navrer
Français
Étymologie
- Voir l’ancien français navrer.
Verbe
navrer \nɑ.vʁe\ ou \na.vʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)
- (Vieilli) Blesser.
- — Moussu lou Baron! cria-t-il. Un des nôtres est durement navré d'une arquebusade! — (Robert Merle, Fortune de France, XI., 1977)
- Causer une grande peine, une extrême affliction.
- Le sang coule à flots. Le gémissement des blessés, le murmure étouffé de ceux qui s’efforcent de se dégager de cette mêlée de mort et de mourants, navrent le cœur du soldat, auteur innocent de ce massacre. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
- En m’apprenant cette nouvelle, vous m’avez navré.
- J’en suis navré.
- J’en ai le cœur navré.
- Contrarier, fâcher quelqu’un.
- L’interruption de Juve navra M. Havard qui comptait produire sur le célèbre inspecteur une formidable impression. — (Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas, Les Souliers du mort, 1912, Éditions Robert Laffont, Bouquins, tome 5, page 957)
- (Ancien québécois) Avoir la respiration gênée par un fluide qui provoque un commencement de suffocation.
- Tu vois bien que le petit est navré, cogne-lui dans le dos pour le faire revenir. — (Narcisse-Eutrope Dionne, Le Parler populaire des Canadiens français, Laflamme & Proux, 1909)
Prononciation
- France (Lyon) : écouter « navrer [Prononciation ?] »
Références
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (navrer), mais l’article a pu être modifié depuis.
- Explication de Bernard Cerquiglini en images
Ancien français
Étymologie
- Étymologie obscure :
- Le normand[1] a nafre, « coup, blessure » ; le provençal nafrar, naffrar (« blesser ») ; l’italien a naverare, dans le composé innaverare ; de l'ancien haut allemand nabagêr ; qui donne le hollandais neviger, neffiger ; le scandinave nafar, tous mots qui signifient « instrument pour percer ». » Il est emprunté[2] par le normand au vieux norrois *nafra « percer (avec une tarière) », nafarr (« tarière »). Le point faible de cette hypothèse[2] est que le substantif nordique n'a pas de représentant en gallo-romain et, qu'au contraire, le verbe qu'exige le gallo-roman n'existe pas en vieux norrois.
- La forme étymologique[2], nafrer est issu du latin naufragare (« faire naufrage, naufrager »), qui a pris les sens de « gâcher, abîmer, perdre, ruiner » puis celui de « subir un dommage corporel » ; à l’appui de cette thèse l’ancien espagnol nafregar(e), navargar (« désoler, détruire », « produire une blessure au cheval », « maltraiter ») et l'ancien portugais anafragar.
Verbe
navrer \Prononciation ?\ transitif (voir la conjugaison)
- Blesser en transperçant ou en coupant.
- Oliviers sent qu'il est à mort naffret. — (Chanson de Rolant, CXLV, (XIe siècle).)
- qu'il est blessé à mort.
- Tous les navrés ne tous les mors, ne quanques s'en issit, ne sai je mie deviser. — (VILLEH., LXXV, (XIIIe siècle).)
- tous les blessés et tous les morts, etc.
- Et li Conmain et li Blac et li Grieu les tindrent mult prés et navrerent mult de lor chevaus. — (Geoffroi de Villehardouin, La Conquête de Constantinople)
- Tant feut grand le cry des navrez que le prieur de l'abbaye sortit. — (RAB., Garg. I, 27)
- Oliviers sent qu'il est à mort naffret. — (Chanson de Rolant, CXLV, (XIe siècle).)
Synonymes
Dérivés dans d’autres langues
- Français : navrer
Références
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881-1902 → consulter cet ouvrage
- « navrer », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877 → consulter cet ouvrage
- « navrer », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
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