Troll rap

Le troll rap est un mouvement musical dérivé du rap français qui est apparu dans les années 2010.

Troll rap
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Inspiré des trolls d'internet (individus ayant pour but de choquer ou de s'en prendre à la stabilité d'une communauté sans objectif précis), il revêt le plus souvent un aspect parodique, voire absurde. Il se dinstingue par des textes volontairement provocateurs, abordant des sujets polémiques comme le sexe violent, l'addiction aux cannabis ou les théories du complot.

Le troll rap est donc à placer en opposition avec des mouvements explicitement engagés comme le rap conscient, cherchant plutôt à démontrer par l'absurde voire à ne véhiculer aucun message. Il se rapproche en revanche, par ses contenus souvent explicites, du rap hardcore, du comedy rap ou du dirty rap.

En France, les principaux représentants de ce mouvement sont les rappeurs Lorenzo et Vald[1].

Le personnage incarné par Lorenzo résume à lui seul le concept du troll rap : son bob à l'effigie de Pikachu jure avec son survêtement de sport et ses lunettes de soleil, caractéristiques des rappeurs « classiques ».

Origines

En France, les prémices du troll rap apparaissent dans les années 2000, avec le groupe versaillais « Klub des Loosers » qui tranche avec le gangsta rap en abordant des sujets plus légers tels que les déboires sentimentaux. À la même époque, l'humoriste Michaël Youn et son groupe Fatal Bazooka entreprennent de parodier le rap français, mais leurs titres gardent avant tout une dimension humoristique[1].

C'est l'arrivée d'Orelsan sur la scène du rap français, en 2009, qui marque l'initiation du mouvement, même si l'artiste n'est pas considéré comme faisant partie du mouvement en tant que tel. Dans son premier album, Perdu d'avance, le rappeur caennais se démarque du stéréotype habituel du « rappeur de banlieue » en décrivant au contraire de manière décalée le malaise et les difficultés des jeunes de la classe moyenne. Par ailleurs, Orelsan fait polémique avec une chanson intitulée Sale pute, non incluse dans l'album, qui se démarque par des paroles explicites et violentes à l'égard d'un personnage féminin[2], ce qui lui vaudra d'être porté devant les tribunaux par des associations.

Les années 2010 marquent la naissance définitive du troll rap, avec l'arrivée de rappeurs tels que Vald ou Lorenzo qui se revendiquent ouvertement comme provocateurs et loufoques. Ainsi, Lorenzo se proclame « empereur du sale » et se met en scène fumant du cannabis dans ses clips vidéos, tandis que Vald intitule son premier album studio « Agartha » en référence aux théories du complots portant sur la cité souterraine d'Agartha.

Artistes

Ces artistes sont le plus souvent considérés comme faisant partie du mouvement ou ayant des similitudes avec lui, du fait de leurs textes provocateurs :

Analyse

Le troll rap est perçu comme étant un produit de la « génération internet », se fondant sur la provocation et l'effet de buzz[4]. Il déconstruit l'image de « l'idole des jeunes » et de l'artiste engagé, avec des textes souvent absurdes voire extrêmement minimalistes comme Bonjour de Vald, qui « pourrait tenir sur un emballage de carambar ». Ainsi, le rappeur troll ne cherche pas à transmettre un message consensuel ou à être un modèle[1]. Cependant, le troll rap n'est pas par définition dénué de volonté artistique. Vald, par exemple, a toujours insisté sur son désir d'être pris au sérieux, n'ayant jamais présenté sa musique comme étant purement humoristique[5]. Un troll rappeur n'est donc pas nécessairement un troll, même s'il en rapproche par certains aspects.

Le troll rap peut donc avoir pour objectif de dénoncer les travers de la société grâce à l'absurde. Cette philosophie peut être rapprochée de celle du mouvement dada au début du XXe siècle[6]. En 1917, l'artiste dada Marcel Duchamp avait fait scandale en tentant de vendre un urinoir comme une œuvre d'art, se plaçant ainsi en précurseurs des trolls modernes.

Critiques

Du fait de son contenu provocateur, le troll rap est souvent la cause de polémiques, ce qui constitue justement l'un de ses objectifs.

En 2015 la chanson Autiste de Vald suscite en réaction la création d'une pétition de protestation qui demande sa suppression, signée par 2 000 personnes[7].

En 2017, la chaîne de télévision Arte consacre un documentaire au troll rap. Les journalistes pointent du doigt des paroles considérées comme misogynes et la présence d'une quenelle dans le clip de Shoot un ministre de Vald, salut d'extrême droite inventé par Dieudonné. Ils expliquent avant tout ces provocations par la volonté de provoquer le buzz sur internet[4].

Notes et références

  1. « Troll rap : les rappeurs ne sont plus vos modèles », sur rappunchline.fr (consulté le )
  2. « Polémique autour de la chanson « Sale pute » d'Orelsan », sur lemonde.fr
  3. « Comprendre le troll rap », sur intrld.com (consulté le )
  4. « Troll rap », sur arte.tv
  5. « Dans la tête de Vald », sur abcdrduson.com (consulté le )
  6. « Comprendre le troll rap », sur intrld.com
  7. Fabien Gallet, « Les 10 morceaux polémiques de la décennie 2010-2020 », sur Orange Musique, (consulté le ).
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