Val Studer
Le val Studer est une vallée des Terres australes et antarctiques françaises dans l'archipel des Kerguelen. Elle est située à l'est de l'île principale Grande Terre, sur la péninsule Courbet. La vallée doit son nom à son premier explorateur : le naturaliste Theophil Studer.
Pour les articles homonymes, voir Studer.
Val Studer | ||
Massif | Péninsule Courbet | |
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Pays | France | |
Territoire d'outre-mer | Terres australes et antarctiques françaises | |
District | Îles Kerguelen | |
Coordonnées géographiques | 49° 16′ sud, 70° 00′ est | |
Géolocalisation sur la carte : îles Kerguelen
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Orientation aval | ouest-nord-ouest et sud-est | |
Longueur | 22 km | |
Type | Vallée glaciaire et tectonique | |
Écoulement | Rivière Studer et rivière du Sud | |
Toponymie
La vallée est nommée Studerthal en l'honneur du naturaliste suisse Theophil Studer. Sur la carte de la Gazelle[1], elle est identifiée sous ce nom et sommairement représentée. Le val est précisément figuré sur la carte de la péninsule Courbet par Edgar Aubert de la Rüe. Il lui conserve le nom de son compatriote Theophil Studer[2],[3],[4], traduisant simplement Studerthal en val Studer. En 1971, le nom de val Studer est validé officiellement par la commission territoriale de toponymie[5] des Terres australes et antarctiques françaises.
Géographie
Topographie
Le val entaille profondément les montagnes de la péninsule Courbet de part en part, depuis Port Élisabeth au nord jusqu'à l'anse aux Papous au sud. Alors que le fond de la vallée ne dépasse pas 80 m, les monts qui l'encadrent dépassent régulièrement 700 m pour atteindre près de 1 000 m au mont Crozier[6].
Hydrographie
La vallée, très encaissée, est drainée sur les deux tiers de sa longueur vers l'ouest-nord-ouest par la rivière Studer et sur l'autre tiers vers le sud-est par la rivière du Sud[6]. Le tiers central est occupé par une enfilade de quatre lacs : lac Supérieur, lac des Truites, lac des Saumons et lac Aval[5],[7]. Les bassins versants des deux rivières ne sont séparés au niveau du val que par un seuil bas et marécageux. Des flancs de la vallée descendent de nombreux torrents[6] comme le torrent du lac Froid dont le cône de déjection sépare le lac des Truites du lac des Saumons. De plus, deux vallées encaissées rejoignent le val Studer[6] : la vallée des Tourbières et le val Sinistre. Sur le flanc nord, la vallée des Tourbières[5] rejoint le val Studer en amont du lac Supérieur, apportant les eaux de la rivière du Sud dans le val Studer. Sur le flanc sud le val Sinistre[5] se connecte en aval du lac Aval.
Géologie
La morphologie de la vallée évoque une origine tectonique[8], de type graben, secondé par l'érosion glaciaire[9]. Cette structure vient recouper l'ancienne caldeira de l'unité volcanique de Courbet[10]. Les flancs de la vallée sont ainsi composés de basaltes faiblement inclinés[10], tandis que le fond est occupé par des sédiments fluvio-glaciaires et des alluvions[9],[2].
Climat
Le climat[9] est très marqué par le relief. Ainsi les précipitations sont supérieures de plus d'un tiers à celles mesurées à Port-aux-Français dans la plaine ouest de la péninsule Courbet. Les vents dominants s'engouffrent dans la vallée où ils sont amplifiés. Par temps calme, en revanche, les nuages stagnent au centre du val à quelques mètres du sol.
Histoire
Exploration
En 1875, le val Studer est exploré lors de l'expédition allemande de la Gazelle par le naturaliste suisse Theophil Studer. En 1952, Edgar Aubert de la Rüe reprend l'exploration du val[11] depuis la nouvelle station permanente de Port-aux-Français, tout juste créée en 1950. Il dresse une carte de la péninsule Courbet[12]. Aubert de la Rüe y découvre un piquet vieux de quatre-vingts ans, reste du campement de Studer et de ses compagnons[13].
Projet d'aménagement hydroélectrique
En 1955, afin de satisfaire les besoins en énergie électrique de Port-aux-Français, un ingénieur envisage la construction d'un barrage hydroélectrique sur la rivière du Sud à sa sortie du val. Toutefois le débit de la rivière est jugé insuffisant. Afin d'augmenter le débit, Il projette alors d'inverser le cours de la rivière Studer par un second barrage en aval du lac Aval. Ainsi les eaux de la rivière Studer reflueraient vers la rivière du Sud. Le projet n'est pas retenu[14].
Introduction des Salmonidés
À la fin des années 1950 et au début des années 1960, le val Studer est choisi pour être un des tout premiers lieux d'acclimatation des Salmonidés aux Kerguelen. Les rivières et les lacs de l'archipel étaient jusque-là indemnes de tout poisson et même de tout vertébré aquatique. Les premières reproductions sont obtenues en 1962 sur la rivière Studer à partir de truitelles issues de la Truite commune (Salmo trutta). Elle correspondent à une lâcher de truitelles de 1959. En 1964, les premières reproductions de l'Omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) sont observées sur les rivières Studer et du Sud. Elles font suite à des lâchers d'alevins deux ans auparavant. La truite est devenue dominante grâce à sa capacité à migrer en mer à la belle saison où elle bénéficie de proies abondantes et à retourner en eau douce à la mauvaise saison[15].
Activités
Une cabane équipée permet aux scientifiques d'y résider pour leurs travaux[16]. Elle est accessible aux randonneurs.
Philatélie
Un timbre postal paysager représentant le val Studer a été émis en 2005. Long de 4,8 centimètres et large de 2,7, il a été dessiné par Jacky Larrivière. Imprimé en taille-douce en feuille de vingt-cinq, il présente une valeur faciale de 0,90 euro.
Notes et références
- (de) Kerguelen Insel von Howe Insel bis Accessible Bai, 1:175 000 (in Die Forschungreise S.M.S. « Gazelle » in den Jarhren 1874 bis 1876), Berlin, Ernst Siegfried Mittler und Sohn, 1874 & 1875 (lire en ligne), p. 124-125
- Pascal Richet, Guide des volcans d'Outre-mer, Orléans, Paris, brgméditions, Belin, , 492 p., p. 441, 411-412
- (de) F. Baumann & al., Nécrologies et biographies de membres décédés de la Société helvétique des sciences naturelles, Aarau, Druck von Büchler, , 73 p. (lire en ligne), p. 50-67
- La Toponymie des terres australes de Gracie Delépine indique Théodore pour prénom du naturaliste Théophile Studer. La biographie par F. Baumann, suisse comme Th. Studer, a été considérée comme plus fiable. Elle a l'avantage d'être l'œuvre d'un contemporain et collègue au sein d'une même société savante.
- Toponymie des Terres Australes par Gracie Delépine, éd. La Documentation française, Paris, 1973.
- Institut géographique national, Îles Kerguelen - Carte de reconnaissance au 1 : 200 000, Paris, IGN, (lire en ligne)
- Monts et merveilles des îles Kerguelen sur La Manchette des manchots sur le site du Monde le 19 mai 2015.
- (en) Maurice Recq et Philippe Charvis, « A seismic refraction survey in the Kerguelen Isles, southern Indian Ocean », Geophys. J. R. astr. Soc, , p. 529-559
- Philippe Maire, Contribution à l'hydrobiologie du lac Studer, Metz, Université Paul Verlaine, , 126 p. (lire en ligne), p. 16-18
- Jacques Nougier, Carte géologique de reconnaissance des îles Kerguelen, Paris, I.G.N.,
- Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 208. Le chapitre X de l'ouvrage s'intitule « Séjours dans le val Studer » et occupe les pages 208 à 230.
- Edgar Aubert de la Rüe, Esquisse provisoire de la Péninsule Courbet,
- Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 209.
- La lettre des TAAF, hors-série août 2020
- Patrick Davaine et Edward Beall, « Introduction de salmonidés en milieu vierge (Îles Kerguelen, Subantarctique) : enjeux, résultats, perspectives », Bulletin français de la pêche et de la pisciculture, nos 344-345, , p. 93-110 (lire en ligne)
- Chroniques de Cabane sur La Manchette des manchots sur le site du Monde le 25 mai 2015.
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