Patriarche de Moscou et de toutes les Russies | |
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depuis le | |
Métropolite | |
- |
Naissance | |
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Nom de naissance |
Владимир Михайлович Гундяев |
Nationalité |
Russe (depuis ) |
Formation |
Académie théologique de Saint-Pétersbourg (en) |
Activité | |
Fratrie |
Nikolay Gundyayev (d) |
Religion | |
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Noms en religion |
Kirill, Кирилл |
Consécrateur | |
Mouvement | |
Distinctions | Liste détaillée Ordre du prince Iaroslav le Sage, 1re classe Ordre de la République Ordre de Saint-André Docteur honoris causa de l'université d'État de Saint-Pétersbourg Médaille commémorative du 850e anniversaire de Moscou (en) Ordre de Saint-Serge de Radonège, 1re classe Médaille du Jubilé des « 50 ans de la victoire dans la Grande guerre patriotique de 1941-1945 » (en) Médaille du Jubilé des « 65 ans de la victoire dans la Grande guerre patriotique de 1941-1945 » (en) Médaille Mesrop-Machtots (en) Ordre de l'Amitié des peuples () Ordre de l'Amitié () Ordre de l'Amitié (en) () Ordre d'Alexandre Nevski () Docteur honoris causa de l'université d'État de Voronej () Ordre de sainte Marie-Madeleine, 1re classe (d) () Ordre de Bethléem (en) () Ordre du Mérite pour la Patrie, 1re classe () |
Biographie
Le patriarche Cyrille est né le à Léningrad, d'un père pope. Son grand-père Vassili, qui est pope lui aussi, a été déporté au Goulag des îles Solovki par le régime communiste, pour activités religieuses[3], et terminera sa vie pourchassé en raison de sa défense de la foi chrétienne[4]. En 1965, le futur patriarche entre au séminaire de Léningrad, dont il est diplômé, puis il est admis à l'Académie de théologie, où il obtient un doctorat avec mention cum laude[3]. Il est tonsuré moine le par le métropolite Nicodème Rotov. Il est ensuite très vite ordonné hiérodiacre, puis hiéromoine le .
De 1970 à 1971, il enseigne la théologie dogmatique et cumule plusieurs charges parmi lesquelles celles d'inspecteur des écoles de théologie de Léningrad et secrétaire personnel du métropolite de Léningrad. En , il est fait archimandrite. De 1971 à 1974, il est représentant du patriarcat de Moscou au Conseil œcuménique des Églises[3].
Le , il est consacré évêque de Vyborg. Il devient archevêque de Smolensk et de Kaliningrad en 1988, et est élevé au rang de métropolite le [3]. Il assure également plusieurs charges au cours de sa carrière épiscopale : il est, entre autres, membre de la commission pour la préparation et la célébration du Millénaire du baptême de la Russie (entre 1980 et 1988), membre de la commission pour la préparation du Concile local de l’Église orthodoxe russe (1990), président de la Commission du Saint-Synode pour la renaissance de l’éducation religieuse et morale et des œuvres de bienfaisance (entre 1990 et 1993), membre de la Commission théologique synodale (depuis 1994)[3]. Il est également depuis 2007 président d'honneur de l'Académie de littérature russe[3].
Il est également président du département des relations extérieures du patriarcat de 1989 jusqu'à son élection en 2009. Son successeur à ce poste est le métropolite Hilarion Alfeyev.
Il est l’un des principaux auteurs des Fondements de la doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe.
Avant son élection comme Patriarche, il anime une émission télévisée hebdomadaire où il répond en direct aux questions des téléspectateurs[4].
Après la mort d'Alexis II, il est nommé patriarche par intérim, chargé de diriger l'Église orthodoxe de Russie jusqu'à l'élection du successeur. Le , il est élu, par 508 voix sur 700, patriarche de Moscou et de toute la Russie, prenant ainsi la tête de l'Église orthodoxe russe.
En plus de sa charge patriarcale, il est coprésident de la Conférence mondiale des religions pour la paix (depuis 2006) et membre de la commission russe des relations entre l'État et les Organisations religieuses (depuis 2006)[5].
Il a de très bonnes relations avec l'ex-président Dmitri Medvedev[6] et le président Vladimir Poutine. Dmitri Medvedev a souligné l'apport considérable du patriarche Cyrille dans le développement de l'interaction entre l'État et l'Église russe[7].
Visites à l'étranger
En tant qu'évêque et métropolite, Cyrille fait de nombreuses visites à l'étranger. Il donne des conférences dans plusieurs villes parmi lesquelles Rome, Münster, Udine, Varsovie[3].
Il visite plusieurs pays en tant que patriarche, notamment dans les pays d'Europe de l'Est rattachés canoniquement à l'Église russe comme l'Ukraine[8], la Biélorussie[9], la Moldavie[10], l'Azerbaïdjan[11] ou le Kazakhstan[12].
Il se rend en 2010 en Égypte, où il rencontre le patriarche d'Alexandrie Théodore II[13].
Le , le patriarche Cyrille entame une visite de trois jours en Syrie et au Liban. Il appelle à une résolution pacifique de la crise en Syrie, déclarant que « l’on peut résoudre tous les problèmes pacifiquement, par le dialogue. L’essentiel est que le sang humain ne coule pas[14]. » Cyrille concélèbre une liturgie le à Damas avec le patriarche d'Antioche Ignace IV[15].
Le , Cyrille entame une visite historique de trois jours en Pologne et signe avec l’épiscopat catholique polonais un appel à la réconciliation. Cet acte solennel est destiné aux peuples russe et polonais et en particulier aux fidèles catholiques et orthodoxes. Il s'entretient par la même occasion avec le président polonais Bronisław Komorowski et se rend à Grabarka, le plus grand sanctuaire orthodoxe de Pologne, situé au nord-est du pays. Grabarka est pour le million d'orthodoxe polonais ce qu'est Częstochowa pour les catholiques polonais, un haut lieu du culte et un site de pèlerinages[16].
Prises de position
- Cyrille s'oppose en 1984 à l'intervention soviétique en Afghanistan[4].
- Il déclare à propos de la crise financière mondiale de 2008 que « pour réussir à dépasser la crise mondiale, il faut transformer sérieusement le modèle socio-économique actuel pour mettre plus d'accent sur la justice de l'action politique et la rendre profitable à l'ensemble de la société[4]. »
- Il a été la cible des groupes Pussy Riot et Femen qui lui reprochent ses liens avec le gouvernement Poutine[17].
- Il déclare en 2012 que la présidence de Poutine est un « miracle »[2].
- Il lance en juin 2013 un appel aux fidèles pour recueillir de l'aide humanitaire pour venir en aide aux victimes du conflit en Syrie[18].
Cyrille défend une position traditionnelle sur les questions morales en s'opposant en particulier à toute reconnaissance légale de l'homosexualité en Russie. En , il déclare que la légalisation du mariage homosexuel en Europe est « un symptôme alarmant de l’approche de l’Apocalypse. [...] Nous devons tout mettre en œuvre pour empêcher qu’en Sainte Russie, le péché soit approuvé par une loi »[19].
En novembre 2015, le journaliste Boris Toumanov note que le patriarcat de Moscou s'est associé à la campagne menée par les autorités russes pour réhabiliter Staline et le régime soviétique. Il relève ainsi que Cyrille a déclaré qu'« on ne doit pas douter des mérites d’un homme d’État qui a conduit son pays à la renaissance et à la modernisation même s’il a commis quelques crimes » lors de l'ouverture de l'exposition « Russie orthodoxe », rejetant ainsi les critiques de Staline[20].
Le patriarche Cyrille s'engage par ailleurs pour l'œcuménisme et les relations entre Rome et Constantinople. Ainsi, en février 2016, il rencontre le Pape François à Cuba afin d'intensifier les relations œcuméniques entre les Églises orthodoxe et catholique[21]. L'une des premières conséquences de cette rencontre est l'ouverture des sanctuaires de l’Église orthodoxe russe aux pèlerins catholiques[22].
Sur les relations entre l'Ukraine et la Russie
En 2014, il appelle à prier « pour que personne ne puisse détruire la sainte Russie en lui enlevant l'Ukraine, dont la capitale, Kiev, est le berceau de l'orthodoxie russe » : « Nous devons aujourd'hui prier pour le peuple russe qui vit en Ukraine, pour que le Seigneur fasse la paix sur la terre ukrainienne (...), qu'il mette fin aux desseins de ceux qui veulent détruire la sainte Russie. »[23] et pour que cesse la guerre du Donbass[24],[25]. Antoine Arjakovsky, directeur de recherches au Collège des Bernardins, évoque sur ce point « les discours délirants à Moscou sur l’appartenance de l’Ukraine au monde russe (« rousskij mir ») de personnalités comme Nikita Mikhalkov ou le patriarche “Kirill” »[26].
Au cours de son patriarcat et dans le contexte de conflit russo-ukrainien, un schisme entre l'Église orthodoxe de Russie et le patriarcat de Constantinople a lieu, après que le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople a reconnu en janvier 2019 l'autocéphalie de la nouvelle Église orthodoxe d'Ukraine[27],[28].
Il se révèle l'un des piliers du régime de Vladimir Poutine lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022[29],[30] en déclarant notamment dans son homélie du 6 mars 2022 que « la Russie ne conduit pas en Ukraine un combat physique mais métaphysique contre les forces du mal. »[31]. Selon Jean-François Colosimo, Cyrille de Moscou prend le risque de « briser l'unité orthodoxe ». L'historien des religions en appelle au patriarche Bartholomée et au pape François « pour que le terrible conflit d’Ukraine ne réveille pas les divisions meurtrières entre orthodoxes, catholiques latins et gréco-catholiques »[32].
Le mercredi 16 mars 2022, le pape François et le patriarche Cyrille s'entretiennent par visioconférence et le Pape François rappelle que « l’Église ne doit pas utiliser la langue de la politique mais le langage de Jésus » et que « nous sommes pasteurs du même saint peuple qui croit en Dieu, dans la Très Sainte Trinité, dans la Sainte Mère de Dieu : nous devons pour cela nous unir dans l’effort d’aider la paix, d’aider celui qui souffre, de chercher les voies de la paix, pour arrêter le feu »[33].
Controverses
Le patriarche Cyrille inspire de la suspicion à certains fidèles de l'Église orthodoxe russe pour son mode de vie ostentatoire[34],[35], et les liens étroits qu'il entretient avec le régime du président Poutine : « Tout ce qu'il fait n'a rien à voir avec la foi et la vie des fidèles, et tout avec l'État et la politique », selon les mots d'une juriste de Ramenskoïe[36].
Liens avec le KGB
Dans les années 1970, Cyrille a été agent du KGB sous le nom de Mikhaïlov. Alors qu'il est représentant du patriarcat à Genève, il a un accident de la circulation au volant de sa BMW qu'il conduit à grande vitesse. Deux passagers sont à bord du véhicule, un colonel du KGB et son fils. L'accident occasionne une blessure à ce dernier. Cyrille est donc rapatrié à Léningrad[2],[37],[38].
Importation de cigarettes
Dans les années 1990, il est accusé par plusieurs journalistes indépendants d'avoir profité de retombées de la vente de tabac[39],[40]. Cet épisode lui vaut alors le titre ironique de « métropolite du tabac » dans la presse internationale[41].
La montre Breguet
En 2009, l’Église orthodoxe publie sur son site la photo d’une rencontre officielle entre le patriarche Cyrille et le ministre de la Justice. Beaucoup d’internautes ont remarqué le reflet d'une montre sous le poignet du patriarche. Or, le cliché avait été grossièrement retouché afin que la montre n'apparaisse pas. Le patriarche Cyrille admet finalement la retouche. La montre en question est une Breguet valant 20 000 euros[42].
Appartement à Moscou
En 2010, il intente aussi un procès à son voisin, l'ex-ministre de la Santé Iouri Chevtchenko, pour les conséquences de la poussière soulevée par les travaux de ce dernier sur le luxueux appartement (estimé à trois millions de dollars) qu'il occupe le long de la Moskova à Moscou, et obtient 700 000 dollars de dédommagements[2].
Distinctions
- Docteur honoris causa de l'université de Pérouse[43]
- Docteur honoris causa de l'université de Dnipropetrovsk[44]
- Docteur honoris causa de l'université d'Astrakhan[5]
- Docteur honoris causa de l'université de Petrozavodsk[45]
- Docteur honoris causa de l'Académie théologique de Varsovie[46]
- Docteur honoris causa de l'Académie de droit d'Odessa[47]
- Docteur honoris causa de l'université d'État de Voronej
- Docteur honoris causa de l'université d'État de Saint-Pétersbourg
- Il est également récipiendaire de plusieurs ordres honorifiques russes, parmi lesquels l'ordre du Mérite pour la Patrie et l'ordre de l'Amitié
- Il a été distingué par beaucoup d'Églises orthodoxes
Ouvrages (en français)
- Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad (auteur), Hyacinthe Destivelle (commentaires), Alexandre Siniakov (commentaires), L'Évangile et la Liberté : les valeurs de la tradition dans la société laïque, Éditions du Cerf, 2006 (ISBN 2204081515)
- Cyrille de Smolensk, Les Fondements de la doctrine sociale, Cerf, 2007 (ISBN 2204085677)
Références
- Comme il est d'usage par exemple pour les papes de Rome, et par conséquent l'actuel pape François, le patriarche Cyrille ne sera appelé officiellement — et rétrospectivement — Cyrille Ier que le jour où l'un de ses successeurs choisira le nom de Cyrille II.
- Marc Nexon, « Kirill, l'ange gardien de Poutine », sur Le Point, (consulté le )
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- De notre envoyé spécial à Moscou, Jean-Marie Guénois, « Cyrille Ier, le nouveau patriarche de Moscou », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- http://patriarh.in.ua/en/node/29
- « Sputnik France : actualités du jour, infos en direct et en continu », sur Rian.ru (consulté le ).
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- http://www.mospat.ru/en/2010/04/10/news16338/
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- « Plight of punk rockers turns Russians against the Church », The Independent (consulté le )
- http://www.orthodoxie.com/actualites/le-patriarche-de-moscou-lance-un-appel-aux-fideles-de-leglise-orthodoxe-russe-destine-a-recueillir-de-laide-humanitaire-pour-le-peuple-syrien/
- En Russie, la loi incite à l’homophobie, Le Temps, 8 août 2013
- L’Eglise orthodoxe noue une "Sainte-alliance" avec le Kremlin, Boris Toumanov, La Libre Belgique
- Rencontre entre le Pape François et le Patriarche Cyrille ( Cuba-12 février 2016)
- Les sanctuaires orthodoxes russes bientôt ouverts aux pélerins catholiques
- « Pâques en pleine crise ukrainienne : guerre des mots entre patriarches orthodoxes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Appel du patriarche de Moscou Cyrille au sujet des négociations de paix en Ukraine - Orthodoxie.com », sur Orthodoxie.com, (consulté le ).
- http://www.zenit.org/fr/articles/moscou-le-patriarche-cyrille-appelle-a-prier-pour-la-paix
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- « Pendant que vous dormiez. Affaire Khashoggi, otage à Cologne et schisme orthodoxe : les informations de la nuit », sur Courrier international, (consulté le )
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- « Kirill, un patriarche russe très politique », sur le site du quotidien La Croix, (consulté le )
- « Патриарх Кирилл ведет метафизическую борьбу сразу на два фронта / Вера и общество / Независимая газета », sur www.ng.ru (consulté le )
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- « Le Pape François s’entretient avec le patriarche Kirill », sur le site Vatican news, (consulté le )
- Libération, 5 avril 2012
- Paris Match, 13 avril 2012
- Kirill, le patriarche mal-aimé de l'Église orthodoxe russe, article du Figaro du 11 février 2016 (Voir l'article).
- The politicking patriarch, Irina Filatova, The Guardian, 2 février 2009
- Putin Runs The Russian State--And The Russian Church Too, David Satter, Forbes, 20 février 2009
- « Irina Filatova: Kirill's enthronement as Russian patriarch means that the church will be a political player for the first time in decades », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
- http://digitalcommons.georgefox.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1700&context=ree
- Bernadette Sauvaget, « Kirill, patriarche qui n’a Dieu que pour Poutine », sur Libération (consulté le )
- Un patriarche orthodoxe trop bling-bling, article de Paris Match du .
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- http://www.mospat.ru/en/2011/11/20/news52915/
- http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=7508
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