Tony Accurso

Antonio « Tony » Accurso, né Domenico Antonio Vincenzo Accurso[1] le à Montréal[2], est un homme d'affaires québécois du secteur de la construction. Il dirige directement et indirectement plusieurs entreprises liées au domaine de la construction ainsi que des bars, des restaurants, des salles de cinéma, des centres commerciaux et un hippoclub, situé à Laval[3]. Influent au sein des milieux syndicaux et politiques, proche de la mafia, il est au cœur de plusieurs scandales de fraude et de corruption.

Tony Accurso
Nom de naissance Domenico Antonio Vincenzo Accurso
Naissance
Montréal, Québec, Canada
Pays de résidence Canada
Activité principale
Homme d'affaires
Autres activités
Fraude, corruption
Famille
  • Mario Taddeo (beau-frère) (?-1987)
  • James Accurso (Fils) (1975-2018)

Biographie

Jeunesse et origines

Le père de Tony Accurso a 17 ans lorsqu'il quitte son village de Calabre en Italie pour traverser l'Atlantique en 3e classe à bord du vapeur Colombo. Il pose ses valises à Pointe-aux-Trembles, à l'été 1923. En 1954, il fonde l'entreprise Louisbourg Construction. Son fils, Tony, fait des études à l'Académie Militaire de New York (en), un collège privé américain[4]. Il en est diplômé en 1970. En 2004, il est ajouté au « Hall of Fame » de cette institution pour sa participation aux équipes de football américain, de hockey sur glace, de tennis, de crosse et de lutte[5]. Tony Accurso étudie ensuite au Collège Loyala à Montréal et obtient en 1975 un baccalauréat en génie civil[4]. À la mort de son père en 1981, il hérite de l'entreprise Louisbourg Construction.

Carrière d'entrepreneur

Tony Accurso est à la tête du groupe de construction canadien Simard-Beaudry[6] fondé en 2005 et dont le siège social est situé à Laval[7],[3].

Il contrôle également plusieurs autres sociétés au Québec, notamment du secteur de la construction, telles que Constructions Louisbourg, Louisbourg Pipeline, Louisbourg SBC, Constructions Gastier, Hyprescon, Constructions Marton, Colacem, Les Galeries Laval et les Ciments Lavallée Cemco[8].

Au cours de sa carrière, Antonio Accurso côtoie et fait des dons à des représentants de plusieurs partis politiques du Québec tels le Parti québécois, le Parti libéral du Québec et l'Action démocratique du Québec[3]. Parmi ces rencontres, on peut noter l'ancien ministre du travail David Whissell[9] et l'ancien ministre péquiste Guy Chevrette[3].

Ami avec Louis Laberge, le fondateur du Fonds de solidarité FTQ, les entreprises d'Accurso ont cumulé entre 114 et 250 millions de dollars canadiens en investissement de la part du Fonds de solidarité[3],[10].

Scandales

Au cours des années 2000[Quand ?], Accurso invite plusieurs personnalités du monde politique et syndical québécois telles Frank Zampino, Michel Arsenault, Jean Lavallée et Richard Marcotte, sur son yacht Le Touch[11],[12]. En 2009, plusieurs médias québécois, Enquête en tête, mettent au jour des scandales de collusion et de corruption liant Accurso avec, entre autres, la FTQ-Construction[13],[10] et l'administration de la ville de Montréal, notamment concernant le scandale des compteurs d'eau[14] et le politicien Benoît Labonté, au moment où ce dernier entamait sa course à la direction du parti Vision Montréal[15],[16],[17].

En , des journalistes de l'émission Enquête dévoilent des liens entre Accurso et le crime organisé montréalais, dans le cas d'un immeuble à condos de Saint-Léonard[18].

Poursuites, arrestation et incarcération

À la suite de la diffusion du reportage Le fonds sous influence à l'émission Enquête le [19], Accurso poursuit pour 2,5 millions de dollars le journaliste Alain Gravel et la Société Radio-Canada (SRC) pour atteinte à sa vie privée et à sa réputation[20]. En , Accurso avoue que les faits présentés par le reportage de Gravel sont vrais. La nouvelle devient publique le [21].

Après la diffusion du reportage Les Voisins de Saint-Léonard à l'émission Enquête le , les avocats d'Accurso envoient une mise en demeure à la SRC, donnant à cette dernière 24 heures pour retirer ses allégations[22].

Selon cette mise en demeure, « la Société Radio-Canada a porté gravement atteinte tant à la réputation qu'à la vie privée de M. Accurso en échafaudant des théories, peut-être accrocheuses pour son auditoire, mais mal fondées »[23].

Le , Tony Accurso est arrêté par l'unité permanente anticorruption dans le cadre du démantèlement d'un réseau de partage de contrats municipaux sur la Rive-Nord de Montréal[24].

Le , Antonio Accurso, Francesco Bruno, Francesco Fiorino, et Adriano Furgiuele sont arrêtés par la GRC et font face à 6 chefs d'accusation : complot, fraude, usage de faux, ainsi qu'abus de confiance par un fonctionnaire. Ses partenaires, travaillant à Revenu Canada, et lui auraient fraudé plus de 3 millions de dollars en impôts canadiens. Il avait à comparaître le devant la justice[25].

Le , Tony Accurso est à nouveau arrêté par l'UPAC[26].

Revenu Québec a déposé 928 chefs d'accusation contre lui et ses entreprises. Il est notamment accusé de fausses déclarations, fausses facturations, crédits illégaux et faux remboursements de taxe[27],[12].

Le , Accurso a été condamné à quatre ans de prison après avoir été reconnu coupable des cinq chefs d’accusation suivants : complot en vue de perpétrer des actes de corruption, complot en vue de commettre une fraude, fraude de plus de 5 000 $, corruption municipale et complicité de confiance[28].

En juillet 2021, il est libéré des accusations contre lui dans le cadre de l'opération Coche en raison de la règle des délais déraisonnables de l'arrêt Jordan[29].

Le 26 mai 2022, la Cour d'appel du Québec confirme un verdict qui le condamne à quatre ans de prison.[30]

Comparution publique

Tony Accurso fait tout pour éviter de témoigner devant la commission Charbonneau.

Plaidant que son témoignage risque d'alimenter des enquêtes policières à son endroit. Il est débouté un tribunal de première instance le , puis par la Cour d'appel du Québec le . Il fait ensuite appel, mais la Cour suprême du Canada refuse de l'entendre[27].

En , il témoigne devant la commission, mais demande une ordonnance de non-publication[31].

Vie privée

En 1987, son beau-frère et ancien associé Mario Taddeo a été tué par un assassin[3]. Le , son fils James a péri dans un accident de voiture dans les Laurentides. Le conducteur du véhicule dans lequel il prenait place a été accusé de conduite dangereuse[32].

Notes et références

  1. Kathleen Lévesque et Daphné Cameron, « La touche Accurso », La Presse (Montréal), 30 août 2014
  2. Denise Bombardier, « Déjeuner avec Tony Accurso », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
  3. Kathleen Lévesque, « Qui est Tony Accurso? », Le Devoir, (lire en ligne)
  4. « Des racines profondes », sur La Presse,
  5. (en) « 2004 Sports Hall of Fame Inductees - Anthony Accurso '70 », sur www.nyma.org, New York Military Academy,
  6. « Site officiel de la compagnie », sur cllsbc.com, Simard-Beaudry Construction,
  7. (en) « Construction and Engineering - Simard-Beaudry Construction Inc. », sur investing.businessweek.com, Bloomberg Businessweek,
  8. André Noël, « Tony Accurso, figure de proue de la construction », sur www.cyberpresse.ca, La Presse,
  9. Tommy Chouinard, « Le ministre Whissel avoue avoir rencontré Accurso », La Presse, (lire en ligne).
  10. Alain Gravel, « Des fréquentations surprenantes », sur www.radio-canada.ca, Société Radio-Canada, (consulté le )
  11. Kathleen Lévesque et Alec Castonguay, « Fraude avouée, chantiers paralysés ? », Le Devoir,
  12. « La chute du roi de la construction », sur La Presse,
  13. Radio-Canada.ca, « Zampino sur le yacht d'Accurso », sur www.radio-canada.ca, Société Radio-Canada, (consulté le )
  14. Catherine Handfield, « Zampino a bien voyagé sur le yacht d'Accurso », La Presse, (lire en ligne).
  15. Fabrice de Pierrebourg, « Mystérieuse rencontre «privée» entre Tony Accurso et Benoît Labonté », sur exRueFrontenac.com, (consulté le ).
  16. Éric Clément, « Tony Accurso aurait financé Benoît Labonté », La Presse, (lire en ligne).
  17. Jennifer Guthrie, « Benoit Labonté sort de l’ombre et règle ses comptes », Métro Montréal, (lire en ligne).
  18. Marie-Maude Denis, « Industrie de la construction - Les voisins de Saint-Léonard », sur www.radio-canada.ca, Société Radio-Canada,
  19. Alain Gravel et Marie-Maude Denis, « Le fonds sous influence », Société Radio-Canada,
  20. Radio-Canada et La Presse canadienne, « Émission Enquête - Accurso poursuit Radio-Canada », sur www.radio-canada.ca,
  21. David Santerre, « Les aveux discrets de Tony Accurso », sur exruefrontenac.com, Rue Frontenac,
  22. Agence QMI, « Accurso met en demeure Radio-Canada », sur lejournaldequebec.canoe.ca, Quebecor Media,
  23. TVA Nouvelles, « Médias : Accurso met en demeure Radio-Canada », sur lcn.canoe.ca, Quebecor Media,
  24. Christian Latreille, « 14 arrestations, dont Tony Accurso, dans une vaste opération de l'UPAC », Société Radio-Canada,
  25. « Tony Accurso arrêté de nouveau », sur canada.ca, Radio-Canada, (consulté le ).
  26. Fabrice de Pierrebourg, « UPAC: Gilles Vaillancourt et Tony Accurso sont arrêtés », La Presse,
  27. « La Cour suprême refuse d'entendre Tony Accurso », sur Radio-Canada,
  28. https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/tony-accurso-sentence-1.4734650
  29. Le Journal de Montréal. Carl Marchand. « Corruption à l’Agence du revenu du Canada: Tony Accurso libéré des accusations ». En ligne. Page consultée le 2022-03-27.
  30. Le Journal de Montréal. « Tony Accurso devra passer quatre ans au pénitencier ». En ligne. Page consultée le 2022-05-28
  31. « Les médias contesteront la requête de non-publication d'Accurso », sur La Presse,
  32. Presse canadienne, « Le fils de Tony Accurso, James, est mort vendredi dans un accident de la route », L'Actualité, (lire en ligne)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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