Bombardement d'Ellwood

Le bombardement d’Ellwood est l’attaque navale à laquelle s'est livré, pendant la Seconde Guerre mondiale, un sous-marin japonais, contre des cibles côtières américaines près de Santa Barbara en Californie. Bien que les dégâts infligés fussent réduits, l’événement suscita la crainte d’une invasion japonaise de la côte Ouest des États-Unis et eut une influence sur la décision d’interner les Japonais-américains. Ce fut aussi le premier bombardement subi par le territoire nord-américain au cours du conflit.

Bombardement d’Ellwood
Le gisement pétrolier d’Ellwood Oil Field et la localisation de l’attaque japonaise.
Informations générales
Date 23 février 1942
Lieu Santa Clara, Californie
Issue Dégâts mineurs, pas de victimes
Belligérants
États-Unis Empire du Japon
Commandants
Kozo Nishimo
Forces en présence
101

Seconde Guerre mondiale,
Guerre du Pacifique

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Coordonnées 34° 25′ 34″ nord, 119° 54′ 29″ ouest

Contexte

Après l’attaque sur Pearl Harbor, sept sous-marins japonais patrouillèrent le long de la côte ouest des États-Unis. Ils coulèrent plusieurs navires marchands et engagèrent à deux reprises des unités aéronavales de l’US Navy. À la fin décembre, les sous-marins avaient regagné des eaux sous contrôle japonais afin de se réapprovisionner. Beaucoup rejoignirent Kwajalein avant de retourner dans les eaux américaines. Le sous-marin de la Marine Impériale japonaise I-17 faisait partie du groupe. Il avait un déplacement de 3 654 tonnes en plongée et mesurait 111,40 mètres de long. Son armement comprenait six tubes lance-torpilles de 510 mm et il disposait d’un total de dix-sept torpilles. Il disposait également d'un canon de pont d'un calibre de 140 mm. L’équipage était constitué de 101 officiers et matelots sous les ordres du commandant Kozo Nishimo.

Au cours de la guerre, Nishimo avait fait partie de la flotte qui avait attaqué Hawaii. Avant la guerre, il avait commandé un navire marchand qui avait emprunté le canal de Santa Barbara. Nishimo s’était arrêté au champ pétrolifère d’Ellwood où son navire s'était ravitaillé en fuel avant de regagner le Japon. Le champ pétrolifère et ses installations allaient devenir sa cible au cours du bombardement et l’essentiel des dégâts infligés allaient se concentrer sur une zone de trois cents mètres autour de l’endroit où il avait naguère accosté[1].

Bombardement

Aux environs de 19 heures, le 23 février 1942, le sous-marin I-17 se mit en panne au large du champ pétrolifère d’Ellwood. Nishimo donna l’ordre de se préparer au combat. Les canonniers prirent rapidement pour cible un imposant réservoir d’essence d’aviation appartenant à la société Richfield, qui se trouvait légèrement en retrait de la plage. Nishimo donna l’ordre d’ouvrir le feu à 19 h 15 et les premiers obus tombèrent à proximité d’une des installations de stockage. La majorité du personnel avait quitté les lieux, la journée de travail étant terminée, mais les quelques-uns qui étaient encore présents entendirent les impacts des premières salves. Ils crurent d’abord à une explosion dans les cuves, mais un des ouvriers repéra le I-17 dans l’obscurité. Plus tard, un ouvrier, du nom de G. Brown, devait expliquer qu’il avait trouvé l’assaillant si gros qu’il avait d’abord cru qu’il s’agissait d’un croiseur ou d’un destroyer avant de se rendre compte qu’un seul canon tirait.

Nishimo dirigea ensuite le tir vers un second réservoir de stockage. Brown et les autres ouvriers présents avertirent immédiatement la police, mais à ce moment les hommes de Nishimo avaient déjà tiré plusieurs salves de plus.

Des obus égarés atterrirent sur un ranch à proximité. Un obus survola l’auberge Wheelers et son propriétaire, Laurence Wheeler, appela les bureaux du sheriff de Santa Barbara. L’adjoint dit à Wheeler que des avions de chasse étaient en route, mais aucun n’arriva. Un obus frappa le quai d’Ellwood, l’endommageant légèrement. Un derrick et une station de pompage furent détruits et une passerelle endommagée. Au bout de vingt minutes, Nishino donna l’ordre de cesser le feu.

Le révérend Arthur Basham observa le sous-marin depuis Montecito. Il expliqua que l’assaillant se dirigea au sud vers Los Angeles, apparemment en émettant des signaux lumineux à destination du rivage. Le I-17 poursuivit sa route et retourna au Japon sans dommages. Au moins douze et peut-être vingt-cinq obus de 140 mm furent tirés vers les installations du champ pétrolier d’Ellwood.

Conséquences

Comme plusieurs personnes à Santa Barbara avaient rapporté avoir vu des « signaux lumineux », on ordonna une occultation des sources lumineuses (blackout) jusqu’au matin suivant. Le bombardement par Nishino fut l’objet de rapports par les agences de presse, ce qui poussa des centaines de personnes à fuir. L’attaque et l’hystérie qui s’ensuivirent servirent de justification au gouvernement fédéral pour interner les Japonais-américains (dont la plupart avaient la nationalité américaine), une semaine plus tard.

La nuit du 24 février eut lieu la mystérieuse bataille de Los Angeles, au cours de laquelle la défense côtière répliqua durant des heures par des tirs de DCA à des rapports qui faisaient état de l'observation des « aéronefs ennemis ».

Les sous-marins japonais en mission sur les côtes nord-américaines continuèrent à opérer contre les navires alliés. Ils menèrent aussi un bombardement contre Fort Stevens, sur le fleuve Columbia, et attaquèrent un phare canadien sur l’Île de Vancouver. En dépit des ordres qui leur commandaient d’attaquer des navires de guerre à chaque occasion, les sous-marins se bornèrent à s’en prendre à des navires marchands et à des bombardements mineurs de cibles terrestres situées sur les côtes. Deux raids aériens furent lancés au départ de sous-marins dans une tentative avortée de mettre le feu aux forêts du sud-ouest de l’Oregon.

Notes et références

  1. (en) The shelling of Ellwood - The California State Military Museum

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • (en) Otis L. Graham, Robert Bauman, Douglas W. Dodd, Victor W. Geraci, et Fermina Brel Murray, Stearns Wharf : Surviving change on the California coast, Graduate Program in Public Historical Studies, University of California, 1994 (ISBN 1-883535-15-8)
  • (en) Bert Webber, Silent Siege : Japanese Attacks Against North America in World War II, Ye Galleon Press, Fairfield, Washington, 1984 (ISBN 0-87770-315-9 et 0-87770-318-3)

Liens externes


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