WWF

Le WWF (anglais : World Wide Fund for Nature, anciennement « World Wildlife Fund ») ou Fonds mondial pour la nature est une organisation non gouvernementale internationale (ONGI) créée en 1961, vouée à la protection de l'environnement et au développement durable.

Pour les articles homonymes, voir WWF (homonymie).

Fonds mondial pour la nature
Histoire
Fondation
(World Wildlife Fund)
Cadre
Zone d'activité
International (d)
Forme juridique
Domaines d'activité
Siège
Organisation
Volontaires
16 000 ()
Effectif
6 203 ()
Fondateurs
Président
Direction
Marco Lambertini (d) (depuis )
Récompenses
Peabody Awards ()
Prix Princesse des Asturies de la concorde ()
Reklame for Alvor ()
Site web
Identifiants
data.gouv.fr

Elle est l'une des plus importantes ONG environnementalistes de la planète, grâce à plus de six millions de soutiens à travers le monde, travaillant dans plus de cent pays, et soutenant environ 1 300 projets environnementaux.

Le WWF est aussi l'objet de rapports d'investigation de journalistes et de documentaires TV l'accusant de multiples abus, allant des liens d'intérêt opaques au recours à des groupes paramilitaires suspectés de violences sur les peuples autochtones dans le cadre de l'exercice de la mission de l'organisation.

Historique

Création

Le WWF a été fondé le [1] par les biologistes britanniques Julian Huxley, Peter Markham Scott, Guy Mountfort et Edward Max Nicholson.

L'idée d'une organisation pour collecter des fonds d'aide pour les animaux en voie de disparition est initialement proposée par l'homme d'affaires Victor Stolan à Julian Huxley à la suite de la lecture de trois de ses articles publiés dans le journal britannique The Observer sur la chasse et la dégradation de l'environnement en Afrique de l'Est qui menacent la grande faune[2]. Huxley met alors en contact Stolan avec l'ornithologue Max Nicholson, directeur général du Nature Conservancy qui décide au printemps 1961 de rassembler un groupe de scientifiques et d’experts en relations publiques pour créer ce type d'organisation[3]. Parmi ces experts, il fait appel à Scott qui devient le premier président de WWF International et au docteur en biologie, Luc Hoffmann, héritier des laboratoires Hoffmann-La Roche qui sera vice-président de WWF International jusqu’en 1988. Président du conseil d'administration du WWF France créé en 1973, Hoffmann est aussi le créateur de la réserve naturelle régionale de la Tour du Valat en Camargue[4].

Cette fondation privée a pour but la protection de la faune, de ses habitats, de la nature en général. Son réseau international est présent dans 100 pays proposant 12 000 programmes de protection de la nature et bénéficie du soutien de plus de cinq millions d'adhérents[1]. Sur le plan financier, il disposait d'un budget de 447 millions d'euros en 2008 apporté à 56 % par des particuliers[1]. Ses ressources financières proviennent pour l'essentiel : de ses adhérents, d'activité commerciale de promotion (magazines et d'objets fétiches), de subventions gouvernementales, de partenariats avec les entreprises qui s'engagent résolument dans la protection de l'environnement, de dotation du WWF Mondial[5].

Cette association tient l'une des premières places mondiales de par le nombre de ses membres, mais également par le montant de ses engagements financiers dans les études scientifiques de diagnostic et les réalisations d'opérations de protection de la nature. Le , Greenpeace, Oxfam et le WWF annoncent qu'elles quittent la Conférence de Varsovie de 2013 sur les changements climatiques au motif qu'elle ne « débouche sur rien »[6].

Dénominations

WWF est le sigle de la dénomination anglaise World Wildlife Fund (en français : « Fonds mondial pour la vie sauvage ») lors de la création de l'organisation en 1961. En 1986, elle est rebaptisée World Wide Fund for Nature (en français : « Fonds mondial pour la nature »)[7], puis simplement WWF en 2003. Le terme World Wildlife Fund demeure l'appellation officielle aux États-Unis et au Canada.

En 2002, la WWF (World Wildlife Fund) a gagné un procès contre l'autre WWF (World Wrestling Federation), et a obligé cette dernière à se nommer WWE, pour World Wrestling Entertainment, depuis le [8].

Domaines d'activités

Activités principales

Les activités du WWF sont multiples :

  • surveillance de l'application de la réglementation internationale et nationale ;
  • étude scientifique pour diagnostic ou proposition ;
  • restauration d'espaces naturels dégradés ;
  • formation ou éducation ou sensibilisation de tout public de tout âge à l'environnement (biodiversité, réchauffement climatique, espèce menacée, pollution, exploitation industrielle de la faune et de la flore au-delà du raisonnable : développement durable, attitude écocitoyenne, bois et forêt, mer et océan, eau douce, empreinte écologique, etc.).

Son logo est depuis l'origine un panda géant (il a été créé à partir des esquisses réalisées par les deux cofondateurs, Gerald Watterson and Sir Peter Scott, de Chi Chi un panda chinois emmené dans le zoo de Londres en 1957) et son slogan est « pour une planète vivante » (For a living planet en anglais). Le choix s'est porté sur un panda puisqu'il fallait représenter un animal apprécié de tous et en voie de disparition ; les couleurs noir et blanc du panda ont également permis de minimiser les coûts d'impression des tracts et affiches[9].

Son objectif est de : « stopper la dégradation de l'environnement dans le monde et construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature : en préservant la biodiversité du globe, en garantissant une utilisation durable des ressources naturelles renouvelables ; en encourageant les mesures destinées à réduire la pollution et la surconsommation ».

Le WWF publie tous les deux ans (les années paires) un « Rapport Planète Vivante », qui a pour objectif d'alerter sur la pression qu'exerce l'homme sur les écosystèmes, menaçant plus de la moitié des espèces sauvages, et rappelle les solutions pour commencer à y remédier. Ce rapport s'appuie sur l'Indice planète vivante (IPV), qui mesure la biodiversité en collectant les données recueillies sur les populations de différentes espèces de vertébrés et en calculant la variation moyenne de l'abondance au fil du temps. L'IPV a été développé initialement par le WWF, en collaboration avec les services et bases de données de l'UNEP-WCMC[10].

Carte des projets du WWF en 2015 (de).

Autres actions

Le WWF a entrepris de travailler en partenariat avec les institutions religieuses, tout en conservant sa culture laïque. En 1986, en marge des Rencontres d'Assise, le WWF invite les représentants de cinq grandes religions pour un colloque interreligieux sur le thème de l'environnement afin de permettre aux religions de s'intégrer davantage dans le mouvement écologique et d'éveiller les consciences des fidèles des grandes religions et spiritualités. Le processus engagé à travers différentes rencontres culmine en 2000 à Katmandou avec la déclaration d'engagements en faveur de la protection de l'environnement des représentants bahaïstes, bouddhistes, chrétiens, hindous, jaïns, juifs, musulmans, shintos, sikhs, taoïstes et zoroastriens[11].

Le WWF est à l'origine, avec Google, de la création en 2007 de la Climate Savers Computing Initiative, qui vise à limiter les impacts environnementaux dans le secteur de l'informatique[12].

Le WWF mène divers projets en faveur de la protection et l'observation des cétacés : Cap cétacés, Life Linda, Aires marines protégées (AMP), Cap Ligures, notamment[13].

Le , le WWF organise la première Earth Hour à Sydney, une manifestation d'une heure pendant laquelle citoyens, pouvoirs publics, villes et entreprises sont invités à éteindre la lumière, pour lutter contre le réchauffement climatique[14]. Depuis 2008, la manifestation devient mondiale et se célèbre chaque année[15].

Le WWF participe, au moyen du label « Quartier Durable WWF », au développement d'une urbanisation respectueuse de l'environnement  concept de ville durable  et de la biodiversité. En 2010, plusieurs quartiers de grandes villes ont reçu ce label, au Portugal, aux Émirats arabes unis et au Royaume-Uni. En France, le premier quartier à recevoir ce label est le quartier de la Confluence, à Lyon[16].

Panda Magazine

Panda Magazine est un magazine trimestriel créé en 1980 et réalisé par le WWF, dont le but est de sensibiliser les lecteurs à la protection de la nature. Diffusé en France, il a cessé de paraître en 2011[17].

Présidents

Période Nom Pays
1961-1976 Bernhard de Lippe-Biesterfeld Pays-Bas
1976-1981 John H. Loudon Pays-Bas
1981-1996 Philip Mountbatten Royaume-Uni
1996-1999 Syed Babar Ali (en) Pakistan
2000 Ruud Lubbers Pays-Bas
2001 Sara Morrison (intérim) Royaume-Uni
2002-2009 Emeka Anyaoku Nigeria
2010-2017 Yolanda Kakabadse[18]. Équateur
Depuis 2018 Pavan Sukhdev Inde

Organisations locales

WWF-France

En France, 180 000 donateurs soutiennent les activités de la fondation WWF. Environ soixante collaborateurs y travaillent. Le , Isabelle Autissier (Ingénieur agronome, spécialisée dans le domaine halieutique) est élue présidente du WWF France[19].

La fondation WWF France a longtemps eu son siège au bois de Boulogne, dans le domaine de Longchamp, jusqu'à la résiliation de la concession par la ville de Paris.

En 2010, le WWF France donne son soutien officiel au chef Raoni dans sa lutte contre le barrage de Belo Monte[20].

À la suite d'un conflit entre la direction et les salariés[21], le directeur général Serge Orru quitte ses fonctions en [22],[23]. Philippe Germa, docteur en économie et ancien conseiller technique auprès du ministre de l’Environnement Brice Lalonde, lui succède en . Fin 2013, le bilan économique affiche un déficit d'1,3 million d'euros[24]. En 2014, le bilan social dressé par les salariés est mauvais avec de nombreux départs et arrêts maladie, ainsi qu'une dizaine de procédures en cours devant les prud'hommes, la cour d'appel ou le tribunal administratif de Paris[24]. Philippe Germa décède en [25] et Pascal Canfin, ancien ministre et député européen EELV, lui succède début [26]. Ayant rejoint la liste La République en marche dans le cadre des élections européennes du , il quitte ses fonctions de directeur général le .

Les archives de l'antenne française de l'association sont conservées aux Archives nationales sous la cote 148 AS[27].

Lobbying

Aux États-Unis

Selon le Center for Responsive Politics, les dépenses de lobbying du WWF aux États-Unis s'élèvent en 2019 à 580 000 dollars[28].

Auprès des institutions de l'Union européenne

Plusieurs organisations du WWF sont inscrites au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. WWF European Policy Programme, inscrit en 2008, déclare en 2019 pour cette activité des dépenses annuelles d'un montant compris entre 2 750 000 et 3 000 000 euros[29]. La branche suédoise du WWF déclare en 2018 des dépenses d'un montant inférieur à 200 000 euros[30], la branche d'Europe centrale et orientale des dépenses inférieures à 100 000 euros[31], la branche italienne des dépenses inférieures à 400 000 euros[32], WWF Adria des dépenses inférieures à 400 000 euros[33], la branche allemande des dépenses inférieures à 1 250 000 euros[34], entre autres[35].

Le Bureau européen de WWF a été dirigé successivement par Tony Long, de 1990 à 2015, puis par Geneviève Pons, de juin 2015 à novembre 2017. Il est actuellement dirigé par Ester Asin.

En France

Le WWF déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique exercer des activités de lobbying en France pour un montant qui n'excède pas 800 000 euros sur l'année 2019[36].

Controverses

Premiers présidents

Parmi les premiers présidents du WWF, il se trouve John H. Loudon (de 1976 à 1981)[37], qui fut aussi président de la compagnie pétrolière Shell de 1951 à 1965. Par la suite, c'est le duc d'Edimbourg qui préside l'organisation de 1981 à 1996. Les présidents qui se succèdent ensuite font pour les uns partie du monde politique, comme Ruud Lubbers qui fut Premier ministre hollandais, et Eleazar Chukwuemeka Anyaoku secrétaire général du Commonwealth, les autres présidents font partie du monde des affaires, comme le Pakistanais Babar Ali, directeur d'une entreprise de packaging, ou Sara Morrison à la fois engagée politiquement mais également membre de conseils de surveillance de grandes compagnies.

Écoblanchiment et conflits d'intérêt

De nombreux observateurs dénoncent la connivence entre le WWF et certaines multinationales[38]. Ils dénoncent aussi l'opacité du financement de cette fondation qui refuse de fournir une liste détaillée des entreprises qui font partie de ses donateurs.

Gazprom (compagnie gazière Russe) a investi 10 millions d'euros dans la Fondation pour la protection de l'environnement de la mer Baltique créée entre autres par la WWF, le BUND et la compagnie Nord Stream qui importe du gaz naturel Russe en Allemagne[39].

Industrie agroalimentaire

WWF France est partenaire du groupe Carrefour depuis 1998. Dans le cadre de ce partenariat, l'ONG accompagne l'enseigne sur le développement de pratiques durables, notamment sur la question de l'huile de palme ou du thon rouge, mais elle participe également à des actions de communication sur la consommation responsable[40]. Les résultats de ce partenariat : l'enseigne a cessé de vendre du thon rouge, a retiré l'huile de palme d’une partie de ses produits et a changé sa politique concernant le bois non certifié utilisé pour son mobilier de jardin[41]. Le montant exact de ce partenariat n'est pas connu. En 2016, WWF France publie un rapport qui épingle de grandes entreprises françaises, dont Carrefour. Dans ce rapport [42], l'ONG met en cause les grandes enseignes agroalimentaires pour leur consommation des ressources agricoles.

Lafarge

Le cimentier Lafarge et le WWF signent leur premier contrat de partenariat en 2000, et ce pour une durée de 5 ans. Il est renouvelé en 2005 puis en 2009. Lafarge devient ainsi le premier Conservation Partner de l’ONG[43]. Lafarge, entreprise de construction, s’est tout d’abord engagée auprès de WWF sur les questions du réchauffement climatique et de la biodiversité. En 2005 et 2009 l’accord s’est étendu pour inclure le problème des polluants, la question de l’eau, l’idée de la construction durable ainsi que le développement des initiatives locales[44]. En 2010, c'est au tour de WWF France de signer un accord avec Lafarge[45]. De tels partenariats sont souvent décriés. D'un côté Lafarge affirme avoir réduit ses émissions de CO2 depuis la signature de son accord en 2000[46], mais dans le même temps, le groupe industriel aurait financé des sénateurs américains climato-sceptiques, selon un rapport du Réseau Action Climat d'Europe[47].

Crédit agricole

En , l'émission Cash Investigation met en lumière la caution environnementale accordée par le WWF à la banque Crédit agricole alors que celle-ci est classée par l'association écologiste Les Amis de la Terre[48] comme enseigne la plus nocive en France pour ses investissements réalisés dans les secteurs du forage pétrolier, de l'exploitation des sables bitumineux et du nucléaire.

Sea World

À la suite de la sortie du documentaire américain Blackfish, remettant en cause la captivité des orques, les liens du WWF avec SeaWorld Parks & Entertainment, une des principales entreprises gestionnaires de parcs aquatiques présentant des orques, ont été dénoncés[49],[50].

Présidents du WWF et chasseurs

Le roi d'Espagne Juan Carlos Ier, président d'honneur du WWF-Espagne depuis la création de cette branche en 1968[51], est un passionné de chasse. Cela n'a pas empêché sa nomination alors que, dès 1962, il était invité par le baron allemand Werner von Alvensleben dans la réserve de chasse Safarilandia, au Mozambique, pour y chasser le buffle[52],[53]. Au cours de son mandat au WWF, certaines de ces parties de chasse ont fait scandale. En , le gouvernement polonais lui a permis de tuer un bison d'Europe dans la forêt de Białowieża[54], bien que cet animal appartînt à une espèce classée en danger par l'UICN. En , il a participé à une chasse dans les Carpates, en Roumanie au cours de laquelle il a tué, légalement, un loup et neuf ours bruns, dont une femelle pleine[55]. Cette partie de chasse fut critiquée par une porte-parole du WWF-Roumanie[56]. En 2006, il a également été accusé par un fonctionnaire régional russe d'avoir chassé un ours brun élevé en captivité et préalablement rendu ivre, suscitant une controverse dans plusieurs pays[57],[58],[59]. Une dernière affaire a éclaté en , lorsque la participation du roi à une chasse à l'éléphant au Botswana a été découverte à la suite d'une fracture et de son rapatriement d'urgence en Espagne[60]. En réponse, de nombreuses personnes[61], des groupes écologistes et des partis de gauche[62] ont critiqué le passe-temps du monarque. Face à l'importante médiatisation internationale de ce scandale, le WWF-Espagne a supprimé en le poste de président d'honneur, destituant de fait le roi de son poste après 44 ans, dans une assemblée approuvant la décision avec 94 % des voix[63].

Le prince Philip, quelque temps avant de fonder le WWF-Royaume-Uni[64], a chassé un tigre du Bengale dans le parc national de Ranthambore en Inde, c'était selon lui sa seule participation à ce genre de chasse[65].

Son fils, le prince Charles, président du WWF-Royaume-Uni depuis 2011[66], est aussi un passionné de chasse. Il est connu pour aimer la chasse traditionnelle britannique[67], mais s'oppose à la chasse d'espèces menacées.

Le roi de Suède Charles XVI Gustave, président du WWF-Suède[68] depuis 1988, chasse régulièrement l'élan et a encouragé la chasse au loup pour éviter que ceux-ci ne fassent diminuer le nombre d'élans[69],[70].

Historique

En 2017, WWF est accusé de « violation des droits de l’homme » au Cameroun[71], en Asie et en Afrique[72], à cause de sa participation au financement de milices paramilitaires, censées lutter contre le braconnage mais soupçonnées d'exactions contre les populations locales[73]. Par ailleurs, WWF est soupçonné d'avoir fait pression sur les autorités népalaises pour étouffer les affaires qui concernent ce pays[72]. Selon l'article du Monde de 2017, WWF a créé une commission chargée d'enquêter sur ces accusations[71].

Certaines des conclusions les plus importantes concernaient le parc national de la Salonga, en République démocratique du Congo, notamment des allégations d'abus sexuels et physiques commis par des rangers, qui ont été soulevées auprès de la direction en 2016. Une enquête ultérieure menée en 2019, après une attention médiatique significative, « a mis en avant des allégations généralisées d'abus extrêmement graves par des écogardes et personnel militaire, y compris des allégations de meurtres multiples, de viols, de torture et de passages à tabac. [74]»

La branche allemande de WWF a conduit sa propre enquête après les révélations de BuzzFeed News, et l'Allemagne a gelé une partie de sa participation au parc de Salonga[75].

En , l'Union européenne limite son soutien au WWF, à qui elle reproche de bafouer les droits des Pygmées baka au Congo, particulièrement dans le cadre de la création du parc naturel de Messok Dja, un projet de parc naturel de WWF dans la forêt de Messok Dja[76].

À la suite de cette enquête et selon un rapport publié en , les autorités des États-Unis suspendent également le financement du WWF et de la WCS, soupçonnés d’avoir dissimulé des violations des droits humains pendant des années. Il serait notamment question de viols, de torture et même d’un meurtre. En réaction à ces accusations qualifiées de « graves », le WWF annonce la mise en place d’une cellule de crise internationale et l’ouverture d’une enquête externe[77]. En , aucun rapport n'a été remis[78].

Le , un reportage de Compléments d'enquête, auquel participe l'association Survival International, qui dénonce WWF de longue date, est diffusé sur France 2, montrant le colonialisme vert attribué à l'association dans le bassin du Congo et en Inde[79].

Des reportages similaires avaient déjà été diffusés aux Pays-Bas[80], en Allemagne[81] et au Royaume-Uni[82].

Accusations et débat

Selon des investigations[83],[84] menées en partenariat par Buzzfeed News et le Katmandu Post, l'organisation mènerait une « guerre secrète » contre les populations indigènes.

Les accusations sont les suivantes :

  • Selon des rapports et des documents obtenus par les journalistes d'investigation, des villageois ont été fouettés avec des ceintures, attaqués à la machette, battus jusqu'à perdre connaissance avec des bâtons de bambou, agressés sexuellement, abattus et assassinés par des unités anti-braconnage soutenues par le WWF.[84]
  • Le personnel de terrain de l'organisation en Asie et en Afrique a organisé des missions anti-braconnage avec des troupes de choc notoirement maltraitantes, et a approuvé une proposition de tuer les intrus rédigée par un directeur de parc qui a présidé au meurtre de dizaines de personnes.[84]
  • Le WWF a fourni aux forces paramilitaires des salaires, des formations et des outils - notamment des couteaux, des jumelles de vision nocturne, des équipements anti-émeute et des matraques - et a financé des raids sur des villages. Dans un pays africain, il s'est impliqué dans une forme de trafic d'armes pour acheter des fusils d'assaut à une armée qui a paradé dans les rues avec les têtes coupées de prétendus « criminels »[84].
  • L'organisation a organisé, financé et dirigé des réseaux dangereux et secrets d'informateurs motivés par la « peur » et la « vengeance », y compris au sein de communautés indigènes, afin de fournir des renseignements aux responsables du parc - tout en niant publiquement avoir travaillé avec des informateurs.[84]

La cause sous-jacente de ces abus, selon l'ONG de défense des droits des peuples autochtones Forest People Programme, est l'exclusion des peuples autochtones et des autres communautés ayant des droits coutumiers collectifs sur leurs territoires ancestraux. La fréquence et la gravité des abus ont été exacerbées par la militarisation croissante - avec peu ou pas de surveillance - des zones protégées, en particulier dans des contextes où les violations des droits de l'homme par les forces de sécurité sont répandues[74].

Selon Fiore Longo, directrice de Survival International en France, « d’un côté, le WWF s’allie à de grandes entreprises qui détruisent les forêts du monde. De l’autre, il soutient des expulsions forcées et d’autres violations des droits des peuples autochtones, les meilleurs gardiens de la nature. Ce modèle ne bénéficie ni à la nature ni aux populations locales, mais aux industries, au tourisme et à la chasse aux trophées[79]. »

Références

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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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