Utilité marginale

L'utilité marginale est un concept économique. Elle désigne l'utilité qu'un agent économique tire de la consommation d'une quantité supplémentaire d'un bien. Le raisonnement est dit à la marge parce que l'utilité marginale consiste en l'utilité par unité supplémentaire consommée.

Concept

Comme l'a observé l'ingénieur Dupuit dès 1844, l'utilité marginale décroît marginalement, ce qui signifie qu'il arrive un moment où une unité supplémentaire de consommation d'un bien apporte moins d'utilité ou de plaisir que la consommation de l'unité précédente[1]. Un individu assoiffé tirera une grande utilité marginale de son premier verre d'eau, un peu moins du deuxième, et encore moins du troisième[2].

L'utilité marginale est décroissante dans la majeure partie des cas, car elle traduit une saturation des besoins[3]. Plusieurs biens apportent toutefois une utilité marginale croissante, comme par exemple les drogues. En plus de cela, certains comportements engendrent une utilité marginale croissante : par exemple la collection de timbre ou d'autres objets divers. Plus la collection s'agrandit plus la satisfaction augmentera.

L'équilibre entre deux biens n'est atteint que lorsque l'utilité marginale procurée par une même dépense pour ces deux biens est égale[2].

Formalisation

Soit une fonction d'utilité et des quantités consommées et de deux biens :

.

On définit l’utilité marginale de la consommation du premier bien par la dérivée partielle par rapport à de la fonction d’utilité :

De même, l'utilité marginale du deuxième bien Y est déterminée en calculant la dérivée partielle de la fonction d'utilité par rapport à Y.

Histoire

Le concept d'utilité marginale est au centre de l'école de pensée économique appelée école marginaliste. Fondée autour de 1870, elle considère que la valeur économique résulte de l'utilité marginale de chaque bien. Les principaux représentants de cette école sont le Français Léon Walras, l'Anglais Stanley Jevons et l'Autrichien Carl Menger[4]. Néanmoins, c'est l'Allemand Gossen qui a présenté le concept dans ses " Lois des relations humaines " de façon rigoureuse et complète en 1854[4]. L'utilité marginale est alors considérée comme révolutionnaire, à tel point que l'on parle à son sujet de « révolution marginale » ou de « révolution néo-classique »[5].

Le marginalisme permet aux économistes de contourner le problème de la classification des biens en catégories. Ce qui importe pour le consommateur n'est pas tant le bien en lui-même que l'utilité produite par chaque nouvelle consommation de ce bien[6].

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Jules Dupuit, « De la mesure de l’utilité des travaux publics », Annales des ponts et chaussées, vol. 116, , p. 332-375.
  2. Marc Montoussé et Isabelle Waquet, Microéconomie, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0839-9, lire en ligne)
  3. Olivier Hueber, Economie générale: IUT, BTS, AES, Ecoles de commerce, Editions TECHNIP, (ISBN 978-2-7108-0865-7, lire en ligne)
  4. Frédéric Poulon, Économie générale, Paris, Dunod, , 423 p. (ISBN 2-10-002914-2), p. 14
  5. Hayrettin Erdemli, Éléments d'économie industrielle globale: La production industrielle, le concept d'économie d'échelle et la théorie de l'échange international, Connaissances et Savoirs, (ISBN 978-2-7539-0103-2, lire en ligne)
  6. Roland Torrel, Économie politique, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-00024-6, lire en ligne)
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