Umbre pygmée

Umbra pygmaea

Umbra pygmaea est une espèce de poissons d’eau douce, démersaux, non-migrateurs.

Ce poisson est natif de l’Est de l’Amérique du Nord mais a été introduit dans certaines régions d'Europe durant le XXe siècle. Il peut mesurer jusqu’à 15 cm (pour les femelles, les mâles étant plus petits)[1].

Aire de répartition

Relativement ubiquiste en Amérique du Nord, on le trouve de l’État de New York jusqu'au sud de la Floride et à l’ouest jusqu’en Géorgie. Bien que vivant plutôt dans les eaux froides à tempérées, il supporte des pics temporaires de température de l’eau à 25-28 °C[2].

Il a aussi été récemment introduit en Europe où il est potentiellement invasif[3]. Au XXe siècle, il s'est acclimaté aux Pays-Bas, a remonté la Meuse et dans les années 1952 était déjà courant dans les canaux d'irrigation du Limbourg[2]. Il semble actuellement présent uniquement dans certaines zones d’Europe de l’Ouest dont en Flandre belge[4], et en Europe centrale, souvent dans de petits étangs isolés et les tourbières [5]..

Habitats

On le trouve généralement dans les eaux lentes et tempérées de marais, fossés et autres zones humides et canaux de drainage. Il semble apprécier les habitats riches en végétation aquatique dense, de pH légèrement acide (6,0 à 6,5) et une gamme de dureté (dH) comprise entre 4 et 7 (voire 3 et 8 selon Fish base) ; il supporte néanmoins des pH bien plus bas auxquels la plupart des autres espèces ne résisteraient pas[6]. Il supporte une large gamme de températures (4 °C à 23 °C). Le fond peut être sableux à vaseux ou couvert de débris divers. Aux Pays-Bas, il s'est adapté à des milieux très acides (pH de 3,5 à 4)[7] et à des eaux très pauvres en calcium, alors qu'aucun poisson natif des Pays-Bas ne supporte des eaux aussi acides. Aux Pays-Bas, l'abondance des individus de cette espèce semble même être bioindicatrice de l'acidité de l'environnement (son abondance est inversement proportionnelle au pH). Dans un écosystème acide, il peut jouer un rôle de prédateur situé en tête de chaine alimentaire (Aux États-Unis, ce rôle a été identifié pour une espèce proche : Umbra limi qui parmi les 31 espèces de poissons trouvées dans des lacs acides est l'espèce qui est la plus acidorésistante)[8], mais certains lacs oligotrophes du Wisconsin recevant des pluies acides, même avec un pH proche de 7 restent néanmoins sans aucun poisson[9]. Il reste donc à éclaircir - selon les contextes biogéographiques et de la géographie des industries et du développement de l'urbanisme, des transports et de l'agriculture - la part des effets de l'acidité naturelle (essentiellement due à la présence d'acides organiques dans l'eau) et de l'acidité anthropique (pluies acides, dépôts d'aérosols acides, drainage minier acide, rejets d'eaux acides, etc.)[10]. Aux Pays-Bas, dans les milieux acides, sa nourriture principale est constituée de Nématocères et (pour la microfaune) de Cladocères.

Description

C’est un poisson allongé mais relativement trapu, à la tête conique au museau court (égal à un diamètre de l’œil). La bouche est plutôt petite à mâchoires courtes, les mandibules dépassant légèrement la pointe de la mâchoire supérieure, avec prémaxillaires non-protractile.

Sa couleur est brune à jaune-vert, avec des bandes latérales étroites et sombres qui viennent barrer l’œil horizontalement. Le ventre est clair.

Les femelles (jusque 15 cm) sont plus grandes que les mâles (11.5 cm).

Alimentation

Il se nourrit principalement d’insectes, de larves d’insectes, de vers et autres petits invertébrés aquatiques (y compris crustacés, alevins et jeunes escargots mesurant 1 ou 2 mm, mais pas leurs œufs ni les adultes[2]).

Reproduction

La maturité sexuelle serait atteinte vers 3,7 cm.

L’espèce est ovipare, le frai ayant lieu en avril-mai[11]Après l'éclosion des œufs les larves restent dans le nid d'algues fabriqués par les parents (durant 6 jours environ)[12].

Éthologie

C'est un poisson grégaire, qui se déplace souvent en petits bancs de 10 à 12 individus[13].

Espèce modèle

Cette espèce a servi à plusieurs études de toxicologie dont par exemple

Notes et références

Références taxonomiques

(fr+en) Référence ITIS : TSN {{{1}}}

Autres notes et références

  1. LM & BM Burr (1991) A field guide to freshwater fishes of North America north of Mexico. Houghton Mifflin Company, Boston. 432 p
  2. Lagrange, E. (1953). La lutte biologique contre les planorbes. Ann. Soc. Belg. Med. Trop, 33, 227-236, PDF, 10 pages
  3. Modèle:FishBase species
  4. Verreycken, H., Geeraerts, C., Duvivier, C., & Belpaire, C. (2010). Present status of the North American Umbra pygmaea(DeKay, 1842)(eastern mudminnow) in Flanders(Belgium) and in Europe. Aquatic Invasions, 5(1), 83-96.
  5. source, selon Fishbase
  6. Morris R (1989) Acid Toxicity and Aquatic Animals ; Cambridge University Press, 16 mars 1989 - 282 pages
  7. Dederen, L. H. T., Leuven, R. S. E. W., Wendelaar, S. E., & Oyen, F. G. F. (1986) Biology of the acid‐tolerant fish species Umbra pygmaea (De Kay, 1842). Journal of fish biology, 28(3), 307-326. PDF, 21 pages
  8. Rahel FJ (1984) "Factors structuring fish assemblages along a gog lake successional gradient" ; Ecology 65, 1276-1289 (résumé)
  9. Rahel FJ & magnusson JJ (1983) Low pH and the absence of fish species in naturally acidic Wisconsil lakes : interferences for cultural acidification. Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, 40(1): 3-9, 10.1139/f83-002 (résumé)
  10. Collier, K. J., Ball, O. J., Graesser, A. K., Main, M. R., & Winterbourn, M. J. (1990). Do organic and anthropogenic acidity have similar effects on aquatic fauna?. Oikos, 33-38 (résumé)
  11. Ref Fish base (Billard, R., 1997)
  12. ; Anonymous, 1918 sur Fishbase
  13. (Réf. 39069 de fishbase)
  14. Hooftman, R. N., & De Raat, W. K. (1982). Induction of nuclear anomalies (micronuclei) in the peripheral blood erythrocytes of the eastern mudminnow Umbra pygmaea by ethyl methanesulphonate. Mutation Research Letters, 104(1), 147-152 (résumé)
  15. Hooftman, R. N., & Vink, G. J. (1981). Cytogenetic effects on the eastern mudminnow, Umbra pygmaea, exposed to ethyl methanesulfonate, benzo [a] pyrene, and river water. Ecotoxicology and environmental safety, 5(3), 261-269
  16. Alink, G. M., Quik, J. T. K., Penders, E. J. M., Spenkelink, A., Rotteveel, S. G. P., Maas, J. L., & Hoogenboezem, W. (2007) Genotoxic effects in the Eastern mudminnow (Umbra pygmaea L.) after exposure to Rhine water, as assessed by use of the SCE and Comet assays: A comparison between 1978 and 2005. Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, 631(2), 93-100.
  17. Bender, M. E., & Westman, J. R. (1976). The toxicity of malathion and its hydrolysis products to the Eastern Mudminnow, Umbra pygmaea (DeKay). Chesapeake Science, 17(2), 125-128 (résumé)

Voir aussi

Bibliographie

  • Al-Sabti, K. (1994) Micronuclei induced by selenium, mercury, methylmercury and their mixtures in binucleated blocked fish erythrocyte cells. Mutation Research/Genetic Toxicology, 320(1), 157-163 (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/016512189490068X résumé]).
  • den Hartog, C., & Wendelaar Bonga, S. E. (1990) Umbra pygmaea, an acid-tolerant fish. Naturwissenschaften, 77(1), 40-41 (Résumé.
  • Peckham, R. S., & Dineen, C. F. (1957) Ecology of the central mudminnow, Umbra limi (Kirtland). American Midland Naturalist, 222-231 .
  • Rab, P., Crossman, E. J., Reed, K. M., & Rabova, M. (2003) Chromosomal characteristics of ribosomal DNA in two extant species of North American mudminnows Umbra pygmaea and U. limi (Euteleostei: Umbridae). Cytogenetic and genome research, 98(2-3), 194-198.
  • Wendelaar Bonga, S. E., Flik, G., van der Velden, J. A., & Kolar, Z. (1990) Prolactin cell activity and sodium balance in the acid-tolerant mudminnow Umbra pygmaea in acid and neutral water. General and comparative endocrinology, 78(3), 421-432 (résumé).
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