Demi-sang (cheval)

Un demi-sang est, dans le domaine de l'élevage équin, un cheval originellement issu du croisement entre une race à sang chaud et une autre race. Du fait des nombreuses possibilités de croisement, il présente une grande variété de modèles, et s'utilise en fonction dans la cavalerie, en attelage, pour la selle, dans l'agriculture ou dans les courses hippiques.

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Un Charolais, exemple de demi-sang.

Le demi-sang est présent dans de nombreux pays d'Europe tels que la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Irlande. Il est à l'origine des races de chevaux de sport qui dominent les Jeux olympiques et les Jeux équestres mondiaux dans les disciplines du dressage, du saut d'obstacles et du concours complet.

Terminologie et définition

La notion de « demi-sang » en français correspond à celles de « halfbred » ou « Halfblood » en anglais[1], et à celle de « halbblud » en allemand[2],[3]. CAB International propose comme autre équivalent la notion de warmblood[2],[3].

Tant en France[4],[5] que dans le monde anglophone[3], le terme « demi-sang » désigne un cheval né d'un étalon ou d'une jument poulinière Pur-sang avec un étalon ou jument d'une autre race, issue du terroir et jugée « commune », par exemple un cheval de trait. Par extension, le terme désigne le poulain de tout cheval demi-sang croisé avec un autre demi-sang, voire également un croisement d'un demi-sang avec un autre cheval, ce qui fait naître des poulains souvent assez éloignés du sang[6].

Ce nom peut aussi désigner, hors de France, un cheval issu du croisement d'une race locale avec un Pur-sang (PS), ou ayant une forte influence PS. Pour cette raison, de nombreux chevaux définis comme Halfblood ont beaucoup plus de 50 % d'origines génétiques PS[7].

Morphologie et caractéristiques

Demi-sang au modèle ; la tête massive est particulièrement visible chez ce sujet.

Le modèle du demi-sang est très variable du fait de la grande hétérogénéité des individus croisés. Le modèle du Pur-sang prédomine chez certains sujets, mais le plus souvent, ce croisement ne laisse que des traces. La tête massive semble être un critère particulièrement dominant[8].

Histoire

Ce nom est apparu pour désigner des chevaux européens utilisés pour le transport et la guerre, issus de croisements entre des races locales et des chevaux de races orientales ou pur-sang anglais.

À la fin du XIXe siècle, le demi-sang est à la mode. Les notables sont en effet séduits par ce cheval « à deux fins » adapté aussi bien à la selle qu'à l'attelage. Avec l'arrivée de la motorisation, les chevaux issus de ce croisement sont réorientés vers l'équitation sportive[9]. En France, où cette appellation de « demi-sang » est officialisée en 1914[10],[11], les principaux haras faisant naître des chevaux demi-sang sont situés à Caen en Normandie, à La Roche-sur-Yon en Vendée, à Cluny pour le Centre, ainsi qu'en Saintonge et dans l'Ain[12].

Les demi-sang sont à la base du cheptel mondial de chevaux de selle ou de trait léger[13]. Les races de chevaux de sport qui dominent les Jeux olympiques et les Jeux équestres mondiaux dans les disciplines du dressage, du saut d'obstacles et du concours complet depuis 1950 sont issues des demi-sangs. Parmi ces races figurent l'Hanovrien, l'Oldenbourg, le Trakehner, l'Holsteiner, le Selle suédois et le KWPN hollandais[14],[15]. Le Selle français est également concerné puisque la création du studbook en 1958 résulte de la fusion de l'ensemble des races françaises dites « demi-sang »[12].

Races concernées

Le demi-sang est présent en France mais également dans de nombreux pays d'Europe tels que l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Irlande[16].

En France, l'Angevin (un demi-sang de la région d'Angers), l'Anglo-normand, le Charentais (demi-sang de la région des Charentes), le Charolais (dans la région de Charolles), le cheval de la Dombes, le demi-sang du Centre, et le Vendéen sont des races de demi-sang à part entière[17].

Utilisations

L'utilisation du demi-sang dépend du croisement réalisé. Lorsqu'il s'agit d'un croisement entre un cheval à sang chaud et un cheval plus lourd comme le Shire ou le Cleveland Bay, il est particulièrement adapté au travail agricole[18]. Les modèles plus légers sont employés dans la cavalerie des pays d'Europe du Nord, ce qui est particulièrement le cas pour le Hanovrien, le KWPN et le Holsteiner[19]. D'autres demi-sangs sont employés pour l'attelage léger, comme celui du fiacre, ou bien pour tirer des omnibus[8]. Une partie des chevaux demi-sang sont également sélectionnés pour le sport hippique, en particulier pour les courses d'obstacles. Des courses officielles leur sont réservées[20].

Notes et références

  1. Porter 2020, p. 192.
  2. (en) Valerie Porter, Mason's World Dictionary of Livestock Breeds, Types and Varieties, CABI, (ISBN 978-0-85199-430-7, lire en ligne), p. 182.
  3. Porter 2020, p. 198.
  4. « Cheval », dans Dictionnaire de la conversation et de la lecture, t. XIV, .
  5. Bataille 2008, p. 110.
  6. Wrangel 1909, p. 269.
  7. Porter et al. 2016, p. 430.
  8. L. Champion, « Du cheval « demi-sang » proprement dit », dans Du cheval de selle français, Lavauzelle, (ISBN 2702509002 et 9782702509005).
  9. Roland Jussiau, Louis Montméas et Jean-Claude Parot, L'élevage en France : 10 000 ans d'histoire, Educagri Editions, , 539 p. (ISBN 978-2-84444-066-2, lire en ligne), p. 353.
  10. Bataille 2008, p. 110.
  11. Fitzpatrick 2008, p. 245.
  12. Philippe Gérard, Le selle Français, Animalia, , 61 p. (ISBN 978-2-915740-71-4), p. 4-5.
  13. Bataille 2008, p. 15.
  14. (en) Moira C. Reeve et Sharon Biggs (ill. Bob Langrish), The Original Horse Bible: The Definitive Source for All Things Horse : The Definitive Source for All Things Horse, New York, BowTie Inc., , 481 p. (ISBN 1-937049-25-6, OCLC 772844664, lire en ligne), p. 53.
  15. (en) Audrey Pavia, Janice Posnikoff et D.V.M., Horses For Dummies, John Wiley & Sons, , 384 p. (ISBN 978-1-118-05465-9 et 1-118-05465-2, lire en ligne), p. 56.
  16. Bataille 2008, p. 12.
  17. (en) Guy Baratoux et Victor Siméon, A Celebration of the Horse, Molière, , 131 p., p. 40.
  18. Fitzpatrick 2008, p. 17-18.
  19. Fitzpatrick 2008, p. 17.
  20. « L'AQPS « Autre Que Pur-sang » ou « French Chaser » », sur Haras nationaux - ifce (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • [Bataille 2008] Lætitia Bataille, Races équines de France, Éditions France Agricole, , 286 p. (ISBN 978-2-85557-154-6, BNF 41374805). 
  • [Brabenetz 1987] (de) Hans Brabenetz, Das k.k. Staatsgestüt Radautz und seine Pferde, ISG-Verlag,
  • [Fitzpatrick 2008] Andrea Fitzpatrick, Le Monde fascinant des chevaux, Paris, Nov'edit, , 437 p. (ISBN 978-2-35033-208-6)
  • [Gawlik et Haller 2016] (de) Heinrich Gawlik et Martin Haller, Die Zucht des Halbblutpferdes in Österreich-Ungarn; Vereinspublikation Dokumentationszentrum für altösterreichische Pferderassen,
  • [Macgregor-Morris 1986] (en) Pamela Macgregor-Morris, The History of the HIS, Tremation Press,
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J.G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453). 
  • [Porter 2020] (en) Valerie Porter, Mason's World Dictionary of Livestock Breeds, Types and Varieties, CAB International, , 6e éd., 448 p. (ISBN 1-78924-153-7)
  • [Smith 1991] (en) Brian Smith, The Horse in Ireland, Wolfhound Press,
  • [Wrangel 1909] (de) Graf C. G Wrangel, « Das Halbblut », dans Die Rassen des Pferdes, Schickhardt & Ebner (Konrad Wittwer), (ISBN 5880743985 et 9785880743988, lire en ligne).
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