Val d'Anniviers
Le val d'Anniviers (en allemand : Eifischtal) est une vallée de Suisse dans le district de Sierre en Valais. Depuis le , les communes d'Ayer, de Grimentz, de Saint-Jean, de Vissoie, de Saint-Luc, et de Chandolin ont fusionné pour former une seule commune. Elle regroupe toutes les communes de la vallée et elle porte le nom d'Anniviers en référence à la vallée.
Cet article concerne la vallée. Pour la commune, voir Anniviers.
Val d'Anniviers | |||
Le val d'Anniviers vu depuis le roc de la Vache (sud) | |||
Massif | Alpes pennines (Alpes) | ||
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Pays | Suisse | ||
Canton | Valais | ||
District | Sierre | ||
Commune | Anniviers, Chalais et Chippis | ||
Coordonnées géographiques | 46° 12′ nord, 7° 35′ est | ||
Géolocalisation sur la carte : Suisse
Géolocalisation sur la carte : canton du Valais
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Orientation aval | nord | ||
Longueur | 35 km | ||
Type | Vallée glaciaire | ||
Écoulement | Blanc de Moming, glacier de Zinal, Navizence, glacier de Moiry, Gougra | ||
Toponymie
Le nom de la vallée a peu varié au cours de son histoire : vallis Annivesii avant 1052, puis de Anivesio en 1193, Annivies en 1215, Anives en 1243 et Annevié en 1253[1].
L'origine et la signification du nom « Anniviers » sont incertaines et ont été interprétées de manière différentes à partir du latin[2]. Selon le sociologue Bernard Crettaz, il trouverait son origine de la migration saisonnière de ses habitants entre la montagne et la plaine : l'étymologie renverrait les significations « année sur les chemins », « chemins de l'année » ou « travaux de l'année », soit « Anni viae »[3],[2]. Les autres interprétations possibles sont, entre autres, « Ad nives » (« vers les neiges ») ou « Anni visio » (« visite de l'année », en référence à la visite annuelle de l'évêque)[2].
En patois local, Anniviers se dit « Anivyè »[4]. La forme allemande « Eifischtal », encore utilisée dans certaines publications, aurait des origines similaires à celle en français ; elle n'a cependant aucun lien avec les poissons (Fisch en allemand)[2],[5].
Géographie
Situation
Le val d'Anniviers se situe dans le canton du Valais et est l'une des sept grandes vallées latérales de la vallée du Rhône suisse. Il se trouve sur la rive gauche du Rhône, en face de Sierre, et débute à Chippis, à 550 m d'altitude[6],[7] ; son point culminant se trouve au sommet du Weisshorn, à 4 500 m d'altitude[6].
Topographie
Le val d'Anniviers est orienté vers le sud-sud-est sur 35 km de longueur pour environ 10 km de largeur. L'altitude moyenne du val d'Anniviers est de 1 250 m[7]. Sa partie supérieure est séparée en deux par la Corne de Sorebois et la Garde de Bordon ; le val de Moiry continue au sud et le val de Zinal au sud-est[8].
Le val de Zinal commence au village d'Ayer et se termine à l'enceinte glaciaire de la Grande Couronne, composée par plusieurs sommets dont le Besso, le Grand Cornier, la dent Blanche, la pointe de Zinal, le mont Durand, l'Ober Gabelhorn et le Zinalrothorn. Là, le Weisshorn sépare le val d'Anniviers de la vallée de Zermatt, et la chaîne qui s'en détache au nord-nord-ouest — composée par la crête Millon, les Diablons, le Frilihorn, le roc de Budri, le Toûno, le Meidenhorn, la Bella Tola et l'Illhorn — le sépare du val de Tourtemagne. Dans cette même chaîne se trouve plusieurs cols : les cols des Diablons ou de Tracuit, de la Forclettaz, le Meidenpass, le pas du Bœuf et l'Illpass. Le val de Moiry possède également deux cols, accessibles depuis l'alpage de Torrent : le col de Torrent qui permet d'accéder à Evolène et le col de Sorebois qui mène à Zinal[9].
Hydrographie
Le val d'Anniviers et le val de Zinal sont parcourus par la Navizence. Celle-ci naît à partir du glacier de Zinal, recueillit l'eau venant du Blanc de Moming et de divers autres petits torrents et se jette dans le Rhône à Chippis, après avoir parcouru 22 km[9], . Le val de Moiry est quant à lui parcouru par la Gougra, qui est alimentée par le glacier de Moiry ainsi que les neiges du Grand Cornier, du Bouquetin et du Pigne de la Lé[9]. La Gougra sert d'abord de source au barrage de Moiry avant de se jeter dans la Navizence à Mission[9],[11]. Le bassin versant de la Navizence fait au total 257,3 km2 .
La vallée a connu deux inondations notables. En , après un été très sec, des pluies torrentielles et un grand vent du sud ont fait reculer le glacier de Zinal, créant un lac proglaciaire qui, en cédant à cause du vent chaud, a provoqué un débordement de la Navizence. Cette dernière a ainsi emporté plusieurs ponts, granges et écuries, ainsi que les moulins d'Ayer[12]. En , la Navizence a de nouveau débordé, cette fois des suites d'un violent orage et de la fonte d'importantes quantités de neige. La rivière a alors causé de nombreux dégâts dans tout le val d'Anniviers et à Chippis, engloutissant notamment le terrain de football du FC Anniviers[13].
Sismicité, éboulements et avalanches
Le val d'Anniviers se situe dans une zone de risque sismique 3b, c'est-à-dire la catégorie des régions les plus exposées[14]. La vallée est également dans une zone de hauts risques d'avalanches[15].
Le val d'Anniviers a connu un certain nombre de catastrophes naturelles. La plus ancienne connue remonte au VIe siècle lorsque, après de fortes chutes de neige durant l'hiver suivies de longs orages et de pluies torrentielles au printemps, un pan de la montagne de Tsirouc s'est écroulé sur le village des Morasses. En 1817, le village de Mayoux a également été détruit, cette fois par une avalanche : trois hivers très froids consécutifs ont alors créé une cuvette de neige à 2 500 m, sous le roc d'Orzival. En se libérant suite à un réchauffement printanier et à des orages, la cuvette a laissé le chemin libre à une seconde avalanche, deux jours plus tard, venant de la face du roc d'Orzival et finissant au village[12].
Climat
Le climat du val d'Anniviers est influencé par ses reliefs : les villages en fond de vallée connaissent un taux de précipitation plus élevé de 25 % que Sierre tandis que Chandolin a un climat relativement sec. L'altitude a également un impact sur les températures, et il faut généralement compter une baisse de 0,5 °C par 100 m ; entre l'hôtel Weisshorn et Vissoie, respectivement à 2 330 et 1 200 m d'altitude, la différence de température est ainsi de 6 °C. Enfin, la durée d'ensoleillement est affectée par la géographie de la vallée : des villages sur le flanc est comme Saint-Luc et Chandolin connaissent un ensoleillement bien plus long que les villages en creux de vallée comme Vissoie et Zinal[6].
Données | Station | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Températures moyennes max. (°C) | Evolène/Villa (1 825 m)[16] | 0,7 | 0,9 | 4,4 | 8 | 11,8 | 15,7 | 18 | 17,5 | 13,7 | 10,1 | 4,7 | 1,8 | 8,9 |
Grächen (1 605 m)[17] | 0,9 | 1,5 | 5,4 | 9,3 | 14 | 18,3 | 20,4 | 19,8 | 15,5 | 10,8 | 4,7 | 1,4 | 10,2 | |
Zermatt (1 638 m)[18] | 0,8 | 1,7 | 5,7 | 9,8 | 13,9 | 17,8 | 20 | 19,6 | 15,4 | 11,2 | 5,1 | 1,5 | 10,2 | |
Températures moyennes min. (°C) | Evolène/Villa (1 825 m) | −5,5 | −6,0 | −3,5 | −0,8 | 2,9 | 6,3 | 8,2 | 8,6 | 5,3 | 2,3 | −2,1 | −4,6 | 0,9 |
Grächen (1 605 m) | −5,4 | −5,6 | −2,7 | 0,4 | 4,3 | 7,9 | 9,8 | 9,9 | 6,5 | 3,2 | −1,4 | −4,4 | 1,9 | |
Zermatt (1 638 m) | −7,4 | −7,3 | −4,0 | −0,7 | 3,2 | 6,6 | 8,3 | 8,3 | 5 | 1,4 | −3,1 | −6,3 | 0,3 | |
Précipitations (mm) | Evolène/Villa (1 825 m) | 49 | 40 | 41 | 50 | 81 | 81 | 88 | 85 | 55 | 54 | 55 | 55 | 734 |
Grächen (1 605 m) | 42 | 31 | 37 | 47 | 69 | 58 | 56 | 62 | 43 | 57 | 56 | 50 | 607 | |
Zermatt (1 638 m) | 42 | 30 | 33 | 40 | 77 | 70 | 59 | 68 | 51 | 57 | 65 | 47 | 640 | |
Ensoleillement (heures) | Evolène/Villa (1 825 m) | 110 | 119 | 159 | 164 | 178 | 192 | 212 | 194 | 169 | 143 | 104 | 96 | 1 840 |
Grächen (1 605 m) | − | − | − | − | − | − | − | − | − | − | − | − | − | |
Zermatt (1 638 m) | 94 | 109 | 151 | 147 | 155 | 171 | 185 | 176 | 156 | 133 | 89 | 83 | 1 648 | |
Source : MétéoSuisse. |
Histoire
Des traces humaines datant de l'âge du fer et du bronze — principalement de nombreuses pierres à cupules — ont été retrouvées dans le val d'Anniviers. Une population de Celtes romanisés est attestée au Xe siècle. Aux XIe et XIIe siècles, la suzeraineté de la vallée est imprécise, mais le chapitre de Sion et les comtes de Granges y possèdent déjà des terres. La vallée est acquise par l'évêque de Sion entre 1116 et 1138 et est cédée au chapitre. En 1193, l'évêque redevenu seigneur d'Anniviers le fait administrer en vidomnat dès 1311 par la famille d'Annviers, qui obtient en 1278 la majorie de la vallée[19],[alpha 1].
La vallée, qui depuis 1327 est divisée en quatre quartiers politiques — Ayer, Grimentz, Saint-Luc et Vissoie —, revient à la famille de Rarogne dès 1381[19],[21] ; ces quartiers se transforment un à un en communes, bien que les dates de leurs fondations soient inconnues[19],[22]. La seigneurie retourne finalement parmi les possessions de l'évêque de Sion de 1467 à 1798, avec un châtelain nommé par l'évêque ainsi qu'un vice-châtelain et un sautier choisis par le peuple d'Anniviers. En 1565, la vallée représente un tiers du dizain de Sierre. Le rachat des dernières redevances et servitudes féodales se fait de 1792 à 1804. Avant 1798, Anniviers, bien que non fermé géographiquement, constitue un isolat culturel (une seigneurie, une paroisse, une confrérie, une grande communauté) et autarcique, groupant dix communautés villageoises aux relations complexes et parfois tendues[19].
À la fin du XVIIIe siècle, l'unité de la vallée se désagrège : la confrérie du Saint-Esprit, qui datait de 1258, disparaît en 1800, et la paroisse se sépare ; alors qu'il n'y avait qu'une paroisse dans la vallée au XIIe siècle, elles passent au nombre de 2 en 1805 puis de 5 en 1932. Les communes s'individualisent progressivement et séparent le val d'Anniviers en six dès 1905. La chute du secteur primaire (88,6 % des emplois en 1910, 10 % en 1980) et l'essor du tourisme favorisent le retour à une certaine unité. Les communes d'Ayer, Chandolin, Grimentz, Saint-Jean, Saint-Luc et Vissoie sont finalement réunies par fusion en 2009 et deviennent la commune d'Anniviers[19].
Activités
Tourisme
Le val d'Anniviers compte trois sociétés de remontées mécaniques Grimentz-Zinal, Saint-Luc - Chandolin et Vercorin.
Chaque deuxième dimanche d'août, le val d'Anniviers accueille d'ailleurs la course à pied Sierre-Zinal, également appelée la « Course des Cinq 4 000 ». Les vainqueurs relient la ville de Sierre à la station de Zinal, en 2 h 30 environ, après avoir parcouru 31 km de sentiers et quelque 2 000 mètres de dénivellation.
Protection environnementale
Il existe plusieurs sites protégés faisant partie de l'inventaire fédéral des prairies et pâturages secs d'importance nationale dans le val d'Anniviers : à Ayer (2,29 ha), au Poyou (3,79 ha), aux mayens de Pinsec (4,51 ha), aux Poyets (7,28 ha), aux Fénis (28,13 ha), à Tignousa (2,66 ha), aux Pontis (6,23 ha), à Ponchet (14,77 ha) et à Biolly (20,61 ha)[23],[24]. Les gorges du Ponti ainsi que plusieurs prairies sèches au sud-ouest du val d'Anniviers font partie de la zone Pfynwald-Illgraben. Ce site fait partie de l'inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d'importance nationale, une classification qui a entre autres pour but de protéger la nature et la tranquillité de ces zones, les prairies sèches étant des habitats idéaux pour la faune locale[25].
Annexes
Bibliographie
- Bernard Crettaz, Nomades et sédentaires dans le Val d'Anniviers, Genève, éditions Grounauer, .
- Martin Fenner (trad. de l'allemand par Stéphane Andereggen), Val d'Anniviers : Tradition et Mutations [« Val d'Anniviers: Tradition und Wandel »], Sierre, Éditions Monographic, (ISBN 978-2-88341-230-9).
- Charles Knapp, Maurice Borel et V. Attinger, Dictionnaire géographique de la Suisse : Aa - Engadine, t. 1, Neuchâtel, Société neuchâteloise de géographie, (lire en ligne), « Anniviers (val des ou val d') », p. 69-70.
- Dr Erasme Zufferey, Le Passé du Val d'Anniviers, t. 1, Haute-Savoie, Société d'imprimeurs d'Ambilly-Annemasse, .
Liens externes
- Danielle Allet-Zwissig, « Val d'Anniviers » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
Notes et références
Notes
- Le viomnat est un droit qui ne peut pas être donné par héritage ; au décès du vidame il incombe à l'évêque de Sion de décider à qui reviendrait le titre. En obtenant les droits de majorie sur la vallée, la famille d'Anniviers s'assure donc de garder son territoire par héritage[20].
Références
- « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs », sur henrysuter.ch (consulté le )
- Fenner 2015, p. 20.
- Bernard Crettaz, Le curé, le promoteur, la vache, la femme et le président : que reste-t-il de notre procession ? - Bernard Crettaz - Payot, Ayer, éditions Porte-plumes, (ISBN 978-2-940327-19-5)
- Jean-Baptiste Massy et Gérard Revey, Lexique du Patois d'Anniviers, Zinal et Orbe, EDICME, , 203 p. (ISBN 978-2-940614-05-9), p. 32
- (de) «Eifischtal», sur Schweizer Radio und Fernsehen (SRF) (consulté le ).
- Fenner 2015, p. 15.
- Knapp, Borel et Attinger 1902, p. 69.
- Knapp, Borel et Attinger 1902, p. 69-70.
- Knapp, Borel et Attinger 1902, p. 70.
- Un aménagement aux confins des vallées d’Anniviers et de Tourtemagne, Sierre, Forces Motrices de la Gougra SA, , 10 p. (lire en ligne), p. 6.
- Alain Tesar, Les risques naturels dans le Val d'Anniviers : risques objectifs, perception et gestion, Lausanne, Université de Lausanne, (lire en ligne), p. 30.
- « Les orages ont provoqué des inondations entre Zinal et Chippis », sur rts.ch, (consulté le )
- « Carte des zones sismiques de Suisse », sur map.geo.admin.ch, (consulté le ).
- « Dangers des avalanches », sur sitonline.vs.ch (consulté le ).
- MétéoSuisse, « Normes climatologiques Evolène/Villa » [PDF], sur meteosuisse.admin.ch (consulté le ).
- MétéoSuisse, « Normes climatologiques Grächen » [PDF], sur meteosuisse.admin.ch (consulté le ).
- MétéoSuisse, « Normes climatologiques Zermatt » [PDF], sur meteosuisse.admin.ch (consulté le ).
- Danielle Allet-Zwissig, « Val d'Anniviers » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Zufferey 1927, p. 111-112.
- Zufferey 1927, p. 226.
- Zufferey 1927, p. 182.
- « Carte de l'Inventaire fédéral des prairies et pâturages secs d’importance nationale (PPS) », sur geo.admin.ch (consulté le ).
- Fiches d'inventaire individuelles : « Ayer », « Le Poyou », « Mayens de Pinsec », « Poyets », « Les Fénis », « Tignousa », « Les Pontis », « Ponchet » et « Biolly », OFEV, 2017.
- (fr + de) IFP 1716 Pfynwald – Illgraben, OFEV, (lire en ligne), p. 1-5.
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