Bataille de Sainte-Foy

La bataille de Sainte-Foy est le troisième et dernier affrontement majeur de la guerre de la Conquête entre les Français, les coloniaux Canadiens français, qui forme la milice locale, et les nations alliées autochtones (qui n'y participeront finalement pas) contre les troupes britannique. Elle se déroule dans les environs de la ville de Québec le . Elle s'inscrit dans le théâtre nord américain de la guerre de Sept Ans. Se concluant par la victoire des Franco-Canadiens, ces derniers montèrent ensuite le siège afin de reprendre Québec des mains de l'occupant britannique qui l'avait conquise le à la suite de la victoire britannique lors de la bataille des plaines d'Abraham cinq jours plus tôt. Le siège échoue cependant, car l'arrivée de renforts et ravitaillements anglais au cours du mois de mai avantagera les défenseurs et provoquera la seconde retraite des Franco-Canadiens vers Montréal.

Bataille de Sainte-Foy
La bataille de Sainte-Foy par George B. Campion.
Informations générales
Date
Lieu Québec
Issue Victoire française
Belligérants
Royaume de France
Nouvelle-France
 Grande-Bretagne
Commandants
François G. de LévisJames Murray
Forces en présence
2 600 soldats
2 400 miliciens
900 Amérindiens
3 800 soldats
27 canons
Pertes
193 morts
640 blessés
259 morts
829 blessés
53 prisonniers
27 canons perdus

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Coordonnées 46° 48′ 08″ nord, 71° 14′ 32″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Québec
Géolocalisation sur la carte : Québec

Avant l'affrontement

À la suite de la capture de Québec, le lieutenant général du Canada Rigaud de Vaudreuil et le général François-Gaston de Lévis envoient des navires vers la France afin de demander de l'aide à Versailles avant d'ordonner la retraite vers Montréal. L'hiver leur sera confortable. Les vivres, bien que rationnées, sont de bonne qualité et quantité et la ville, n'ayant pas vécu de siège, permet d'offrir un toit chaud aux soldats.

Contrairement à l'armée franco-canadienne, les Britanniques vivent un hiver rigoureux à Québec. Les rations, bien qu'en quantités suffisantes, sont de piètre qualité. Le bois de chauffage se fait rapidement rare et la ville détruite à 80% n'offre pas un logis confortable aux troupes. Le froid et le manque de vitamine C en raison d'une alimentation incomplète font des ravages au sein des soldats, notamment en raison des épisodes de scorbut. Ajoutons à ces problèmes une population civile provenant des environs, affligée par la destruction de la campagne, des rationnements et des réquisitions, qui se réfugie dans la ville afin de survivre à l'hiver. Autrement dit, affaiblis, démoralisés et isolés en territoire hostile, les Britanniques souffrent de leur propre campagne de terreur des mois d'été 1759 et d'une campagne militaire particulièrement difficile.

Mais le général James Murray, qui prend en charge l'armée après le retrait de Robert Monckton vers New York et de George Townshend vers l'Angleterre, ne chôme cependant pas. Il fait bâtir sept blockhaus devant les remparts afin d'en contrôler la circulation et il renforce le front de la porte Saint-Louis et le parapet des murs. Finalement, il fait ériger une série de petits postes défensifs à Cap-Rouge, Lorette, Sainte-Foy, Sillery et Pointe-Lévy.

L'hiver n'est pas encore terminé que Lévis et Vaudreuil rassemblement les troupes avant de marcher vers Québec. Les navires l’Atalante , la Pomone, les Flûtes la Pie et la Marie (1758), qui ont hiverné près de Sorel, transportent les munitions de l'armée près de Québec afin de hâter la marche des troupes. L'objectif de Lévis est de prendre le contrôle des Buttes-à-Neveu, la colline la plus élevée des Plaines d'Abraham se situant à 800 mètres à l'ouest de la ville, avant que son opposant ne les fortifient après la fonte de la neige. À cette position, il pourra monter un siège efficace contre Québec. Par le fait même, il tente de surprendre son adversaire par l'hâtivité de sa manœuvre. Lévis et Vaudreuil quittent Montréal en début mai avec une armée totalisant environ 7200 hommes.

Le au matin, les marins britanniques ramènent un artilleur français à l'article de la mort aux quartiers de Murray. Ce Français avait été repêché des eaux glaciales après que son embarcation eut fait naufrage. Le captif avertit Murray qu'une force massive formée de Français, de Canadiens et de leurs alliés amérindiens arriverait bientôt de Montréal pour attaquer Québec. James Murray rassemble ainsi environ mille hommes de son infanterie lourde et ordonne à ces derniers de transporter dix canons jusqu'à la zone de tir. Normalement, cette tâche aurait été accomplie par les chevaux, mais les troupes affamées les avaient mangés depuis longtemps. Les soldats britanniques quittent la ville pour rejoindre les détachements d'infanterie légère qui se regroupaient dans de petits postes avancés à Sainte-Foy, Sillery et Cap-Rouge. Des escarmouches éclatent ainsi entre les deux camps.

Pendant ce temps, Lévis, après avoir rassemblé ses troupes aux environs du Fort Jacques-Cartier, place, quelques jours plus tard, le gros de son armée au-delà de la forêt près de Sainte-Foy. Au sein de ses troupes s'y trouve des soldats réguliers de terre et de la marine, des miliciens canadiens et des guerriers amérindiens.

le , Murray remarque qu'il ne possède pas suffisamment de troupes pour défendre la ville et soutenir un siège. Il ordonne la sortie de près de 3 300 hommes qu'il installe sur les Buttes-à-Neveu qu'il n'a pas eu le temps de fortifier, avant que les Français ne prennent ce point stratégique, et d'au moins 22 canons, dont deux obusiers. Cette position et logique de combat ressemble à celles du feu général français, le Marquis de Montcalm, lors de la bataille des Plaines d'Abraham huit mois plus tôt.

De leur côté, les Franco-canadiens s’amassent à la lisière de la forêt, à près d'un kilomètre à l'ouest de la position anglaise, et entame sa marche vers la ligne adverse. La bataille est sur le point de débuter.

La bataille

Le , quelques mois seulement après la défaite de la France sur les plaines d'Abraham dans la ville de Québec, le gouverneur de la Nouvelle-France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil, et le chevalier de Lévis repoussent les Britanniques du général James Murray à la bataille de Sainte-Foy. Les Britanniques s'enferment dans la ville. Lévis et ses troupes commencent aussitôt le siège de Québec (1760) en y creusant des tranchées ; ses hommes creusent jours et nuits. Ils creusent des tranchées parallèles ; installent quelques canons pour bombarder les fortifications et se rapprocher de la ville en creusant aussi des tranchées d'approches. Lévis commence à bombarder les murs de la ville le 11 mai, avec quelques canons pour enfoncer un point faible ; le bastion la glacière. Les hommes de Murray réparent les murs très affaiblis durant la nuit afin que les Franco-Canadiens ne s'aperçoivent pas que des parties du mur sont pratiquement effondrées[1].

Le siège de Québec

La configuration du mur ouest n'est pas conçu pour tirer avec des canons vers les plaines, mais plutôt pour tirer en enfilade, parallèlement au mur sur des ennemis qui s'en approcheraient. Louis-Thomas Jacquot avait du percer quelques embrasures pour tirer vers les plaines au-delà des Buttes-à-Neveu; son artillerie dirige un feu constant durant la nuit du 14 au pour ralentir la construction de retranchements anglais sur les plaines après la défaite de la Bataille des Plaines d'Abraham.

En , les Anglais doivent donc percer de nouvelles embrasures pour tirer vers les plaines. Afin de résister au siège que prépare Lévis le , tous les hommes valides, même les officiers supérieurs anglais sont mobilisés pour percer des embrasures, monter des canons de la basse-ville pour les installer dans le nouvelles embrasures, percées au rythme de 4 ou 5 par jour environ pour atteindre environ 100 pièces de différents calibres. Les Anglais travaillent jour et nuit et même les convalescents participent aux opérations selon leur capacité. Murray réussira à envoyer un véritable déluge de feu de plus de 14 000 boulets de 8 à 32 livres en plus des mortiers sur les positions françaises qui sont très limitées en artillerie et dont la poudre est humides, réduisant l'efficacité. Les Franco-Canadiens combattent également les volontaires envoyées par Murray hors des murs de Québec durant la nuit, qui attaquent les Français afin de retarder l'avance de Lévis.

Attente de renfort d’Europe

Il est important de prendre en compte que les 2 camps ennemis, ayant été isolés tout l'hiver, ne sont pas au courant des défaites navales françaises de Lagos et des Cardinaux, affaiblissant gravement la Marine royale française[2]. Une expédition pour contacter Jeffery Amherst qui passe l'hiver à New-York, est commandée par John Montresor, avec quelque compagnons; ils partent de Québec le , passant en raquettes par les rivières gelées Chaudière-Kennebec, manquant de nourriture et souffrant du froid, risquant de mourir dans les montagnes, prendra plus d'un mois pour atteindre Boston[3]. Les instructions d'Ahmerst arriveront au printemps, une fois les rivières redevenues navigables. Les bombardements dureront jusqu’au ; les troupes de Lévis mettant fin au siège devant les renforts anglais arrivés par la mer[4]. Lévis continue ses bombardements jusqu'à la nuit du 16 mai. Un groupe de miliciens, aidés de quelques Amérindiens et de cavaliers avaient installé une batterie des canons à Beauport. La fortune fait en sorte que les renforts navals britanniques arrivent en premier en Nouvelle-France, engagent le combat avec trois frégates commandées par Jean Vauquelin ; ce qui conduit à la bataille de Neuville et forcent les troupes françaises à reculer puis à capituler à Montréal et à Trois-Rivières peu après. Murray réalise un véritable tour de force pour garder la ville de Québec, sans savoir quel renforts arriveront en premier[5], n'ayant pas eu de contact durant l'hiver avec le général Jeffery Amherst. Les bombardements dureront jusqu’au ; les troupes de Lévis mettant fin au siège devant les renforts anglais arrivés par la mer.

Le chevalier de Lévis ralliant son armée.

Conséquences

La bataille de Sainte-Foy est le dernier battement de cœur de la France coloniale au Canada. Les trois années qui suivront cette bataille seront sous un régime militaire administré par le général Murray et ce, jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans en Europe. Au traité de Paris (1763), Choiseuil choisit de conserver les îles des Antilles, plutôt que le Canada offert par l'Angleterre, et la France perdit ainsi, l'île Royale et l'isle Saint-Jean. Alors que la Louisiane sera vendue par Napoléon en 1803 et que l'Acadie fut conquise dès 1713. Le gain monétaire et l'argent qu'apportaient les Antilles, l'esclavage au Sénégal, et son comptoir de Pondichéry aux Indes, est tout ce que Choiseul et les riches marchands favorisaient. La France était avant tout une super puissance avec une population trois fois supérieure à l'Angleterre métropolitaine mais avec bien moins d’alliés. L'intérêt n'y était plus, et Lévis lorsqu'il aperçut la flotte britannique remonter le Saint-Laurent s'écria, « La France nous a abandonnés ! »[6].

Commémoration

Le monument aux Braves, situé sur le chemin Sainte-Foy, fut dévoilé le pour commémorer la bataille.

Une plaque indique le lieu de la victoire des Français sur les Anglais[7]. Son texte francophone est le suivant :

Ici les Français victorieux Tournèrent la gauche anglaise, la refoulant contre son centre et, par la capture de tous ses canons, forçèrent [sic] le brave Murray à se replier en dedans des murs.

Une plaque indique l'emplacement du moulin Dumont près duquel la bataille s'est déroulée[8]. Son texte francophone est le suivant :

Au moulin Dumont, près d'ici, se livra le combat le plus acharné de la bataille de Ste-Foy avant que la droite française victorieuse eut refoulé la gauche et le centre anglais contre la droite anglaise. .

Le monument aux Combattants, conçu par Claire Lemieux et Jean Miller en 2009, rappelle le souvenir des combattants qui ont pris part aux batailles des Plaines d'Abraham et de Sainte-Foy[9].

Le monument de Jeanne-d'Arc, dans le parc éponyme, a été offert par l'artiste Anna Hyatt Huntington pour rendre hommage aux victimes des batailles des Plaines d'Abraham et de Sainte-Foy[10]. Sa dédicace se lit ainsi:

Comme emblème du patriotisme et de la vaillance des héros de 1759-1760.

Deux bronzes du sculpteur Michel Binette ont été placés en 2010 dans le Parc des Braves afin de rappeler le souvenir des généraux Murray et Lévis[11]. Par l'avenue des Braves, elle rejoint les Plaines d'Abraham.

Le monument de François-Gaston-de-Lévis, à Lévis, rappelle partiellement le souvenir de sa victoire lors de la bataille de Sainte-Foy. Il a été inauguré le [12].

Références

  1. Journal of the siege of Quebec, 1760 by Jas. Murray [microform] (1871) p. 40.
  2. Crucible of War: The Seven Years' War and the Fate of Empire in British North America, 1754-1766. de Fred Anderson (Author) p. 394-395.
  3. All Canada in the Hands of the British: General Jeffery Amherst and the 1760 Campaign to Conquer New France. par Douglas R. Cubbison (Auteur) p. 62-63
  4. Journal of the siège of Québec 1760 by general Jame Murray. p. 35-45
  5. All Canada in the Hands of the British: General Jeffery Amherst and the 1760 Campaign to Conquer New France. par Douglas R. Cubbison (Auteur) p. 28-29
  6. Canada-Québec, Synthèse Historique, Éditions du Renouveau Pédagogique Inc. p. 177-178.
  7. « Plaque de la bataille de Sainte-Foy - Répertoire du patrimoine culturel du Québec », sur www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca (consulté le )
  8. « Plaque du moulin Dumont - Répertoire du patrimoine culturel du Québec », sur www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca (consulté le )
  9. « Art public », sur Ville de Québec (consulté le )
  10. « Un site rassembleur - Histoire du site - Histoire et patrimoine - Accueil | Commission des champs de bataille nationaux », sur www.ccbn-nbc.gc.ca (consulté le )
  11. « Un site rassembleur - Histoire du site - Histoire et patrimoine - Accueil | Commission des champs de bataille nationaux », sur www.ccbn-nbc.gc.ca (consulté le )
  12. « Monument François-Gaston-de-Lévis », sur Commission de la capitale nationale du Québec (consulté le )

Articles connexes

Sources et bibliographie

En français :

  • Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Paris, éditions Perrin, coll. « Tempus », , 851 p. (ISBN 978-2-262-07502-6)
  • Laurent Veyssière (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, Québec, Septentrion (Canada) et PUPS (France), , 360 p. (ISBN 978-2-89448-703-7)

En anglais :

L'église de Sainte-Foy pour commémorer la bataille.
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