Ugolin della Gherardesca
Ugolin della Gherardesca ou Hugolin della Gherardesca (en italien, Ugolino della Gherardesca) né vers 1220 à Pise et mort en 1289 dans la même ville, comte de Donoratico, est un noble italien et commandant militaire qui fut dirigeant de la cité à la tour penchée au XIIIe siècle.
Pour les articles homonymes, voir Hugolin et Il conte Ugolino.
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Il descendait d'une noble famille d'origine lombarde, les Della Gherardesca. Il est connu et passé à la postérité pour avoir servi de modèle au héros damné de la Divine Comédie de Dante, condamné à mourir de faim après avoir mangé ses propres enfants.
Biographie
Le comte Ugolino della Gherardesca est né dans une famille féodale gibelline, implantée en Toscane pisane et Sardaignaisse. Il est connu pour s'être rapproché la cause des Gibelins en passant aux Guelfes du fait d'une amitié le liant aux Visconti. Sa fille épouse le chef de la famille, Giovanni Visconti, juge de Gallura en Sardaigne. Aux côtés de ses alliés Visconti et de ses cousins della Gherardesca, il vainc le juge Guillaume III de Cagliari et se constitue une seigneurie propre en Sardaigne en 1258. Au cours des années 1270, toujours aux côtés des Visconti, il cherche à chasser, sans succès, les Gibelins de Pise. Grâce à la victoire de Charles d'Anjou, il intègre les cercles dirigeants de Pise. En tant que lieutenant de l'amiral Oberto Doria, il joue un rôle important au cours de la bataille navale de la Meloria en 1284, au cours de laquelle la flotte pisane a été quasiment anéantie par la flotte génoise. Au cours de cette bataille, il lui a été reproché d'une part d'avoir été dans l'incapacité de conclure certaines manœuvres navales, en particulier le retrait de certains navires d'une partie de l'affrontement pour en renforcer d'autres, ainsi que d'avoir opportunément réussi à quitter le site de la bataille avec une vingtaine de navires, lui attirant des soupçons de trahison.
Malgré cet échec, c'est à partir de 1284 qu'Ugolino, associé à son petit-fils Nino Visconti, prend le pouvoir à Pise, d'abord comme podestat, puis comme capitaine du peuple. Durant sa période à la tête de la cité, il doit négocier les conditions de la paix avec les communes de Gênes, Florence et Lucques, qui ont profité de la défaite pour prendre l'ascendant sur les Pisans. Les concessions qu'il effectue pour obtenir la paix lui valent l'hostilité des cercles gibelins, dirigé par l'archevêque de la ville, Ruggeri Ubaldini. Ugolino décide toutefois de se rapprocher d'Ubaldini pour éliminer l'influence de son petit-fils Nino Visconti. Ce renversement d'alliance, associé à une crise économique profonde à Pise, fragilise le pouvoir d'Ugolino. Piégé par une fausse promesse de l'archevêque, Ugolino est arrêté en 1288. Ubaldini fait alors enfermer Ugolin et quatre de ses descendants mâles dans une tour : il leur fait distribuer d'abord une nourriture insuffisante, avant de les laisser purement et simplement mourir de faim en mars 1289[1].
La légende dit qu'Ugolin, ayant été le dernier à survivre, aurait mangé le corps des enfants morts près de lui. Il s'agit en fait d'une interprétation sans doute erronée de ce vers de Dante : « Poscia, piú che 'l dolor, poté 'l digiuno » (« Puis, la faim fut encore plus forte que la douleur » ou « Et puis ce que la douleur ne put, la faim le put ») qui semble indiquer que la faim plus que la douleur a causé la mort d'Ugolin. L'anthropophagie d'Ugolin n'est pas attestée par les contemporains[2].
Ugolin, ou Hugolin, a été placé par Dante dans le dernier cercle de son Enfer, dans une zone où sont punis des damnés, emprisonnés dans de la glace, qui ont trahi leur patrie ou leurs compagnons.
Dante imagine que Ruggeri et Ugolin sont figés dans la glace l'un près de l'autre. Le châtiment de l'archevêque est d'être dévoré sans cesse par celui qu'il a fait mourir de faim. La tragédie allemande Ugolino de Heinrich Wilhelm von Gerstenberg (1737-1823) annonce en 1767 la « révolution littéraire » du Sturm und Drang[3].
Iconographie
- Jean-Baptiste Carpeaux : Ugolin entouré de ses quatre enfants. La figure d'Ugolin constitue le dernier envoi de Jean-Baptiste Carpeaux en tant que pensionnaire à la villa Médicis à Rome. Il y représente le héros entouré de ses enfants. Un premier modèle voit le jour en 1860, un plâtre en 1862, un bronze en 1863. Une version en marbre est éditée en 1867[4].
- Auguste Rodin : plusieurs de ses œuvres sont centrées sur ce thème.
- Le comte Ugolino représenté dans la Divine Comédie par Jan van der Straet en 1537.
- Jean-Baptiste Carpeaux, Ugolin entouré de ses quatre enfants (vers 1862), plâtre patiné, Paris, Petit Palais.
Postérité et influence
Cinéma
- Le comte Ugolino (1908), film italien de Giovanni Pastrone.
- Le comte Ugolin (1949), film italien de Riccardo Freda.
Notes et références
- Art. Ugolino della Gherardesca († 1288), Velardi, Lucia. (2000) - In: Encyclopedia of the Middle Ages Pt. 2 p. 1476
- (en) Paget Toynbee, A Dictionary of Proper Names and Notable Matters in the Works of Dante. Revised by Charles S. Singleton, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 226.
- Heinrich Wilhelm von Gerstenberg, Ugolino (1767), traduction et présentation de François Genton, Grenoble, ELLUG, 1998.
- Wassili Joseph, « Ugolin », Dossier de l'art, no 220, juillet-, pp. 34-37.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
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