Un cow-boy à Paris
Un cow-boy à Paris est la cent vingt-deuxième histoire de la série Lucky Luke. Écrite par Jul, dessinée par Achdé et mise en couleur par Mel, elle est publiée pour la première fois en album le dans la collection Les Aventures de Lucky Luke d'après Morris, no 8[1]. Grand succès de librairie, elle est selon le rapport de Livres Hebdo la meilleure vente de bandes dessinées pour l'année 2018, et la 8e meilleure vente tous livres confondus[2].
Un cow-boy à Paris | ||||||||
122e histoire de la série Lucky Luke | ||||||||
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Scénario | Jul | |||||||
Dessin | Achdé | |||||||
Genre(s) | Franco-Belge Aventure |
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Personnages principaux | Lucky Luke | |||||||
Éditeur | Lucky Comics (Dargaud) | |||||||
Collection | Les Aventures de Lucky Luke d'après Morris | |||||||
Première publication | 2018 | |||||||
Nb. de pages | 48 | |||||||
Albums de la série | ||||||||
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Synopsis
Sur la route de la prison — où il ramène les Dalton, qu'une nouvelle fois il vient de capturer —, Lucky Luke libère un homme fait prisonnier par les Indiens, alors qu'il transportait une énorme sculpture en cuivre représentant une main tenant une torche.
L'homme s'avère être Auguste Bartholdi, sculpteur français, en pleine tournée aux États-Unis pour achever le financement de son projet de statue, La Liberté éclairant le monde, qu'il a l'intention de faire construire sur un îlot en face de la ville de New York. Après avoir dissipé le malentendu avec les Indiens, Bartholdi rencontre un grand succès auprès d'eux en leur faisant visiter la main géante.
Lucky Luke poursuit son chemin jusqu'au pénitencier de Cross Junction, où Jolly Jumper et lui doivent se plier à des normes de sécurité inédites. Le directeur, Abraham Locker, accueille Luke et lui confie son grand projet de pénitencier qu'il a lui aussi l'intention de faire bâtir sur l'îlot faisant face à New York. Locker est excédé d'apprendre la présence de Bartholdi dans la région.
En sortant du pénitencier, Luke croise une nouvelle fois Bartholdi, qui a été roulé dans le goudron et les plumes par les clients d'un saloon à Riverbank. Après avoir donné une leçon aux coupables, Luke accepte d'escorter Bartholdi le temps de sa tournée. Bartholdi organise un grand gala au saloon de Riverbank pour continuer à financer la statue. Un saboteur envoyé par Locker est repéré à temps par Luke, mais il apparaît clairement que le projet a des ennemis déterminés.
Après un accueil réussi à Abilène, Luke et Bartholdi déjouent une nouvelle tentative de sabotage pendant la nuit. La tournée se poursuit sans autre incident jusqu'à Washington où le vice-président reçoit les deux hommes... et demande officiellement à Lucky Luke d'accompagner la statue jusqu'à Paris. Luke, qui n'a jamais quitté le continent américain, accepte à contrecœur.
La nuit qui précède l'embarquement, les caisses contenant la statue, laissées en vue sur le quai, sont réduites en cendres par un incendie criminel. Mais le vice-président inspecte les dégâts avec sérénité : le véritable chargement est déjà parti la veille, pour déjouer ce genre de sabotage.
Lucky Luke et Jolly Jumper traversent l'Atlantique à bord d'un bateau à vapeur de croisière où tous les trois ont droit à une cabine de luxe. Cela n'allège qu'en partie l'inconfort du cow-boy qui a le mal de mer. Enfin débarqué à Rouen, le cortège prend le train pour la Normandie, où Lucky Luke discute avec un docteur nommé Charles Bovary et son épouse Emma.
Le cow-boy et son cheval, arrivés à la gare Saint-Lazare, découvrent Paris et logent dans un hôtel de luxe qui les déroute un peu. Lucky Luke rencontre les ouvriers de Bartholdi ainsi que son ami ingénieur, Gustave Eiffel, et la présidente de l'Association pour l'amitié franco-américaine. Bartholdi fait visiter la ville à son hôte : l'opéra Garnier, les peintres impressionnistes, la Sorbonne, les restaurants, Notre-Dame de Paris, les troquets à absinthe (où ils croisent Paul Verlaine et Arthur Rimbaud) et les cafés aux serveurs désagréables.
Alors qu'il se repose à une terrasse de café, Luke se fait lire les lignes de la main par une vendeuse de bouquets qui l'informe d'un funeste présage. Il part aussitôt retrouver la statue mais arrive trop tard : le nez de celle-ci a été dynamité. Luke repère le saboteur qui s'enfuit à cheval : une course-poursuite s'engage alors en plein Paris, pour s'achever sans succès sur l'hippodrome de Longchamp. Fort heureusement, Bartholdi et ses ouvriers ont juste assez de cuivre et de temps pour réparer les dégâts.
La nuit suivante, Lucky Luke est réveillé par un Bartholdi fébrile : le fameux écrivain Victor Hugo vient visiter la statue ! Hugo repère un petit personnage au sommet de la couronne de la Liberté : c’est un saboteur, et Luke se lance derechef à sa poursuite en escaladant la statue. Acculé sur le bras qui tient la torche, le saboteur fait une chute périlleuse mais son atterrissage est un peu adouci par Jolly Jumper. Il porte sur lui des documents prouvant qu'il a été engagé par Locker.
La statue, intacte, peut enfin prendre la mer pour les États-Unis. La traversée du retour s'effectue sans incident particulier. De retour à Cross Junction, Lucky Luke fait irruption dans le bureau de Locker et l'avertit de ne plus jamais saboter la statue, sans quoi il l'enverra en prison. Quelques mois plus tard à New York, la Statue de la Liberté est inaugurée sans encombre. Lucky Luke fait ses adieux à Bartholdi et reprend sa route de cow-boy solitaire, tandis que Locker finit quelque temps plus tard à Alcatraz.
Clins d'œil et caricatures
Références à la série Lucky Luke
- À plusieurs reprises, des Parisiens croisés par Lucky Luke le prennent pour un Belge, à cause de sa tenue (planches 29, 31, 32 et 34). En effet, il porte perpétuellement un foulard rouge, une chemise jaune et un gilet noir. Ce qui est une référence aux trois couleurs du drapeau de la Belgique, pays d'origine du créateur du personnage, Morris[3].
- Le responsable de la chorale du pénitencier de Cross Junction (planche 19) est le professeur Otto Von Himbeergeist, l'un des personnages principaux de l'album La Guérison des Dalton qui apparaît également dans l'album La Terre promise.
- Une des gargouilles de Notre-Dame de Paris ressemble à Rantanplan[4] (planche 30).
- La vendeuse de violettes qui lit les lignes de la main de Lucky Luke lui prédit notamment qu'il vivra plus de 70 ans (planche 31). Ce qui est effectivement le cas du personnage et de la série de Lucky Luke, qui furent créés en 1946, soit 72 ans avant la parution de cette histoire.
- Après la construction de la statue de la Liberté, plusieurs touristes posent devant le monument pour une photo (planche 44). Parmi eux, on reconnait différents personnages de la série : Calamity Jane, Buffalo Bill, la famille de Juifs de La Terre promise, etc.
Personnages caricaturés/mentionnés
- Auguste Bartholdi, sculpteur, auteur de la Statue de la Liberté.
- Charles et Emma Bovary, personnages du roman de Gustave Flaubert Madame Bovary. Emma Bovary n'est pas insensible au charme de Lucky Luke (planches 26 et 27).
- L'ingénieur « fanatique des assemblages de poutrelles » Gustave Eiffel[4] (mentionné planche 20 et apparaissant planche 29).
- Le peintre impressionniste réalisant un tableau est Claude Monet (planche 30), l'un des fondateurs de ce mouvement artistique.
- Sortant de la Sorbonne (planche 30), on reconnaît le dessinateur Cabu, tenant un crayon, et l'écrivain Gustave Flaubert, portant une édition de son roman Salammbô.
- Dans un troquet (planche 30), on peut voir les poètes Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, ce dernier menaçant le barman avec un revolver (planche 30). Représenté à la manière du personnage de la série Billy the Kid, Rimbaud réclame des caramels mous, dont est aussi friand le bandit américain. Les auteurs de l'histoire ont choisi cette analogie entre ces deux personnages parce que le poète « faisait les 400 coups et avait la gâchette facile »[5].
- L'écrivain Victor Hugo (planche 37), qui a réellement visité le chantier parisien de la Statue de la Liberté[5],[4].
- Christophe Colomb, Buffalo Bill et Sarah Bernhardt sont mentionnés (planches 24 et 33).
Références historiques et culturelles
- Le livre 50 nuances de Grilles dont l'auteur est Abraham Locker, le directeur du pénitencier de Cross Junction (planche 8), fait référence au roman érotique Cinquante nuances de Grey, de la romancière E. L. James.
- Le canari qu'Abraham Locker emprisonne dans une cage, elle-même enfermée dans un coffre-fort (planche 9), et qui finit par s'évader (planche 11), s'appelle Papillon en référence au personnage éponyme, tiré du roman partiellement autobiographique d'Henri Charrière, qui fut bagnard en Guyane française. Ce roman a été plusieurs fois adapté au cinéma, le rôle de Papillon dans le film du même nom sorti en 1973 est interprété par Steve McQueen.
- Allusion à la Bastille, forteresse qui servit de prison et fut détruite le 14 juillet 1789 (planche 15).
- Allusion au Mur de Trump (planche 18).
- Les paroles de la chanson « Libérée Délivrée » entonnée par les Dalton et la chorale du pénitencier de Cross Junction (planche 19) font référence à la chanson Libérée, délivrée du film d'animation de Walt Disney La Reine des Neiges, sorti en 2013.
- Reprise des paroles de la chanson de Jacques Dutronc : Il est cinq heures, Paris s'éveille (planche 22).
- Le navire à bord duquel Lucky Luke et Auguste Bartholdi font route vers l'Europe appartient à la compagnie White Star Line (planche 24) qui deviendra célèbre après le naufrage du Titanic.
- L'affiche du cabaret Le Chat noir, célèbre cabaret de Montmartre, apparaît sur un mur de Paris (planche 28).
- Les paroles « Belle nuit, ô nuit d'amour » chantées à l'Opéra Garnier (planche 30) sont celles du duo La Barcarolle, extrait de l'opéra fantastique de Jules Barbier et Jacques Offenbach Les Contes d'Hoffmann.
- Le cheval « Yakari du Lombard » qui prend la tête de la course sur l'hippodrome de Longchamp (planche 33) fait référence à la bande dessinée suisse Yakari et à sa maison d'édition Le Lombard.
- Les paroles « Je suis tombé par terre, c'est la faute à Jolly Jumper » ; « Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Victor Hugo » (planche 40), font référence aux dernières paroles de Gavroche dans Les Misérables de Victor Hugo. Dans cette version, Jolly Jumper et Victor Hugo remplacent respectivement Voltaire et Rousseau.
- Les paroles de la chanson de Lucky Luke sur la dernière case de l'album (planche 44) « Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai... » font référence au texte d'un poème de Victor Hugo tiré du recueil Les Contemplations.
Lieux et monuments représentés
Dans les dessins, nombre de lieux et monuments sont représentés, dont la plupart se situent à Paris.
- Aux États-Unis
- La Maison-Blanche, à Washington (planche 21) ;
- La Statue de la Liberté, sur son emplacement définitif de Liberty Island (planche 43) ;
- La prison d'Alcatraz (planche 44).
- En France
- Dans le train amenant le cow-boy à Paris (planche 26), on aperçoit au milieu de la campagne normande un panneau indiquant le village de Camembert, berceau du fromage éponyme.
- À Paris
- La gare Saint-Lazare (planche 27), desservant l'ouest de la région parisienne et la Normandie ;
- Les grands boulevards, dont celui d'Haussmann[6] (planche 28) ;
- La Statue de la Liberté en construction, dans les ateliers Gaget-Gauthier rue de Chazelles (planche 29) ;
- L'opéra Garnier[6] (planche 30) ;
- La Sorbonne[6] (planche 30) ;
- La cathédrale Notre-Dame de Paris[6] (planche 30);
- L'Arc de triomphe (planche 33) ;
- L'hippodrome de Longchamp[6] (planches 33 et 34) ;
- La tour Eiffel, en construction à l’extrémité du Champ-de-Mars, à la fin de l'histoire (planche 44).
Accueil
Critiques
Sur le site BD Zoom[1], Henri Filippini est pleinement convaincu par l'album : il loue les qualités de scénariste de Jul, qu'il qualifie de « digne héritier de René Goscinny », grâce à l'« idée géniale » à l'origine de l'album et à la « documentation minutieuse » réalisée pendant l'élaboration du scénario. Le dessin d'Achdé, qui dessine la série depuis 2001, le convainc tout autant, car « sans chercher à copier Morris, il en propose une version que même les inconditionnels les plus pointus du créateur belge savourent avec plaisir ».
Ventes
L'album paraît le avec un premier tirage de 400 000 exemplaires. Il figure aussitôt dans le top 20 GfK/Livres Hebdo des ventes de livres tous genres confondus[7].
Références
- Lucky Luke à Paris…, article d'Henri Filippini sur BD Zoom le 27 octobre 2018.
- « Morris, dans l’ombre de Lucky Luke », La Croix, 17 décembre 2016 (consulté le 20 novembre 2018) (lire en ligne)
- Jul et Achdé, interviewés par Olivier Delcroix, « Paris, la capitale qui tire plus vite que son ombre », Le Figaroscope, semaine du 14 au 20 novembre 2018, p. 8-11.
- « Lucky Luke, Un cowboy à Paris : le scénariste Jul lance un défi aux auditeurs de franceinfo », Franceinfo, mis à jour le 01/11/2018 | 17:59 – publié le 01/11/2018 | 10:27 (lire en ligne)
- Olivier Delcroix, « La folle chevauchée parisienne de "Luke le chanceux" ! », Le Figaroscope, semaine du 14 au 20 novembre 2018, p. 12-14.
- Zoom sur les meilleures ventes de BD du 14 novembre 2018, article de Laurent Turpin sur BD Zoom le 14 novembre 2018. Page consultée le 20 novembre 2018.
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