Warren Hastings

Warren Hastings PC (Churchill, Oxfordshire, - ), homme politique britannique, est le premier gouverneur général de l'Inde britannique, nommé après Robert Clive, un mandat qu'il occupe de 1774 à 1785.

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Warren Hastings
Portrait de Warren Hastings par Tilly Kettle.
Fonctions
Gouverneur général des Indes
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John Macpherson (en)
Membre du Conseil privé du Royaume-Uni
Biographie
Naissance

Churchill (en)
Décès
(à 85 ans)
Daylesford (en)
Sépulture
Daylesford (en)
Nationalité
Formation
Activité
Conjoint
Marian Hastings (d)
Autres informations
Membre de

Sa relation privilégiée avec Philadelphia Hancock, sœur de George Austen, explique les liens étroits qu'il entretient avec la famille de la romancière Jane Austen.

Biographie

Premières armes en Inde

Hastings fait ses études à la Westminster School avant de rejoindre la Compagnie anglaise des Indes orientales en 1750 comme commis. En 1757, il devient résident britannique — c'est-à-dire responsable administratif — de Murshîdâbâd au Bengale. Il est nommé au conseil de Calcutta en 1761 puis retourne en Grande-Bretagne en 1764. Il revient en Inde en 1769 comme membre du conseil de Madras, et aussitôt met en chantier une réforme judiciaire et financière, une lutte contre les dacoïts qui pose les bases de l'Inde britannique.

Il avait alors décidé qu'il serait préférable que les Indiens soient gouvernés selon leurs propres lois, décision qui sera difficile à mettre en place. En effet, le code de lois sanscrit n'était alors pas traduit en anglais, mais uniquement en persan, et aucun Anglais ne possédait une connaissance suffisante du sanscrit pour consulter les textes originaux. Charles Wilkins traduira les lois de Manu, il sera par la suite aidé par William Jones[1].

Il est nommé gouverneur du Bengale en 1772, et prescrit alors aux juges britanniques de statuer selon « la justice, l'équité et sa conscience ».

Gouverneur général des Indes

En 1773, il devient le premier gouverneur général des Indes. Tandis que Clive a entretenu la fiction commode d'un Bengale indépendant dirigé par son nawab et vassal seulement du gouvernement moghol de Delhi, Hastings ne cache plus la mainmise de la CAIO sur la région. Le Nawab est dépouillé de ses prérogatives restantes et le tribut annuel payé à l'empereur moghol est supprimé. Hastings aide le royaume d'Awadh contre les raids des Rohillas, chefs de clan d'origine afghane, et prend des mesures pour contenir la menace marathe, sans toutefois empêcher la prise des villes d'Âgrâ, de Mathura, et même de Delhi, la capitale moghole. Hastings conclut cependant plusieurs traités avec des dirigeants indiens et cherche à former des alliances contre les forces d'Haidar Alî dans le Sud de l'Inde. Cependant, ses interventions, et notamment des envois de troupes, pour aider les présides de Bombay, dans son conflit avec les Marathes, et de Madras, dans sa guerre contre Haidar Alî, sont considérées comme des ingérences dans les gouvernements provinciaux.

Dans le même temps, il est dirigeant de la East India Company, et obtient de Londres le monopole sur le commerce de l'opium à Calcutta[2],[N 1].

En 1774, il essaie de négocier avec le gouvernement local tibétain une sorte de traité de commerce, il a du mal à obtenir pour son ambassadeur, George Bogle, l'autorisation de franchir la frontière, et, malgré le caractère diplomatique dont il était revêtu, fût obligé de s'arrêter à Tachilhounpo et ne peut arriver jusqu'à Lhasa. Il s'agit probablement de contrainte du gouvernement central chinois qui applique au Thibet, à partir de les mesures à l'encontre des puissances étrangères appliquées au reste de l'Empire chinois, quelques années après 1741[3].

Robert Clive quitta l'Inde avec 234 000 livres sterling ce qui représenterait de nos jours plusieurs millions[4].

Accusation de corruption et procès

Afin de mener ces guerres, Hastings « emprunte » de fortes sommes au bégums d'Oudh et au râja Chait Singh de Bénarès. Ces façons de faire ainsi que d'autres choix discutables en manière de politique indienne formeront la base de la procédure d'impeachment destitution ») lancée par le Parlement à son encontre après sa démission en 1784 et son retour en Grande-Bretagne. L'accusation de corruption soutenue par Edmund Burke et Sir Philip Francis — qu'il avait blessé en duel en Inde — entraîne un procès qui dure de 1788 à 1795 à l'issue duquel il est reconnu innocent grâce à son avocat Edward Law, malgré les attaques de Burke, Francis, Richard Brinsley Sheridan et Charles James Fox, mais qui le laisse ruiné.

Vie privée

Warren Hastings épouse Mary Buchanan, après la mort du premier mari de celle-ci, lors de l'incident du « trou noir de Calcutta ». Il a d'elle deux enfants, George, né en décembre 1757, et Elizabeth, née dix mois plus tard, mais qui ne survivra que quelques semaines. Le petit George sera confié aux Austen de Steventon, parents de la romancière Jane Austen. Il mourra plus tard d'une infection de la gorge.

Mary Hastings meurt elle-même subitement lors de l'été 1759. Philadelphia Hancock, sœur de George Austen, et grande amie de Mary, dont il semble qu'elle l'ait connue avant même son arrivée en Inde, se rapproche alors encore davantage de Warren Hastings, au point que des commérages initiés par Mrs Strachey, sans doute poussée par la jalousie, circulent alors dans la colonie anglaise[5], et que Robert Clive écrit à son épouse pour lui interdire toute relation avec Mrs Hancock[6],[N 2].

Il est bien peu probable cependant[7] que la fille qui naît alors à Philadelphia Hancock et à son mari, en décembre 1761, après neuf années de mariage, soit en réalité la fille naturelle de Warren Hastings, en dépit de ce que certains biographes de Jane Austen ont pu écrire[8]. Toujours est-il que cette enfant, Eliza Hancock, cousine de Jane Austen, reçoit ce prénom en souvenir de la fille de Warren Hastings[9], morte prématurément, et qu'il en est le parrain.

Outre le soutien sans faille qu'il accorde à Eliza Hancock[10], Warren Hastings semble aussi avoir appuyé la carrière de Francis Austen, l'un des frères de Jane Austen, qui s'élèvera jusqu'au grade d'« amiral de la Flotte[N 3] ».

Postérité

Warren Hastings occupe une position peu commune dans les annales de l'Inde britannique, hormis son rôle de premier gouverneur général. Il favorise l'étude du monde indien et démontre un vif intérêt pour la littérature et la philosophie du sous-continent. C'est grâce à son soutien et son encouragement, par exemple, que Charles Wilkins produit la première traduction de la Bhagavad-Gîtâ en anglais, et sa préface à cette édition montre qu'il était un homme de culture.

Bateau

Le Warren Hastings[11] était un vapeur britannique qui s'est échoué sur un récif à proximité des côtes réunionnaises en 1897 alors qu'il transportait des troupes anglaises vers Maurice puis l'Inde.

Annexes

Notes

  1. Selon les archives de la East India Company, ce monopole remonte à 1773.
  2. Robert Clive écrit en effet à sa femme : « In no circumstances whatever keep company with Mrs Hancock, for it is beyond a doubt that she has abandoned herself to Mr Hastings. » (« Ne fréquentez en aucun cas Mrs Hancock, car il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'elle s'est abandonnée à Mr Hastings. »)
  3. Admiral of the Fleet correspond au titre d'« amiral » (cinq étoiles).

Références

  1. L'Orientalisme d'Edward W. Said.
  2. Repères chronologiques : de la pharmacopée des Empereurs de Chine à l'ectasy des raves parties, Sénat français.
  3. (de Milloué 1906, p. 8,9)
  4. Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, 2015, page 392
  5. Deirdre Le Faye, William Austen-Leigh, Jane Austen, a family record, 2004, p. 30.
  6. David Nokes, Jane Austen: a life, 1998, p. 31.
  7. Deirdre Le Faye 2002, p. 20.
  8. Paul Poplawski, A Jane Austen encyclopedia, 1998, p. 156.
  9. David Nokes, Jane Austen: a life, 1998, p. 29.
  10. Paul Poplawski, A Jane Austen encyclopedia, 1998, p. 155.
  11. Sur les traces du Warren Hastings, documentaire 2017, Anne-Laure Bonnefon, Mathieu Labeyrie, Antipode

Bibliographie

  • (en) Deirdre Le Faye, Jane Austen's 'outlandish Cousin' : The Life and Letters of Eliza de Feuillide, British Library, , 192 p. (ISBN 978-0-7123-4762-4, lire en ligne)
  • Léon de Milloué, BOD-YOUL ou TIBET : le paradis des moines, Paris, E. Leroux, coll. « Annales du Musée Guimet » (no 12), (BNF 30949223, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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