Exposition du monde portugais

L'Exposition du monde portugais (en portugais : Exposição do Mundo Português) se tient du 23 juin au 2 décembre 1940 à Lisbonne, au Portugal, dans le quartier de Belém. L'exposition a pour thème « Le monde portugais » et commémore les 800 ans de la fondation du Portugal et les 300 ans de la restauration de l'indépendance vis-à-vis de l'Espagne.

Exposition du monde portugais
Général
Type-BIE Non reconnue
Fréquentation 3 000 000[1] visiteurs
Commissaire général Augusto de Castro
Organisateur État nouveau portugais
Participants
Nombre de pays 2
Localisation
Pays Portugal
Ville Lisbonne
Site Quartier de Belém
Coordonnées 38° 41′ 47″ nord, 9° 12′ 27″ ouest
Chronologie
Date d'ouverture
Date de clôture
Éditions spécialisées
Précédente Exposition coloniale portugaise , Porto
Expositions simultanées
Horticole Exposition nationale de floriculture
Géolocalisation sur la carte : Lisbonne
Géolocalisation sur la carte : Portugal

L’exposition s'articule autour de la place de l'Empire, du fleuve Tage et du monastère des Hiéronymites et accueille 3 millions de visiteurs. Il s'agit de la plus grande exposition jamais organisée au Portugal jusqu'à l'Exposition internationale de 1998, également tenue à Lisbonne.

Son déroulement est affecté par l'entrée d'une partie de l'Europe dans la Seconde Guerre mondiale dès septembre 1939. Un des objectifs de cette exposition est de promouvoir le régime de l'État nouveau, celui-ci étant alors en phase de consolidation. Il s'agit de l'événement politico-culturel le plus important du Portugal à cette époque et le plus marquant du gouvernement d'António de Oliveira Salazar.

Deux pays y sont représentés (le Portugal et le Brésil), ainsi que toutes les provinces métropolitaines et d'outre-mer portugaises. On y découvre non seulement des pavillons thématiques et culturels, mais également des expositions de peintures et de sculptures. Plusieurs mises en scène jalonnent le site de l'exposition et même du jardin botanique. Presque tous les pavillons sont détruits pendant un cyclone entre le et le . Cependant, depuis la clôture de l'exposition, quelques parties du site sont recyclées en parcs, en musées et d'autres éléments sont réutilisés.

Objectifs de l'exposition

C'est en 1922, soit onze ans après la proclamation de la République portugaise, que l'idée de fêter le double centenaire apparaît. En 1929, en pleine dictature nationale, l'ambassadeur du Portugal à Bruxelles, Alberto de Oliveira, relance l'idée d'une exposition du monde portugais afin de célébrer conjointement les huitièmes et troisième centenaires de la fondation du Royaume de Portugal en 1140, et de la restauration de l'indépendance du Portugal face à l'Espagne en 1640[2].

En , le président du Conseil des ministres, António de Oliveira Salazar, élabore le programme des célébrations. L'idée du régime est d'utiliser les fêtes et les reconstitutions pour consolider et adopter l'idéologie du régime via la Fondation de la Nation, la préservation de l'Indépendance ou encore les découvertes maritimes[d 1]. La réalisation de l'exposition fait suite également à la participation du Portugal aux expositions de Paris en 1931, de Paris en 1937, de New York en 1939 et celle de San Francisco en 1939[a 1],[m 1],[3], mais aussi par les précédentes organisations lusitaniennes récentes comme l'Exposition coloniale portugaise en 1934, la Reconstitution de l'Ancienne Lisbonne en 1935, l'Exposition de l'An X de la Révolution nationale en 1936 et l'Exposition historique de l'Occupation en 1937[v 1].

Alors que l'Espagne est en pleine guerre civile, António de Oliveira Salazar annonce publiquement l’événement en première page du quotidien portugais le Diário de Notícias du . L'Estado Novo s'est efforcé d'associer les caractéristiques les plus frappantes de son nationalisme incluant l'autoritarisme, l'élitisme et le paternalisme conservateur[4].

António de Oliveira Salazar affirme qu'un héritage de huit siècles d'histoire est un « cas rare », si le même peuple, la même nation et le même État sont nécessaires pour définir l'identité politique[a 1]. L'exposition est également organisée afin de consolider le régime pendant l'Estado Novo. L’événement, d'une dimension sans précédent, doit et réussit à devenir l'événement politique et culturel le plus important pendant le régime de Salazar[a 2]. En effet, il s'agit de faire triompher le régime avec l'instauration d'un État autoritaire, catholique et corporatif contre la république portugaise[3].

L'exposition poursuit également le but d'exposer aux autres pays les caractéristiques du territoire portugais, ainsi que de ses frontières nationales et de ses colonies. Pendant cette période, le pays se sentait en effet menacé par une invasion par l'Espagne et par l'Allemagne. Le , Hitler émet la directive no 18. Le Führer y décrit un plan pour envahir le Portugal si les forces britanniques devaient y prendre pied. « Je demande également que le problème de l'occupation de Madère et des Açores soit considéré, avec les avantages et les inconvénients que cela entraînerait pour notre guerre maritime et aérienne. Les résultats de ces études doivent m’être soumis dès que possible », ajouta Hitler[5]. Alors qu'un pacte d'amitié et de non-agression est signé entre l'Espagne et le Portugal et qu'un protocole de renouvellement signé le 29 juillet 1940, un document rendu public en 2009 dévoile que le Chef d'État espagnol, Francisco Franco, prévoyait d'envahir le Portugal en 1940 avec 250 000 soldats en occupant la capitale portugaise et le littoral[6],[7].

L'Allemagne nazie cherchait également à annexer le territoire de l'Angola portugais[a 2]. L'exposition devait également montrer un Portugal épargné par les effets dévastateurs de la guerre en Europe et promouvoir un empire à son apogée[3].

Situation et aménagements

Représentation du départ de Vasco de Gama, depuis Belém, en 1497.

José Ângelo Cottinelli Telmo, l'architecte en chef, est chargé de la réalisation des plans pour cette exposition. Il est à la tête d'un groupe de 17 architectes. Près de 5 000 ouvriers, 1 000 plâtriers, 15 ingénieurs, ainsi que des centaines de peintres, sculpteurs et décorateurs sont mobilisés pour construire et aménager l'exposition[v 2].

Les travaux de destruction et l'aménagement du site de l'exposition commencent le [v 3]. Un budget de 35 000 contos (soit 35 millions d'escudos) est alloué pour l'aménagement et la construction de l'exposition. Quatorze mois de travaux sont nécessaires avant l'inauguration, le [v 2].

L'exposition du monde portugais est conçue comme une réalisation temporaire. En effet, plusieurs réalisations ont été réalisées en bois, en plâtre ou en d'autres matériaux. Ce fut le cas du monument des découvertes qui a été démonté après l'exposition et ensuite reconstruit en pierre et en béton en 1960[8].

Situation

Belém est un quartier de Lisbonne situé sur la rive droite du Tage. L'emplacement est choisi comme site de l'Exposition entre le et le , en effet Augusto de Castro, diplomate et commissaire de l'Exposition, suggère que l'événement doit se tenir sur les rives du fleuve Tage étant donné son lien avec l'histoire du Portugal et la proximité de la Tour de Belém et du monastère[a 3],[m 2]. Les plages du Restelo à Belém sont connues comme le lieu de départ des grands explorateurs portugais pour leurs voyages à travers le monde, il s'agit du point de départ de Vasco de Gama pour les Indes en 1497[m 2].

Le site avait déjà été choisi par le passé pour la célébration d'autres festivités comme le Centenaire de l'Inde en 1898 ou encore l'installation de la statue en l'honneur du roi Afonso de Albuquerque en 1901[9]. Outre le côté historique et symbolique, le site est de plus un terrain partiellement urbanisé avec de petits logements et occupé par des places. D'une superficie de 56 hectares, la zone choisie pour l'exposition est délimitée à l'ouest par la place Afonso de Albuquerque et à l'est par la tour de Belém ; elle est bordée au nord par le monastère des Hiéronymites et au sud par le Tage[a 3].

Plan général du site

Plan officiel de l'exposition.

Le site de l'exposition est accessible par différents accès à l'est et à l'ouest du site. La zone sud, sous l'Avenida da Índia et du chemin de fer, le site est articulé en bordure du Tage avec le Monument aux Découvertes et à l'extrémité ouest par les Pavillons de la vie populaires ou encore par la Porte de la Restauration et à l'est par le Pavillon de la Fondation ou encore la Porte de la Fondation[c 1].

Au centre, entre la ligne de chemin de fer et le monastère des Hiéronymites, se trouvent les pavillons les plus imposants comme le Pavillon d'Honneur ou encore le Pavillon des Portugais du Monde, le quartier commercial et industriel ou encore la place de l'Empire située au centre de cette exposition. Au nord de l'exposition, séparé par le monastère des Hiéronymites, nous retrouvons à l'ouest un parc avec un ensemble d'attractions et à l'est le jardin et la section coloniale[c 1].

Réaménagement du site

Une fois l'emplacement de l'exposition défini, il a été décidé par Augusto de Castro, António de Oliveira Salazar et le ministre des travaux publics et maire de Lisbonne de l'époque de la rénovation urbaine du quartier de Belém, principalement l'espace occupant l'exposition[10].

Le quartier était particulièrement favorable à l'effet théâtral désiré, créant une place de l'Empire face au Tage, flanquée par l'est et l'ouest par deux grands pavillons longitudinaux perpendiculaires au monastère du XVIe siècle : le pavillon d'honneur et de Lisbonne et, de l'autre côté, le pavillon des Portugais dans le monde. En effet, il est indiqué dans la Charte de Jean III de Portugal du qu'il est strictement interdit de construire des habitations devant le Monastère, et ce, jusqu'au bord du Tage. Les rois Sébastien Ier, Philippe III, Jean IV, Alphonse VI et Joseph Ier ont confirmé successivement cette Charte[d 2].

La présence du monastère et l'intensification des activités maritimes ont poussé à l'urbanisation d'une partie de Belém tout en préservant le secteur du monastère grâce au renouvellement de la Charte par Jean III. Cette protection fut retirée à la fin du XIXe siècle, ce qui a permis l'urbanisation du secteur avoisinant et d'une partie devant le monastère[d 3].

Entre 1939 et 1940, la place Vasco-de-Gama est détruite, la fontaine des dauphins (chafariz dos Golfinhos) inaugurée en 1848 est démontée et est déplacée sur la Place de Mastro (Largo do Mastro)[11],[12], le marché de Belém construit en 1882 est également détruit, ainsi que des commerces et des habitations laissant donc le monastère des Hiéronymites face au Tage[10]. La rue de Belém et la rue Vieira Portuense sont partiellement détruites ainsi que d'autres rues[13],[1]. Certaines rues, dont la Vieira Portuense, ont été partiellement conservées assorties de rénovations de façades et de la conservation des arches du XVIIIe siècle afin d'harmoniser les constructions existantes avec l'exposition[d 4]. On compte environ 55 bâtiments détruits, dont l'emblématique immeuble au no 138 rue de Belém qui possédait une architecture bien particulière et antérieure au XVIIIe siècle[d 5].

La fontaine des dauphins, déplacée sur la place de Mastro.

Afin de reloger une partie des habitants, un nouveau quartier nommé Bairro das Terras do Forno et une école ont commencé à être construits à partir de 1933 dans le même style que d'autres quartiers dans le pays, à l'image de l'Estado Novo. Situé entre le Monastère et le jardin colonial, il s'agit d'un quartier comprenant des maisons économiques, inauguré en 1938[d 6].

La Tour de Belém, entourée d'un pôle industriel et d'une grande usine à gaz, est mise en valeur comme le reste du quartier[a 4],[14]. Cependant, étant donné sa proximité avec plusieurs usines encore existantes, il fut décidé de ne pas l'incorporer à l'exposition du monde portugais[15].

Parmi les bâtiments détruits et modifiés figure, à proximité ouest du Monastère, un petit palais construit en 1880 et servant de résidence pour le directeur de la Casa Pia de Lisbonne qui fut détruit pour laisser place au parc d'attractions[d 7],[d 8]. Le Palais de Belém, appelé également Palais de Marialva et Quinta da Praia, construit à la moitié du XVIe siècle a été partiellement détruit et les jardins récupérés pour l'aménagement de l'exposition. La partie subsistante du bâtiment a été récupérée pour servir de postes de services (pompiers, police, poste médical) pendant l'exposition, il fut appelé le commissariat de l'Exposition (Comissariado da Exposição)[d 9].

Entre 1938 et 1941, le journal Ecos de Belém écrit au sujet de la mutation de ce quartier et des conséquences des démolitions sur la vie sociale et économique du quartier[v 4]. En 1938, le journal relate principalement l'optimisme de la rénovation pour Belém, puis dès le le ton des publications change pour devenir très critique envers le réaménagement du quartier et, en dépit du fait que le Portugal soit en pleine période de censure, plusieurs articles ont été publiés sans interdiction par la commission de la censure[d 10].

Transport et communications

Archive nationale, défilé du Cortège historique du monde portugais.

Pour renforcer le service de transport en commun vers l'exposition, la compagnie de bus lisboète Carris met en place une ligne de bus entre le quartier de la Baixa et le site de l'exposition à Belém, avec six véhicules anglais, conçus par le constructeur Associated Equipment Company qui sont achetés à cet effet (AEC Regent I)[16],[17]. L'exposition s'équipe de deux sites de stationnement, le premier correspond à l'actuelle Cour des messes (Terreiro das missas, en portugais) face à la place Afonso de Albuquerque[18] et le deuxième au niveau du parc d'attraction qui correspond actuellement à une zone résidentielle et à la place de Diu.

L'accès ferroviaire est renforcé par la compagnie Comboios de Portugal offrant une nouvelle liaison entre Belém et Porto durant l'exposition. La locomotive 503 a été présentée avec son nouveau design, le train Flecha de Prata était alors la principale image de marque des chemins de fer portugais[v 5].

Afin de faciliter l'accès maritime de Belém, sous les ordres de l'architecte Frederico Caetano de Carvalho, la gare fluviale de Belém est construite et inaugurée et permet ainsi de relier Belém, Cova do Vapor et Trafaria[19],[c 2].

Un réseau de téléphérique était initialement prévu sur l'ensemble de l'exposition comprenant trois lignes[c 3]. Finalement, une seule ligne est installée et mise en service sur la liaison entre la section coloniale et le bord du Tage[c 3],[20].

Inauguration, clôture et affluence

Initialement prévue le , l'exposition est finalement inaugurée dans le pavillon d'honneur le par le président portugais Óscar Carmona. Sont notamment présents : le président du Conseil des ministres portugais António de Oliveira Salazar, le ministre des travaux publics et maire de Lisbonne Duarte Pacheco, le Patriarche de Lisbonne Manuel Gonçalves Cerejeira[3], ainsi que Marcelo Caetano, figure politique conservatrice[21]. L'inauguration est suivie d'une visite de l'exposition par des personnalités politiques du gouvernement et des forces armées invitées. Des cérémonies civiles et religieuses, des cortèges, des discours et également des congrès ont eu lieu dans tout le pays, principalement à Lisbonne[21].

À la veille de l'inauguration de l'exposition, la France signe la convention de l'Armistice du 22 juin 1940[3],[21]. L'exposition du monde portugais a reçu près de 3 millions de visiteurs. La majorité des visiteurs étaient des Portugais et il y a également eu des visiteurs qui provenaient de l'étranger, mais également de nombreux réfugiés de la guerre[22],[7]. En effet, le pays étant officiellement neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs personnes se sont réfugiées au Portugal ou y ont fait escale pour fuir le nazisme. Parmi ces réfugiés, il est possible de citer Arthur Koestler, Alfred Döblin, Heinrich Mann, Antoine de Saint-Exupéry ou encore Peggy Guggenheim[23]. En réalité, entre le et le , le consul portugais à Bordeaux Aristides de Sousa Mendes accorda des visas à 30 000 réfugiés, dont 10 000 juifs, contre l'avis de son gouvernement[24],[25].

Les tarifs pratiqués pour l'entrée sont de 2,5 escudos pour un jour, de 3,5 escudos pour l'accès au parc d'attractions, de 5 escudos lors des journées d'inaugurations et grandes fêtes, de 1,5 escudo pour les journées populaires et les groupes de plus de 200 personnes, de 2 escudos pour les groupes de 50 à 200 personnes, de 30 escudos pour un carnet de 10 entrées, de 60 escudos pour un carnet de 30 entrées et de 200 escudos pour entrer librement pendant toute la durée de l'exposition[21].

L'exposition est clôturée le , au lendemain du deuxième jour de la fête nationale portugaise. En effet, c'est le que le Portugal retrouve son indépendance face à l'Espagne pendant la période de l'Union ibérique[7]. La cérémonie de clôture a débuté le à la Cathédrale de Lisbonne par un Te Deum et par un discours du président portugais Óscar Carmona à la mairie de Lisbonne[7],[v 6].

L'exposition est probablement l'une des dernières exhibitions humaines à caractère colonial et ethnographique[26],[27].

Participants

Le Brésil est la seule nation à être invitée à participer à l'Exposition du monde portugais[22],[c 4]. En effet, le , Augusto de Castro déclare dans la Revue des centenaires que le gouvernement portugais invite le Brésil à construire ou à décorer lui-même ce second pavillon dédié au Brésil[v 7]. Cette invitation constitue un prolongement et la projection du génie de l'idée lusiade avec un pavillon exposant le côté avant-gardiste du Brésil pour sa culture, sa politique et son économie[28].

L'ensemble des régions portugaises ont participé à l'exposition. On y retrouve les régions métropolitaines et les provinces et territoires d'outre-mer.

Participants à l'évènement
Régions métropolitaines, provinces et territoires d'outre-mer représentés
Régions métropolitaines et provinces
Drapeau de l'Exposition
Provinces et territoires d'outre-mer
Pays participants

Le régime politique de l'époque, l'Estado Novo, considérait que les territoires ultramarins n'étaient pas des colonies, mais bien des parties intégrantes et inséparables du Portugal. Cela a été confirmé en 1951 par le changement de statuts des colonies en provinces portugaises. Par exemple, les Indes portugaises étaient avant 1951 la colonie portugaise d'Inde, qui devient après 1951 la province portugaise des Indes[29]. Les archipels des Açores et de Madère étaient représentés dans le secteur ethnographique métropolitain, aux villages portugais.

Thème, accès et pavillons

Vue partielle sur la Place de l'Empire, le Monument aux Découvertes, le Navire et le Pavillon de Lisbonne.

Le thème de cette exposition est « le monde portugais » (o mundo português en portugais). Sous ce titre, l'exposition entend célébrer les 800 ans de la fondation du pays et les 300 ans de la restauration de l'indépendance vis-à-vis de sa voisine, l'Espagne. Il s'agissait également pour le pouvoir en place, l'Estado Novo, de consolider son statut. La ville de Lisbonne est l'hôte idéal pour cette exposition : capitale du pays et lieu de départ de Vasco de Gama à la plage du Restelo. De plus, la ville de Lisbonne en profite pour réaménager une partie du quartier de Belém. En outre, sur le site de l'exposition se trouvent la tour de Belém, le monastère des Hiéronymites ou encore la place Afonso de Albuquerque.

Augusto de Castro déclare, le , la sectorisation du parc en plusieurs espaces dédiés aux grands thèmes de l'exposition. L'exposition du monde portugais est divisée en trois parties[c 5] :

  • le secteur historique : comprend les pavillons de la fondation, la formation et conquête, de l'indépendance, des découvertes ou encore les Portugais dans le monde ;
  • le secteur colonial : installé dans le jardin botanique tropical de Belém, il regroupe les pavillons coloniaux, ainsi que les villages indigènes ;
  • le secteur de la vie populaire / ethnographique métropolitain : il s'agit de reconstitutions de villages typiques des différentes régions du Portugal (métropolitain, Açores et Madère).

En complément des trois sections, figurent également le pavillon du Portugal 1940, le pavillon du Brésil, le pavillon d'honneur, le navire portugais, le monument des découvertes, plusieurs autres pavillons, un parc d’attractions, ainsi que d'autres espaces comme des jardins, restaurants et espaces de loisirs[c 6].

La base de l'exposition était la représentation d'un grand pays, qui reposait sur le colonialisme, l'historisme, le catholicisme et la ruralité du pays[m 2].

Accès et portes

Entrée des Trois Ogives.

Il était possible d'accéder à l'exposition par plusieurs accès, deux entrées et quatre portes, réparties dans l'ensemble du parc. Il était possible de rejoindre l'une ou l'autre sections de l'exposition, délimitée en deux parties, par la ligne de chemin de fer et la route, grâce aux passerelles piétonnes et automobiles.

Entrées

  • Entrée principale (Entrada Principal) : située en face du Pavillon de la Fondation, c'est le principal accès piéton à l'exposition. Celle-ci se trouvait sur la droite de la Porte de la Fondation. Elle donnait accès à la partie nord du secteur historique.
  • Entrée des Trois Ogives (Entrada das Três Ogivas) : située entre le Pavillon de la Formation et de la Conquête et le Pavillon de l'Indépendance, elle constitue le deuxième accès principal piéton de l'exposition. Celle-ci se trouvait à gauche de la Porte de la Fondation. Elle donnait un accès à la partie sud du secteur historique.

Portes

  • Porte de la Fondation (Porta da Fundação) : située à l'Est de l'exposition, elle permettait de relier le Pavillon de la Fondation et le Pavillon de la Formation et de la Conquête. L'exposition étant séparée par la ligne de train et par une voie de circulation automobile, cette Porte était une passerelle piétonne entre la partie nord et la partie sud de l'exposition. La Porte, d'une construction imposante, possède quatre piliers avec une représentation du roi Alphonse sur la façade principale.
  • Porte de la Restauration (Porta da Restauração) : située à l'opposée de la précédente, à l'ouest, cette Porte en avait la même fonction de passerelle. Elle se trouvait entre l'aire de jeux et les Villages portugais, soit la partie de la vie populaire et de l'ethnographique métropolitain. Moins imposante que la Porte de la Fondation, la Porte possédait des blasons sur sa façade.
  • Porte de Belém (Porta de Belém) : cette porte, située entre la Place de l'Empire et la rue de Belém, était un accès piéton à l'exposition. Située au nord-est, elle était située entre les Pavillons d'Honneur et de Lisbonne et la section coloniale.
  • Porte de Restelo (Porta do Restelo) : cette porte, située sur la rue qui longe le Monastère et à l'entrée de la rue Bartolomeu Dias, était un accès pour les véhicules et le tramway.

Secteur historique

Pavillon de la Formation et de la Conquête.
Pavillon de l'Indépendance.

Le secteur historique occupe la partie centrale de l'exposition, ainsi qu'une petite partie en bordure du Tage. La ligne de chemin de fer (Lisbonne-Estoril), ainsi que l'avenue des Indes, séparaient en deux le secteur. Le quartier commercial et industriel se trouvait dans ce secteur.

Ce secteur était la plus grande et la plus importante partie de l'exposition. Composée de grands pavillons, elle était destinée à exposer l'histoire de la nation.

Pavillons et constructions présentes dans le secteur historique[c 7] :

  • Pavillon de la Fondation (Pavilhão da Fundação) : créé par Raul Rodrigues Lima, d'une hauteur de 15,5 m, composé de deux étages et situé à l'entrée principale de l'exposition, il comprenait plusieurs salles et galeries avec des statues de rois et de religieux portugais comme celle d'Alphonse Ier ou encore celle de Gualdim Pais. Le pavillon formait une petite forteresse de style médiéval. Il fut inauguré le , sa fonction était également de rappeler la naissance et la croissance de la nation portugaise. Sa façade reprend les apparences de la cathédrale de Lisbonne et du château de Saint-Georges[c 8],[c 9]. Le pavillon fut détruit après l'exposition[c 9].
  • Pavillon de la Formation et de la Conquête (Pavilhão da Formação e Conquista) : également créé par Raul Rodrigues Lima, ce pavillon est situé entre la ligne de chemin de fer, le Tage et la sphère des découvertes. D'une hauteur de 16 m, d'une longueur de 45 m et d'une largeur de 80 m, il fut également inauguré le . Sa façade, d'une grande simplicité, était composée des blasons des premiers rois de la Maison de Bourgogne[v 8]. Accolé à la Porte de la Fondation, le pavillon possédait plusieurs salles où l'on pouvait y retrouver des éléments d'arts, des documents ainsi que des objets de l'époque. Ce pavillon fut également détruit après l'exposition[c 10].
  • Pavillon de l'Indépendance (Pavilhão da Independência) : également créé par l'architecte Raul Rodrigues Lima et inauguré le , ce pavillon était situé en bordure du Tage. Sa fonction était d'exposer, au travers des différentes salles, l'indépendance et la restauration de l'indépendance, ainsi que trois époques historiques : les règnes de Jean Ier et Jean II, ainsi que la Guerre péninsulaire. Ce pavillon en forme de L, d'une hauteur de 16 m, d'une longueur de 69 m et d'une largeur de 46 m avait un aspect extérieur massif, plutôt sobre et arborait les armes de la Maison d'Aviz[c 11].

Les pavillons de la Fondation, de la Formation et de la Conquête, ainsi que celui de l'Indépendance, ont été réalisés par la même équipe, le directeur Luís Pastor de Macedo, l'architecte Rodrigues de Lima ainsi que la même équipe de peintres, de décorateurs et de sculpteurs[v 9].

  • Pavillon des Découvertes (Pavilhão dos Descobrimentos) : créé par l'architecte Porfírio Pardal Monteiro, le pavillon, d'une longueur et largeur de 70 m et d'une hauteur de 16 m, fut inauguré le . Le bâtiment, en forme de L, était destiné à rappeler les découvertes du Portugal et attester la science nautique portugaise née à Sagres[v 10]. Composé de neuf salles, on pouvait y retrouver une salle dédiée à Henri le Navigateur, une autre à Fernand de Magellan ou encore une troisième à Luís de Camões. Le pavillon a été partiellement conservé et accueille maintenant l’association navale de Lisbonne[1].
  • Sphère des Découvertes (Esfera dos Descobrimentos) : le pavillon fut également créé par l'architecte Porfírio Pardal Monteiro et inauguré le même jour, le . Le bâtiment, à l'apparence d'une sphère armillaire, servait à exposer les itinéraires des caravelles portugaises lors des découvertes et expéditions maritimes. La sphère, d'un diamètre de 30 m et d'une hauteur de 24 m, a été détruite après la clôture de l'exposition[c 12].

La Sphère des Découvertes et le pavillon des Découvertes ont été réalisés par la même équipe, le directeur Quirino da Fonseca, l'architecte Porfírio Pardal Monteiro, le même auteur du plan général des décorations Cottinelli Telmo ainsi que la même équipe de peintres et de décorateurs[c 13].

  • Pavillon de la Colonisation (Pavilhão da Colonização) : créé par l'architecte Carlos Chambers Ramos, le pavillon est situé entre le pavillon du Brésil et le pavillon de Lisbonne. Inauguré le , le pavillon d'une hauteur de 12,2 m, d'une longueur de 47 m et d'une largeur de 76 m avait pour fonction de commémorer l'histoire de la colonisation portugaise, la foi catholique et l'empire portugais[c 14]. Alors qu'il est loué pour son aspect extérieur, l'intérieur a reçu de nombreuses critiques négatives y compris au sujet des arts représentés[v 11].

Le pavillon de la Colonisation est détruit à la fin de l'exposition. Le directeur de ce pavillon était Júlio Cayolla avec la collaboration de Luís de Montalvor[c 15].

Les pavillons d'honneur et de Lisbonne.
  • Pavillon du Brésil (Pavilhão do Brasil) : conçu par l'architecte Raul Lino, le pavillon est situé entre le Tage et le monastère. Inauguré le , le pavillon d'une hauteur de 26 m, d'une longueur de 18,5 m et d'une largeur de 80,5 m avait pour fonction d'exposer l'ancienne colonie portugaise. Le Brésil, seul pays invité à participer à l'exposition, était représenté par ce pavillon et par celui du Pavillon du Brésil colonial. Le bâtiment, imposant, était en forme de L et possédait un parvis couvert. Divisé en trois sections, on pouvait y retrouver différentes salles, le département du café et une exposition d'art brésilien[c 16].

Le Pavillon du Brésil est détruit à la fin de l'exposition. Le directeur de ce pavillon était Augusto de Lima Júnior, l'architecte adjoint fut Flávio Barbosa et l'auteur du plan général des décorations Roberto Lacombe[c 17].

  • Pavillon d'Honneur et de Lisbonne (Pavilhão de Honra e de Lisboa) : le bâtiment conçu par Luís Cristino da Silva, inauguré le , était initialement prévu pour être le pavillon de Lisbonne et le pavillon d'Honneur. Séparé physiquement par un patio extérieur, il fut également décidé de séparer les deux pavillons. Le Pavillon de Lisbonne était destiné à représenter les traditions de la capitale portugaise. Il était composé d'une entrée et de plusieurs salles et galeries riches en azulejos[c 18]. Il y avait une cour et une tour avec des éléments architecturaux du XVIIIe siècle. Le Pavillon d'honneur était situé sur la partie gauche et composé de plusieurs salles, un restaurant et salle de concert. L'ensemble représentait un bâtiment d'une longueur de 150 m, une largeur de 30 m, une hauteur de 19 m et une tour s'élevant jusqu'à 50 m de hauteur[c 19]. Une partie de l'ensemble reprend l'architecture de la Casa dos Bicos et de la Tour de Belém[v 12].

Les deux pavillons sont détruits à la fin de l'exposition. Le directeur de l'ensemble était Norberto de Araújo[c 20].

  • Pavillon des Portugais dans le monde (Pavilhão dos Portugueses no Mundo) : pensé par l'architecte Cottinelli Telmo, ce pavillon est inauguré le et détruit en 1943, soit trois ans après la fin de l'exposition[c 21]. Le bâtiment, divisé en trois secteurs, possède une longueur de 164 m, une largeur de 30 m, une hauteur de 19 m et une tour s'élevant jusqu'à 50 m de hauteur[c 22]. On y retrouvait la section du Brésil 1500 (Brasil 1500, qui représente l'ancienne colonie du Brésil), du Portugal 1940 et les installations de la Propagande Nationale (Secretariado de Propaganda Nacional). À travers les salles et les galleries, le Pavillon avait pour but de commémorer l'action des Portugais dans le Monde, de diffuser les réalisations de l'Estado Novo et la représentation du Portugal en 1940[c 23].

Ce pavillon, séparé en trois parties, n'avait pas un directeur unique. En effet, le secteur Portugal 1940 était sous la direction de António Ferro et le reste de l'édifice sous la direction de Afonso Dornelas[c 24].

Secteur colonial

Vestiges de la section F, reconstitution d'une rue de Macao.

Le secteur colonial occupe la partie nord-est de l'exposition. Il a été décidé d'intégrer ce secteur dans le jardin colonial (appelé aussi Jardin de l'outre-mer), devenu l'actuel jardin botanique tropical de Lisbonne. Sur une surface de 25 000 m2, le secteur regroupait des éléments d'architecture typique, des pavillons ou encore des éléments de chacune des 21 provinces portugaises[c 25].

Sur l'ensemble des pavillons du secteur, celui de l'Angola et du Mozambique est le mieux mis en valeur. La province de Macao a également été mise en avant avec la « Rue de Macao » délimitée par une arche (encore existante) et une construction représentant un éléphant et servant de mirador[c 26].

Pavillons et constructions présents dans le secteur colonial[c 27] :

Le Pavillon de l'Angola et du Mozambique a été conçu par l'architecte António Lino, le Pavillon de la Guinée par Gonçalo de Mello Breyner et le Pavillon des Îles par l'architecte Vasco Regaleira.

  • Missions catholiques (Missões Católico) : Il s'agit d'un ensemble construit par Raul Maria Xavier et composé d'une église, d'un cloître et de la salle du Saint-Esprit[v 13]. Des scènes étaient créées pour montrer les missions dans les colonies. L'ensemble été détruit à la suite de l'exposition.
Vue partielle sur le jardin Colonial.
  • Pavillon de la chasse et du tourisme (Pavilhão da Caça e Turismo) : le pavillon a été aménagé dans le palais des comtes de Calheta, pour l'occasion, le palais a été recouvert par une façade temporaire[v 13]. Celui-ci a exposé la collection la plus complète du pays sur le sujet. Le palais est ensuite devenu le centre de documentation et d'information de l'Institut de recherche scientifique tropical. Trois crocodiles importés d'Angola ont été mis dans le bassin du palais[30].
  • Maison coloniale (Casa Colonial) : la maison, composée de deux étages, représentait les résidences portugaises dans les colonies. Le sol et les murs du rez-de-chaussée étaient recouverts d'Azulejos de l'usine lisboète de Sant'Anna. Elle fut conservée après l'exposition ; elle est actuellement occupée par la maison de la direction du Jardin botanique tropical de Lisbonne (Casa da Direção)[31].
  • Musée de l'art indigène (Museu da arte indígena) : le musée exposait une collection d'art d'africain et oriental. À côté du musée, un groupe d'indigènes était présent en exposant des outils et leurs réalisations.
  • Rue de Macao (Rua de Macau) : Il s'agit d'une réplique d'une des rues principales de Macao avec son commerce traditionnel et ses habitations[v 14]. Il est encore possible, aujourd'hui, de voir l'arche de Macao[31],[30].
  • Rue de l'Inde (Rua da Índia) : Il s'agit d'une rue et de plusieurs constructions de type indo-portugais, représentant ainsi l'État portugais de l'Inde. Le pavillon de la colonisation est situé dans cette rue. L'ensemble a été détruit à la fin de l'exposition.
  • Pavillons des Matières Premières (Pavilhões das Matérias‐Primas) : Il s'agissait d'un bâtiment et d'un ensemble de stands d'expositions pour les principales matières premières des colonies avec la collaboration des producteurs et commerçants. On y trouvait également une xylothèque. Il est encore possible, aujourd'hui, de voir le bâtiment principal[31].
  • Monument à l'effort colonial (Monumento ao Esforço Colonial) : Ce monument était situé en face de la serre principale, situé dans la partie nord du secteur colonial entre les Pavillons des Matières Premières, le Pavillon du Café et la maison Coloniale.
  • Avenue de l’ethnographie coloniale : (Avenida de Etnografia Colonial) : Il s'agissait d'une exposition de quatorze bustes représentant les chefs et les tribus les plus caractéristiques de l'Empire portugais. Ils sont encore de nos jours exposés dans le jardin botanique tropical de Lisbonne, au même endroit[31].
  • Villages indigènes (Aldeias Indígenas) : Situés dans le secteur colonial, les quatre villages indigènes représentaient les populations des colonies du Cap-Vert, de Guinée, de São Tomé-et-Principe, de l'Angola, du Mozambique et de Timor. On y retrouve les coutumes des peuples et les logements traditionnels. Le roi du Kongo était présent lors de l'exposition et était installé avec sa famille dans un logement confortable de la section coloniale. L'ensemble a été détruit.
  • Pavillon du Thé (Pavilhão do Chá), Pavillon du Café (Pavilhão do Café) et Pavillon du Tabac (Pavilhão do Tabaco) : On pouvait y retrouver des produits des colonies portugaises. Les trois pavillons ont été détruits.
  • Restaurant colonial (Restaurante colonial) : Il s'agissait d'un restaurant proposant des plats typiques des colonies. Le bâtiment est devenu entre les années 1950 et 1980 le laboratoire d'histologie et de technologie des bois de l'IICT. Des travaux ont été effectués afin que le bâtiment retrouve sa fonction initiale, un restaurant nommé la maison du thé (Casa de Chá)[31].
  • Serre Principale (Estufa principal) : la serre existait déjà avant l'exposition du monde portugais ; en effet, elle date du début du XXe siècle. Une grande collection d'orchidées y fut exposée pendant l’événement. Elle se trouve actuellement abandonnée ; cependant il existe un projet de restauration de celle-ci[30].
  • Maison de la demi-heure de la Saudade (Casa da meia-hora da Saudade) : il s'agissait d'un pavillon géré par le diffuseur radio national il permettait aux Portugais de la métropole de communiquer avec les Portugais d'outre-mer.

Secteur ethnographique métropolitain

Façade des Pavillons de la vie populaire.

Le secteur ethnographique métropolitain occupe la partie sud-ouest de l'exposition, en bordure du Tage. La ligne de chemin de fer ainsi que l'avenue des Indes séparaient en deux le secteur. Celui-ci était également appelé Centre Régional[m 3]. Au nord se trouvaient les villages portugais et au sud le quartier de la vie populaire.

C'est en 1939 que furent conçus les plans et que débutèrent les travaux de construction. Le secteur a été inauguré et ouvert au public le . Il s'agit d'un ensemble de constructions de petites maisons représentatives des styles architecturaux des différentes régions du Portugal ainsi que des démonstrations d'activités régionales avec l'exposition de la vie rurale, de l'art et des métiers ruraux[c 28].

Le secteur, placé sous la responsabilité du secrétariat national de la propagande, était sous la direction d'António Ferro. Les villages portugais ont été conçus par l'architecte Jorge Segurado et les Pavillons du quartier de la Vie Populaires par les architectes Eurico Sales Viana et Thomas de Mello.

Villages portugais (aldeias portuguesas)

C'est en 1939 que furent conçus les plans et que débutèrent les travaux de construction. Le quartier des villages portugais a été inauguré et ouvert au public le . Il s'agit d'un ensemble de constructions de petites maisons représentatives des styles architecturaux des différentes régions du Portugal.

Sur une surface de 25 000 m2 au nord du secteur ethnographique métropolitain, le village devait représenter les villages ainsi que les coutumes des régions de Trás‐os‐Montes, Beira Alta, Beira Baixa, Minho, Douro, Beira Litoral, Alto Alentejo, Baixo Alentejo, Estremadura, Ribatejo, Algarve, ainsi que les régions d'outre-mer des Açores et de Madère[c 29].

Chaque région était représentée par un lot de maisons avec ses spécificités architecturales. La région du Minho était représentée avec des maisons en granit, la région Trás-os-Montes représentée par des maisons en pierres sombres et sans chaux, le Douro Litoral avec ses petites maisons hautes et très blanches, la Beira Litoral et la Beira Alta avaient des maisons en pierre et en granit gris, la Beira Baixa représentée avec des maisons en granit et en schiste. Les régions du Ribatejo, de l'Estremadura et de l'Alentejo exposaient des maisons basses en briques et enfin l'Algarve avec des maisons coiffées de cheminées typiques et des toits-terrasses. Les archipels étaient également représentés comme Madère avec les maisons typiques de Santana et les Açores avec des maisons bâties en basalte[c 29],[m 4].

Quartier de la vie populaire (secção da vida popular)

Phare de Belém.

Sur une surface de 20 000 m2 au sud du secteur ethnographique métropolitain et en bordure du Tage, le quartier de la vie populaire devait représenter l'art portugais, le savoir-faire ou encore les métiers de l'industrie[c 30].

Le quartier de la vie populaire regroupe plusieurs pavillons dans un bâtiment en forme de U avec un patio au centre. L'ensemble a été construit initialement, comme le reste des bâtiments de l'exposition, de façon provisoire. Les façades sont symétriques, comportant des décorations reflétant l'art populaire accompagnées de jeux de textures[32].

Dans la partie sud de l'ensemble, il y avait également une salle de cinéma et une salle des transports maritime et fluvial[c 31]. Le jardin d'enfants et le parc des poètes étaient également situés dans ce quartier[c 31].

Pavillons présents de la vie populaire[c 32] :

  • Pavillon du Prologue (Pavilhão do Prólogo) : situé entre l'aire de jeux et le miroir d'eau, le pavillon était décoré de scènes populaires. Dans la salle de la synthèse, il était possible de retrouver une exposition des métiers des Portugais avec des décors composés de vaisselles et broderies.
  • Pavillon de la Joaillerie (Pavilhão da Ourivesaria) : illuminé le soir, ce pavillon était représenté par une tour cylindrique décorée de motifs en dentelles. On y retrouvait une exposition de bijoux.
  • Pavillon de la Mer et de la Terre (Pavilhão do Mar e da Terra) : le pavillon était composé de sept salles pour présenter : la pêche, la dentelle, la religion catholique, la superstition, les pâturages, la chasse et la pyrotechnie. Il y avait des groupes d'artisans pour réaliser des démonstrations. Le pavillon était accompagné d'un phare spécialement construit pour l’événement[33]. Cependant, il n'a jamais été utilisé comme phare[33]. Le pavillon des arts et de l'industrie fut détruit dans les années 1960 et le phare fut mieux mis en valeur[33].
  • Pavillon des Arts et des Industries (Pavilhão das Artes e das Industrias) : situé dans la partie sud, il occupait la plus grande partie du bâtiment du secteur ethnographique métropolitain. Composé de plusieurs salles, on pouvait y retrouver le cinéma ou encore une salle destinée aux arts et industries du Portugal métropolitain.
  • Pavillon des Transports, du Tissage et de la Poterie (Pavilhão dos transportes, da Tecelagem e da Olaria) : situé dans la partie nord du bâtiment principal et divisé en trois salles, le pavillon était dédié à l'exposition des transports terrestres, du tissage et de la poterie[v 15].
  • Pavillon de la Confiserie et de la Boulangerie (Pavilhão da Doçaria e Panificação) : le pavillon, ressemblant à un couvent, est surmonté d'une tour et avait un accès donnant au patio. L'idée était de rappeler d'où venaient les confiseries, généralement confectionnées par les religieuses[v 16].

Places et autres édifices

Le Pavillon des Chemins de Fer et des Ports.
  • Miroir d'eau (Espelho de Água) : situé en bordure du Tage, le miroir d'eau est un bâtiment qui servit de restaurant et salon de thé, dessiné par l'architecte Antônio Lino. Après la fermeture de l'exposition, le restaurant reste ouvert jusqu'en 1943, année où des travaux sont réalisés pour l'agrandir. En 2014, après quelque temps de fermeture, un concours municipal permet la réouverture du restaurant[34].
  • Monument aux Découvertes (Padrão dos Descobrimentos) : érigé sur les bords du Tage, le monument a été conçu par l'architecte portugais José Ângelo Cottinelli Telmo et par le sculpteur Leopoldo de Almeida. À la fin de l'exposition il est démonté, en effet il a été construit en structure légère avec une structure de fer, ciment, plâtre et bois. En 1960, à l'occasion des 500 ans de la mort d'Henri le Navigateur, un nouveau monument en béton et en calcaire local est érigé à la même place que le précédent[35]. Sur le Padrão dos Descobrimentos sont dressées des statues de marins, militaires ou religieux portugais, notamment Fernand de Magellan, derrière celle de l'emblématique Henri le Navigateur[36].
  • Navire Portugal (Nau Portugal) : localisé entre le Monument aux Découvertes et le Miroir d'eau, le navire reprenait l'architecture d'un galion portugais effectuant les voyages commerciaux entre Lisbonne et Goa. Richement décoré intérieurement et extérieurement, il avait une longueur de 42,2 m et était équipé de trois mâts et 48 canons. Celui-ci n'étant pas adapté à la navigation, il finit par se coucher à la sortie de Gafanha da Nazaré le et est ensuite remorqué jusque Belém pour l'exposition. Le Navire est quasiment détruit et finit par couler à cause du cyclone qui touche Lisbonne en . Plusieurs éléments ont été récupérés et sont actuellement conservés au Palais des marquis de Fronteira[37].
  • Maison de Saint-Antoine (Casa de Santo António) : Il s’agissait d'une reconstruction de la maison hypothétique où Saint-Antoine de Lisbonne aurait passé son enfance. La maison servait également de présentation d'une habitation médiévale à Lisbonne[38].
  • Place de l'Empire et Fontaine Lumineuse (Praça do Império e Fonte Luminosa) : également conçue par l'architecte Cottinelli Telmo, la place a été créée spécialement pour l'exposition. Avant l'aménagement de cette place, il s'agissait d'une partie de la plage de Restelo[39]. Recouverte de calçada portugaise aux différents motifs comme la sphère des découvertes, la place était également ornée de statues d'hippocampes réalisées par le sculpteur António Duarte, les statues sont encore aujourd'hui sur la place[40]. La Fontaine Lumineuse, située au centre de la place, réalise des jets d'eau avec un jeu de couleurs[41]. Possédant un jet central pouvant atteindre une hauteur de 25 m, la fontaine est ornée de 48 blasons qui représentent les rois João Ier, Afonso V, João II et Manuel Ier, ainsi que diverses familles nobles et l'expansion maritime de l'Empire portugais[v 17]. Un grand travail a été mené, par le comité d'organisation et par la mairie de Lisbonne, concernant le revêtement de la Place de l'Empire et autour de la fontaine[42].
  • Parc d'Attractions (Parque de Atrações) : conçu par l'ingénieur Mendes Leal et les architectes António Lino et Keil do Amaral, le parc a été détruit à la suite de l'exposition. Depuis, on retrouve à cet emplacement le Planétarium Calouste Gulbenkian, un quartier résidentiel, ainsi que le centre d'éducation et de développement Jacob Rodrigues Pereira.
  • Pavillon des Chemins de Fer et des Ports (Pavilhão dos Caminhos de Ferro e Portos) : situé entre les villages portugais et le pavillon des télécommunications, le pavillon a été détruit à la fin de l'exposition.
  • Pavillon des Télécommunications (Pavilhões das telecomunicações) : celui-ci était situé entre le Pavillon du Portugal 1940, le pavillon des chemins de fer et les villages portugais. Il permettait d'envoyer des télégrammes, du courrier postal, ainsi qu'émettre des appels téléphoniques.
  • Hippocampes (Cavalos Marinhos) : il s'agit de statues, de António Duarte, représentant des hippocampes. Elles sont encore aujourd'hui présentent sur la Place de l'Empire.

Lisbonne et Belém après l'exposition

La gare fluviale de Belém ; le bâtiment a été préservé.

Le , un article paru dans le Diário de Notícias annonce la décision de ne pas rouvrir l'espace de l'exposition pour 1941[v 18]. De ce fait, le site de l'exposition finit par être partiellement abandonné à partir de 1941, le régime lui-même ne s'en préoccupe même plus, préférant mettre en avant la construction de la Cité Universitaire de Coimbra. Quatre jours après la fermeture de l'exposition, le , un nouvel article parait dans le Diário de Notícias qui indique que les constructions les plus résistantes et construites de façon plus solide seront conservées, tandis que les autres seront détruites[v 19].

À la fin de l'exposition, la responsabilité du site de l'exposition du monde portugais passe à la Commission Administrative du Plan de Travaux de la Place de l'Empire (CAPOPI). Cependant, cette commission ne met en place aucune stratégie de développement de cette zone et celle-ci finit, en 1945, par être dissoute.

Malgré tout, de nombreux bâtiments et structures sont progressivement démontés ou démolis et le site est également victime d'un cyclone qui, du 14 au , détruit une partie des constructions[1].

Le Palais de Praia, qui fut le siège de la commission de l'Exposition et un poste de sécurité, devient entre 1941 et 1945 le siège de la commission CAPOPI, puis il reçoit quelques bureaux administratifs de la Casa Pia, il finit par être détruit en 1962. Deux projets de reconversion sont prévus pour la reconversion du Pavillon d'Honneur et de Lisbonne, le premier en 1942 pour un musée d'art contemporain puis le deuxième en 1951 pour un Palais de l'Ultramar ; cependant, aucun projet ne voit le jour, et les locaux finissent par être loués provisoirement à la Commission Régulatrice du Commerces de Métaux avant que le pavillon soit détruit[v 20]. Le Pavillon des Portugais dans le Monde est loué à la Commission Suisse de Navigation et à la Sociedade Geral de Superintendência, puis il sera également détruit[d 11].

Entre 1938 et 1944, plusieurs programmes voient le jour afin de moderniser et désenclaver le pays et la capitale portugaise. En effet, pendant cette période, plusieurs programmes sont prévus et réalisés : les châteaux médiévaux sont rénovés, le Teatro Nacional de São Carlos est rouvert après une campagne de travaux[43], la gare fluviale de Belém ouvre pour l'exposition, tandis que la création de la gare portuaire d’Alcântara, de l'Aéroport Humberto Delgado et du Viaduc Duarte Pacheco est également planifiée[3].

Il est encore possible de retrouver des traces de pavillons et d'éléments de l'exposition du monde portugais. Parmi ceux-ci : le phare de Belém, la place de l'Empire et sa fontaine, la reconstruction du Monument des Découvertes, les Hippocampes, le Miroir d'eau, des éléments et constructions dans le jardin colonial ou encore l'ensemble des Pavillons de la vie populaire.

Le Centre culturel de Belém, inauguré en 1992, a été construit sur l'emplacement du Pavillon des Portugais dans le monde[2] et le jardin Vasco de Gama est situé à l'emplacement du Pavillon d'Honneur et de Lisbonne[v 21].

En 2013, entre le mois de février et le mois de mai, une exposition de photographies réalisées par le secrétariat de la propagande nationale (SPN) est présentée dans le Monument aux découvertes. L'exposition nommée « Fotógrafos do Mundo Português 1940 » présente 119 photographies, dont une grande partie exclusives, avaient été acquises par la fondation Calouste Gulbenkian[44].

Notes et références

  1. (pt) « O mundo português em Belém », sur jornaldenegocios.pt (consulté le ).
  2. (pt) « A exposição do Império que juntou três milhões de portugueses », sur tdn.pt (consulté le ).
  3. « Raviver le «roman national» lusitanien. L’exemple de l’Exposition du Monde portugais de 1940 », sur journals.openedition.org/ (consulté le ).
  4. (pt) « Efemérides | Exposição do Mundo Português (1940) », sur hemerotecadigital.cm-lisboa.pt (consulté le ).
  5. (en) « Directive No. 18 », sur alternatewars.com, (consulté le ).
  6. (pt) « "Decidi preparar a invasão de Portugal" », sur www.publico.pt (consulté le ).
  7. « Le Portugal et ses « sentinelles de pierre ». L'exposition du monde portugais en 1940 », sur persee.fr (consulté le ).
  8. Júlia LEITÃO DE BARROS, «Exposição do Mundo Português», Dicionário de História do Estado Novo, Bertrand Editora, 1996, page 326.
  9. (pt) « Monumento a Afonso de Albuquerque », sur www.monumentos.gov.pt (consulté le ).
  10. (pt) « Rua Vieira Portuense, Lisboa », sur neoepica.pt (consulté le ).
  11. (pt) « Chafariz do Largo do Mastro », sur monumentos.gov.pt (consulté le ).
  12. (pt) « Chafariz do Largo do Mastro », sur informacoeseservicos.lisboa.pt (consulté le ).
  13. (pt) « Projecto de urbanização da Praça Vasco da Gama » (consulté le ).
  14. (pt) « Reinventar Belém como se fosse 1940 », sur publico.pt (consulté le ).
  15. (pt) « Mostra em Lisboa reflete sobre Exposição do Mundo Português », sur noticiasaominuto.com (consulté le ).
  16. (pt) « Autocarros AEC Regent MK ao serviço da exposição do Mundo Português », sur engenhoeobra.pt (consulté le ).
  17. (pt) « História - CARRIS, UMA EMPRESA AO SERVIÇO DA CIDADE DE LISBOA. », sur carris.pt (consulté le ).
  18. (pt) « Pavilhão da Independência », sur mundopt40.omeka.net (consulté le ).
  19. (pt) « Estação Fluvial de Belém », sur monumentos.gov.pt (consulté le ).
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  21. (pt) « Exposição do Mundo Português », sur repositorio.ufba.br (consulté le ).
  22. (pt) « Exposição do Mundo Português », sur www.rtp.pt (consulté le ).
  23. « Vilar Formoso – Frontière de la Paix », sur centerofportugal.com (consulté le ).
  24. « Réfugiés au Portugal et l´action d´Aristides de Sousa Mendes, consul à Bordeaux en 1940 », sur wwwfr.uni.lu (consulté le ).
  25. « Comportement exemplaire d'un consul du Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale », sur www.senat.fr/ (consulté le ).
  26. Jean Copans, L'Ethnologie: idées reçues sur l'ethnologie, Le Cavalier Bleu Editions, , p. 87.
  27. « Pendant 150 ans, des hommes ont exhibé d'autres hommes dans des zoos », sur www.nouvelobs.com/ (consulté le ).
  28. « Exposição do Mundo Português », sur RTP, (consulté le ).
  29. « Le lusotropicalisme dans le colonialisme portugais tardif », sur Africultures, (consulté le ).
  30. (pt) « Programa reabilitação e benificação do Jardim botânico tropical de Lisboa », sur reabilitacao-jbt.ulisboa.pt/ (consulté le ).
  31. (pt) « Museu Nacional de História Natural e da Ciência - JARDIM BOTÂNICO TROPICAL », sur museus.ulisboa.pt/ (consulté le ).
  32. (pt) « Edifício do Museu de Arte Popular », sur www.patrimoniocultural.gov.pt (consulté le ).
  33. (pt) « Memória descritiva da Reabilitação do Farol de Belém », sur www.apfac.pt (consulté le ).
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  36. Olivier Thomas, « À qui appartient Magellan ? », L'Histoire n°476, octobre 2020, p. 56-57.
  37. (pt) « Bairro Comercial e Industrial », sur mundopt40.omeka.net/ (consulté le ).
  38. (pt) « O Pavilhão do Mar”: a Nau Portugal da Exposição do Mundo Português (1940) ou a arte da talha ao serviço da cenografia política », sur arquivomunicipal.cm-lisboa.pt/ (consulté le ).
  39. (pt) « Regresso ao passado no jardim da Praça do Império », sur http://www.dn.pt (consulté le ).
  40. (pt) « Praça do Império e Fonte Luminosa », sur http://www.monumentos.gov.pt (consulté le ).
  41. (pt) « Fonte Monumental de Belém / Fonte Luminosa », sur informacoeseservicos.lisboa.pt (consulté le ).
  42. (pt) « A cultura popular na pavimentação artística da Praça do Império na Exposição do Mundo », sur Ernesto Matos (consulté le ).
  43. (pt) « Teatro Nacional de São Carlos », sur tnsc.pt (consulté le ).
  44. « Exposição de fotografia mostra Lisboa em 1940 », sur twww.dn.pt (consulté le ).

    Ouvrages

    • (pt) Margarida Maria Acciaiuoli Brito, Os anos 40 em Portugal : o país, o regime e as artes : restauração e celebração, Lisbonne, Universidade Nova de Lisboa, , 955 p.
    • (pt) Sandra Cristina Gonçalves da Silva, A EXPOSIÇÃO DE BELÉM, Novos elementos para a construção de uma “memória”, Lisbonne, Universidade Aberta Lisboa, , 277 p.
    • (pt) Pedro Rito Nobre, Belém e a Exposição do Mundo Português, Lisbonne, Livros Horizonte, , 172 p.
    • (pt) Joana Damasceno, Museus para o povo português, Coimbra, Imprensa da Universidade de Coimbra, , 188 p. (ISBN 978-9-89807-494-2)
    1. Joana Damasceno, p. 54.
    2. Joana Damasceno, p. 55.
    3. Joana Damasceno, p. 58.
    4. Joana Damasceno, p. 63.
    • Autres ouvrages
    1. Margarida Acciaiuoli, «Exposições do Estado Novo: 1934-1940», , p. 11-105.
    2. Júlia LEITÃO DE BARROS, «Exposição do Mundo Português», Dicionário de História do Estado Novo, Bertrand Editora, 1996, page 325.
    3. Câmara Municipal de Lisboa, «Anais do Município de Lisboa». p.314, .
    4. Isabel Corrêa da Silva et Miguel Metelo de Seixas, Monografia Histórica de Santa Maria de Belém, , p. 206-231.
    5. José Eduardo Neto da SILVA, «As locomotivas "Pacific" da Companhia dos Caminhos de Ferro Portugueses». Foguete. 4, , p. 45.
    6. Francisco Perfeito Caetano, Escola de Artes Decorativas Soares dos Reis - O Ensino Técnico Artístico no Porto durante o Estado Novo (1948-1973), Universidade do Porto, , p. 243.
    7. Revista dos Centenários, «Declarações do Sr. Dr. Augusto de Castro». Foguete. 4, .
    8. Fernando de Pamplona, «Uma Obra de Arte: A Exposição do Mundo Português». p.167, .
    9. Gustavo de Matos Sequeira, «op.cit., Separata», .
    10. 3 Rollim Macedo e André Lourenço, «“Roteiro dos Pavilhões”», .
    11. Adriano de Gusmão, «A Arte na Exposição de Belém», .
    12. João de Sousa Rodolfo, «Luís Cristino da Silva e a Arquitectura Moderna em Portugal», , p. 105.
    13. Margarida Acciaiuoli, «Exposições do Estado Novo 1934-1940». p.154, .
    14. (pt) Ana Cláudia Santos et Helena Carneiro, « Jardim Botânico Tropical: Um jardim com História e histórias », ULISBOA, (ISSN 2183-8844).
    15. Luiz Chaves e Horácio Novais, ”Roteiro do Centro Regional”, .
    16. Costa Lima, “A Beleza das Exposições Comemorativas”, , p. 643
    17. Miguel Metelo de Seixas e João Bernardo Galvão Teles, Peregrinações Heráldicas Olisiponenses: a freguesia de Santa Maria de Belém, Universidade do Porto, p. 213-312.
    18. (pt) A. Castro, Diário de Notícias, .
    19. (pt) A. Castro, Diário de Notícias, .
    20. (pt) Helena Elias, A emergência de um espaço de representação : Arte publica e transformações urbanas na zona da Ribeirinha de Belém, , p. 112.
    21. (pt) Helena Elias, A emergência de um espaço de representação : Arte publica e transformações urbanas na zona da Ribeirinha de Belém, , p. 112.

    Annexes

    Bibliographie

    • (pt) Margarida Maria Acciaiuoli Brito, Os anos 40 em Portugal : o país, o regime e as artes : restauração e celebração, Lisbonne, Universidade Nova de Lisboa, , 955 p..
    • (pt) Sandra Cristina Gonçalves da Silva, A EXPOSIÇÃO DE BELÉM, Novos elementos para a construção de uma “memória”, Lisbonne, Universidade Aberta Lisboa, , 277 p..
    • (pt) Pedro Rito Nobre, Belém e a Exposição do Mundo Português, Lisbonne, Livros Horizonte, , 172 p. (ISBN 978-9-72241-948-2).
    • (pt) Joana Damasceno, Museus para o povo português, Coimbra, Imprensa da Universidade de Coimbra, , 188 p. (ISBN 978-9-89807-494-2).

    Articles connexes

    Liens externes

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