Judée
La Judée (de l'hébreu יהודה, Yehudah au travers du latin Iudaea, ou Judaea, en arabe يهودا ) est le nom historique et biblique d'une région montagneuse qui correspond aujourd'hui à une partie de la Palestine et du sud d'Israël. Elle est une partie de la Cisjordanie. Son nom vient de la Tribu de Juda dont elle constituait le territoire. Dans l'Antiquité, c'était une région plutôt reculée au relief escarpé. La Judée a été le centre de plusieurs royaumes et provinces antiques : le royaume de Juda à l'âge du fer, la province perse de Yehoud Medinata, les dynasties des Hasmonéens et des Hérodiens, puis la province romaine de Iudaea.
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Judée | |
La vallée d'Elah dans la Shephelah de Judée | |
Pays | Palestine, Israël |
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Villes principales | Jérusalem, Bethléem, Hébron, Jéricho |
Coordonnées | 31° 41′ 56″ nord, 35° 18′ 23″ est |
Géologie | roches crayeuses qui recouvrent une couche calcaire |
Relief | Monts de Judée, Désert de Judée, Shéphélah |
Cours d'eau | Jourdain |
Situation de la Judée parmi les régions antiques d'Israël et de Palestine | |
Nom
Le territoire de la Judée (en hébreu, Yéhouda יהודה) est aussi traduit en français par Juda, nom de l'un des deux royaumes de l'Israël antique à l'âge du fer.
Dans le Nouveau Testament, le nom « Judée » a deux sens :
- le territoire de l'ancien royaume de Juda ;
- l'ensemble de la Terre d'Israël, appelée « Palestine » après Hadrien par les Romains, au IIe siècle.
En 135, l'empereur Hadrien changea le nom de la province de Judée en Syria Palaestina (« Syrie-Palestine »).
Le nom « Judée » (en hébreu, Yéhouda יהודה) a donné les mots « Juif » (Yéhoudi יהודי en hébreu, Yahoud en arabe, Jew en anglais, Jude en allemand, Judío en espagnol), « judaïsme » (en hébreu, Yahdout יהדות, Judaism en anglais, Judaismus en allemand, Judaísmo en espagnol, etc.) et « judéité ».
Acception moderne du terme
Les termes de « Judée » et « Samarie » et « Judée et Samarie » (יהודה ושומרון) sont aujourd'hui utilisés par le gouvernement israélien pour désigner en hébreu la Cisjordanie, en souvenir de l'appellation ancienne de ces territoires.
L'Organisation des Nations unies les a utilisés en 1948 pour se référer à une partie du sud des actuels Cisjordanie et Israël[1].
Symbole
Le palmier dattier de Judée est un symbole reconnu du Royaume de Juda. Il poussait autour de la mer Morte dans le sud, jusqu'aux régions du lac de Tibériade et de la vallée de la Houla vers le nord.
Il figure sur plusieurs pièces de monnaie antique de la région et également sur un billet de 20 shekels israéliens.
Géographie
La Judée est délimitée au nord par la Samarie, au sud par le Néguev, à l'ouest par la plaine côtière et à l'est par la vallée du Jourdain. C'est une région aride et montagneuse. L'altitude maximale se trouve sur le Mont Hébron à 1 020 mètres, l'altitude minimale se trouve à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer, au bord de la mer Morte.
La Judée se divise en trois sous-régions[2] :
- la Shephelah de Judée à l'ouest, est une région fertile, caractérisée par des collines peu élevées et des vallées ;
- les monts de Judée au centre appartiennent à la chaine montagneuse qui longe la rive ouest du Jourdain ;
- le désert de Judée à l'est, jusqu'à la mer Morte.
Les limites de la Judée ayant évolué au cours de l'histoire, la plaine côtière située entre Tel Aviv-Jaffa au nord et Ashkelon au sud peut aussi être considérée comme faisant partie de la Judée. C'est pourquoi les établissements juifs qui s'y sont développés à partir du XIXe siècle portaient le nom de moshavot de Juda.
Les monts de Judée eux-mêmes peuvent se diviser entre trois zones, avec du nord au sud :
- les monts de Béthel, avec au centre Béthel et Ramallah ;
- les monts de Jérusalem constituent la zone la moins élevée de monts de Judée, — son altitude maximale est 895 m ;
- les monts de Hébron.
La Judée est aujourd'hui divisée entre Israël et la Cisjordanie.
Histoire
Préhistoire/Protohistoire
La présence humaine dans cette région est attestée depuis l'âge de la pierre.
Les paléoanthropologues pensent que la région était sur la route des grandes migrations des Homo sapiens, il y a 100 000 ans.
L'archéologie a révélé que la ville de Jéricho existe depuis plus de 11 000 ans.
Âge du fer
L'histoire du royaume de Juda est mal connue avant le VIIIe siècle av. J.-C. Le seul événement bien attesté est l'intervention du pharaon Sheshonq Ier. À partir du Xe siècle av. J.-C., il existe vraisemblablement une entité politique dans les monts de Judée. Ses dirigeants gouvernent un petit territoire autour de Jérusalem. De petites forteresses lui permettent d'assurer son contrôle sur la région environnante. Le territoire comporte quelques hameaux. Sa population est constituée de groupes nomades ou semi-nomades[3].
L'existence du royaume de Juda est bien documentée par l'archéologie à partir du VIIIe siècle av. J.-C. Juda apparaît pour la première fois dans les sources historiques sous le règne d'Achaz. Le roi est alors vassal de l'Assyrie et il verse un tribut à Teglath-Phalasar III[4].
La chute du royaume de Judée vient en 586 av. J.-C., lorsque la Judée est envahie par les Néo-Babyloniens.
La Judée perse puis grecque
Après l'Exil des Juifs à Babylone, c'est la domination des Perses Achéménides puis des Grecs Séleucides sur la région.
- Pièce d'argent judéenne de l'époque achéménide perse (VIe au IVe siècle av. J.-C.) représentant un faucon ou un aigle. Inscription en araméen : Yehud (« Judée »).
Le royaume des Hasmonéens
La résistance des Hasmonéens (cf. Révolte des Maccabées) donna lieu un temps à un royaume indépendant, le royaume de Judée, gouverné par des ethnarques, grands-prêtres hasmonéens.
La période romaine puis byzantine
La Judée tomba ensuite sous domination romaine en 63 av. J.-C. : Hyrcan II et Aristobule, fils de la reine Alexandra, se disputant le trône, Aristobule fit appel à Pompée. Le comportement d'Aristobule déplut à Pompée, et il mit Hyrcan sur le trône à sa place. La Judée devint un État-client, indépendant de jure mais dominé de facto. Quand Pompée fut vaincu par Jules César, Hyrcan fut mis de côté et le pouvoir effectif fut donné à Antipater, l'un de ses ministres, qui gouverna jusqu'à sa mort en 44 av. J.-C. En 40, Hyrcan II fut tué et son neveu, Antigone II Mattathiah, monta sur le trône. Dernier des Hasmonéens, il fut tué en 37 av. J.-C. sur l'ordre d'Hérode (fils d'Antipater, tétrarque de Judée depuis 41 nommé par Rome), et de Marc Antoine.
En 37 av. J.-C., Hérode prit le titre de roi, il nous est connu sous le nom d'Hérode Ier le Grand. Les Romains l'appelèrent « roi, allié et ami du peuple romain » (rex socius amicusque populi Romani). À sa mort en 4 av. J.-C., il partagea son royaume entre ses enfants, parmi lesquels Hérode Archélaos, qui gouverna si mal qu'il fut déposé en l'an 6 de l'ère chrétienne par Auguste, à l'appel de sa propre population, et Hérode Antipas, époux d'Hérodiade, dont il est question dans le Nouveau Testament. Désormais, la Judée était directement sous contrôle romain : elle devient un district dépendant du gouverneur de Syrie et administré par un préfet, de l'Ordre équestre seulement à cause de la moindre importance de la province. Ponce Pilate fut l'un de ces préfets, en charge probablement de 26 à 36. En évidence du titre praefectus de Pilate, il y a une inscription en pierre découverte à Césarée. La capitale passa de Jérusalem à Césarée, bâtie sous Hérode le Grand.
La Judée regagna un peu d'autonomie entre 41 et 44, quand Hérode Agrippa reçut le titre de roi de l'empereur Claude, puis quand son fils, Hérode Agrippa II, monta sur le trône en 48. Pendant son règne eut lieu la première grande révolte de Judée, en 66–70 : elle fut matée par Titus, qui fit raser le Temple de Jérusalem. À la mort d'Hérode Agrippa II, la province revint sous contrôle romain direct. Deux révoltes eurent encore lieu :
- en 115–117, Révolte de Kitos ;
- en 132–135, Révolte de Bar Kokhba.
À la suite de cette dernière révolte qui fit subir de lourdes pertes aux armées romaines, Hadrien changea le nom de la province en « Syrie Palestine », Syria Palæstina, et Jérusalem fut rebaptisée en Ælia Capitolina, pour humilier les Juifs. Selon l'historien chrétien Eusèbe, Hadrien interdit aux Juifs d'habiter la polis ou colonia de Ælia Capitolina, bien que les Juifs aient continué d'habiter les autres parties du pays, sous son nouveau nom de Syrie Palestine. Il est erroné de croire qu'Hadrien expulsa les Juifs de toutes les parties de l'ancienne Judée. Le frère dominicain et historien Félix Abel, de l'École Biblique à Jérusalem, fait autorité sur cette période de l'histoire du pays, ainsi que l'historien israélien Michael Avi-Yonah.
Dans son Histoire romaine (rédigée en grec), XXXVII, 16 et 17[5], l'historien et consul Dion Cassius (v. 155 - ap. 235) indique à son époque, au sujet de la prise de la Judée en 63 av. J.-C. :
« ...Tels sont les événements qui se passèrent alors en Palestine : c'est l'ancien nom de la contrée qui s'étend depuis la Phénicie jusqu'à l'Égypte, le long de la mer intérieure ; mais elle en prend aussi un autre. Elle se nomme Judée et les habitants s'appellent Juifs. Je ne connais pas l'origine de ce second nom ; mais il s'applique à d'autres hommes qui ont adopté les institutions de ce peuple, quoiqu'ils lui soient étrangers. Il y a des Juifs même parmi les Romains : souvent arrêtés dans leur développement, ils se sont néanmoins accrus au point qu'ils ont obtenu la liberté de vivre d'après leurs lois... »
De 395 à 638, la région devient une province de l'Empire byzantin.
La période des sultanats musulmans
Jérusalem est conquise par les musulmans et devient la troisième "Ville Sainte" de l'Islam. Les Arabes abbassides s'y installent. Ils laissent les chrétiens faire leur pèlerinage. En 1078, les Turcs seldjoukides délogent les Arabes de Jérusalem, et bloquent le pèlerinage chrétien. Les croisades débuteront en 1095 (cf. Croisades), plusieurs royaumes chrétiens latins seront fondés dans la région, dont le Royaume de Jérusalem, ayant pour épicentre Jérusalem et la Judée. Il tombera en 1187.
Après les périodes ayyoubide (1187-1250) et mamelouke (1250-1516), débute la période ottomane, qui s'achèvera en 1917 avec la Première Guerre mondiale.
Entre-temps, pendant le XIXe siècle, des Juifs sionistes viennent s'installer dans la région, mais moins souvent en Judée.
De 1917 à 1948, la Judée fait partie de la Palestine mandataire.
Depuis 1948 : la Judée dans Israël et dans les territoires arabes
Le Plan de partage de la Palestine de 1947 prévoyait que la majeure partie de la Judée fasse partie de la Palestine. Les états arabes refusent ce partage. S'ensuit la Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire. Le 14 mai 1948, l'indépendance de l'État d'Israël est proclamée, et les états arabes déclenchent la Guerre israélo-arabe de 1948-1949. La jeune armée israélienne repousse les frontières du nouvel État et une partie de la Judée devient israélienne, l'autre jordanienne. La guerre de 1967 donne le contrôle de toute la Judée à Israël puis les accords d'Oslo de 1993 en confient l'administration d'une partie aux Palestiniens, alors que la question des implantations juives dans les territoires occupés devient très sensible.
Depuis 1995 : le contrôle de facto par Israël
Depuis les accords d'Oslo de 1993, Israël a réussi à s’octroyer de fait le contrôle administratif et militaire de plus de 80% du territoire lors de l'accord de Tabaa ou Oslo II[réf. nécessaire]. En 30 ans, le nombre de colonies israéliennes sur le territoire est allé croissant.
Notes et références
- Résolution 181 de l'ONU (Plan de Partage de la Palestine)
- Caroline Arnould-Béhar, La Palestine à l'époque romaine (ISBN 978-2-251-41036-4).
- Cf. Alexander Fantalkin, Studies in the Archaeology of Israel and the Levant during the Bronze and Iron Ages in Honour of Israel Finkelstein, éd. Bene Israel, 2008
- Grabbe 2007, p. 141
- (grk) « Dion Cassius : Histoire Romaine : livre XXXVII (texte bilingue) », sur remacle.org (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Histoire de la Judée dans une approche thématique et chronologique
- (en) Comment les Romains appelaient-ils la Terre d'Israël et quelles étaient ses frontières ?
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