Traitement de l'information
Le traitement de l'information est le processus de changement de l'information de toute manière détectable par un observateur. Comme tel, c'est un processus qui décrit toutes les choses qui arrivent (changement) dans l'univers, depuis la chute d'une pierre (un changement de position) jusqu'à l'impression d'un texte à partir d'un système informatique numérique. Dans ce dernier cas, un système de traitement de l'information (ordinateur) change la forme de la présentation de ce fichier texte. Le traitement de l'information peut plus spécifiquement être défini en termes par Claude E. Shannon comme la conversion d'information latente en information manifeste. L'information latente et manifeste est définie à travers les termes d'« équivocation » (incertitude résiduelle, quelle valeur a choisi l'émetteur), la dissipation (incertitude de l'émetteur sur ce que le récepteur a effectivement reçu) et transformation (effort économisé dans le questionnement - équivocation moins dissipation).
En psychologie cognitive, le traitement de l'information est une approche permettant de comprendre la pensée humaine. Elle apparut dans les années 1940 et 1950 aux États-Unis avec l'apparition de la cybernétique. L'essence de l'approche est de considérer la cognition comme étant essentiellement informatique par nature, avec l’esprit jouant le rôle de logiciel et le cerveau celui de matériel. L'approche du traitement de l'information en psychologie est étroitement associée au cognitivisme en psychologie et au fonctionnalisme en philosophie, bien que les termes ne soient pas tout à fait synonymes. Le traitement de l'information peut être séquentiel ou parallèle, les deux pouvant être soit centralisés ou décentralisés (distribués).
Le traitement distribué parallèle, dans le milieu des années 1980, fut popularisé sous le nom de connexionisme. Dès le début des années 1950, Friedrich Hayek formula l'idée d'un ordre spontané dans le cerveau trouvant son origine dans des unités simples de réseaux décentralisés (neurones). Cependant, il est rarement cité dans la littérature du connexionisme.
Typologie
Il y a deux grands groupes d‘informations : le premier comprend les informations additionnelles, comme celles des systèmes mécaniques, représentant la famille des systèmes non-vivants ; le second englobe les informations non additionnelles, représentant les systèmes vivants. Cette catégorisation a été notamment traitée par Francisco Varela (1977).
Le premier groupe d’informations déboucha sur la cybernétique ; « le rassemblement de disciplines (mathématiques, électronique, mécanique) permis de créer la cybernétique dont le but était d’expliquer à l’aide des mathématiques, les phénomènes qui mettent en jeu les mécanismes du traitement de l‘information » [1].
Quant au second groupe, ayant une architecture par mutation organisationnelle, il n’a pas de système mathématique précis de formalisation, il est plus particulièrement associé à la communication. Le monde de la communication est aussi celui du multimédia, le multimédia étant le monde de ceux qui sont chargés de traiter l’information et de la diffuser[2].
Traitement de l’information en psychologie :
En psychologie cognitive :
Le traitement de l’information se définit comme étant le processus par lequel l’information perçue est analysée et intégrée dans la structure de connaissances de la personne.
Il est analysé selon deux dimensions :
- Le mode de traitement :
c'est le processus par lequel « L’information sensorielle est représentée dans la mémoire de travail de l’individu »
- Le niveau d'élaboration
Les processus cognitifs sont les différents modes à travers lesquels un système traite l'information en y répondant par une action.
Deux types de systèmes capables de réaliser des processus cognitifs peuvent se distinguer :
Les systèmes naturels : un neurone, un réseau de neurones, un cerveau (humain ou animal), un groupe d'individus (poissons, fourmis), etc.
Les systèmes artificiels : réseau de neurones artificiels, système expert, etc.
Le traitement de l’information et la mémoire :
L’intelligence , le traitement de l'information et la mémoire sont liées. On trouve 2 types d’intelligence, fluide et cristallisée. Selon le type d’intelligence, on parle de différentes fonctions de mémoire : s’adapter à des situations nouvelles (Intelligence fluide) ou récupérer nos savoirs (intelligence cristallisée)
Tulving (1995) : Les systèmes de mémoire
Mémoire épisodique (souvenirs )
Mémoire de travail (conserver et traiter les choses à court terme)
Mémoire sémantique (mots, connaissances sémantiques)
Système perceptif de représentation (se représenter mentalement les perceptions)
Mémoire procédurale (habitudes et savoir-faire)
La Mémoire à court Terme est l’interface entre le Registre Information Sensoriel et la Mémoire à long terme
La Mémoire de travail :
• A) La mémoire visuo-spatiale
• Ou Calepin Visuo-Spatial (C.VS)
• Elle stocke temporairement l'information visuo-spatiale mais aussi verbale en la transformant en image mentale. Cette mémoire manipule les images mentales.
• B) la boucle phonologique
C'est l'espace où sont stockées temporairement les informations verbales
• C) Le Système Exécutif Central (SEC)
Il intègre, gère et régule les informations provenant de la boucle phonologique, de la mémoire visuo-spatiale, de la Mémoire Court terme.
Le SEC a une capacité limitée de traitement.
Il joue également un rôle décisif dans l'attention, la planification, la coordination du comportement. Il fonctionne comme un superviseur qui décide, en sélectionnant les aspects qui méritent l'attention et ceux devant être ignorés.
Les Fonctions Exécutives :
Sont un ensemble d'opérations mentales nécessaires à l'exécution et au contrôle d'un comportement finalisé.
On les utilise lorsque l'on traite de l'information lors de situations nouvelles ou complexes.
Les fonctions exécutives ont un impact majeur sur le quotidien car elles médiatisent les autres (gestion des autres fonctions cognitives) donc une perturbation sur ces fonctions risque de perturber le reste.
- focaliser son attention
- diviser l'attention
- inhiber certaines actions ou informations
- mettre à jour certaines actions ou informations
- alterner une tâche pour passer à une autre
- planifier
- récupérer des infos en MLT
Les 3 étapes de la mémoire :
L’ENCODAGE :
L'encodage est la capacité d'acquérir de nouvelles informations en provenance de nos sens : la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat et le goût.
Ces informations sensorielles sont alors traitées pour être mises en mémoire, c'est l'encodage.
LE STOCKAGE :
Une fois l'information mise en mémoire, il faut pouvoir la stocker, la faire durer dans le temps.
Le stockage est le maintien dans le temps des informations apprises.
LE RAPPEL
Le rappel ou "la récupération" réfère au processus qui permet à une information d'être extraite de la mémoire. C'est la capacité de restituer une information préalablement apprise.
Le rôle de l'organisation des informations dans le traitement de l’information :
Plus les informations sont structurées, organisées, plus on les mémorise facilement.
Si elles ne sont pas organisées, mais organisables, on va procéder à leur organisation pendant qu'on apprend mais aussi pendant qu'on rappelle.
Expérience de Bousfield (1953)
Profondeur de traitement :
La qualité de la mémoire dépend du niveau auquel on a traité les informations à l'encodage.
Différents niveaux possibles de traitement de l'information : niveau superficiel (structural)/niveau lexical (phonologique)/ niveau profond (sémantique).
Plus le traitement est profond, plus la trace mnésique est importante.
La mise en œuvre de la théorie des niveaux de traitement implique de susciter des traitements plus ou moins profonds à l'encodage, au moyen de tâches d'orientation.
Traitement superficiel : dire si la première et la dernière lettre sont dans l'ordre alphabétique
Traitement phonologique : dire si le mot rime avec un autre mot
Traitement profond : tâche active le sens ou la signification du mot. Dire si le mot appartient à une catégorie
La théorie de la profondeur de traitement date de 1972 par Craik et Lockhart.
L’effet de référence à soi :
"self-reference effect" : les informations verbales ou visuelles encodées en référence à soi sont les mieux rappelées que des informations en référence à autrui ou informations encodées de manière sémantique.
Pour provoquer un encodage en référence à soi, on donne une tâche d'orientation comme "est-ce que ces adjectifs vous correspondent ?". " pour chaque mot, évoquez un souvenir personnel en rapport avec ce mot"
"self-reference effect (Rogers, Kuiper, & Kirker, 1977)
Bibliographie
- Françoise Raynal et Alain Rieunier, Pédagogie : dictionnaire des concepts clés. Apprentissages, formation, psychologie cognitive. ESF, 2007
- Siegfried Lehri et Bernd Fischer, « A Basic Information Psychological Parameter (BIP) for the Reconstruction of Concepts of Intelligence », European Journal of Personality, 4, 259-286, 1990 Eprint
- Allen Newell, Unified Theories of Cognition, Harvard University Press, Cambridge, MA, 1990
- Jacques Pitrat, "La naissance de l’intelligence artificielle", in La recherche en intelligence artificielle. Seuil, 1987
- Philip N. Johnson-Laird, L'ordinateur et l'esprit, Odile Jacob, 1986
- Lindsay Norman, Traitement de l'information et comportement humain. Une introduction a la psychologie, Vigot, 1980
- Francisco J. Varela, Invitation aux sciences cognitives. Seuil, 1977
- Expérience de Bousfield (1953)
- La théorie de la profondeur de traitement date de 1972 par Craik et Lockhart
- "self-reference effect (Rogers, Kuiper, & Kirker, 1977)
- Tulving (1995) : Les systèmes de mémoire
Notes et références
- Jacques Pitrat, "La naissance de l’intelligence artificielle", in La recherche en intelligence artificielle. Seuil, 1987 (p. 30).
- Françoise Raynal et Alain Rieunier, Pédagogie : dictionnaire des concepts clés. Apprentissages, formation, psychologie cognitive. ESF, 2007
Articles connexes
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