Vol Fuerza Aérea Uruguaya 571
Le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, également appelé drame de la cordillère des Andes, était un vol assurant la liaison entre Montevideo en Uruguay et Santiago au Chili. Le 13 octobre 1972, l'appareil, un Fairchild FH-227 de la Force aérienne uruguayenne, s'écrase dans la cordillère des Andes dans le département argentin de Malargüe. Sur les 45 passagers et membres d'équipage, 17 meurent lors du crash ou dans les 24 heures après l'écrasement et 12 autres dans les deux mois suivants dont 8 dans une avalanche. Ayant appris grâce à une radio que les recherches avaient été abandonnées et isolés sans nourriture à 3 600 m d'altitude dans des conditions climatiques difficiles, les survivants se résolvent à manger les corps des passagers morts, préservés par le froid. Pour ainsi dire condamnés à se sauver par eux-mêmes, Fernando Parrado et Roberto Canessa, parviennent, au terme d'un périple de dix jours, à rejoindre une vallée et prévenir les secours par l'intermédiaire du huaso Sergio Catalán. Les 22 et , plus de deux mois après l'accident, les secours récupèrent finalement les 16 survivants.
Vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 | ||||
Mémorial sur le site de l'accident. | ||||
Caractéristiques de l'accident | ||||
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Date | ||||
Type | Impact sans perte de contrôle | |||
Causes | Erreur de navigation | |||
Site | Cordillère des Andes | |||
Coordonnées | 34° 45′ 54″ sud, 70° 17′ 11″ ouest | |||
Caractéristiques de l'appareil | ||||
Type d'appareil | Fairchild Hiller FH-227 | |||
Compagnie | Force aérienne uruguayenne | |||
Lieu d'origine | Aéroport international de Carrasco (Uruguay) | |||
Lieu de destination | Aéroport international Arturo-Merino-Benítez (Chili) | |||
Phase | Croisière | |||
Passagers | 40 | |||
Équipage | 5 | |||
Morts | 29 | |||
Survivants | 16 | |||
Géolocalisation sur la carte : Amérique du Sud
Géolocalisation sur la carte : Argentine
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Déroulement
Le , un Fairchild FH-227 de la Force aérienne uruguayenne quitte l'aéroport international de Carrasco à Montevideo en Uruguay pour rejoindre Santiago au Chili. À son bord se trouvent principalement des joueurs de rugby à XV de l'équipe des Old Christians de Montevideo qui doivent disputer un match au Chili, ainsi que des parents et des amis des joueurs. L'avion se pose pour une nuit à Mendoza en Argentine à cause des conditions climatiques difficiles.
Le lendemain, le , le pilote de l'appareil, le colonel Julio Ferradas, choisit de traverser la cordillère des Andes au passage du Planchón, au sud de Mendoza. Une fois traversé, l'avion doit prendre le cap au nord pour rejoindre Santiago. Croyant avoir franchi entièrement le passage dans les nuages, le copilote avertit la tour de contrôle de Santiago qu'il se trouve au-dessus de Curicó et qu'il va virer pour amorcer sa descente. La navigation à l'estime du copilote est cependant fausse : la vitesse de l'avion est plus faible à cause du vent de face et le temps habituel de la traversée a été rallongé. L'avion descend trop tôt et percute un premier pic qui arrache l'aile droite ; celle-ci est projetée vers l'arrière et emporte la dérive avec tout l'arrière du fuselage et quelques passagers. L'aile gauche est à son tour arrachée lors d'une collision avec un second sommet ; l'avant du fuselage termine sa course dans la neige d'un glacier à 3 600 m d'altitude, dans une zone reculée du département de Malargüe à proximité de la frontière entre l'Argentine et le Chili[1].
Les 33 survivants, bloqués dans le froid et la neige, se retranchent dans l'avion qui sert d'abri contre le froid et le vent. Ayant une réserve de nourriture limitée, ils se rationnent dès les premiers jours. Ils apprennent par un poste de radio portatif que les opérations de recherche sont abandonnées huit jours après l'accident car l'avion, de couleur blanche, est jugé indiscernable dans la neige. Ayant épuisé leurs maigres réserves de nourriture, ils essayent de manger les bandes de cuir arrachées aux bagages mais le traitement chimique du cuir est non comestible. Ils déchirent les coussins dans l'espoir d'y trouver de la paille mais n'y trouvent que de la mousse de remplissage. Nando Parrado annonce que pour survivre, il va manger le corps du pilote qui a été préservé par le froid. Plusieurs autres survivants ont d'ailleurs eu la même idée[2]. Roberto Cannessa, un étudiant en médecine, montre à ses compagnons d'infortune comment découper méthodiquement le corps, avec des éclats de hublot ou des lames de rasoir[3]. Après le cadavre du pilote, ils mangent la chair de leurs amis morts.
Le 29 octobre, en pleine nuit, une avalanche recouvre totalement l'avion et fait huit nouvelles victimes.
Ayant trouvé un appareil photo dans la queue de l'avion située à 2 km de l'épave, Parrado prend des clichés de la vie quotidienne des survivants autour de l'épave[4].
Dès les premiers jours, certains ont proposé de partir à la recherche des secours et des expéditions limitées ont été organisées autour de l'appareil, mais l'altitude, le froid, la malnutrition et la cécité des neiges empêchent toute entreprise de grande ampleur. Il est finalement décidé qu'un petit groupe parte chercher les secours avec les vêtements les plus chauds et les plus grandes rations de nourriture, la chair congelée de plusieurs corps. Après plusieurs tentatives infructueuses, Fernando Parrado et Roberto Canessa parviennent seuls à franchir la chaîne montagneuse se trouvant à l'ouest du site de l’écrasement, puis à descendre dans la vallée du Rio Azufre. Dix jours après leur départ, ils rencontrent près de Los Maitenes un paysan, Sergio Catalán, qui alerte les autorités. Le 22 décembre, deux hélicoptères de l'armée, guidés par Parrado, rejoignent le lieu de l'accident, mais ne peuvent embarquer que six survivants par manque de temps. Les autres sont récupérés le lendemain matin et hospitalisés à Santiago afin d'être soignés pour gelures, malnutrition, déshydratation, scorbut et mal aigu des montagnes. Les secours retournent finalement sur place avec un prêtre pour inhumer les corps à 80 m de l'avion dont les restes sont incendiés.
Ayant raconté à leurs sauveteurs la manière dont ils ont survécu, les 16 rescapés nient en public les rumeurs d'anthropophagie, jusqu'à l'organisation d'une conférence de presse au cours de laquelle l'un d’eux, Pancho Dalgado emploie la métaphore de la communion, le dernier repas du Christ, pour justifier leur acte. Cette « défense par la communion » se fait moins par conviction religieuse que par souci de tourner les événements pour les disculper[5]. D'après le biologiste américain Bill Schutt, cette transgression exceptionnelle d'un tabou alimentaire est en effet vue comme un péché, mais le pape Paul VI les absout[6].
Équipage
- Colonel Julio Ferrádas, pilote (mort dans l'écrasement)
- Lieutenant-colonel Dante Lagurara, copilote (mort la première nuit)
- Lieutenant Ramón Martínez, navigateur (mort dans l'écrasement)
- Sergent Carlos Roque, mécanicien (mort dans l'avalanche)
- Sergent Ovidio Joaquín Ramírez, steward (mort dans l'écrasement)
Passagers
Les astérisques indiquent les membres de l'équipe de rugby à XV.
Survivants
- José Pedro Algorta
- Roberto Canessa*
- Alfredo Delgado
- Daniel Fernández
- Roberto Francois
- Roy Harley*
- José Luis Inciarte
- Álvaro Mangino
- Javier Methol
- Carlos Páez Rodríguez
- Fernando Parrado*
- Ramón Sabella
- Adolfo « Fito » Strauch
- Eduardo Strauch
- Antonio « Tintin » Vizintín*
- Gustavo Zerbino*
Mort dans l'écrasement ou peu après
- Gastón Costemalle*
- Alexis Hounié*
- Guido Magri*
- Daniel Shaw*
- Carlos Valeta
- Francisco Nicola
- Esther Horta Pérez de Nicola
- Eugenia Dolgay Diedug de Parrado
- Fernándo Vázquez
Mort la première nuit
- Francisco Abal*
- Felipe Maquirriain
- Julio Martínez-Lamas*
Mort le deuxième jour
- Graciela Augusto Gumila de Mariani
Mort le huitième jour
- Susana Parrado
Mort dans l'avalanche le 16e jour
- Daniel Maspons*
- Juan Carlos Menéndez
- Liliana Navarro Petraglia de Methol (dernière femme)
- Gustavo Nicolich*
- Marcelo Pérez*, capitaine de l'équipe de rugby à XV
- Enrique Platero*
- Sgt. Carlos Roque
- Diego Storm
Mort par la suite
- Arturo Nogueira* (34e jour)
- Rafael Echavarren (37e jour)
- Numa Turcatti (60e jour)
Culture populaire
- Un musée est consacré à la catastrophe à Montévidéo
- L’accident a inspiré le film mexicain Supervivientes de los Andes (película de 1976) (es) (Survive! en anglais), réalisé par René Cardona Sr. en 1976, et basé sur le livre de Clay Blair Survive!
- En 1993, Frank Marshall réalise Les Survivants, une adaptation du livre Les Survivants de Piers Paul Read (en).
- En 2006, Fernando Parrado publie Miracle dans les Andes, donnant le premier témoignage écrit d'un survivant[7].
- L'histoire est également traitée dans différents documentaires :
- Naufragés des Andes, réalisé par Gonzalo Arijón et qui obtient le Joris Ivens Award au festival international du film documentaire d'Amsterdam en 2007. Ce documentaire est un mélange de témoignages (principalement des survivants), d'images d'archives, et d'images de création librement inspirées des témoignages[8] ;
- En vie : survivre au crash des Andes, de Brad Osbourne (2010)[9],[10]. Dans ce film, il est notamment affirmé que sur les 78 Fairchild FH-227 alors produits, 33 se seraient écrasés et que ce type d'avion était notoirement sous motorisé.
Notes et références
- « Les survivants du miracle des Andes », sur http://www.voyage-au-chili.com/ (consulté le )
- « 44 ans après le crash, un survivant raconte l’horreur », sur https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/, (consulté le )
- (en) Roberto Canessa et Pablo Vierci, I Had to Survive, Simon and Schuster, , p. 27.
- Photos
- (en) Bill Schutt, Cannibalism, Algonquin Books, , p. 132.
- Jean-Louis Multon, Henri Temple, Jean-Luc Viruega, Traité de droit alimentaire français, européen et international, Lavoisier, , p. 52.
- Miracle dans les Andes, le Livre de Poche 30922, 2008.
- « Naufragés des Andes : 35 ans plus tard, les survivants racontent », sur http://www.leblogtvnews.com/, (consulté le )
- « En vie : survivre au crash des Andes », sur http://www.programme-tv.net/ (consulté le )
- « «En vie: Survivre au crash des Andes»: Le courage à l'état pur », sur http://www.tvhebdo.com/ (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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