Zealandia

Zealandia, aussi appelé Zélandia ou continent Nouvelle-Zélande, est un bloc continental quasi submergé, dont les terres émergées forment principalement la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie.

Ne doit pas être confondu avec Banc de Zealandia.

Le nom « Zealandia » a été proposé en par Bruce P. Luyendyk[1].

Géographie

Topographie de Zealandia. À l'instar de l'Australie (à gauche), les Fidji ou Vanuatu (en haut), les dorsales océaniques s'étendant nord-nord-est et sud-ouest au large de la Nouvelle-Zélande ne sont pas considérées comme faisant partie du continent[2].

Géographie physique

Le « continent », largement submergé, est formé par de la croûte continentale, qui s'élève au-dessus de la croûte océanique formant le fond des océans. La partie émergée de Zealandia la plus vaste est la Nouvelle-Zélande, suivie de la Nouvelle-Calédonie.

Le continent est long et étroit, s'étendant de la Nouvelle-Calédonie au nord jusqu'au-delà des îles sub-antarctiques au sud (entre 19° et 56° de latitude Sud). Sa structure est formée de deux chaînes parallèle, courant du Nord-Nord-Ouest (plateau de Kenn (en) et Nouvelle-Calédonie) au Sud-Sud-Est (plateau de Chatham et plateau de Campbell), séparées par un fossé d'effondrement (« plaines » de Nouvelle Calédonie et de Bounty) ; l'ensemble étant barré par la formation alpine récente émergée qu'est la Nouvelle-Zélande, de direction générale NNE-SSE. Les crêtes des chaînes sous-marines s'élèvent au-dessus du plancher océanique jusqu'à des profondeurs de 1 000 à 1 500 mètres, avec de rares îles rocheuses s'élevant au-dessus du niveau de la mer.

Zealandia a une superficie de 4 900 000 km2[3], supérieure à celles de l'Afrique du Nord (Algérie, Maroc et Tunisie) et de la Libye rassemblées, à celles de la Russie européenne, de la Biélorussie et de l'Ukraine réunies, ou quasiment égale aux deux tiers de l'Australie (7,69 × 1012 m2). C'est le plus grand des micro-continents, faisant près de quatre fois le microcontinent suivant, également submergé, le plateau de Kerguelen (1,25 × 1012 m2)[4] ; et près de huit fois Madagascar (0,6 × 1012 m2). À ce titre, on peut le présenter comme un continent à part entière, ce qui est l'argument présenté par des géologues australiens et néo-zélandais[5],[6],[7].

Les majeures parties immergées de Zealandia sont le plateau Lord Howe, le plateau Challenger, le plateau de Campbell, la ride de Norfolk, le plateau de Hikurangi (en) et le plateau de Chatham. Mais aussi des régions plus petites comme le plateau de Louisiade (en), la ride de Mellish, le plateau de Kenn (en), le plateau de Chesterfield, la ride de Dampier[7]. Le mont sous-marin Gilbert (au nord-ouest de Fiordland), bien qu'isolé, fait aussi partie de Zealandia[8], par contre la façon dont le mont sous-marin Bollons (sud des îles Chatham) est connecté à Zealandia reste inconnue.

Biogéographie

La Nouvelle-Calédonie se situe à l'extrémité nord de l'ancien continent, tandis que la Nouvelle-Zélande s'élève sur la faille alpine qui sépare la plaque pacifique de la plaque australienne. Ces masses de terre sont deux avant-postes de la flore antarctique, comme des Araucaria et des Podocarpaceae.

Divisions politiques

Superficie totale : 286 630 km2.

Économie

Zealandia est un lieu important pour la pêche côtière et contient le plus grand champ gazier de Nouvelle-Zélande, près de Taranaki. Des permis d'exploration pétrolière pour le Great South Basin ont été délivrés en 2007[9]. Les ressources minérales du plateau comprennent du sable ferreux, des sulfures volcaniques et des gisements de nodules de ferromanganèse[10].

Plateau continental

L'existence d'un plateau continental constitue un enjeu juridique par rapport à la convention des Nations-Unies sur le droit de la mer[11]. En effet, l'existence d'un « plateau continental » permet d'étendre l'exclusivité de l'exploitation des fonds marins et sous-sols sur ce plateau, dans la limite de 350 miles nautiques.

Géologie

Carte de la partie sud de Zealandia montrant la faille alpine.

Le bloc de croûte continentale qui constitue Zealandia s'est affaissé après le détachement de l'Australie il y a 60 à 85 Ma[12] et de l'Antarctique il y a 130 à 85 Ma. La majeure partie de ce continent est aujourd'hui immergée sous l'océan Pacifique.

Zealandia est composée de deux crêtes presque parallèles, séparées par un rift. Les crêtes sont constitués de roches continentales, mais sont plus faibles en altitude que les continents car la croûte est plus mince que d'habitude (seulement environ 20 kilomètres d'épaisseur), et par conséquent ne flottent pas aussi haut sur le manteau.

La caractéristique la plus frappante de Zealandia sur le plan géologique est de se situer à cheval entre la plaque pacifique et la plaque australienne. Il y a environ 25 millions d'années, la partie sud de Zealandia (sur la plaque pacifique) a commencé à bouger par rapport à la partie nord (sur la plaque australienne). Le déplacement d'environ 500 km le long de la faille alpine (en) est visible sur les cartes géologiques[13]. Le mouvement le long de cette limite de plaque a également empêché le prolongement du bassin de Nouvelle-Calédonie vers la fosse de Bounty.

La croute continentale était complètement submergée il y a près de 23 millions d'années[14],[15] et la plus grande partie (93 %) reste à ce jour sous la surface de l'océan Pacifique[8].

La compression le long de la limite de plaque a élevé les Alpes du Sud, bien qu'en raison de l'érosion rapide leur hauteur actuelle ne reflète qu'une petite fraction du soulèvement. Plus au nord, la subduction de la plaque Pacifique a conduit à un volcanisme actif, au Coromandel et dans la zone volcanique de Taupo.

L'activité volcanique sur Zealandia a également eu lieu à plusieurs reprises dans différentes parties du fragment du continent, avant, pendant et après son détachement du supercontinent Gondwana. Bien que Zealandia se soit déplacée de 6 000 km vers le nord-ouest, la composition du magma volcanique est similaire à celle des volcans de l'Antarctique et de l'Australie car le manteau sous-jacent est le même.

Ce volcanisme est très répandu sur Zealandia, mais généralement de faible volume, en dehors du volcan bouclier de la fin du Miocène qui s'est développé sur la péninsule de Banks et d'Otago. En outre, il a eu lieu en permanence dans de nombreuses régions limitées, tout au long du Crétacé et du Cénozoïque. Toutefois, ses causes sont encore débattues. Pendant le Miocène, la section nord de Zealandia (plateau de Lord Howe) pourrait avoir glissé sur un point chaud fixe, formant la chaîne de montagnes sous-marines de Lord Howe (en).

Bois pétrifié à Curio Bay.

À Curio Bay, on peut voir une forêt pétrifiée d'arbres de la famille des Kauri et des pins de Norfolk, qui poussaient sur Zealandia il y a environ 180 millions d'années lors de la période Jurassique, avant que la Zealandia se sépare du Gondwana[16]. Ils ont été enterrés par les coulées de boue volcanique et peu à peu remplacés par de la silice pour produire les fossiles aujourd'hui exposés sur la plage.

Pendant les périodes glaciaires l'environnement terrestre prend le pas sur l'environnement marin. Zealandia ne semblait pas posséder de mammifères endémiques, mais une découverte récente en 2006 d'une mâchoire fossile de mammifère du Miocène dans la région d'Otago démontre le contraire[17].

Notes et références

  1. (en) Bruce P. Luyendyk, « Hypothesis for Cretaceous rifting of east Gondwana caused by subducted slab capture », Geology, vol. 23, no 4, , p. 373-376 (DOI 10.1130/0091-7613(1995)023<0373:HFCROE>2.3.CO;2, résumé).
  2. (en) « Figure 8.1: New Zealand in relation to the Indo-Australian and Pacific Plates », The State of New Zealand’s Environment 1997, (consulté le ).
  3. (en) Nick Mortimer, Hamish J. Campbell, Andy J. Tulloch, Peter R. King, Vaughan M. Stagpoole, Ray A. Wood, Mark S. Rattenbury, Rupert Sutherland, Chris J. Adams, Julien Collot et Maria Seton, « Zealandia: Earth's Hidden Continent », GSA Today (de), vol. 27, no 3, (DOI 10.1130/GSATG321A.1, lire en ligne).
  4. Le plateau de Ontong Java n'est pas formé de croûte océanique.
  5. (en) Nick Mortimer et Hamish Campbell, Zealandia : Our continent revealed, North Shore, New Zealand, Penguin Books, , 72 ff (ISBN 978-0-14-357156-8).
  6. (en-GB) « Zealandia: Is there an eighth continent under New Zealand? », BBC News, (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  7. (en) Nick Mortimer, « Zealandia »[PDF], Australian Earth Sciences Convention, Melbourne (Australie), 2006, page 4, page consultée le .
  8. (en) Ray Wood, Vaughan Stagpoole, Ian Wright, Bryan Davy et Phil Barnes, New Zealand's Continental Shelf and UNCLOS Article 76, Wellington, New Zealand, Institute of Geological and Nuclear Sciences Limited; National Institute of Water and Atmospheric Research (en), coll. « Institute of Geological and Nuclear Sciences series 56 / Institute of Geological and Nuclear Sciences series 56; NIWA technical report 123 », , PDF (lire en ligne [archive du ]), p. 16
    « The continuous rifted basement structure, thickness of the crust, and lack of seafloor spreading anomalies are evidence of prolongation of the New Zealand land mass to Gilbert Seamount. »
  9. (en) « Great South Basin - Questions and Answers », sur nzpam.govt.nz (en).
  10. (en) « New survey published on NZ mineral deposits », sur nzpam.govt.nz (en).
  11. Nathalie Jollien, « Mauritia, Zealandia… une avalanche de nouveaux continents ? », sur Le temps.ch, .
  12. (en) Keith Lewis, Scott D. Nodder et Lionel Carter, « Zealandia: the New Zealand continent », Te Ara - the Encyclopedia of New Zealand,  ; page consultée le .
  13. (en) « Figure 4. Basement rocks of New Zealand », UNCLOS Article 76: The Land mass, continental shelf, and deep ocean floor: Accretion and suturing (consulté le ).
  14. (en) « Searching for the lost continent of Zealandia », The Dominion Post, (lire en ligne, consulté le ) :
    « We cannot categorically say that there has always been land here. The geological evidence at present is too weak, so we are logically forced to consider the possibility that the whole of Zealandia may have sunk. »
  15. (en) Hamish Campbell et Gerard Hutching, In Search of Ancient New Zealand, North Shore, New Zealand, Penguin Books, (ISBN 978-0-14-302088-2), p. 166–167.
  16. (en) « Fossil forest: Features of Curio Bay/Porpoise Bay », sur doc.govt.nz (en).
  17. (en) Hamish Campbell et Gérard Hutching, In Search of Ancient New Zealand, North Shore, en Nouvelle-Zélande, Penguin Books, (ISBN 978-0-14-302088-2), p. 183-184.

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