Gaza

Gaza (en arabe : غزة, Ġazzah (/[ˈɣazza]) ; parfois appelée « ville de Gaza » ou « Gaza City » pour la distinguer de la bande de Gaza qui désigne la région dans son ensemble) est la ville qui donne son nom à ce territoire longiligne appelé « bande de Gaza ». Après avoir été mise sous l'autorité civile et militaire de l'Autorité palestinienne dès l'application des accords de Jéricho et Gaza de 1994 avec Israël, elle est depuis juin 2007 la ville la plus importante sous l'autorité du Hamas.

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Gaza
غزة

Vue de Gaza.
Administration
Pays Palestine
Territoire palestinien Bande de Gaza
Gouvernorat Gouvernorat de Gaza
Démographie
Gentilé Gazaoui
Population 635 514 hab. (plus de)(2015[1])
Géographie
Coordonnées 31° 31′ 00″ nord, 34° 27′ 00″ est
Altitude m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Palestine
Gaza

    La ville de Gaza compte près de 700 000 habitants[1] tandis que la population totale de la bande de Gaza dépasse 2 000 000 personnes[1], dont environ un tiers vit dans des camps de réfugiés palestiniens[2], un autre tiers étant constitué des réfugiés vivant en dehors des camps[3]. Ses habitants s'appellent les « Gazaouis ».

    Une particularité est qu'environ 60 % de la population de la ville serait constituée de personnes âgées de moins de 18 ans[4].

    Étymologie

    Le nom de Gaza découle de la racine cananéenne Ġazzā, la « forte » ou « forteresse »[5].

    Lieux remarquables

    Vue aérienne de Gaza, 2009.
    La plage de Gaza.

    Le centre-ville comporte un certain nombre de monuments importants. La mosquée Al Omari, ancienne église datant du XIIe siècle, a gardé son architecture gothique caractéristique et a été agrandie au XIIIe siècle sous les Mamelouks qui lui ont notamment ajouté un minaret. L'édifice a été gravement endommagé au cours de la Ire Guerre Mondiale, et restauré sous le Mandat britannique. Le musée de la ville occupe un édifice d'époque mamelouke et ottomane, le Qasr el-Pasha, magnifiquement restauré au début des années 2000. C'était au XVIIe siècle la résidence du gouverneur ottoman de Palestine et le général Napoléon Bonaparte y a installé son quartier général lors de son passage dans la ville en 1798.

    On trouve enfin l'église Saint-Porphyre, qui daterait du début du Ve siècle, centre de la communauté orthodoxe de la ville, dont l'état actuel paraît remonter à l'époque des croisades. Le centre-ville compte encore d'anciennes maisons familiales en pierre locale, également de l'époque ottomane[6].

    Gaza compte aussi un hammam datant de l'époque ottomane, restauré récemment.

    Le dédale de ses rues et ruelles était souvent le théâtre d'affrontements entre l'armée israélienne et les Palestiniens au XXe siècle jusqu'au désengagement israélien de cette région.

    Histoire

    Antiquité

    La première référence à la ville de Gaza remonte au règne de Thoutmôsis III. La ville est également citée dans les lettres d'Amarna. Son intérêt principal réside dans sa position stratégique sur la route côtière reliant l'Égypte et la Syrie. C'est alors un marché important et un poste avancé égyptien faisant partie du « Chemin d'Horus » (série de forteresses réparties entre Tcharou[7] et Gaza)[8].

    Dans les années -1190 avant J.-C., les Philistins, un des peuples de la mer (originaires de Crète selon une tradition biblique)[9] s'installent sur la côte sud cananéenne (de Gaza à Jaffa), après avoir attaqué l'Égypte. Les Philistins laisseront leur nom bien plus tard à l'ensemble du territoire, que les Romains appelleront « Palestine ».

    La bataille de Gaza, gravure de 1881.
    Zeus : statue du IIe siècle trouvée à Gaza.
    Urnes retrouvées lors des fouilles archéologiques de la synagogue antique de Gaza, 1969.

    La ville philistine était murée d'environ 80 ha, construite sur une colline à environ 45 m au-dessus du niveau de la mer, à environ 2,4 km de la mer Méditerranée. Gaza est mentionnée dans la Bible comme l'une des villes principales des Philistins en guerre contre Israël : c'est là que Samson est capturé[10] et qu'il meurt en faisant s'écrouler un temple philistin.

    En 525 av. J.-C., la cité est conquise par Cambyse II, grand roi achéménide de l'empire perse, pour servir de tête de pont à toutes ses campagnes vers l'Égypte.

    La ville est prise en 332 av. J.-C. par Alexandre le Grand à l'issue d'un siège. Les habitants sont massacrés ou réduits en esclavage.

    En 145 av. J.-C., Gaza est conquise par Jonathan Maccabée, frère de Juda Maccabée et fondateur de la dynastie judéenne des Hasmonéens.

    Moyen Âge

    La ville est considérée comme le lieu où serait mort Hachim ibn Abd Manaf, l'arrière-grand-père de Mahomet au cours d'une expédition commerciale, d'où le nom classique de « Gaza de Hashem »[11].

    La conquête de Gaza par les Arabes intervint très tôt, sans doute en 634. Elle n'est pas évoquée par les sources arabes mais l'est par les sources byzantines : la population civile dut payer tribut aux Arabes et la garnison, constituée de 60 soldats, fut emprisonnée et mise à mort quelque temps plus tard. Sous les Omeyyades, une garnison militaire et un atelier monétaire furent implantés en ville. L'islamisation de la cité fut progressive: c'est là que naquit l'imam al-Chafii (fondateur de l'école de jurisprudence chafiite), mais ce n'est pas là qu'il vécut et enseigna.

    La cité fit peu parler d'elle jusqu'au XIIe siècle et, au moment de la Croisade, elle avait beaucoup décliné. Elle était en ruines et peut-être désertée quand les Croisés vinrent en 1149 réoccuper le site et y construire un château-fort dans la partie la plus élevée. Ce château fut confié à la garde des Templiers. Au sud du château, se développa la ville franque avec une grande église gothique qui est aujourd'hui la grande mosquée de Gaza. Une autre église, plus petite, est toujours aujourd'hui l'église orthodoxe Saint Porphyre. Tenue par les Templiers, apparemment prospère si l'on en juge par la qualité de sa grande église, Gaza constitua l'avant-poste du Royaume Latin de Jérusalem face à l'Égypte. Les sources franques la nomment Gazara, et en ancien français Gadres. Elle ne constituait pas un lieu de pèlerinage, et sa renommée en France ne venait que d'une chanson de geste composée vers 1170, Li Fuerre de Gadres (le sac de Gaza), évoquant la prise de la ville par Alexandre le Grand.

    À la fin de 1170, Saladin s'empara de la ville basse mais échoua à prendre le château. Ce n'est qu'en 1187, au lendemain de la bataille de Hattin, qu'il obtint l'évacuation de Gaza par les Templiers et la remise des forteresses de Gaza et de Darom (Deyr el-Balah, au sud de Gaza). Le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion reprit Darom et Gaza en 1192, mais négocia ensuite avec Saladin l'abandon de ces positions trop exposées, qu'il fit évacuer après en avoir détruit les fortifications.

    En 1239, un retour offensif des Francs fut brisé à Beyt Hanun, bourgade du nord de Gaza dont la mosquée abrite les tombes des musulmans qui furent tués au cours de cette bataille. En 1244, eut lieu à Hirbiyyah (en latin Furbia, en français la Forbie) une bataille bien plus importante opposant une coalition égypto-khowarizmienne et une coalition syro-franque : le roi al-Salih Ismail de Damas avait promis aux Templiers de leur restituer Gaza en cas de victoire, mais ils furent défaits. Gaza demeura au pouvoir des Ayyoubides d'Égypte, puis de Syrie, jusqu'en 1260 où la ville fut occupée un temps par les Mongols avant d'être reprise par le chef mamelouk Baybars.

    L'époque des Mamelouks (fin XIIIe - début XVIe siècle) fut pour Gaza une période prospère de renaissance, malgré des crises.

    Mitrailleurs turcs lors de la Seconde bataille de Gaza 1917

    Temps modernes

    Les Ottomans mettent fin au règne des Mamelouks en 1516 après la bataille de Khan Younès. La ville de Gaza et toute la région sont administrées par la province ottomane d'Égypte.

    Durant la Première Guerre mondiale, les troupes britanniques, commandées par le général Allenby, s'emparent de Gaza des mains de l'Empire ottoman à l'issue de la troisième bataille de Gaza en novembre 1917.

    Gaza reste sous le mandat britannique jusqu'à l'évacuation des britanniques en mai 1948 à la suite de la décision de partage de la Palestine du 29 novembre 1947.

    Grande mosquée de Gaza, en rénovation, av. 1926
    Grande mosquée de Gaza en 2007

    De 1948 à 1967, la bande de Gaza est administrée par l'Égypte. À la suite de la crise du canal de Suez, elle est occupée par Israël de novembre 1956 au 7 mars 1957. Outre 4 000 prisonniers, cette occupation causa la mort de 930 à 1 200 Palestiniens arabes pour une population totale de 330 000 personnes[12]. Elle est à nouveau occupée après la Guerre des Six Jours.

    Entre 1976 et 1981, un mouvement issus des Frères musulmans égyptiens, le Hamas, crée à Gaza l'université islamique de Gaza et d'autres institutions islamiques (al-Mujamma al-islami, al-Jam'iyya al-islamiyya, etc.).

    En 1987, débute à Gaza que la première Intifada, la « révolte des pierres », avant de s'étendre à l'ensemble des territoires occupés jusqu'en 1993, année des accords d'Oslo.

    Le , l'Organisation de libération de la Palestine obtient la gestion de Gaza et de la région de Jéricho. Le président Yasser Arafat et l'Autorité palestinienne s'installent à Gaza.

    En juin 2007, le Hamas prend le pouvoir à Gaza et chasse les tenants de l'Autorité palestinienne (voir Prise de Gaza de juin 2007).

    Géographie

    Climat

    Gaza a un climat chaud, semi-aride ou méditerranéen (malgré de très rares précipitations) avec des hivers doux et secs, et des étés chauds. Les mois les plus chauds sont juillet et août, avec la température moyenne étant de 33 °C. Le mois le plus froid est janvier avec des températures généralement à 7 °C. La pluie est rare et se situe généralement entre novembre et mars, avec des taux de précipitations annuelles d'environ 116 mm (4,57 pouces).

    température moyenne à gaza
    Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
    Température minimale moyenne (°C) 7 7 9 13 15 18 20 21 19 17 12 8 14
    Température maximale moyenne (°C) 17 17 20 26 29 31 33 33 31 28 24 19 26
    Source : [13]

    Personnalités historiques

    Proverbes, anecdotes

    La gaze, tissu précieux commercé au Moyen Âge à l'instar de la mousseline (de Mossoul) ou du damas (de Damas), est originaire de Gaza.

    Notes et références

    1. Population estimée à 635 514 ha par le Bureau central palestinien de statistique (ici, p. 36) à fin 2015 ; soit près de 700 000 ha à fin 2018 (635 514 x 1,029^3).
    2. (en) « Gaza’s children bounce their way into record books at Summer Games », sur www.un.org (consulté le )
    3. (fr) « Des millions de réfugiés palestiniens au Proche-Orient », sur www.monde-diplomatique.fr (consulté le )
    4. (fr) « Que faire de Gaza ? », sur www.rfi.fr (consulté le )
    5. (en) « Gaza meaning », sur abarim-publications.com, (consulté le ).
    6. Pèlerinage, sciences et soufisme : L'art islamique en Cisjordanie et à Gaza, collection L'art islamique en Méditerranée, Edisud
    7. Poste frontière à l'est du Delta du Nil.
    8. Dominique Valbelle, « Recherches archéologiques récentes dans le Nord-Sinaï », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 133, no 3, , p. 594-607
    9. J. Elayi, Histoire de la Phénicie, Paris, 2013
    10. cfr. Juges, 16
    11. Muhammad, M. A. Cook, Oxford University Press, 1983, page 13
    12. Henry Laurens, Cours au Collège de France, La question de Palestine à partir de 1949, cours du 6 décembre 2006 Consultable en ligne.
    13. « Weatherbase: Climate Information for Gaza », Weatherbase

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

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