Valparaíso
Valparaíso /balpaɾaˈiso/[1] (issu de Valle paraíso « Vallée Paradis » et aussi nommée « Valpo » par ses résidents), ou Valparaiso en français, est un port et une ville du Chili, capitale de la région et de la province. Elle est le premier port et la troisième ville du Chili. La ville forme avec les communes voisines la conurbation du Grand Valparaíso qui compte environ 1 million d'habitants. Le Grand Valparaiso comprend les communes de Quilpué, Viña del Mar, Villa Alemana et Concón.
Pour les articles homonymes, voir Valparaiso (homonymie).
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Valparaíso joue un rôle géopolitique très important dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque la ville sert d'escale pour les bateaux passant de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique par le détroit de Magellan. Durant cet âge d'or, Valparaíso devient un pole d'attraction pour les immigrants européens et se développa fortement. Elle était alors connue par les marins étrangers comme la « Petite San Francisco » et le « Joyau du Pacifique ».
Elle accueille plusieurs instances de portée nationale : le Congrès national, l'État-major de la Marine chilienne, le service des douanes et le Conseil national de la Culture et des Arts. Son centre historique a été déclaré patrimoine culturel de l'humanité par l'Unesco en 2003.
C'est aussi une ville intellectuelle avec quatre universités, dont l'université de Playa Ancha, l'université de Valparaíso et l'université pontificale catholique de Valparaíso. Le siège du plus ancien journal hispanophone encore en circulation, El Mercurio de Valparaíso, est également situé dans la ville.
Toponymie
Il existe deux versions sur l'origine du nom de la ville. La première théorie attribue à Juan de Saavedra la dénomination de la ville. Ce conquistador espagnol aurait ainsi baptisé la rade en 1536 en souvenir de son village natal : Valparaíso de Arriba.
La seconde version attribue la dénomination aux soldats du navigateur Juan Bautista Pastene. Ces derniers aurait dénommé ce lieu « Val des Paraíso », c'est-à-dire Vallée du Paradis. Avec le temps, le nom se serait transformé en Valparaíso.
Autres noms
Les Mapuches du secteur l'appelaient Alimapu (en Mapudungun : alia mapu, « Terres brûlée ») sûrement en relation avec les fréquents incendies forestiers qui touchent cette zone. Les Changos la dénommaient quant à eux Quintil (« Baie profonde »).
Elle est aussi appelée le « Joyau du Pacifique ». Il existe d'ailleurs une valse péruvienne qui porte ce nom (La Joya del Pacífico composée dans les années 1940 par Víctor Acosta et Lázaro Salgado), considérée comme l'hymne populaire de la ville.
Histoire
La baie de Valparaiso est peuplée pour la première fois par les indiens Picunche, qui se consacraient à l'agriculture. D'autres sources disent que ce sont les Indiens Changos, dévoués à la pêche et qui se déplaçaient entre Caldera et Concepción.
Valparaiso fut fondée le par don Pedro de Valdivia qui par cette fondation donna un port à la ville de Santiago située 120 km au sud-est de là[2].
De 1559 à 1615, les pirates anglais attaquèrent à plusieurs reprises Valparaíso pour s'emparer de l'or stocké dans le port. En 1594, le gouverneur du Chili fit construire un fort au pied de l'actuel cerro Artilleria et fit protéger le port par des militaires.
Dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle, l'activité portuaire du site augmenta fortement. C'est de là que partaient le vin, le cuir et le fromage qui étaient envoyés dans l'ensemble de la Vice-royauté du Pérou. Plusieurs navires en provenance de la métropole s'y arrêtaient aussi. En 1730, on y comptait 100 maisons et 4 églises.
Avec l'indépendance du Chili et la nouvelle liberté de commerce, Valparaíso devint le port le plus important de la nouvelle nation et l'escale obligée pour les navires allant de l'Atlantique au Pacifique via le détroit de Magellan. Au cours des années 1820, l'un des principaux négociants de la ville était un Français, Henry Dubern.
L'immigration européenne aux XIXe et XXe siècles au Chili, et spécialement à Valparaíso, contribue au développement économique, avec notamment une immigration en provenance d'Allemagne, de Croatie et d'Italie[3],[4].
Le port entra en déclin avec la construction du canal de Panama, la percée du canal portant un coup sévère à la cité qualifiée alors de « perle du Pacifique ».
Le , un séisme de magnitude de 8,2 sur l'échelle ouverte de Richter causa la mort de 3 000 personnes et fit 20 000 blessés à Valparaíso[5],[6].
Le , un gigantesque incendie dévaste une partie de la ville. Les pompiers mettent dix jours pour maîtriser le feu. Finalement, 2 900 logements sont détruits, 12 500 personnes sont touchées et l'on dénombre 15 morts. La présidente du Chili, Michelle Bachelet, évoque « sans doute le pire incendie de l'histoire de Valparaiso »[7].
En , des milliers de personnes manifestent contre le gouvernement et sa politique économique, jugée très inégalitaire. Après des incidents, le président Sebastian Piñera se déclare « en guerre contre un ennemi puissant, prêt à la violence sans limite », proclame l’état d’urgence, élargit les périodes de couvre-feu et des forces militaires sont déployées dans les rues[8].
Géographie
Valparaíso est situé à 115 km au nord-ouest de Santiago, capitale du Chili. Géographiquement, la ville se présente sous la forme d'un grand amphithéâtre naturel, situé dans la baie du même nom et entouré de collines, dans lequel vit la plupart de la population.
La ville présente en effet deux parties distinctes. D'une part la ville basse (« El Plan »), située sur la partie plate de la ville, qui abrite le port ainsi qu'une grande majorité des commerces de la ville, d'autre part la ville haute, les Cerros (les collines) dans laquelle la majorité de la population vit, en plus de Laguna Verde et Placilla-Curauma. Ce sont ces dernières habitations de tôle aux couleurs si variées qui donnent à la ville son allure unique.
Le Barrio Puerto
Habité depuis l'époque coloniale, le Barrio Puerto est le quartier le plus antique de la ville. C'est dans ce quartier que se situe l'église de la Matriz, première église de la ville (elle a été reconstruite à de nombreuses reprises dans des styles différents). On trouve aussi dans ce quartier le commandement en chef de la marine chilienne ainsi que la plupart des installations portuaires de la ville.
El Almendral
Cette zone est la plus grande partie plane de la ville. Tout comme le Barrio Puerto, il fut agrandi au milieu du XIXe siècle en gagnant de l'espace sur la mer. Cet agrandissement rendit possible la construction des avenues Brasil et Errázuriz, ainsi que le bord de mer occupé par le port. Puis, au début du XXe siècle, en parallèle de la reconstruction de la ville à la suite du tremblement de terre de 1906, de nouveaux espaces furent gagnés sur l'océan. On retrouve dans cette partie de la ville le Congrès National du Chili, la place Victoria, la cathédrale de la ville, le théâtre municipal ainsi que la plupart des commerces et des établissements scolaires de la ville.
Le secteur Yolanda
Ce secteur se situe entre les pieds des cerros Barón et Placeres, l'avenue Argentine, l'océan Pacifique et la commune voisine de Viña del Mar. C'est là que se situe la zone de stockage des conteneurs du port. Cette zone est depuis 2014 l'objet de débats et de polémiques. Un projet de mall y est projeté mais de nombreux habitants ainsi que des entreprises portuaires s'y opposent, car cela empêcherait une expansion future du port. À l'inverse, beaucoup de voix s'opposent au projet de Megaport.
Les Cerros
Les Cerros sont le lieu résidentiel de la ville. En effet, 94 % des 300 000 valparaisiens vivent dans ces collines desservies par 15 ascensores qui mènent aux cerros. L'architecture y est très variée. On y rencontre des habitations très précaires mais aussi des hôtels particuliers aux styles très différents. Il y a aussi une ancienne prison qui est aujourd'hui un centre culturel, ainsi que les principaux cimetières de la ville.
Les Cerros possèdent des caractéristiques urbaines et sociales différentes les unes des autres. Ils possèdent leurs propres rues et escaliers d'accès, et quelques-uns sont équipés d'un ascenseur qui les unit au quartier du Plan. Chacun possède ses magasins, ses associations, sa vie de quartier. En d'autres termes, ce sont des unités qui forment des quartiers et qui ont leur propre identité. Cette identité est tellement forte qu'il arrive que des habitants d'un cerro connaissent un autre cerro seulement de nom. Ou que les porteños qui habitent ailleurs au Chili ou à l'étranger se reconnaissent entre eux plus par le cerro d'où ils sont originaires que par la ville même.
Laguna Verde
Laguna Verde est un village situé dans une baie au sud de la ville. Sa population est d'environ 5 000 habitants. Il s'agit d'une zone très calme qui possède de grands espaces naturels. C'est un lieu où de nombreuses personnes se font construire des résidences secondaires. La grande partie de sa population travaille et étudie à Valparaíso.
Placilla-Curauna
Placilla se situe à 11 km à l'est de Valparaíso, près de la réserve nationale Lago Peñuelas. Elle possède une population d'environ 40 000 habitants. Ce secteur possède de nombreuses installations portuaires et industrielles. Du fait de sa relative distance de Valparaíso, Placilla a cherché à divers moments son indépendance administrative. À côté de Placilla se trouve le secteur de Curauna, une petite ville de 23 000 habitants. Actuellement, les deux secteurs sont en voie de conurbation avec Valparaíso et Viña del Mar. Tout comme Laguna Verde, la majorité de la population travaille ou étudie à Valparaíso ou Viña del Mar.
Sa configuration urbaine est déterminée par la topographie de la baie, dominée par quarante-quatre collines formant un amphithéâtre naturel donnant sur l'océan Pacifique.
La ville peut se visiter en utilisant les funiculaires, appelés ascensores en espagnol, qui permettent d'accéder aux quartiers situés sur les collines de la ville. De là on peut voir toute la baie de Valparaiso, avec son port et au loin vers le nord-est la cité balnéaire de Viña del Mar.
Climat
Valparaíso possède un climat méditerranéen caractérisé par des étés chauds et secs (janvier et février dans l'hémisphère sud) et des hivers doux et humides (juillet et août dans l'hémisphère sud).
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température moyenne (°C) | 17 | 16,8 | 15,6 | 14,2 | 13,3 | 12 | 11,4 | 11,7 | 12,1 | 13,2 | 14,7 | 16,2 | 14 |
Précipitations (mm) | 0,4 | 0 | 3,7 | 13,3 | 54,5 | 83,1 | 111,2 | 60 | 26,7 | 10,4 | 7,9 | 1,3 | 372,5 |
Transports
Le métro de Valparaíso (Metro Regional de Valparaíso, ou Merval) a été inauguré le . Son unique ligne relie, en vingt stations, la capitale régionale, Valparaíso, à Limache en passant par la ville la plus peuplée de la région, Viña del Mar, Quilpué et Villa Alemana. La ville de Valparaíso est desservie par cinq stations : Puerto, Bellavista, Francia, Barón et Portales.
Les ascensores, des funiculaires, desservent les hauts quartiers de Valparaiso. Ces dernières années de nombreux funiculaires ont été arrêtés mais un programme de restauration via l'achat par l'État chilien est en cours.
Patrimoine
- Cathédrale Notre-Dame-du-Mont-Carmel
- Église des Douze-Apôtres (1875)
- Église des Sacrés-Cœurs (1874)
- Musée à ciel ouvert de Valparaíso ;
Personnalités illustres
Personnalités nées à Valparaiso :
- Gato Alquinta (1945-2003), musicien.
- Zuliana Araya (1964-), militante trans.
- Sergio Badilla Castillo (1947-), poète.
- Claudio Bravo (1936-2011), peintre.
- Camila Espinoza (1993-), journaliste chilienne.
- Elías Figueroa (1946-), footballeur chilien.
- Rodrigo González (1968-), bassiste du groupe allemand Die Ärzte.
- Raquel Garrido (1974-), politique française, éditorialiste.
- Manfred Max-Neef (1932-), économiste et environnementaliste chilien.
- Augusto Pinochet (1915-2006), général et président de la République de 1974 à 1990.
- David Pizarro (1979-), footballeur chilien.
- Chris Watson (1867-1941), Premier ministre d'Australie en 1904.
Personnalités décédées à Valparaiso :
- Charles McMorris (1890-1954), amiral américain, décédé dans cette ville.
Jumelages
- Oviedo (Espagne) depuis le
- Badalona (Espagne)
- Santa Fe (Espagne)
- Long Beach (Californie) (États-Unis)
- Shanghai (Chine) depuis 2001
- Guangdong (Chine)
- Callao (Pérou)
- Bat Yam (Israël)
- Melaka (Malaisie)
- Novorossiisk (Russie)
- Busan (Corée du Sud) depuis 1999
- Córdoba (Argentine)
- Odessa (Ukraine)
- Rosario (Argentine) depuis 1994
Galerie de photographies
- L'ascenseur Artillería
- Rails du métro-train entre les installations portuaires et l'avenue Errázuriz
- Valparaíso en 1906
- L'Instituto Nacional de Capacitación Profesional de Valparaíso
- La ville vue depuis la Sebastiana, maison de Pablo Neruda transformée en musée
- Édifices patrimoniaux de Valparaíso
- Siège du Mercurio de Valparaíso
- Monument aux héros de la bataille d'Iquique, place Sotomayor
- Port à conteneurs
- Reloj Turri
Voir aussi
Liens externes
- (es) (en) Portail touristique officiel
- (es) Municipalité de Valparaiso
Notes et références
- Prononciation en espagnol d'Amérique retranscrite selon la norme API.
- Alonso de Góngora Marmolejo, Historia de Chile desde su descubrimiento hasta el año de 1575, Imp. del Ferrocarril, (présentation en ligne)
- Adrian Clar, « Immigration au XIXe et du XXe... », sur excepcion.com, Chile Excepcion, (consulté le ).
- « Allemagne-Argentine : en Amérique du Sud, l'Allemagne est un peu chez elle », sur Slate.fr, (consulté le ).
- http://www.ciudaddevalparaiso.cl/inicio/patrimonio_historia_sxxi.php?id_hito=14
- https://earthquake.usgs.gov/earthquakes/world/world_deaths.php
- « Après dix jours de feu, l'incendie géant de Valparaiso est maîtrisé », RTS Info, (lire en ligne)
- « Frappé par une sécheresse historique, le Chili se révolte contre l'injustice sociale », sur Reporterre,
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