Traité de paix sino-tibétain de 822

Le traité de paix sino-tibétain de 822 (également connu sous le nom de Traité de Lhassa[1]) est un traité de paix signé entre Tri Ralpachen de la dynastie Yarlung, surnommé « le chevelu », Empereur de l'Empire du Tibet (629 – 877), et l'Empereur Tang Muzong de la Dynastie Tang de Chine en 822.

Pour les articles homonymes, voir Traité sino-tibétain et Traité de Lhassa.

Traité de paix sino-tibétain de 822
Présentation
Titre Traité de paix sino-tibétain de 822.
Pays Empire Tang
Empire du Tibet
Territoire d'application Empire du Tibet Empire Tang
Type Traité
Adoption et entrée en vigueur
Signature 822

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Il fait suite à un premier accord de paix signé par l'empereur Tang Dezong avec l'Empire du Tibet en 783, qui sera ensuite outrepassé par l'Empire tibétain.

Historique

L’empire tibétain et certains Empires voisins au VIIe siècle
  • Empire tibétain (Royaume de Tubo)
  • Chine des Tang
  • Territoires turcs orientaux disputés entre plusieurs peuples, sous contrôle chinois de 630 à 682
  • Territoires turcs occidentaux disputés entre plusieurs peuples, sous contrôle chinois de 642 à 665

Contexte

Sous le règne de l'Empereur du Tibet, Trisong Detsen (740-797), les forces tibétaines ont occupé pendant 15 jours la capitale de la dynastie Tang Chang'an et mirent en place un nouvel empereur fantoche, elles ont été expulsées après avoir mise à sac la capitale chinoise.

Origine du conflit

Le règne de Tri Ralpachen fut caractérisé par des conflits avec le Khanat ouïghour (744 – 848) au Nord. Les conflits entre le Tibet et la Chine ont pour enjeu le contrôle des routes de la soie[2] et du bassin du Tarim, au nord des territoires tibétains, et l’accès à l’Asie centrale. Pour contrer la puissance du Tibet, la Chine doit faire alliance avec les puissances musulmanes qui chassent le Bouddhisme du nord de l’Inde et du bassin du Gange, son aire d’origine[3]. Les Tibétains attaquèrent le territoire ouïghour en 816 et furent à leur tour attaqués en 821. Après une incursion tibétaine limitée en territoire chinois, les Chinois promirent des alliances matrimoniales aux dirigeants Ouïghours et Tibétains.

Traité de paix

Le Doring ou stèle devant la porte principale du Temple de Jokhang à Lhassa, 2006

Ces mariages, ainsi qu'un traité de paix sino-tibétain, furent finalisés en 822. Le traité fut signé entre l’empereur du Tibet, Tri Rélpatchèn et l’empereur chinois Tang Muzong (820-824) de la dynastie Tang. Le traité permit de stabiliser les relations politiques, militaires et commerciales entre le Tibet et la Chine. Ainsi le traité délimita la frontière entre les deux royaumes et la Chine reconnaît l'occupation du Gansu par les Tibétains[4].

En 823, une stèle connue sous le nom de « Tablette de pierre de l’Unité du long Terme » fut érigée devant la porte principale du Temple de Jokhang à Lhassa et dont il existerait 2 autres copies, l'une dans la capitale de la Chine à Chang'an à la porte de l'empereur, et l'autre à la frontière tibéto-chinoise sur le Mont Meru [5]. Y sont inscrits les termes du traité d'alliance.

La paix fut ainsi assurée pour presque vingt ans[6].

Le traité servira de base aux relations entre le Tibet et la Chine jusqu'à la Conquête du Tibet par les Mongols, puis du royaume de la Dynastie Song du Sud au moment de fonder la dynastie Yuan, au XIIIe siècle.

Extraits

Le traité prévoit et garantit l'indépendance des deux nations signataires.

«  Le Tibet et la Chine garderont les frontières qu'ils possèdent actuellement. Tout à l'est est le pays de la grande Chine, tout à l'ouest est le pays du grand Tibet. Désormais, de part et d'autre, il n'y aura ni hostilité, ni guerre, ni prise de territoire[7],[8],[9]. »

« Cet accord solennel ouvre une grande époque, où les Tibétains seront heureux chez eux, et les Chinois, sur la terre de Chine. »

Notes et références

  1. http://www.kingship.indologie.uni-muenchen.de/_assets/articles/dotson2009zhangdbon.pdf
  2. Xi'an est l'extrémité est de la route de la soie. En 763, les cavaliers de Trisong Detsen, roi du Tibet, occupent Xi'an pendant 15 jours. L'empereur chinois Daizong de la dynastie Tang s'étant enfui, les Tibétains nommèrent un nouvel empereur et mettent à sac la ville.
  3. Source : Jean-Sylvestre Mongrenier (chercheur à l’Institut Français de Géopolitique (Paris VIII) et chercheur associé à l’Institut Thomas More)
  4. Source : Histoire de la Chine de Jean Dif
  5. Tibet : Histoire
  6. Beckwith, Christopher I. The Tibetan Empire in Central Asia. A History of the Struggle for Great Power among Tibetans, Turks, Arabs, and Chinese during the Early Middle Ages, 1987, Princeton: Princeton University Press. (ISBN 0-691-02469-3),: 165-167
  7. Document d'évaluation du patrimoine mondial, UNESCO, 1994
  8. Tibet - les chevaux du vent, Jérôme Édou, René Vernadet, L'Asiathèque, 2007, p. 44 (ISBN 978-2-91-525548-5)
  9. On en trouvera le texte intégral ici


Annexes

Bibliographie

  • Dalaï Lama, Au loin la liberté, Livre de poche 1993 (ISBN 225306498X) (Le texte du traité y est reproduit)
  • Ancient Tibet: Research Materials from the Yeshe De Project. (1986). Dharma Publishing. Berkeley, California. (ISBN 0-89800-146-3).
  • Christopher I. Beckwith (1987). The Tibetan Empire in Central Asia. Princeton University Press. Princeton, New Jersey. (ISBN 0-691-02469-3).
  • Hugh E. Richardson (1984) Tibet & Its History. 1st edition 1962. Second Edition, Revised and Updated. Shambhala Publications. Boston (ISBN 0-87773-376-7).
  • Hugh E. Richardson (1985). A Corpus of Early Tibetan Inscriptions. Royal Asiatic Society. (ISBN 0947593004).
  • David Snellgrove & Hugh E. Richardson. (1995). A Cultural History of Tibet. 1st edition 1968. 1995 edition with new material. Shambhala. Boston & London. (ISBN 1-57062102-0).

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