Kyriákos Mitsotákis

Kyriákos Mitsotákis (en grec Κυριάκος Μητσοτάκης), né le à Athènes, est un homme politique grec. Depuis 2015, il est président de Nouvelle Démocratie, principal parti de droite en Grèce.

Kyriákos Mitsotákis
Κυριάκος Μητσοτάκης

Kyriakos Mitsotakis en 2021.
Fonctions
Premier ministre de Grèce
En fonction depuis le
(3 ans, 1 mois et 26 jours)
Président Prokópis Pavlópoulos
Ekateríni Sakellaropoúlou
Gouvernement K. Mitsotákis
Législature 18e
Prédécesseur Aléxis Tsípras
Président de Nouvelle Démocratie
En fonction depuis le
(6 ans, 7 mois et 24 jours)
Élection 10 janvier 2016
Vice-président Spyrídon-Ádonis Georgiádis
Kostís Hadjidákis
Prédécesseur Ioánnis Plakiotákis (intérim)
Antónis Samarás
Ministre grec de la Réforme administrative et de la Gouvernance électronique

(1 an, 7 mois et 1 jour)
Premier ministre Antónis Samarás
Gouvernement Samarás
Prédécesseur Antónis Manitákis
Successeur Níkos Voútsis
(Administration)
Geórgios Katroúgalos
(Réforme administrative)
Député grec
En fonction depuis le
(18 ans, 5 mois et 15 jours)
Élection 7 mars 2004
Réélection 16 septembre 2007
4 octobre 2009
6 mai 2012
17 juin 2012
25 janvier 2015
20 septembre 2015
Circonscription Athènes B
Législature XIe, XIIe, XIIIe, XIVe, XVe, XVIe et XVIIe
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Athènes (Grèce)
Nationalité grecque
Parti politique Nouvelle Démocratie
Père Konstantínos Mitsotákis
Fratrie Dóra Bakoyánni
Conjoint Mareva Grabowski
Diplômé de Université Harvard
Université Stanford
Profession Politologue
Économiste


Premiers ministres de Grèce

Fils de l'ancien Premier ministre Konstantínos Mitsotákis, il effectue une partie de ses études, puis de sa carrière professionnelle à l'étranger avant d'entrer en politique. Élu pour la première fois au Parlement grec sous les couleurs de la Nouvelle Démocratie en 2004, il est ministre de la Réforme administrative entre 2013 et 2015.

En 2016, après avoir été élu à la présidence de la Nouvelle Démocratie, Kyriákos Mitsotákis devient le nouveau chef de l'opposition parlementaire. Il conduit son parti pour les élections législatives de 2019, s'imposant comme l'adversaire principal du chef du gouvernement sortant, Aléxis Tsípras. Il sort vainqueur de ces élections.

Situation personnelle

Famille et études

Né à Athènes, Kyriákos Mitsotákis est le quatrième enfant de Konstantínos Mitsotákis, Premier ministre de Grèce de 1990 à 1993, et de Marika Giannoukou. Par son père, il est apparenté au « fondateur de la Grèce moderne », Elefthérios Venizélos.

Sa sœur aînée Dóra Bakoyánni suit les traces de leur père en politique, jusqu'à devenir maire d'Athènes puis ministre. Le fils de Dóra et neveu de Kyriákos, Kóstas Bakoyánnis, entretient le rapport familial à la politique en étant, à son tour, élu maire de la capitale en 2019[1],[2],[3].

Lorsque Kyriákos Mitsotákis naît, sa famille est placée en résidence surveillée par la junte militaire au pouvoir. Alors qu'il n'est âgé que de six mois, ses parents choisissent de quitter la Grèce pour s'exiler à Paris, en France ; la famille Mitsotákis ne revient à Athènes qu'après le rétablissement de la démocratie, en 1974.

Ses études ont une dimension internationale : en 1986, il sort diplômé de l'Athens College, un établissement privé de la capitale grecque prisé des élites institutionnelles, économiques et politiques du pays. Dès lors, il poursuit ses études supérieures à l'université Harvard, où il étudie les sciences sociales. Entre 1992 et 1993, il suit des cours de relations internationales à l'université Stanford, où il obtient une maîtrise. Enfin, de 1993 à 1995, il complète son cursus universitaire par un séjour à la Harvard Business School, sanctionné pat une maîtrise en administration des affaires (MBA)[4].

En 1997, il épouse la styliste Mareva Grabowski, d'ascendance polonaise. Trois enfants naissent de ce mariage. En 2012, elle crée la marque de luxe Zeus+Dione[5].

Kyriákos Mitsotákis parle grec, anglais, français et allemand[6].

Carrière professionnelle

Entre 1990 et 1991, Kyriákos Mitsotákis travaille comme analyste financier pour la division consacrée à la finance d'entreprise de la section londonienne de la Chase Manhattan Bank. Il n'y travaille que quelques mois durant, retournant en Grèce pour s'acquitter de son service national, qu'il effectue au sein de la Force aérienne grecque. À partir de 1995, il reprend ses activités internationales en travaillant pour la société de conseil McKinsey & Company ; il se voit confier des missions touchant aux secteurs des télécommunications et des services financiers. Deux ans plus tard, il entame une collaboration avec la société Alpha Ventures, une filiale de l'Alpha Bank, qui fait de lui son responsable des investissements.

En 1999, Kyriákos Mitsotákis fonde NBG Venture Capital, rattachée à la Banque nationale de Grèce, dont il est le directeur général jusqu'en 2003, date à laquelle il quitte cette fonction pour entrer en politique et préparer sa candidature aux prochaines élections législatives. Sa société réalisait notamment des tractations à l'étranger, y compris dans les Balkans[7].

Parcours politique

Député d'Athènes et ministre

Il entre en politique peu avant les élections législatives de 2000, lorsqu'il travaille pour la campagne de la Nouvelle Démocratie ; le parti de droite est toutefois battu par le Mouvement socialiste panhellénique. Quatre ans plus tard, cette fois-ci candidat aux élections législatives, Kyriákos Mitsotákis est largement élu député de la deuxième circonscription d'Athènes. Sa trajectoire est toutefois relativement discrète, à l'inverse de celle de sa sœur, Dóra Bakoyánni, considérée pour sa part comme une figure montante de la droite grecque.

Kyriákos Mitsotákis acquiert réellement une notoriété lorsqu'il se voit confier, le , son premier portefeuille ministériel ; à l'occasion d'un remaniement, le Premier ministre conservateur Antónis Samarás le nomme ministre des Réformes administratives et de l'Administration électronique. À cette fonction, il met en œuvre la continuité d'une rigoureuse politique de réformes, conduisant une réorganisation fonctionnelle des institutions de l'État ; il encourage, par ailleurs, une réduction drastique du personnel et des compétences de la fonction publique ainsi qu'une refonte structurelle de l'administration fiscale.

La victoire de SYRIZA aux élections législatives de janvier 2015 le conduit à quitter ses fonctions gouvernementales. Il se consacre pleinement à son mandat parlementaire. Désigné représentant de la Nouvelle Démocratie au Parlement, il critique sévèrement la conduite du nouveau gouvernement de gauche radicale, s'en prenant particulièrement au ministre des Finances Yánis Varoufákis qu'il accuse de compromettre la position du pays face à ses partenaires européens[8].

Président de la Nouvelle Démocratie

Aux élections législatives de , il est élu député sur la liste de la Nouvelle Démocratie dans la deuxième circonscription d'Athènes. Il est désigné représentant parlementaire de Nouvelle Démocratie pour la XVIe législature[9]. Il devient président du parti conservateur Nouvelle Démocratie le , à l’issue de l'élection interne de 2015-2016. Il choisit comme vice-président Ádonis Georgiádis, ancien membre de LAOS. Míkis Vorídis, également issu de LAOS et ayant dirigé un groupe de jeunesse nostalgique de la dictature des colonels, fait aussi partie de son cabinet[10].

En vue des élections européennes de , il mène campagne sur des thématiques nationalistes, fustigeant entre autres l’accord de Prespa sur le nom de la Macédoine et critiquant les politiques d’accueil des exilés. Son parti arrive en tête du scrutin (33,1 % des voix), étant notamment parvenu à reprendre des voix à Aube dorée[11]. Crédité de 39,8 % des suffrages aux élections législatives anticipées de , il remporte une nette victoire[12]. Durant la campagne, il promet de baisser la TVA, les impôts sur les bénéfices des entreprises[13], l'accélération des privatisations, l'externalisation de certains services publics et la mise en place d'un programme d’« évaluation » des fonctionnaires[14].

Premier ministre

Le , au lendemain du scrutin législatif, il est nommé Premier ministre par le président de la République, Prokópis Pavlópoulos[15]. Son gouvernement prend ses fonctions le lendemain[16]. À la différence de son prédécesseur Alexis Tsipras, il choisit de prêter serment sur la Bible plutôt que sur la Constitution[14]. La nomination de personnalités issues de la mouvance néo-fasciste à la tête de ministères a été froidement accueillie à l'étranger et par la communauté juive de Grèce. Israël a ainsi annoncé qu'il ne coopérerait pas avec le ministre de l'Agriculture, Mavroudís Vorídis[17].

Au mois d'août, une réforme du droit du travail est adoptée. Elle prévoit la possibilité pour un employeur de licencier ses salariés sans avoir à motiver sa décision, ni à prévenir préalablement les personnes concernées[18]. La brigade antifraude du fisc est supprimée, et ses employés intégrés au ministère des Finances[19].

Il lance à partir de 2019 une vague de privatisations, dont notamment celles d’infrastructures touristiques, de terres côtières, et des parts détenus par l’État dans les entreprises de gaz et d’électricité et de l’aéroport d’Athènes[20]. D'autre part, une réforme fiscale visant à faire du pays « une terre d’accueil pour les milliardaires et les citoyens les plus fortunés », relève le Financial Times, est mise sur pied. Il s'agit d'attirer les investissements en proposant de faibles taux d'imposition. Une clause protégera les bénéficiaires de cette politique fiscale contre les éventuels changements de politique mis en place par de futurs gouvernements[21].

Le « grand projet de loi sur la croissance », adopté durant l'été 2020, prévoit la restriction du droit de grève et la suppression des conventions collectives, qui avaient déjà été suspendues en 2012 à la demande de la troïka puis rétablies par le gouvernement Tsipras. La politique migratoire est durcie : la prise en charge des soins hospitaliers pour les étrangers sans ressources est supprimée et la période pendant laquelle les réfugiés ayant obtenu l’asile peuvent résider dans des logements sociaux passe de six mois à un mois[22]. Sur les questions environnementales, le gouvernement réforme la législation afin de faciliter l’exploration pétrolière[23].

Scandale des écoutes téléphoniques

En juillet 2022 les services de cybersécurité du Parlement européen ont repéré des traces d'un logiciel espion sur le téléphone portable de l’eurodéputé socialiste Nikos Androulakis, ce qui conduit à faire connaitre l'affaire des écoutes dont ont été victimes des dirigeants de l'opposition et des journalistes, qui ont été espionnés par les services de renseignement grecs (EYP).[24]

Face au scandale, le secrétaire général du bureau du premier ministre qui est également son neveu, Grigoris Dimitriadis, et Panagiotis Kontoleon, le directeur des services de renseignement, démissionnent tous deux. Kyriákos Mitsotákis se défend pour sa part d’être impliqué dans cette affaite, puis accuse son prédécesseur Alexis Tsipras de l’avoir aussi mis sur écoute lorsqu’il était au pouvoir tout en affirmant la nécessité d’avoir un service de renseignement efficace face à un voisin comme la Turquie. Le refus du premier ministre de reconnaitre sa responsabilité, alors qu'il avait dès son arrivée à la tête du gouvernement placé l’EYP - rattaché auparavant au ministère de l’intérieur - directement sous son autorité, accentue la polémique.

Au parlement, 142 députés votent en faveur de l’ouverture d'une enquête parlementaire : « L’espionnage des politiciens, des personnalités publiques, des journalistes et des hommes d’affaires n’est pas normal… Nous avons un premier ministre qui ne savait pas (…), qui ne répond pas, qui refuse de prendre ses responsabilités politiques et continue de vouloir camoufler le scandale des écoutes », a dénoncé le président du groupe parlementaire du Parti socialiste.[25]

Références

  1. « Le nouveau maire d'Athènes Costas Bakoyannis, relève d'une dynastie de droite », L'Express, .
  2. « En Grèce, victoire écrasante de la droite aux élections locales », Le Monde, .
  3. « Costas Bakoyannis | À Athènes, un renouveau aux airs de déjà-vu », L'Écho, .
  4. (en) « Kyriakos Mitsotakis. President of Nea Demokratia, Hellenic Parliament », notice biographique, Concordia.
  5. Hélène Guillaume, « À Athènes, Dior ravive la flamme de la mode », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous », 19-20 juin 2021, p. 34 (lire en ligne).
  6. (en) « New Greek PM Kyriakos Mitsotakis is a scion of one of Greece’s most influential political families », sur neoskosmos.com, (consulté le ).
  7. (en) « Kyriakos Mitsotakis », notice biographique, Linkedln.
  8. (en) « Varoufakis undermining Greek negotiations, says Mitsotakis », I Kathimeriní, .
  9. (el) « Σαμαράς: Ανασύνταξη της ΝΔ και συγκρότηση πολιτικού συμβουλίου », Protothema, 29 janvier 2015.
  10. Le Point, magazine, « Kyriakos Mitsotakis, "l'héritier" de droite qui a fait tomber Tsipras », sur Le Point (consulté le )
  11. « Grèce. Syriza devancée par la droite conservatrice », sur L'Humanité, (consulté le )
  12. Alexia Kefalas, « Retour éclatant de la droite en Grèce », Le Figaro, (consulté le ).
  13. « De Tsipras à Mitsotakis, la Grèce est loin, très loin d’être tirée d’affaire », sur Le Figaro (consulté le )
  14. « Grèce. Kyriakos Mitsotakis recycle les voix de l’extrême droite », sur L'Humanité,
  15. Le Figaro avec AFP, « Grèce: Kyriakos Mitsotakis officiellement investi nouveau Premier ministre », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  16. « En Grèce, le nouveau gouvernement fait le pari risqué de la baisse d'impôts », sur France 24 (consulté le )
  17. Alexandros Kottis, « L'extrême droite grecque ne disparaît pas, elle se recompose », sur Slate.fr,
  18. « Grèce : le gouvernement amorce le changement », sur Les Echos, (consulté le )
  19. « Grèce : la brigade antifraude du fisc supprimée par l'État », sur Franceinfo, (consulté le )
  20. Europe. En Grèce, le tombeur de Tsipras privatise à tout-va, L'Humanité, 6 novembre 2019
  21. La Grèce va-t-elle devenir le paradis des milliardaires ?, Capital, 7 décembre 2019
  22. « En Grèce, Kyriakos Mitsotakis devance les désirs des créanciers », sur L'Humanité,
  23. « Le gouvernement grec profite du coronavirus pour faciliter l'exploration pétrolière dans ses eaux », sur Reporterre,
  24. « Le Premier ministre grec rattrapé par un scandale d'espionnage », sur www.lejdd.fr (consulté le )
  25. https://www.lemonde.fr/international/article/2022/08/30/le-watergate-grec-fragilise-le-premier-ministre-kyriakos-mitsotakis_6139509_3210.html

Annexes

Articles connexes

Liens externes


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