Clément VII

Jules de Médicis (en italien Giulio di Giuliano de' Medici[N 1]), né le à Florence et mort le à Rome, fut le 219e pape de l’Église catholique de 1523 à 1534 sous le nom de Clément VII (en latin Clemens VII, en italien Clemente VII).

Pour l’article homonyme, voir Clément VII (antipape).

Clément VII

Portrait peint par Sebastiano del Piombo. Vers 1531. J. Paul Getty Museum. Los Angeles.
Biographie
Nom de naissance Giulio di Giuliano de' Medici
Naissance
Florence (République de Florence)
Ordination sacerdotale
Décès
Rome (États pontificaux)
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat (45 ans)
Intronisation
Fin du pontificat
(10 ans, 9 mois et 30 jours)
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal

par le pape Léon X
Titre cardinalice
Évêque de l'Église catholique
Consécration épiscopale
Archevêque de Narbonne
Archevêque de Florence
Prieur de Capoue
Chapelain des Hospitaliers

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Durant son pontificat, il s'oppose au roi d'Espagne et empereur germanique Charles Quint et au roi d'Angleterre Henri VIII.

Un Médicis

Fils posthume et illégitime de Julien de Médicis et de sa dernière maîtresse, Fioretta Gorini, Jules de Médicis est le neveu de Laurent le Magnifique, et donc le cousin du pape Léon X qui le légitimeront. Adolescent, il est reçu encore mineur dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et promu à sa majorité chapelain conventuel et bientôt pourvu du prieuré de Capoue. En 1513, il est créé cardinal peu après l'élection de Léon X, dont il devient un des principaux conseillers. Il conserve son influence sous le pontificat d'Adrien VI.

Le conclave destiné à élire le successeur d'Adrien VI est l'un des plus longs de l'histoire[N 2]. Il s'ouvre au début d'octobre pour se clore le . Deux factions s'opposent : l'une soutenant le cardinal Pompeo Colonna, l'autre favorable à Jules de Médicis. Ce dernier finit par l'emporter à la suite d'une médiation des trois cardinaux français et de la promesse de faire de Pompeo Colonna le chancelier du Saint-Siège[1].

La guerre de la ligue de Cognac

Clément VII s'avère avant tout un politique peu préoccupé de théologie. Inquiet de la puissance grandissante de l'empereur Charles Quint en Italie, en particulier à la suite de la bataille de PavieFrançois Ier est fait prisonnier, il organise une alliance (la ligue de Cognac) entre la France, Venise, Florence — la ville des Médicis —, le duché de Milan et l'Angleterre pour contrer l'empereur. Le traité d'alliance est signé le . En représailles, Charles Quint favorise l'agitation de la noblesse romaine, groupée autour des Colonna, dont les troupes envahissent Rome par surprise le et pillent la basilique Saint-Pierre. Réfugié dans le château Saint-Ange, Clément VII négocie avec les Colonna et Hugues de Moncade une trêve au prix de 60 000 ducats et licencie ses troupes. Il est en outre contraint de rétablir Pompeo Colonna dans la dignité de cardinal qu'il lui avait retirée.

Le sac de Rome

Les mercenaires allemands de Georg von Frundsberg, venus en Italie du Nord, et passés sous les ordres du connétable de Bourbon après la maladie de leur chef, décident de descendre sur Rome afin de se rétribuer par le pillage. Ils sont rejoints par des troupes espagnoles et celles de condottieri italiens. Le connétable de Bourbon trouve la mort lors de l'assaut donné contre les murailles du Vatican le . Rome est investie et fait l'objet d'un sac impitoyable les jours suivants.

Le pape, escorté discrètement par 42 Gardes suisses pontificaux (le reste du Corps militaire, sous les ordres de leur commandant, Kaspar Röist (en), se faisant massacrer entre la place St-Pierre, le palais et la caserne en ralentissant l'avancée des envahisseurs), quitte ses appartements du palais apostolique pour se réfugier dans le château Saint-Ange en empruntant le fameux Passetto (muraille qui relie les deux édifices) et toujours existant aujourd'hui, construit un siècle auparavant, et amélioré sous Alexandre VI Borgia et Léon X.

La salle de bains de Clément VII au château Saint-Ange.

C'est à cette occasion que Clément VII se laisse pousser la barbe que les papes n'avaient plus portée depuis Jules II (mort en 1513). Ainsi, nous possédons des portraits de Clément VII sans barbe, tel celui peint par Sebastiano del Piombo, et d'autres, postérieurs au sac de Rome, où le Pape apparaît barbu. À la suite de Clément VII, tous ses successeurs vont porter la barbe (ou la barbiche) durant le XVIe et le XVIIe siècle (Clément XI abandonne à nouveau la barbe en 1700, exemple suivi par tous ses successeurs jusqu'à nos jours). Clément VII reste reclus au château Saint-Ange jusqu'au mois de juin, date à laquelle il est contraint de signer avec le prince d'Orange Philibert de Chalon et les principaux officiers des lansquenets une capitulation au terme de laquelle il s'engage à leur verser la somme énorme de 400 000 ducats, payable en plusieurs fois. Le pape doit en outre remettre dans les mains de l'empereur diverses places fortes ou cités. En décembre, après avoir signé avec Hugues de Moncade, vice-roi de Naples, un traité confirmant la capitulation précédente, par lequel il s'engage à ne plus intervenir contre l'empereur, Clément VII quitte Rome clandestinement le pour se réfugier à Orvieto, ville faisant partie des États pontificaux[2]. Il revient à Rome en .

Les républicains de Florence profitent de cette situation pour chasser une nouvelle fois les Médicis du pouvoir en .

Le retour à l'ordre

Deux ans plus tard, pape et empereur finissent par s'accorder : un traité est signé à Barcelone le , Charles Quint, couronné solennellement par Clément VII à Bologne le . En échange de diverses concessions, l'empereur s'est engagé à rétablir les Médicis à Florence.

Les troupes impériales, commandées par Philibert de Chalon, assiègent Florence la même année. Le siège durera onze mois[3]. Le à Gavinana les troupes de Florence sont défaites. Philibert de Chalon trouve la mort dans le combat. Florence est investie et Clément VII peut y restaurer le pouvoir des Médicis en la personne de son « neveu » Alexandre, que l'empereur fera duc de Toscane deux ans plus tard.

Clément VII, qui fait partie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, intercède auprès de Charles Quint en faveur de l'Ordre contraint d'abandonner Rhodes en 1522 au terme d'un siège de six mois conduit par le sultan Soliman en personne. C'est à Castelfranco, proche de Bologne, le , que Charles Quint signe l'acte concédant à l'Ordre « en fief perpétuel, noble et franc, les villes, châteaux et îles de Tripoli, Malte et Gozo avec tous leurs territoires et juridictions » en échange d'un faucon chasseur chaque année[4].

Le conflit avec Henri VIII d'Angleterre

En 1533, un autre coup sévère frappe la papauté : Henri VIII n'ayant pu obtenir du pape l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon (non pas le divorce qui n'existe pas dans l'Église catholique) — en partie du fait du soutien de Charles Quint à cette dernière, à une époque où Clément VII ne peut s'opposer à l'empereur — décide de passer outre et de rompre avec le catholicisme pour fonder l'Église anglicane. Mais, plus essentiellement, dans cette grave affaire, le pape se trouve également lié par le dogme de l'indissolubilité du mariage catholique.

Clément VII crée Jean Le Veneur cardinal du titre de Saint-Barthélémy en l'Île[5] le à Marseille. Lors de ce voyage à Marseille, François Ier et le tout nouveau cardinal Le Veneur obtinrent par ailleurs du pape Clément VII une bulle limitant le partage du Nouveau Monde de 1493 (bulle Inter cœtera II) entre les couronnes d'Espagne et du Portugal aux seules terres connues à cette date « et non les terres ultérieurement découvertes par les autres couronnes ».

Clément VII meurt soudainement, le , à la suite d'une intoxication alimentaire aux champignons, qu'il affectionne beaucoup. Il est possible que le plat ait été empoisonné, le pape ayant beaucoup de puissants ennemis, en Italie comme à l'étranger, à commencer par Henri VIII d'Angleterre. Toutefois, aucune preuve historique n'est venue confirmer cette hypothèse jusqu'à ce jour.

Clément VII mécène et protecteur des arts et des lettres

Clément VII s'avère un pape mécène. Son arrivée sur le trône de saint Pierre rompt avec l'austérité de son prédécesseur Adrien VI. Les artistes qui avaient quitté Rome reviennent. De nouveaux talents provenant de toutes les régions d'Italie et de l'étranger se retrouvent : Parmigianino, Perin del Vaga, Baldassarre Peruzzi, Polidoro da Caravaggio, Sebastiano del Piombo et Rosso Fiorentino[6]. Clément VII enrichit la Bibliothèque vaticane, poursuit la construction de la basilique Saint-Pierre et fait terminer les travaux de la cour de San Damaso et de la villa Madama. Il charge Michel-Ange de représenter le Jugement dernier dans la chapelle Sixtine, travaux qu'il suit personnellement. Il fait détruire le mur protecteur de la sainte Maison de Lorette pour lui édifier son revêtement marmoréen. Il commente et fait publier toutes les œuvres d'Hippocrate[7]. Il approuve l'œuvre de Nicolas Copernic et veut la voir publier[8].

Il est également le protecteur de Léon l'Africain (Hassan Al-Wazzan), négociant de Fès et natif de Grenade, dans l'ancienne Andalousie musulmane. Capturé par un chevalier de l'ordre de Saint-Jean, Pedro di Bobadilla, alors qu'il revenait du pèlerinage effectué à La Mecque, donné comme présent au pape Léon X, qui l'avait adopté comme fils, fait catéchiser puis baptiser sous ses propres noms, Jean Léon. Devenu Jean-Léon de Médicis, dit « Léon l’Africain », il s'initie à l'italien et au latin, et enseigne l'arabe à Bologne. Sous la protection de Clément VII, il complète sa fameuse Cosmographia de Affrica, publiée à Venise sous le titre Description de l'Afrique.

Bilan

Clément VII s'avère un grand mécène, à l'instar de son cousin le pape Léon X. On peut aussi évoquer à son actif la protection qu'il assure aux juifs et sa condamnation des conversions forcées des Amérindiens dans le Nouveau Monde. Trop accaparé par les conflits politiques en Europe et en Italie, il ne réagit pas face au protestantisme naissant. Il faut attendre son successeur, Paul III, pour intervenir en convoquant le concile de Trente, concile œcuménique qui entame une réforme de l'Église, précisant encore davantage les dogmes et rénovant sa discipline et son droit canonique.

Notes et références

Notes

  1. C'est-à-dire « Jules, fils de Julien de Médicis ».
  2. Le plus long doit être celui qui s'ouvrit à la mort de Clément V, le 1er mai 1314, et qui dura jusqu'au 24 juillet de la même année, date à laquelle les cardinaux s'enfuirent, face au pillage d'Avignon par les neveux du pape défunt.

Références

  1. Ferdinando Petruccelli della Gattina, Histoire diplomatique des conclaves, Paris/Bruxelles, Lacroix et Verboeckhoven, 1864, t. I, p. 536 et suiv.
  2. Anonyme [François Bruys], Histoire des papes, La Haye, Henri Scheurer, MDC CXXXIII, t. 4, p. 461-464.
  3. Cf. Francesco Guicciardini (trad. Jean-Claude Zancarini, éd. Jean-Louis Fournel), Histoire d'Italie Storia d'Italia »], Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1996 (à partir de l'édition bâle, 1567), 1290 p., 2 vol. (ISBN 978-2-221-91029-0 et 2-221-91029-X).
  4. Simon Mercieca, Les chevaliers de Saint-Jean à Malte, Casa Editrice Bonechi, Florence, 2005, p. 23.
  5. Quelques sources[Lesquelles ?] parlent du titre de Sainte Suzanne, mais selon la plupart des sources il était cardinal du titre de Saint-Barthélémy en l'Île, et c'est d'ailleurs ainsi qu'il se décrit lui-même dans des lettres, que mentionne M. H. Fisquet dans La France pontificale (Gallia christiana) : « Nous avons de lui des lettres du , où il s'intitule par la miséricorde de Dieu, cardinal prêtre de la sainte Église romaine, du titre de Saint Barthélemi, appelé vulgairement cardinal le Veneur, évêque et comte de Lisieux, grand aumônier de France, vicaire général et irrévocable de l'évêché d'Evreux, délégué à cet effet par le Saint-Siège apostolique. »
  6. Rome : mécénat et pouvoir papal.
  7. (it) Histoire des papes : Clément VII.
  8. Joseph Schumpeter, Histoire de l'analyse économique. I - l'âge des fondateurs, 1954.

Bibliographie

  • Fred Bérence, Les papes de la Renaissance, Éditions du Sud & Albin Michel, Paris, 1966.
  • Alfred Jourdain, Les Médicis, Éditions Rencontre, Lausanne, 1968.

Articles connexes

Liens externes

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