Franc-or

Le franc-or (code ISO 4217 XFO) désigne le franc germinal qui a servi en France, puis dans plusieurs pays européens dans le cadre de l'Union latine, et enfin comme monnaie de compte de la BRI de 1930 jusqu'en avril 2003, lorsqu'il fut remplacé par les droits de tirage spéciaux.

100 francs-or (pièce suisse de 1925).

Le franc-or a circulé de 1803 à 1928, sans modification ni altération, en même temps que le franc en argent, dans un rapport de g d'or pour 15,5 g d'argent.

Historique

Le franc-or est un lointain héritier du franc en or appelé franc à cheval (1361-1364) de Jean II le Bon[1], puis du franc à pied (1365-1575) de son fils Charles V.

Le franc dit (de) germinal remplace, le 17 germinal an XI (), sous Napoléon, le franc à référence purement argent de la Révolution. Il est défini 0,322 5 g d'or à 9001 000, soit 0,290 25 g d'or fin, équivalent à l'argent dans un rapport de 15,5 argent pour 1 or (bimétallisme), et donc à la pièce d'un franc ou 20 sous en argent pesant g à 9001 000, soit 4,5 g de fin.

Le franc-or circulait en pièces de 5, 10, 20, 40, 50 et 100 francs, tandis que l'argent était monnayé en monnaies de 0,2, 0,25, 0,5, 1, 2 et 5 francs[2].

Ce franc fut dévalué en 1928, puis plusieurs fois par la suite, mais la référence au franc-or subsista, d'autant qu'il avait été adopté comme monnaie commune par plusieurs pays de l'Union latine de 1865 à 1927. Il restera la monnaie de compte de la BRI jusqu'au , remplacée depuis par les DTS[3].

Initiative franc-or suisse

Le , Ulrich Schlüer de l'Union démocratique du centre déposa au Conseil national suisse une initiative parlementaire visant l'institution d'un franc-or comme monnaie supplémentaire suisse. L'initiative, rejetée par la Commission de l'économie et des redevances le par 17 voix contre 7[4] puis par le Conseil national le par 135 voix contre 38[5], proposait l'amendement constitutionnel suivant :

« La Confédération institue un franc-or officiel comportant des pièces de différentes valeurs nominales ayant chacune une teneur en or fixe. Elle règle les concessions octroyées aux établissements autorisés à frapper les pièces ; la frappe des pièces n'est pas imposable[6]. »

Contrairement au franc-or du xixe siècle, ce franc-or aurait été défini comme étant égal à 0,1 gramme d'or fin[7]. Cette initiative n'aurait ni éliminé ni remplacé le franc suisse et n'aurait pas non plus fixé sa valeur, l'initiative visant la coexistence de l'un et de l'autre. Étant donné la teneur métallique fixe du franc-or, son taux de change vis-à-vis du franc suisse aurait fluctué suivant l'offre et la demande du marché, comme dans n'importe quel régime de changes flottants.

Les initiants souhaitaient faire du franc-or une devise refuge qui aurait permis, en période de crise financière, de détourner du franc suisse les flux de capitaux internationaux, source de la surévaluation de celui-ci et elle-même combattue par la Banque nationale suisse[8]. Un prototype de la future pièce de 10 francs-or fut montré aux médias par Thomas Jacob, président de l'Association franc-or[9],[10].

Le franc-or visait à être complètement indépendant des réserves d’or de la BNS. Il aurait été frappé uniquement par les banques commerciales suisses, à la demande de leurs clients, sous la supervision de la Confédération suisse. L'institution d'un franc-or aurait facilité les petits épargnants d'investir dans l'or puisqu'un franc-or aurait valu environ 4 euros au cours du , alors que le lingot standard de 1 kilogramme valait environ 40 000 euros à la même date[6].

Notes et références

  1. Créé en 1360, dans les premières années de la guerre de Cent Ans, par Bonabes IV de Rougé et de Derval et des proches du roi de France pour obtenir la libération du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais. Vaincu à Poitiers en 1356, le roi de France est fait prisonnier par les Anglais. Pour verser sa rançon (3 millions de livres tournois), son fils fait frapper en 1360 une nouvelle pièce faite d’or fin de 3,885 grammes valant 20 sols où le roi n’est plus représenté sur un trône mais à cheval brandissant dans sa main gauche une épée. Cette nouvelle monnaie, créée à l'initiative de Bonabes IV de la famille de Rougé en Bretagne, permet au roi de revenir franc dans son royaume, c’est-à-dire libre et affranchi. Désormais, le nom reste attaché à la pièce. Le franc or ne survivra que 25 ans, puisqu’en 1385, Charles VI le remplace par l’écu d’or à la couronne.
  2. A partir de 1864, sous Napoléon III, le titre des monnaies d'argent est abaissé à 8351 000 sauf la 5 francs qui conservera un aloi de 9001 000.
  3. Banque des règlements internationaux, 74e rapport annuel, p. 181.
  4. « 11.407 n Iv.pa. (Schlüer) Reimann Lukas. Institution d'un franc-or », sur parlement.ch, (consulté le )
  5. « Procès-verbal de vote », sur parlement.ch, (consulté le )
  6. Parlement Suisse, Initiative 11.407.
  7. (en) Agnese Smith, « Swiss Parliament to discuss gold franc », sur marketwatch.com,
  8. Bilan, 11 mai 2011, Une Initiative parlementaire veut lancer le « franc-or ».
  9. (de) Philipp Dreyer, « Goldfranken als Notgroschen für die Welt? » Le franc-or comme bas de laine du monde ? »], sur 20min.ch,
  10. (de) Tele M1, « Le franc-or arrive! ».

Annexes

Bibliographie

  • Jean Tulard, « Le franc germinal », dans D'or et d'argent. La monnaie en France du Moyen Age à nos jours, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, (ISBN 978-2-11-093702-5, lire en ligne), p. 35-43
  • Alain Plessis, « Le franc au XIXe siècle », dans D'or et d'argent. La monnaie en France du Moyen Age à nos jours, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, (ISBN 978-2-11-093702-5, lire en ligne), p. 45-63

Articles connexes

Liens externes

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