Traité de Koutchouk-Kaïnardji

Le traité de Koutchouk-Kaïnardji (dit aussi Kutchuk-Kaïnardji[1] ou Küçük Kaynarca), conclu entre la Russie et l’Empire ottoman le , met fin à la guerre russo-turque de 1768-1774 qui vit les hospodars phanariotes et la noblesse des principautés danubiennes de Moldavie et Valachie, tributaires de la « Sublime Porte », prendre le parti russe, les populations d’une partie de la Grèce se soulever, et l’expédition des frères Orloff s’y joindre.

Traité de Koutchouk-Kaïnardji
Modifications territoriales issues du traité : en rose la Russie, en jaune le Khanat de Crimée, en vert l'Empire ottoman (États chrétiens vassaux en vert pâle).
Type de traité traité commercial (en) et traité de paix
Langues italien, russe et turc ottoman
Signé 10 juillet 1774 ( dans le calendrier grégorien)
Koutchouk-Kaïnardji
Parties
Parties Empire russe Empire ottoman
Signataires Piotr Alexandrovitch Roumiantsev Muhsinzade Mehmed Paşa (tr)

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Causes

Ce traité de paix est l’un des plus défavorables signés par les Ottomans. Il fut signé à Koutchouk-Kaïnardji (« petite source chaude », en turc), aujourd'hui Kaïnardja, dans le Nord-Est de la Bulgarie.

Le traité accorde l’indépendance au khanat de Crimée qui ne tarde pas à passer sous contrôle russe et où le sultan ne conserve qu’une primauté religieuse sur les populations musulmanes (en majorité tatares). Les navires marchands battant pavillon russe obtiennent la libre circulation à travers les détroits des Dardanelles et du Bosphore et dans tous les ports ottomans du Levant. Les Russes s’emparent de plusieurs places fortes ottomanes, dont Azov. L’Empire ottoman reconnaît aussi le partage de la Pologne.

En outre, ce traité transforme la vassalité des Moldaves et des Valaques envers la « Sublime Porte » en une sorte de condominium russo-turc, le Tsar devenant protecteur des hospodars et de l’Église roumaine, le Sultan demeurant le destinataire du tribut versé par ces principautés danubiennes.

Enfin, la Russie est reconnue protectrice de tous les orthodoxes de l’Empire ottoman (sans que le patriarche orthodoxe de Constantinople ait été consulté). Les îles grecques qui étaient passées sous contrôle russe pendant le conflit redeviennent ottomanes, mais sont exonérées d'impôts.

Suites

Ce traité donne un cadre juridique à l’action de l’Empire russe dans les Balkans sous des motifs religieux, ouvrant la voie aux prémices du panslavisme, au mouvement d’émancipation roumain et grec, ainsi qu’à la renaissance culturelle grecque, bulgare et roumaine. Il représente une étape importante de l’affaiblissement de l’Empire ottoman, commencé en 1699 avec le traité de Karlowitz, et qui s’effondrera en 1923 avec l’abolition du Sultanat et son remplacement par la République turque.

Un certain nombre de marchands et armateurs grecs (d’Hydra par exemple) se placent sous protectorat russe et font battre pavillon russe à leurs navires. Ils commencent ainsi à faire fortune et préparent, sur les plans financier et naval, la renaissance culturelle grecque et la guerre d’indépendance grecque.

Selon Yves Ternon[2], les articles 7 et 16 du traité « ouvrent un chapitre nouveau du droit des gens : ils consacrent le droit d’ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain, sous prétexte humanitaire ».

Voir aussi

Notes

  1. François-Xavier Nérard et Marie-Pierre Rey, Atlas historique de la Russie, D'Ivan III à Vladimir Poutine, Éditions Autrement, 2019, p. 46
  2. Yves Termon, L’Empire ottoman : le déclin, la chute, l'effacement, Paris, Kiron, Éd. du Félin - éd. Michel de Maule, coll. « Histoire et sociétés », 2002 (ISBN 2866454251).
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