Fonderie d'art du Val d'Osne

La fonderie d'art du Val d'Osne, située au Val d'Osne, écart de la commune d'Osne-le-Val (Haute-Marne), est une fonderie d'art française.

Ne doit pas être confondu avec Osne-le-Val.

Fonderie d'art du Val d'Osne

Entrée (ci-dessus) et bâtiments (ci-dessous))
de la fonderie.

Création 1836
Disparition 1986
Fondateurs Jean-Pierre-Victor André
Siège social Paris
 France
Activité Fonte d'art
Effectif 215 en 1844[1]
Statut patrimonial  Inscrit MH (1993)[2]

Les ateliers, créés en 1836 par Jean-Pierre-Victor André pour fabriquer du mobilier urbain et de la fonte décorative, sont rapidement devenus la plus importante production de fonte d'art en France, jusqu'au début du XXe siècle. Leur activité a cessé en 1986.

L'entreprise a souvent changé de nom au cours de son histoire : Barbezat et Cie (1855), Société anonyme des Hauts fourneaux et fonderies d'art du Val d'Osne, Société anonyme des établissements métallurgiques A. Durenne et du Val d'Osne (ou Durenne Val d'Osne, 1931), Générale d'hydraulique et de mécanique (1971)[3].

Historique

Les débuts

Signature de la fonderie du Val d'Osne sur la fontaine de la place Salengro à Toulouse.

Jean-Pierre-Victor André (1790-1851) a commencé sa carrière comme adjudicataire de la ville de Paris. Il a été également régisseur de fonderies à Thonnance-lès-Joinville et Cousances-aux-Forges, ce qui lui a donné l'expérience de la production et la connaissance du marché de la fonte d'ornement. Il se fait rapidement remarquer par la qualité de ses productions en Haute-Marne ; puis par la recherche de productivité qui lui permet d'abaisser les prix de ses balcons et fontes d'ornement. L'usine, créée en 1836[4] a d'emblée été conçue pour la fonte d'ornement.

Dès 1827, André et Calla sont remarqués pour leur production. Il est ainsi écrit dans un rapport de la Société d'encouragement de l'industrie nationale :

« M. André, maître de fonderies, rue Neuve-Ménilmontant, à Paris - M. André, admis avec empressement par le jury du département de la Seine, qui connaît ses utiles travaux, n’a cependant fait parvenir à l’exposition qu’une balustrade de croisée en fonte de première fusion. Cette pièce, dont le prix était de 15 f., indiquait les progrès récents des usines situées en Champagne ; nous regrettons qu’elle n’ait pas été accompagnée d’objets d’exécution plus difficile et d’autres pièces usuelles, que cette fonte reproduit avec une économie marquée (1), et dont l’activité de la fabrication en grand dans cette province est surtout due à l’exemple que M. André en donna l’un des premiers. (1) Voyez page 75. Les ornements tumulaires, marteaux de portes, bas-reliefs, etc., en fonte de première fusion […] étaient tirés des usines de M. André ; leurs prix, peu élevés, et leur bonne exécution les rendaient fort remarquables[5]. »

Vénus d’après Antonio Canova (le « Hope Venus ») par la fonderie d'art du Val d'Osne (1844), Lons-le-Saunier, Place Bichat.

En 1839, sa réputation est assise :

« L’établissement de M. André est depuis longtemps connu dans le commerce : ses fontes moulées sont estimées pour leur bonne exécution et leur qualité. M. André a, le premier, introduit, dans le département de la Haute-Marne, le moulage en sable ; en remplacement du moulage en terre, bien plus long et bien plus dispendieux. Cette amélioration s’est bientôt répandue : il en résulta une grande diminution dans le prix des fontes moulées. L’établissement d’Osne-le-Val est le plus important en son genre dans la Haute-Marne.

Le jury décerne à M. André une médaille d’argent[6]. »

La grande période

Le Crystal Palace de Londres (1851).

En 1849, la fonderie fait travailler 169 personnes[3].

L'Exposition universelle de 1851 à Londres au Crystal Palace lui donne la consécration internationale :

« Le Palais de cristal, par ses proportions grandioses, et les nombreux navires en fer qui sillonnent déjà la mer, sont des preuves évidentes de l’avenir immense qui est encore réservé à la fonte et du fer. En examinant maintenant quelle est la part qui revient à chaque pays dans les progrès que l’industrie de la fonte moulée a réalisés jusqu’à présent, nous trouvons que la France, naguère encore inférieure à l’Allemagne et à l’Angleterre dans cette fabrication, a fini par les surpasser et qu’elle occupe aujourd’hui le premier rang dans l’art de fondre le fer. »

À l’Exposition de Londres, le jury a accordé quatre grandes médailles (council medals) à l’industrie des fontes moulées. Dans ce nombre il y en avait deux pour la France, une pour l’Allemagne et une pour l’Angleterre.

« C’est qu’en effet nos fontes surpassaient toutes les autres par la pureté des formes, l’élégance et la netteté des dessins et le fini des surfaces au sortir du moule.

M. André, du Val-d’Osne, l’un des lauréats pour la grande médaille, avait exposé une fontaine d’une construction et d’un moulage admirables. Son alligator, sa cheminée, son bois de lit, présentaient un coulage tellement parfait, qu’on avait de la peine à croire que ces objets n’avaient pas reçu la moindre retouche, mais se trouvaient tels qu’on les avait sortis du moule. Son bois de lit surtout excitait l’admiration des connaisseurs par les bas-reliefs qui l’ornaient et dont l’élégance et la belle venue rendaient le plus honorable témoignage du talent de l’artiste et de l’habileté et des connaissances du mouleur et du fondeur[7]. »

En 1855, Gustave Barbezat rachète la fonderie, qui devient alors Barbezat et Cie[3], et dès l'année suivante fait construire un second haut-fourneau[3]. La société s'agrandit. En 1860, elle est équipée de cinq machines Wilkinson[3].

En 1860, la croix de l'Évangile de Paris est réalisée par la fonderie.

Présente à l'Exposition universelle de 1900, la fonderie d'art du Val d'Osne conçoit la même année, dans des styles très différents, les quatre grands ensembles en bronze doré du pont Alexandre-III et les entourages Art nouveau conçus par Hector Guimard pour le métro de Paris.

Après la Première Guerre mondiale

La fonte d'ornement n'est plus à la mode : la fonderie d'art du Val d'Osne connaît une dernière grande activité avec la production de monuments aux morts, et un catalogue spécial est édité en 1921. Mais ensuite, la fonderie évoluera de plus en plus vers de la production industrielle, même si elle continue à proposer des statues et des fontaines. Après des mutations successives  notamment l'achat par son concurrent, les Établissements Durenne en 1931, mais qui gardera le nom prestigieux , elle disparaîtra en se fondant au sein de la Société générale de fonderie, puis en 1971 de la Générale d'hydraulique et de mécanique (GHM)[3]. Elle cesse son activité en juillet 1986[3].

Actuellement, l'édition de produits issus du catalogue du Val d'Osne comme les fontaines Wallace se poursuit, ainsi que des entourages Guimard pour la RATP (entrées de métro), des candélabres, du mobilier urbain.

Production de la fonderie

Équipement urbain, fontaines, statuaire profane et religieuse

Les catalogues du Val d'Osne comprennent des milliers de pages et dans chaque page, des dizaines de produits peuvent parfois être décrits et illustrés. Parmi les plus représentatifs[8] figurent :

  • le volume no 2 : fontes d'art[9] ;
  • le volume no 3 : fontes religieuses[10];
  • le volume de 1921 : monuments aux morts[11],[12].

Sculpteurs édités par la fonderie

Notes et références

  1. « Rapport du jury central. Tome 1 / Exposition des produits de l'industrie française en 1844, page 738. », sur gallica BNF (consulté le )
  2. Base Mérimée : Fonderie du Val d'Osne
  3. "Haut fourneau, fonderie (fonderie d'ornement) Barbezat et Cie, puis S.A. des Hauts Fourneaux et Fonderies d'art du Val d'Osne, puis S.A. des Ets Métallurgiques A. Durenne et du Val d'Osne, puis Générale d'Hydraulique et de Mécanique", dossier de 1989, sur le portail du patrimoine du site de Champagne-Ardenne, consulté le .
  4. Date de la demande d'autorisation, la date de mise en production n'étant pas certaine.
  5. Rapport du jury départemental de la Seine sur les produits de l’industrie admis au concours de l’exposition publique de 1827, par M. Payen, Manufacturier-chimiste…
  6. « « Rapport du jury central », in Exposition des produits de l'industrie française en 1839, Tome 1, p. 383. », sur gallica BNF (consulté le ).
  7. 23e jury, Rapport sur l'Exposition de Londres, 1851.
  8. Ces trois catalogues sont en ligne dans la (base de données du site e-monumen.net.
  9. Les planches peuvent être consultées sur cette page du site e-monumen.net https://e-monumen.net/categorie/volumen/val-dosne-n-2-fontes-dart/
  10. Les planches peuvent être consultées sur cette page du site e-monumen.net https://e-monumen.net/categorie/volumen/val-dosne-n-3-fontes-religieuses/
  11. https://monumentsmorts.univ-lille.fr/auteur/208/valdosne/
  12. Les planches peuvent être consultées sur cette page du site e-monumen.net https://e-monumen.net/categorie/volumen/val-dosne-monuments-aux-morts/
  13. « POURQUET Charles-Henri- Sculpteur », sur monumentsmorts.univ-lille3.fr (consulté le ).
  14. « Quand la mémoire peut être belle », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  15. « Sainte Bernadette (Sainte-Marie Bernard) – Nevers | E-monumen », sur e-monumen.net, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • André Barbezat, Hauts-fourneaux et fonderies du Val d'Osne : tarif, Paris, Imp. de Wittersheim, , 232 p. (lire en ligne).
  • Fontes, ASPM, depuis 1990 (ISSN 1166-7281).
    La revue Fontes, éditée par l'Association pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine métallurgique haut-marnais (ASPM), est consacrée à la métallurgie ancienne et la fonte d'art.
  • Emmanuel Vuillaume, La fonte d'art au Val d'Osne à travers l'œuvre du sculpteur Mathurin Moreau (Mémoire d'histoire du patrimoine.), Reims, université de Reims Champagne-Ardenne, , 167 p.
  • Abbé Hubert Maréchal, « Notice sur Osne-le-Val et le Prieuré du Val-d'Osne », dans Mémoire de la société des lettres de Saint-Dizier, t. XIII, (lire en ligne)


Articles connexes

Liens externes

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