Troisième Période intermédiaire

La Troisième Période intermédiaire (v. 1069--664 AEC[1]) est la troisième transition qui relie les deux grandes époques du Nouvel Empire et de la Basse époque, dernier chapitre de l'histoire de l'Égypte pharaonique.

Troisième Période intermédiaire

-1069–-664

Des factions politiques ont fracturé l'ancienne Égypte durant la troisième période intermédiaire. Les limites ci-dessus montrent la situation politique au milieu du VIIIe siècle avant notre ère.
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale
Langue(s) Égyptien ancien
Religion Religion de l'Égypte antique
Chef de gouvernement Chronologie détaillée des pharaons de l'Égypte antique
Histoire et événements
-1069 Établit
-664 Dissolution
Pharaon

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Entités suivantes :

Aujourd'hui, partie de :
Égypte

Elle couvre une période de près de trois siècles depuis le XIe siècle jusqu'au VIIe siècle et est dominée par des dynasties issues de peuplades libyennes installées dans le delta du Nil et en Moyenne-Égypte notamment, tandis que la Haute-Égypte glisse peu à peu de l'emprise des prêtres d'Amon à l'influence de plus en plus importantes du royaume de Napata.

Parmi les personnages illustres de cette époque, on peut citer :

Dynasties de la IIIe période intermédiaire

XXIe dynastie

La XXIe dynastie dite Tanite en raison de sa capitale sise à Tanis dans le delta oriental du Nil. En parallèle une dynastie de grands prêtres d'Amon règne sur la Haute-Égypte depuis Assouan jusqu'à Teudjoï en Moyenne-Égypte, tandis que des dissensions internes au clergé se font de plus en plus fortes.

À la fin de la XXe dynastie, Ramsès XI a perdu tout pouvoir et le pays se divise : à partir de -1080 environ, Hérihor, grand prêtre d'Amon à Thèbes, devient une sorte de pseudo-pharaon, à Thèbes alors que Ramsès XI dirige le nord du pays. À sa mort, Smendès, un inconnu, peut-être apparenté à Hérihor, fonde la XXIe dynastie, qui ne règne que sur la Basse-Égypte, il installe sa capitale dans le Nord-Est du delta du Nil, à Tanis. Le clergé d'Amon continue de régner sur la Thébaïde, dans une vassalité toute théorique à l'égard du pharaon. Ainsi se déroule la dynastie. À noter Psousennès Ier, est le seul pharaon dont la tombe a été découverte totalement inviolée.

Durant cette période, la monarchie tente de se maintenir au Nord malgré la perte de ses possessions au Levant à la fin du Nouvel Empire. Ainsi l'histoire d'Ounamon, et notamment le passage relatant la réticence du roi de Byblos à fournir des marchandises pour le temps d'Amon, témoigne de la perte de poids politique des pharaons dans la région à cette époque. Cette perte de poids politique se conjugue à une perte d'importance économique, due entre autres à la perte de l'accès aux mines d'or de Basse-Nubie et à l'essor progressif de l'argent dans les échanges commerciaux de la Méditerranée orientale, et pour lequel l'Égypte ne bénéficie pas de gisements exploitables[2].

XXIIe dynastie

La XXIIe dynastie dite Bubastide en raison de sa ville d'origine Bubastis ; la capitale reste à Tanis, et cette dynastie à ses débuts parvient à reformer l'unité des Deux Terres. Pendant ce XIe siècle, des tribus libyennes, les « Mâchaouach », s'infiltrent en Égypte et forment des chefferies dans l'ouest du delta. Vers -950, un pharaon d'origine libyenne, Sheshonq Ier, monte sur le trône de Tanis après avoir épousé la fille du dernier pharaon de la XXIe dynastie. Il fonde ce qu'on appellera la XXIIe dynastie, dite dynastie libyenne. Une partie du clergé d'Amon se réfugie alors en Haute Nubie, plus précisément à Napata. Parmi les pharaons de cette dynastie, on citera Osorkon II, connu en particulier par la « triade » qui figure au musée du Louvre.

Afin de restaurer le pouvoir royal sur l'ensemble de l'Égypte, Sheshonq Ier opte pour une stratégie népotiste : des membres de la famille royale sont placés à la tête des principales villes et institutions religieuses afin de relayer localement l'autorité de la Couronne. Pour ce faire le pharaon procède en prodiguant de larges dons au institutions visées en échange de la nomination d'un membre de la famille royale à sa tête. Lorsque ce n'est pas possible comme dans le cas du temple d'Amon à Thèbes, riche de ses nombreuses propriétés foncières, le pouvoir royal profite des divisions internes en offrant son soutien à une faction désavantagée, les prophètes d'Amon opposés aux prêtres purs en l'occurrence, en échange de la prise de contrôle ultérieure du temple. Si cette stratégie est efficace comme en témoigne la longévité de certains règnes comme celui de Sheshonq III, elle est cependant coûteuse car il ne faut pas créer de rancœurs au sein de la famille, et donc offrir des « lots de consolation » à ses membres qui ne reçoivent pas de charges. Pour y remédier le pouvoir royal cherche à tirer le plus de profits possible des terres agricoles et des exportations, mais il va également lancer plusieurs campagnes militaires en Judée et en Palestine qui n'aboutiront qu'à des succès sans lendemain. Finalement avec l'augmentation de la taille de la famille royale et la dispersion de son pouvoir entre tous ses membres, on observe un morcellement du royaume[3].

XXIIIe dynastie

La XXIIIe dynastie règne en parallèle avec la fin de la dynastie précédente et voit l'éclatement du territoire en plusieurs royaumes indépendants ; on parle parfois d'anarchie libyenne car si ses pharaons sont apparentés ils forment un ensemble hétéroclite. Bien que dépourvue d'unité politique, la période n'est pas le théâtre de conflits permanents. Qualifier cette période d'anarchie résulte d'un préjugé contemporain contre le morcellement politique plus que de la réalité historique de l'époque[3]. Vers -818, un autre pharaon libyen fonde la XXIIIe dynastie, et installe sa capitale à Bubastis, également située dans la partie est du delta. Ainsi deux pouvoirs se partagent le delta ; ils s'ajoutent au pouvoir thébain, au sud et à celui de Napata, en Haute Nubie. Osorkon III (XXIIIe dynastie) essaie d'affaiblir le pouvoir du grand prêtre en confiant la charge de « divine adoratrice d'Amon » (voir Place de la femme en Égypte) à une princesse de sang royal, pour réconcilier sa dynastie et le clergé : ce sera en vain.

XXIVe dynastie

La XXIVe dynastie, dite Saïte en raison de sa ville d'origine Saïs dans le delta occidental du Nil. Concurrent des roitelets de la XXIIIe dynastie le prince de Saïs, Tefnakht, sera le seul à véritablement s'opposer à l'invasion des soudanais qui ouvrent la Basse époque avec la XXVe dynastie.

Venant du sud cette fois, Piânkhy, nubien et roi de Napata, conquiert la Haute-Égypte et cherche à s'emparer du delta pour achever la réunification : c'est aussi un échec. À cette époque cohabitent les XXIVe dynastie « libyenne », dans le delta et la XXVe dynastie « kouchite » dans le sud. Ces guerres intestines, affaiblissent profondément l'Égypte. La dynastie koushite parviendra à conquérir l'ensemble du territoire mais les Assyriens en profitent pour étendre leur empire au Proche-Orient et en -667, Assurbanipal impose sa suzeraineté aux roitelets égyptiens. Cela marque le début d'une longue série d'invasions qui se poursuivront, après la fin de la « Troisième Période intermédiaire », tout au long de la Basse époque.

XXVe dynastie

Le morcellement politique progressif de l'Égypte à la fin de la Troisième Période intermédiaire se produit parallèlement à l'essor de la Nubie napatéenne. Ce pouvoir est en grande partie dû aux ressources disponibles sur son territoire (or, cuivre, produits de l'agriculture) et son contrôle d'une partie des routes commerciales reliant la péninsule arabique à la Méditerranée en évitant les taxes pratiquées à Gaza. Celle-ci conquiert rapidement l'Égypte et s'y maintient près d'un siècle, c'est la XXVe dynastie égyptienne. Son apogée est atteint avec le Double Royaume de Taharqa (r. 690 - 665 AEC), uni par le Nil. Sa puissance grandissante et ses tentatives d'expansion au Levant, contrôlé par les Assyriens, conduit cependant à plusieurs guerres contre ces derniers.

À l'issue de la dernière guerre, Assurbanipal rend indépendants de nombreux gouverneurs locaux dans le delta du Nil, pille la ville de Thèbes (664) en Haute-Égypte et refoule les Napatéens en amont de la première cataracte avant de se retirer définitivement. La Nubie retrouve alors ses frontières d'avant la conquête, au cœur de l'actuel Soudan, le pillage de Thèbes la privant de toute assise sur le chemin de la mer Méditerranée, pendant que la Basse-Égypte cesse d'être une menace pour le Proche-Orient assyrien. Assurbanipal couronne un potentat du Delta, Psammétique Ier, roi de Saïs, et surtout de Memphis[4].

Art de la Troisième Période intermédiaire

Notes et références

  1. Dimitri Meeks, Les Égyptiens et leurs mythes : Appréhender un polythéisme, Hazan et Louvre éditions, coll. « La chaire du Louvre », , 271 p., 20 cm (ISBN 978-2-7541-14820), p. 20
  2. Agut et Morena-Garcia, 2016, chapitre 10, « Tanis et les limites de la stratégie méditerranéenne (1069-945) ».
  3. Damien Agut et Juan Carlos Moreno-Garcia, L'Égypte des pharaons - De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », (ISBN 978-2-7011-6491-5), chap. 11 (« Sheshonq et ses fils : la période dite "libyenne" (945-751). »)
  4. Agut et Morena-Garcia, 2016, chapitre 12, « L'Égypte prise en étau : entre Napata et Assur (751-664) ».
  5. Lili Aït-Kaci, « Statue du dieu Horus », sur Louvre (consulté le ).

Bibliographie

  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », (ISBN 2701164915)
  • Frédéric Payraudeau, L’Égypte et la vallée du Nil : Tome 3 : Les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), PUF, coll. « Nouvelles CLIO », , 624 p., 15,1 cm × 21,8 cm × 3,3 cm (ISBN 978-2-13-059136-8)

Articles connexes

  • Portail de l’Égypte antique
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