Voiture sans conducteur de Google
La voiture sans conducteur de Google, souvent appelée Google Car (en français : voiture Google), est un démonstrateur de voiture autonome en développement en 2020 par Google X, filiale d'Alphabet.
Cet article concerne le prototype de voiture sans conducteur de Google. Pour les véhicules utilisés par Google pour prendre des photographies sur la voie publique, voir Google Street View.
Le projet est lancé par Sebastian Thrun, également directeur du Stanford Artificial Intelligence Laboratory et co-inventeur de l'application Google Street View. Il est ensuite repris par Chris Urmson.
Deux types de véhicule sont à l'essai : d'une part des véhicules de série modifiés, à l'instar de Toyota Prius, et d'autre part la « Google car », véhicule électrique conçu entièrement par Google sans volant ni commandes d'accélérateur et de frein.
Le démonstrateur de voiture autonome est autorisé à circuler sur la voie publique dans plusieurs États américains, toujours avec un conducteur derrière le volant pour superviser la voiture autonome.
En 2016, le projet a été modifié pour devenir Waymo[1].
Historique
En , Google annonce avoir conçu un système de pilotage automatique pour automobile aidé de radars, caméras vidéo et GPS, déjà installé sur sept véhicules — six Toyota Prius, une Audi TT — qui ont parcouru plus de 225 000 kilomètres en Californie[2],[3], sans avoir provoqué d'accident[2].
Ce projet a démarré sous l'impulsion de Sebastian Thrun, qui avait remporté le DARPA Grand Challenge en 2005, au sein de l'équipe de l'université Stanford[2],[4],[5]. Dans son équipe il s'est entouré de Chris Urmson pour développer le logiciel, Anthony Levandowski pour le matériel et Mike Montemerlo pour la cartographie[4].
Le projet est ensuite repris par Urmson quand Sebastian Thrun se consacre au projet d'éducation Udacity. Anthony Levandowski prend la direction des applications Google Street View et Google Maps[4].
Sur 10 millions d'accidents par an aux États-Unis, 9,5 millions sont dus à une erreur humaine[4]. Brin, cofondateur de Google, déclare que la plupart des voitures ne sont utilisées qu'une heure ou deux par jour, le reste du temps elles restent au garage ou dans un parking public. Si son projet de voiture autonome voit le jour à grande échelle, la notion même de propriété d'une voiture pourrait être remise en question laissant la place à un système d'emprunt de véhicule à la manière d'un taxi sans conducteur tout en étant plus souple à utiliser qu'un transport en commun comme le bus ou le métro[4].
De plus des voitures conduites par logiciel, donc sans fatigue ou inattention, pourraient permettre une conduite plus sûre même avec des distances réduites entre chaque véhicule. Le poids des voitures pourrait être allégé si le risque de choc est diminué, ce qui diminuerait également la consommation des véhicules et donc la pollution[2].
Parallèlement à ce projet qui met en œuvre une voiture de série bardée de capteurs et de logiciels, Google développe son propre véhicule à deux places. Présenté en 2014[6], il s'agit d'un véhicule électrique d'une autonomie maximale de 130 kilomètres et pouvant atteindre la vitesse de 40 km/h. Leur particularité est de n'avoir ni volant, ni commande d'accélérateur et de frein. Après avoir été testée sur piste d'essai, la « Google Car » entièrement conçue par Google circule depuis l'été 2015 sur les routes californiennes avec une personne à bord pouvant reprendre le contrôle[7].
Fonctionnement
Le système de pilotage automatique utilise un lidar, une caméra 360°, des radars, un récepteur GPS et des capteurs sur les roues motrices[5].
Le véhicule doit être conduit de manière ordinaire une fois sur le trajet qu'il empruntera ensuite de manière autonome, afin qu'une équipe vérifie que le véhicule a enregistré tous les signaux importants le long du trajet. Le véhicule n'a plus ensuite qu'à gérer les modifications de signalisation pendant son trajet autonome[8].
Une des limitations du système est son incapacité à agir suivant les gestes d'un agent de police faisant la circulation[8]. Le système n'est pas testé sous toutes les conditions météorologiques comme la neige ou le brouillard[9].
Accidentologie
En , Google a révélé qu'en six ans d'activité, il y a eu « 17 accidents mineurs » sur plus de 2 millions de miles (3,2 millions de kilomètres) parcourus avec ces véhicules[10].
En 2016, Google reconnaît une responsabilité dans un accident survenu à faible vitesse entre sa Lexus RX450h[11] et un bus le : le logiciel ainsi que le conducteur « pensaient » que le bus allait céder le passage à la voiture[12],[10],[13].
Commercialisation et législation
États-Unis
Alors que Google n'avait pas de plans immédiats pour développer le système commercial, la société souhaite développer une entreprise qui vendrait le système et les données à des constructeurs automobiles. Bernard Lu du California Department of Motor Vehicles a soulevé des inquiétudes : « la technologie est en avance sur la loi dans de nombreux domaines », citant des lois de l'État : « seul un être humain peut conduire un véhicule ». Selon le New York Times, les décideurs politiques et les régulateurs ont montré que de nouvelles lois seront nécessaires si les véhicules sans conducteur devaient devenir une réalité. De plus la question de la responsabilité en cas d'accident peut être posée : conducteur ou concepteur du logiciel du véhicule[2],[14] ?
Google a fait pression pour que deux projets de loi fassent du Nevada le premier État où les véhicules sans conducteur pourront être légalement utilisés sur la voie publique[15]. Le premier projet de loi est un amendement à un projet de loi sur les véhicules électriques qui prévoit l'octroi de licences et les essais des véhicules autonomes. Le deuxième projet de loi va prévoir une exemption de l'interdiction de distraction au volant pour permettre aux occupants d'envoyer des messages texte tout en restant assis derrière le volant. Il a été spéculé que le Nevada a été choisi en raison de l'Auto Show de Las Vegas et du Salon de l'électronique grand public, et la forte probabilité que Google présente le premier produit commercialement viable à l'un ou l'autre de ces évènements. Un dirigeant de Google, cependant, a refusé d'indiquer la raison précise du choix du Nevada comme État « pilote » pour la voiture sans conducteur. Le Nevada a adopté une loi le sur le fonctionnement des voitures sans conducteur[16],[17], qui est entrée en vigueur le .
Une Toyota Prius expérimentale, modifiée avec la technologie sans conducteur de Google, a été autorisée par le Nevada Department of Motor Vehicles (DMV) (département des véhicules motorisés) en , après une série de tests[9]. Ce fut la première licence aux États-Unis pour une voiture auto-pilotée. Les plaques d'immatriculation délivrées dans le Nevada pour les voitures autonomes auront un fond rouge et porteront le symbole de l'infini (∞) sur le côté gauche parce que, selon le Directeur du DMV, « le symbole de l'infini est la meilleure manière de représenter la voiture du futur »[18].
Le règlement du Nevada exige qu'une personne soit derrière le volant et une autre dans le siège du passager lors des essais. Le système autonome de Google permet à un conducteur humain de reprendre le contrôle en utilisant les freins ou en tournant le volant.
La Californie[19] et le Michigan ont depuis autorisé les tests de voiture autonome sur leur territoire. Google a continué à pratiquer la majorité de ses tests sur les routes de Californie[9]. Début 2016, au total six États américains ont légiféré sur les voitures autonomes[20].
Les voitures de test sans conducteur de Google coûtent environ 150 000 dollars américains[21] en équipement dont 70 000 pour le LIDAR (radar laser) du système (modèle HDL-64 E de la marque Velodyne)[22].
En , faisant suite à une lettre de Google datant de sur l'interprétation des normes de sécurité, l'agence américaine National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) indique que l'intelligence artificielle de la voiture de Google serait considérée comme un conducteur à part entière[23],[24],[25],[26]. Cela constitue une position différente de celle de la Californie qui considérait le mois précédent qu'un conducteur doté d'un permis et des dispositifs tels que volant et commande de freins étaient encore nécessaires pour les voitures autonomes, l'intelligence de ces véhicules n'étant pour le moment pas jugée suffisamment sûre[20].
Le , le service commercial, nommé Waymo One est lancé dans la ville et la banlieue de Phoenix, dans l'Arizona[27]. C'est une première mondiale même si, dans un premier temps, un conducteur humain reste présent en cas de problème[28].
Concurrence
Google est en concurrence avec d'autres sociétés : Tesla, BMW, Mercedes-Benz, Honda, Volkswagen et Ford… Onze entreprises ont des autorisations de test aux États-Unis fin 2015. Apple aurait un tel projet[20].
Notes et références
- Le Point, magazine, « Google donne leur indépendance à ses voitures autonomes », Le Point, (lire en ligne, consulté le )
- (en) John Markoff, « Google Cars Drive Themselves, in Traffic », sur nytimes.com, (consulté le ).
- Nil Sanyas, « Google annonce travailler sur une voiture sans pilote », sur PCInpact, (consulté le ).
- (en) Burkhard Bilger, « Auto Correct », sur newyorker.com, (consulté le ).
- « Google expérimente des voitures sans conducteur », lire en ligne sur le site du magazine scientifique futura-sciences.
- Emmanuel Egloff, « Google dévoile son prototype de voiture électrique sans conducteur », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- « La Google Car sans conducteur circulera sur les routes californiennes cet été », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- (en) John Markoff, « Guided by Computers and Sensors, a Smooth Ride at 60 Miles Per Hour », sur nytimes.com, (consulté le ).
- (en) Mark Harris, « How Google’s Autonomous Car Passed the First U.S. State Self-Driving Test »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur spectrum.ieee.org, (consulté le ).
- « La Google Car provoque son premier accident de la route », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- Denise Chow, « Google Self-Driving Car at Fault for Bus Crash », sur livescience.com, (consulté le ).
- Sébastien Gavois, « Voitures autonomes : Google reconnait une « certaine responsabilité » dans un accident », sur PCInpact, (consulté le ).
- (en) « Report of Traffic accident involving an autonomous vehicule » [PDF], sur http://dmv.ca.gov, (consulté le ).
- Sandrine Cassini, « L’accident de Google Car interpelle les assureurs », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- John Markoff, « Google Lobbies Nevada To Allow Self-Driving Cars », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
- « Nevada enacts law authorizing autonomous (driverless) vehicles », Green Car Congress, (consulté le )
- (en) Alex Knapp, « Nevada Passes Law Authorizing Driverless Cars », Forbes, (lire en ligne, consulté le )
- « Le Nevada autorise la « Google car » qui se conduit toute seule », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- « Google Car: après le Nevada, la Californie autorise la voiture sans conducteur », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
- (en) Alison Vekshin, « Self-Driving Cars Would Need a Driver in California », sur bloomberg.com, (consulté le ).
- Damien Leloup, « Google X, le laboratoire secret du géant du Web », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- Virgile Juhan, « La voiture sans chauffeur de Google : comment ça marche ? », sur journaldunet.com, (consulté le ).
- (en) Craig Trudell, Jack Clark, « Google's Self-Driving Car Software Considered a Driver by U.S. Agency », sur bloomberg.com, (consulté le ).
- (en) « Google -- compiled response to 12 Nov 15 interp request -- 4 Feb 16 final » (consulté le ).
- (en) John Markoff, « Google Car Exposes Regulatory Divide on Computers as Drivers », sur nytimes.com, (consulté le ).
- .
- Louise Millon, « Waymo lance son service commercial des véhicules autonomes aux USA », sur presse-citron,
- Pierre FONTAINE, « Alphabet lance officiellement Waymo One, son service de taxis autonomes », sur 01net, (consulté le )
Liens externes
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